histoire

5 avril 2004 ─ Naissance de Lucrecia, ses parents étaient encore très jeunes lorsque sa mère est tombée enceinte d’elle ; ses géniteurs ont décidé de se marier quelques mois avant sa naissance et s’installèrent dans la maison familiale de son père à Milan.

2004 à 2015 ─ Deux parents moldus ignorant tout du monde sorcier, deux catholiques croyants et pratiquants ; ils ne prirent paradoxalement pas peur lorsque se manifestèrent les premières occurrences magiques que leur fille démontra. Plutôt que de la craindre, ils prirent cela pour un signe qu’elle était « spéciale » et qu’il était de leur responsabilité de l’éduquer du mieux qu’ils le pouvaient.

Plus que la magie, ce fut ses talents pour la musique qui créa l’euphorie. Pas d’étonnement pourtant, la petite a des gênes de musiciens, qu’elle le devint à son tour fut une évidence. Aimée, chérie, bercée dans l’écoute et l’apprentissage des chansons qui faisaient vibrer la famille, inutile de dire que l’enfant aura connu une enfance presque parfaite ; la petite princesse à papa et maman.

Pourtant l’enfant était espiègle, parfois caractérielle ; à force d’être bichonnée, elle voyait cela comme une normalité, n’acceptait pas les refus et pouvait parfois se montrer particulièrement acariâtre lorsqu’elle n’obtenait pas ce qu’elle voulait.

Petite princesse pourrie gâtée. Et puis la nouvelle tomba, sa vie de moldu qui bascula lorsqu’elle fut admise à Beauxbâtons ; naquit l’espoir que cette école saura la canaliser et l’apprendra à maitriser sa magie.

2015 à 2025 ─ Une scolarité sans trop d’accrocs, Lucrecia est une élève populaire, une sorcière douée sans être excellente. Et cela lui convint parfaitement. L’adolescente ne nourrit pas d’ambitions grandiloquentes, n’eut pas l’intention de devenir une foudre de guerre, elle avança sans faire trop de bruits.

Son magnétisme naturel fit que même en voulant éviter les autres, elle n’en fut pas capable ; alors plutôt que de se renfermer, elle choisit d’ouvrir son esprit et son cœur, acceptant leur présence comme une eulogie, même si ça impliqua d’être blessée de temps à autre.

Rien ne fut capable de vaincre son optimisme, cette capacité invraisemblable à toujours avancer sans douter un seul instant ; comme si elle savait que les jours heureux étaient devant elle. Naturellement, une personnalité aussi solaire plut au grand nombre, mais pas à tous. Certains la voyaient comme une hypocrite, mais ce genre de rumeurs n’étaient colportées que par ceux qui ne la côtoyaient pas ; insuffisant pour la mettre à l’épreuve.

Pour beaucoup, Lucrecia fut comme une étoile filante ; les regards s’attardèrent bien qu’elle fut insaisissable, comme si elle avançait trop vite pour les autres. Sans briller de mille feux, sans guider les autres, tout le monde l’ayant vu et fréquenté s’en souvint, espérant la revoir un jour.

Une faible lueur dans la nuit qui ne disparut pas, qui ne vacilla pas ; juste de quoi repousser les ombres et garder le moral ; juste de quoi nourrir l’espoir de voir les malheurs s’en aller, juste assez pour avancer, un pas après l’autre.

2025 à 2032 ─ Scolarité achevée, DEMA en poche, elle travailla trois ans en Italie dans un équivalent de la Gazette. Ses articles attirèrent vite les regards pour leur ton unique : pétillant, élogieux et parfois – souvent ─ assez piquant.

Le constat fut évident pour tout le monde : elle maitrisait son sujet et n’avait pas peur de le montrer, de s’affirmer. Certains de ses écrits furent même populaires dans plusieurs pays d’Europe. En parallèle, elle flirta avec une carrière musicale sans jamais envisager un seul instant de devenir professionnelle, sa petite vie bien rangée lui allait trop bien.

Ce fut courant 2028 que sa carrière de journaliste prit un tournant, lorsqu’elle fut débauchée par la Gazette du Sorcier qui chercha à moderniser le ton de ses articles. Le profil de Lucrecia fut glissé par une connaissance mutuelle et elle déménagea en Angleterre quelques semaines après avoir obtenu son poste.

Depuis, on peut dire que la demoiselle Dolce Milani vit ce qu’on peut appeler la « dolce vita ». Elle grappille la moindre opportunité pour améliorer son quotidien, tout en s’amusant comme s’il n’y avait pas lendemain. Toujours fidèle à elle-même.

Résumé plus court:

Il est minuit passé ; assise sur le canapé de ta loge, seule, débriefant ta performance en silence. Un bol de céréales entamé, seul petit caprice que le gérant du bar consent à satisfaire, il te doit bien ça. Tu regardes les quelques vidéos postées par tes fans du concert, souriant à chaque éloge.

Tu apprécies ces petits moments, seule avec toi-même, bercée par l’accalmie qu’offre le silence. Jusqu’à ce qu’on frappe à la porte. Naturellement tu demandes qui vient chercher ta compagnie, tu reconnais la voix à la seconde où l’homme parle :

─ C’est Malik. Je peux entrer ?
Tu réponds dans un français saupoudré d’un accent transalpin :
─ Oui. Une fois dans la pièce, tu l’accueilles comme il se doit : comment va ? La famille va bien ? Ta mère est sortie de l’hôpital ?
─ Tout le monde va bien, merci. Je l’ai eu au téléphone, elle est encore un peu fatiguée, mais elle va mieux.

Le sourire aux lèvres, ravie d’apprendre la nouvelle, tu te lèves pour aller embrasser sa joue et le prendre dans tes bras ; toujours aussi tactile, comme si tu avais peur de le voir s’évaporer. Un tendre échange d’œillade alors que vos iris pétillent de bonheur à l’idée de vous revoir, comme à chaque fois.

─ Les spécimens de la Gazette vont bien ?
─ Bah écoute… depuis la dernière fois que je les ai vus, ça avait l’air d’aller. J’ai toujours le feu vert pour rester éclectique dans ma ligne éditoriale, au grand damne de notre cher Declan.
─ Quoi tu veux dire que tu n’écris pas que sur les grands classiques chers à son cœur de « puriste » ?
─ Ah nan, mais lui il me rend dingue sérieux… c’est pas « le temps des corbeaux » qu’il aurait dû s’appeler son bouquin, mais « le temps des crevards », ça lui va mieux.

Le rire aux éclats, l’humour mordant fait toujours mouche avec lui, malgré toute l’empathie dont tu peux faire preuve, il en est certains qui n’en bénéficient pas, Bergling en tête de gondole.

─ J’ai croisé notre producteur préféré, il était dans le public.
─ Encore ?! Tu t’exaspères, gonflant les joues ; dépitée. Mais il veut pas lâcher l’affaire lui ? Faut que je l’envoie chier combien de fois pour qu’il comprenne ? T’as pu lui parler ?
─ Oui, oui. Et comme d’hab j’ai dit que tu n’étais pas intéressée, que faire carrière dans la musique c’est pas ton délire et bla bla bla. Et il m’a de nouveau regardé comme si j’étais défoncé. Il a du mal à concevoir que…
─ Que quoi ?

Tu le vois se tendre un peu… comme s’il cherchait à te dire quelque chose sans te vexer, mais qu’il ne trouvait pas les mots. N’étant pas particulièrement patiente, tu le pousses à exprimer le fond de sa pensée :

─ Malik. Crache ta pastille, on est entre nous, vas-y.
─ Lucrecia… écoute : je suis un agent, mon travail c’est de trouver des talents et de les aider à s’épanouir. De tous les musiciens talentueux que je connais, personne n’est meilleur que toi, personne n’est aussi passionné. Et pour un mec qui ne jure que par le business comme lui, c’est incompréhensible que tu ne cherches pas à… monétiser ces talents, dirons-nous. Fuir le succès comme la peste, j’avoue que moi non plus je ne comprends pas trop.

Lui aussi cherche des explications. Tu te vantes de ne pas être une personnalité complexe, prétextant que ta simplicité est ta plus grande force. Tu te souviens très bien des effets pernicieux d’être le centre des attentions ; la tentation d’en profiter. Tu te souviens d’avoir été odieuse, d’avoir piétiné le cœur de ceux qui ont fait l’erreur de le mettre à tes pieds.

Tu ne veux plus revivre ça, plus jamais. La réponse est simple et il devra l’accepter :

─ C’est mon choix, Malik. Mon père m’a toujours dit que le secret du bonheur était de faire ce que l’on aime et d’aimer ce que l’on fait. Je sais, ça fait un peu bisounours, mais je m’en fous. T’en as qui rêvent d’être connus, de déchainer les foules, de jouer dans des stades et d’être sucés goulûment par le monde entier pour leur talent… moi je veux qu’on me foute la paix. Je n’aurais jamais la carrière de Shani, et ça me va très bien.
─ Vivons heureux, vivons cachés ?
─ Tu vois quand tu veux. Un sourire mutin, tu enfiles ton manteau, prête à partir avec lui : je ne serais jamais une légende, je le sais très bien… et je dors comme un bébé depuis que je suis en paix avec cette idée.
─ Donc… conclusion, je dois continuer à lui dire d’aller se faire…
─ Ouais c’est ça l’idée. Bon allez, c’est pas tout ça, mais j’ai la forme, la nuit est encore jeune, profitons.

Ton idée d’un avenir radieux, est un futur ou tu es aux commandes de ta vie. Libre de faire tes choix, de les assumer, de les regretter. Au final, tu restes fidèle à ton idéal du bonheur, à ta propre vision de la dolce vita.