Patiemment, tu attends. Encore et encore. Tu n'as su faire que ça pendant des mois. Des mois que tu médites à ta vengeance, mais même se venger ne serait pas assez. Tu ne veux plus de ces jeux de bâton Atlas. Il y a assez longtemps que tu joues dans la cour des grands - et de la pitié, tu en as eu suffisamment. Ces animaux ne connaissent que la violence et de la cruauté, alors c'est précisément ça que tu vas leur donner. À partir de maintenant, tu jures de mettre à feu et à sang leur petit royaume.

Dans la cave de votre maison, tu fortifies les sortilèges de protection qu'Elijah est incapable de produire. Tu mets ta magie au service de votre oeuvre. Nettoies la cage en verre et la prépare à accueillir votre nouvelle invité - tu n'aurais jamais cru avoir hâte d'agrandir la famille, et pourtant c'est avec impatience que tu chéries cette idée. Ton idée. Ton plan. Votre félicité.

Assis dans un coin de la pièce à lire, tu lèves le menton lorsque ton amant se traine jusqu'en bas des escaliers, le corps inerte de Zina, la dénommée, dans les bras.

— « Ton visage n'a presque rien. Cesse donc de râler si tu ne veux pas être fouetté. »

Tu plisses les yeux et ourles un sourire cruel.

— « Je plaisante. Je sais que tu as pris sur toi pour ne pas achever cette pauvre enfant et je te remercie de cet effort. »

Du bout de la baguette, tu fais léviter la louve pour la transporter sur le lit de la cage en verre. Bien installée, tu la disposes comme on met en scène les cadavres.

— « J'ai hâte que notre future fille se réveille. »

Tu serres le tissu de ta manche dans ton poing et tournes la tête vers Elijah. Tu réprimes toute la haine qui te monte subitement à l'esprit, elle empoisonne ton coeur et ta raison.

— « Ou je pourrais lui trancher la gorge maintenant, ça serait fait ! »

Qu'il t'empêche de craquer, ton plan était parfait.

Il le prend mal. Évidemment qu'il le prend mal ! Ça ne serait pas Elijah sinon. Tu considères sérieusement à lui administrer des calmants pour l'aider à maitriser sa colère et son emportement. Une laisse ne suffirait pas. Il le prendrait comme un jeu malsain dont vous avez déjà l'habitude. Tu te méfies de ses élans, autant amoureux qu'assassins. Quand tu déclares vouloir tuer Zina, l'odieuse Zina, c'est un test pour mesurer la détermination d'Elijah.

Et tu n'es pas déçu.
Tu le laisses fondre sur toi, le toises d'un air menaçant alors que ses mains agrippent ton col.

— « De droit hein... Haha. Tu me fais rire ! Tu me fais mourir de rire Elijah ! Hahaha ! De droit... »

Tu te décolles de lui pour te tenir les côtes. Tu te tords d'hilarité, cruel et mauvais - tu te moques ouvertement.

— « Tu me casses déjà la tête, alors les os. C'est marrant. »

Avant qu'il ne pète un câble, tu attrapes son visage entre tes mains pour l'embrasser. Tu forces le passage de ta langue dans un baiser passionné, te colles un peu plus à lui avant de renifler.

— « Va te laver, oui. Je veille sur elle pendant ce temps-là. »

Tu le repousses brusquement et te tournes vers le lit où est allongé le corps de la louve. Tu tires une chaise et t'assois à côté d'elle. D'un coup de baguette, tu fais sortir la chaîne qui jadis t'emprisonnait dans la cage. Tu l'attaches à sa cheville pour être sûr qu'elle ne puisse pas s'enfuir.

— « Reviens-vite, mon amour. »

Mais ne lui adresse aucun regard. Tes yeux sont incapable de se détacher de votre victime, brillant de malveillance.

Tu n'attends pas très longtemps. Ou peut-être que tu n'as pas vu le temps passer, à fixer le vide, à contempler mentalement la résultante de votre plan machiavélique. Quand il revient tu es occupé à ranger la pile de vieux livres que tu entreposes à la cave lorsque tu as fini de les lire et qu'ils ne t'intéressent, de surcroit, plus. Tu sens sa tête sur ton épaule et grondes pour le faire lâcher prise. Tu n'aimes pas qu'il doute de ta parole.

— « Non, je ne l'ai pas tué. Elle dort toujours. Tes sortilèges sont efficaces Elijah, je suis surpris. »

Mais pas tant que ça en réalité. Il a toujours eu un don pour les maléfices, plus que pour la magie quotidienne et ménagère.

— « Tu ne manques jamais mais tu n'es pas prêt à avoir cette discussion. »

Tu lui jettes un regard en biais par dessus ton épaule, un rictus cruel au coin des lèvres. Tu t'écartes. Il a l'air de vouloir prendre des initiatives.

— « Oui, allons-y. »

Tu restes en dehors de la cage, les deux mains plaquées contre le plexiglass. Tu l'observes attacher la louve à une chaise. Une fois solidement immobile, il lui rend la pleine conscience. Tu ne sursautes pas et la laisses s'épuiser. A la voir se débattre dans le vide, tu te décales vers le côté où tu peux lui faire face et lèves la voix.

— « Silence, créature. »

Sa colère se mue en peur. Tu es sûr qu'elle te connait. Astérion a déjà dû lui parler de toi.

— « Oui. Zina, c'est ça ? Oui, je suis exactement ce que tu crains que je sois. Ton nouvel ami et ton père cauchemar. Ton tortionnaire et ton ennemi juré. Mais bientôt Zina... Bientôt tu oublieras tout ça et je te promets que je serais comme un père pour toi. Ou un grand-frère... Après tout, nos âges ne sont pas si éloignés. »

Pour seule réponse, elle crache des insultes. Appelle à l'aide son précieux alpha.

— « Il ne viendra pas te chercher. Il n'a aucune idée d'où tu es. »

Tu t'impatientes de la voir aussi nerveuse. Imbécile ! Mais Zina sent une odeur qui l'interpelle, elle tente de se retourner, en vain.

— « Celui que tu sens est un semi-vampire. Son sang n'est pas totalement humain. Il est comme toi. Le seul que je tolérais jusqu'à présent. »

Tu l'aimes... à ta façon.
Mais Elijah veut que vous vous aimiez jusqu'à la déraison. Lui aussi, quel imbécile.

— « Avant que tu n'arrives dans nos vies. »

Tu fronces les sourcils devant son cruel manque d'éducation. La coopération s'avère difficile et tu lances un regard fermé vers ta moitié. D'un mouvement de main tu l'empêches de craquer.

Évidemment c'était sans compter sur Elijah qui fanfaronne. Tu grimaces et étires un sourire un peu tendu à son intention. S'il continue comme ça... À croire que ce n'est pas vraiment la laisse qu'il veut que tu lui passes autour du cou, mais une corde pour le pendre. Tu as des envies violentes de meurtre sanglant quand tu l'observes s'agiter et planter ses griffes dans ses épaules. Autant que ça t'excite d'être témoin de sa monstruosité. Oh Atlas... Tu as des plans pour elle, des plans pour lui, des plans pour vous deux. Heureusement qu'il n'a pas le don de pouvoir lire les esprits, car le tien recèle des secrets que nul ne voudrait avoir à visualiser.

— « Non... Nous avons besoin de sa langue. Nous avons besoin d'elle intacte. »

Tu te fâches ouvertement de le voir te défier. Pourtant, quand la louve se tourne vers toi pour implorer ton aide, tu ne lui accordes aucun espace réconfortant, aucune empathie palpable à son égard.

— « Zina. »

Tu lèves les yeux vers Elijah.

— « Elle s'appelle Zina. Mais bientôt elle oubliera son propre nom. »

La jeune fille se paralyse de peur. Elle croit comprendre ce qui l'attend, mais quand Elijah s'en retourne chercher un couteau de cuisine qu'il avait caché tu-ne-sais-où, elle s'agite furieusement. Tu jurerais que ses cordes vocales se soient abimés tant elle a crié. Le prénom d'Astérion qui résonne contre les parois des murs porteurs de la cave. Elle en ferait presque trembler les poutres. Tu considères un instant de laisser Elijah la mutiler.

Si bien qu'il s'apprête vraiment à le faire quand tu cognes brutalement dans la vitre en verre.

— « ARRÊTE ! »

Tu grondes et fais le tour de la cloche pour rentrer dans la cage. Tu te saisis avec précision de son poignet pour l'éloigner de son visage.

— « "Tu es complètement fou ! Comment communiquer avec elle quand sa mémoire sera lavée ?! »

Tu fais grincer ta mâchoire.

— « Décidément.. Tu es incontrôlable. »

Zina se met à pleurer. Tu as bien été obligé de révéler vos intentions à voix haute à cause de cet imbécile... Maudis soit Elijah et ses impulsions !

— « Bon. Je suppose qu'il va falloir la laisser digérer un petit peu. »

Tu es assez cruel pour la laisser méditer sur un avenir qu'elle va de toute façon oublier. Tu veux que l'angoisse la ronge, que le désespoir la saisisse.

— « Je te laisse t'amuser avec elle à une condition : qu'elle reste entière. Sa psyché n'a pas d'importance pour moi. »

Tu lèves les yeux au ciel. Tu fais face à la désillusion de ton plan : tu ne peux pas tout contrôler en collaborant avec Elijah. Si tu souhaites que le semi-vampire obéisse et se range, il va falloir lui accorder des caprices dont tu n'as pas toujours idée à l'avance. Il semble vraiment déterminé à abimer la louve. Tu soupçonnes une jalousie mal placée à son égard. Elijah se sent toujours menacé par tout le monde et ce, à chaque moment. Tu tais bien évidemment tes plus bas instincts, heureusement pour toi qu'il n'a pas idée de l'existence de Fallen. Tu te gardes de lui partager cette information.

— « Très bien, amuse toi. Je sais que ma quête pour te convaincre du contraire sera vaine. Je n'aime pas jouer à des jeux perdus d'avance. »

Tu aimes le challenge Atlas, mais pas les causes stériles. Tu n'es pas assez présomptueux pour éloigner une proie du tableau de chasse de ton amant.

Mais une phrase te fait tiquer et tu bouillonnes de colère. De tes lèvres pincées s'échappent une menace sourde.

— « Elijah... »

Avant qu'il ne s'approche d'une Zina éplorée et paniquée, tu saisis son bras et le serres avec conviction. Susurres en réponses à ses propres déclarations.

— « Ne t'avise pas d'écrire le nom d'Hyperion... Il m'appartient. Et sa douleur m'est réservé. »

Vous vous l'étiez promis. Et même sans signer de pacte à l'oral ou à, l'écrit, vous vous l'étiez juré ! C'était ta seule condition pour accepter de vivre à ses côtés.

Tu recules pour lui laisser accès à la nuque de Zina. A peine est-il libre qu'il commence son acte barbare. Tu t'étrangles d'un rire cruel. Ses cris de douleur et d'impuissance provoquent des frissons de plaisir qui remontent jusqu'à la naissance de tes cheveux d'or. Tu l'observes, immobile, tel un ange vengeur, éxecuter son art. Sans ciller à un seul moment.

Une fois l'acte terminé, la louve a perdu connaissance. Son corps semble l'avoir lâché. Le sang perle des lettres tracées à même la peau. Tu souffles du nez, satisfait.

— « J'espère que tu ne m'imaginais pas à sa place. Cela expliquerait l'expression sur ton visage... La même que tu as au lit. »

Tu te pares de moquerie, fier de l'humilier avec mépris.

— « Grottesque. »

Et tournes les talons.

C'était sur qu'il ne se laisserait pas insulter. Le corps pressé contre le sien, tu relèves légèrement la tête pour le prendre de haut. À un moment tu baisses le regard pour détailler la lame puis remonte aussi tôt vers lui. Tu claques ta langue sur ton palais. En plus de manquer d'imagination, il croit te faire peur avec des superstitions ridicules. D'une voix rauque, tu te forces à ne pas déglutir.

— « Je n'y crois pas. On ne transforme pas quelqu'un en loup-garou aussi facilement. Sinon j'aurai été infecté de nombreuses fois pendant les années où je retenais Hyperion dans notre cave. »

Tu ne comprends pas comment il peut se laisser gangréner par la jalousie aussi facilement.

— « Parle pour toi. Je n'ai aucun intérêt envers cette gamine. Tu te sens menacé Elijah ? Est-ce que tu aurais manqué à tes devoirs ces derniers temps ? Tu crains que j'aille voir ailleurs si tu ne me satisfaisais pas ? Me satisfais-tu, d'ailleurs ? »

Tu tentes de reculer. Grinces des dents de sentir ton dos heurter son bras. C'est que ce fou pourrait mettre ses menaces à exécution. Non... impossible.

— « Tu n'es qu'un malade. C'est toi qu'on aurait dû enfermer à Sainte-Mangouste. »

Tu avances ton visage, tant pis si le sang coule. Tu souffles avec toute la suffisance qui déborde.

— « T'en es... pas capable. »

Peut-être qu'il a raison. Peut-être bien que personne ne peut te satisfaire comme lui le peut - mais malheureusement, la triste vérité est que personne n'a jamais vraiment essayer avant lui. Tu as toujours été le chevalier servant de femme qui n'en avaient pas besoin, et l'ennemi juré de tous les hommes qui se prétendaient mieux que tu ne l'étais.

— « Je ne veux pas te remplacer. A moins que tu veuilles la remplacer, elle ? »

Tu as conscience de jouer sur une faille qu'il a involontairement ouverte. Tu te fends d'un sourire cruel, et ce malgré la présence du couteau qui menace toujours ta jolie gorge claire.

— « Mais j'ai compris ! Tu es jaloux... Jaloux parce que tu veux prendre sa place. Que je lave ta mémoire, que je te monte contre ce bâtard d'Astérion ? Non, ça ne sera pas la peine... »

Tu soupires.
Remontes les yeux vers lui pour le scruter. Je ne me laisse pas enfermer ; déclarer des affirmations douteuses à voix haute te donnait toujours envie de les contredire. Mais pas pour l'instant... pour l'heure, vous aviez d'autres chats à fouetter. Ou plutôt des louves.

— « Je te crois Elijah. Seulement... Je te sais bien trop obsédé par ma personne pour ne pas faire cette erreur. Je ne pense pas que la solitude te siérait. »

Tu éclates de rire, moqueur. Tu adores le tourmenter.

— « Maintenant écarte toi de là... »

Tu le repousses de toutes tes forces. Te tournes vers la jeune femme endormie (ou plutôt inconsciente). Tu poses tes deux mains sur ses épaules pour lentement la secouer.

— « Zina. Zina... ? »

Ses paupières frémissent. La douleur ressurgit à peine son corps se réveille. Tu plaques ta main sur sa bouche pour lui intimer le silence.

— « Tout va bien, tout va bien. Tu vas bientôt oublier ce calvaire. »

Oh, tu ne doutes pas à un seul instant que votre petit jeu continuera plus tard - si et seulement si Elijah décide de reprendre les hostilités. Pour l'instant, tu concentres ton énergie sur la jeune louve, bien que tu surveilles toujours ton amant du regard. Quand il prend l'initiative de s'assoir devant elle pour lui raconter une histoire, tu portes une main à ta bouche pour dissimuler le sourire cruel qui s'ourle à l'orée de tes lèvres.

Quand il annonce la fin de l'histoire, tu te permets d'applaudir, joyeux. La jeune femme se tord dans tous les sens. Elle a du comprendre que se débattre serait inutile - mais elle n'a pas encore compris vous êtes hermétiques à ses larmes et à ses cris. L'empathie n'a jamais été ton fort Atlas, et dans le cas d'Elijah, son apathie relève plutôt du sadisme.

— « Je me réjouis d'avance de les voir se confronter. Mais nous devons être prudent Elijah. Une fois sa mémoire effacé, tu ne devras pas faire allusion à son ancienne vie. »

Son formatage va durer plusieurs semaines.

— « Très bien. Je l'endormirais juste après. Tu la transporteras en haut. »

Tu lèves ta baguette et la braques sur elle. Elle supplie mais le sort est déjà parti ; entre tes lèvres pincées.

— « Obliviate. »


Vous l'aviez déplacé dans une chambre du haut. En fermant la porte de la cave, tu l'avais verrouillé. Elle ne devait pas avoir accès à cette partie de la maison.

Zina se réveillerait quelques heures plus tard, l'esprit amputée d'une partie de ses souvenirs et de son histoire. Vous veniez d'officiellement adopter une louve craintive qui ne tardera pas à se montrer docile envers ses maitres.

Dans la cuisine donnant sur le salon, tu te prépares un thé. Tu n'adresses que peu d'attention à Elijjah depuis que vous avez allongé Zina sur le lit, trop occupé à prévoir quel comportement tu auras à son réveil.

Quand il surgit dans ton dos, tu te retournes et manques de renverser ta tasse brûlante sur lui.

— « Par Merlin, tu m'as fait peur. »

Tu lèves un regard méfiant vers lui.

— « Est-ce que je peux t'aider ? »

On sent que tu te retiens de lui asséner une pique cinglante.

Est-ce que tu te méfies ? Toujours avec lui. Ce serait une erreur de débutant de croire Elijah sur parole, de l'imaginer sain d'esprit et prévisible. C'est parce qu'il est instable que tu restes constamment sur tes gardes. La passion qui t'anime se caractérise par le fait que tu le gardes en vie, vos baisers et vos caresses sont des anomalies sur lesquelles tu refuses encore de t'exprimer.

— « Moi ? Non. »

Tu étires un large sourire crispé. Papillonnes des cils comme un innocent qui n'a rien à se reprocher. Mais tes sourcils se froncent, la mine est plus dure lorsqu'il remet sa jalousie au premier plan.

— « C'est toi qui y pense. Elle t'obsède. Tu ne peux pas t'empêcher d'en parler et de me rappeler son existence. »

Une habile manière de le rendre seul responsable de ses tourments.

— « Elijah Elijah Elijah... »

Au même moment ses doigts (ses griffes) accrochent ton menton. Tu grimaces et le toises, non sans un dédain doucereux.

— « Tu commences à m'embêter sérieusement avec tes insécurités. »

Mais s'il voulait sûrement te faire une pique acérée, la réalisation te frappe avec plus d'ardeur que ce que lui même avait prévu. Tu t’es affaibli depuis que t’es aux archives. Pourquoi tu n’arrives plus à me faire peur ? La colère commençait à bouillir, mais là elle s'est tarit. Tu écarquilles les yeux, chamboulé. Est-ce donc vrai ? À l'image d'une fleur, tu te fanes sans lumière.

— « Je- »

Tu dois partir.
Tu dois quitter ce monde immonde qui n'a jamais su ni t'accepter ou te comprendre. Pourquoi te plies-tu, Atlas ? Pourquoi est-ce que tu te laisses pourrir alors que tu pourrais juste partir ?
Et dominer.

— « Je ne suis plus heureux dans ce travail. »

Affirmes-tu à demi-mot, mais Elijah est déjà occupé à te tirer. T'as t-il seulement occupé ? Tu opposes de la résistance, même si sa force physique surpasse de loin la tienne.

— « ELIJAH ! »

Tu l'appelles.
La porte s'ouvre, vous descendez les marches, mais c'est lui qui mène la danse.

— « Qu'est-ce que tu fais encore ?! »

Tu piétines sur place dans l'espoir de lui faire lâcher prise. Mais alors que la peur de l'enfermement t'anime, une lueur d'excitation perce ton regard. C'est bien parce que votre relation ne tient qu'à un fil qu'elle est aussi solide. Elle peut se casser à n'importe quel moment, si bien qu'à force de tirer vous l'avez renforcé.

— « Tu es complètement fou... »

Et avant c'était Hyperion qui te hurlait ça au visage.

Tu tires sur ton corps pour attraper le couteau qu'il avait déposé sur la petite table collée au mur, quand il menaçait Zina tout à l'heure. Tu pointes la lame vers sa gorge, imposes une certaine distance.

— « Tu ne peux pas me contrôler. »

((Tu n'y arrives déjà pas toi-même))

Est-ce que tu es bien sûr de toi, Atlas ? Il lui avait suffit d'une seconde pour te faire douter, d'une seconde pour te retourner le cerveau. Tu commences à voir, dans le reflet de ses yeux contaminés, à quel point l'illusion était parfaite... un temps. Aujourd'hui elle ne ressemble plus qu'à une montagne de papiers froissés, abandonnés dans le sillon de vos péchés.

Tu fixes d'une oeillade concernée le sang qui s'écoule sur sa peau blanchâtre. La même pâleur à t'en faire vomir, la même que tout ces putains de vampires. Il se saisit de ton poignet et tu réalises que c'est trop tard. Tu pensais être le chasseur tu es le gibier. Tu pensais pouvoir vivre dans le contrôle et tu t'es fait piéger.

— « Je vais te crever. »

((Je veux crever, sans toi je veux crever))

— « SALE BÊTE TU VEUX QUE JE TE RAPPELLE QUI JE SUIS ?! »

Ton cri se meurt en hurlement. Les os du poignet se brisent sous la force de sa poigne. Tu plies le corps, forces un genou à terre, le bras toujours tendu par la prise d'Elijah.

— « Tu es... Tu es... »

La respiration sifflante, tu vois la lame non loin de toi. Échouée au sol quelques minutes auparavant.

— « Tu... »

Tu ne trouves pas les mots. Tu déglutis et brandis la lame pour la planter dans sa cheville. Tu profites du fait qu'il t'ait lâché pour reculer vivement vers l'arrière. Heurtes l'équipement de cuisine de la cage.

— « JE NE VEUX PLUS DE ÇA ! »

Tu veux être libre. Libre d'être enfin toi ; et plus Atlas Priest ou la propriété d'Elijah.