histoire

─ 28 juillet 1982 : Naissance de Nina à Rosario en Argentine. Malgré les croyances religieuses de sa mère, elle se voit forcée de garder l'enfant à cause de l'immense pression mise sur elle par le père. Le vampire est un être dangereux et recherché dans de nombreux pays ; les menaces de mort sur la mère et sa famille la feront céder.
─ 1982 à 1993 : Enfance délicate, mère catholique, croyante et pratiquante ; malgré l’amour qu’elle éprouve pour sa fille, les circonstances de sa grossesse et les découvertes successives de ses pouvoirs magiques et sa nature d’hybride chamboulent davantage son monde qu’avec une enfant « normale ».

Nina grandit dans un quartier difficile, la rendant d’autant plus turbulente. Sa mère se marie avec un policier lorsqu’elle a 4 ans ; son beau-père tente de la comprendre et de la canaliser, sans succès. Ils n’en savent rien, mais les problèmes ne font que commencer.

─ 1993 à 1999 : Nina rentre à Castelobruxo. D’abord émerveillée et enthousiaste à l’idée de développer ses talents et enfin côtoyer des gens comme elle, le rêve va vite tourner au cauchemar.

La version officielle de l’école rend compte des expériences menées sur les élèves hybrides ; la version officieuse est encore moins glorieuse. La petite Ibarra associe plutôt cela à de la torture. D’abord soumise, soucieuse de ne pas causer des ennuis à ses parents, elle se rebellera au bout d’un enfer de six ans lors duquel elle ne sera épargnée par personne.

Sa scolarité n’a fait qu’alimenter son amertume et son aversion pour son prochain. Si personne ne l’a aidé, alors elle n’aidera personne. C’est pendant cette période qu’elle découvre son appétit vorace, presque insatiable. Et surtout… à quel point la vengeance est douce lorsque ses victimes en souffrent.

─ 1999 à 2002 : Tout s’enchaîne à une vitesse vertigineuse. Elle est expulsée de son école après une multitude d’agressions sur les élèves et le personnel. Le fait divers est relayé par un journal argentin qui recueille son histoire et son témoignage glaçant sur la maltraitance dont elle et d’autres hybrides ont été victimes.

La médiatisation de son récit, jumelé à ceux des autres ayant connu le même sort, poussera l’école à améliorer progressivement la condition des élèves hybrides ; pour elle, on ne peut revenir en arrière, les dégâts ont déjà été faits.

Elle perd son beau-père en 2000 ; il mourra dans une fusillade lors de l’exercice de ses fonctions. Nina implore sa mère de déménager, elle a peur de la perdre aussi dans les méandres de son quartier malfamé. Une guerre de gangs rivaux faisant ravage sur ravage, atteignant son paroxysme en 2002 lorsqu’une nouvelle fusillade éclate ; cette fois c’est sa mère qui en est victime.

Sur son lit de mort, son père biologique fait son retour dans sa vie, il a toujours été absent mais veillait sur sa fille dans l'ombre ; voyant que celle-ci a le potentiel pour rejoindre le nid, il profite de l’occasion pour la prendre sous son aile. Nina n’y voit que du feu, elle n’a que sa vendetta en tête. Elle ne se doute pas qu’elle se fait manipuler, qu’elle franchit un seuil duquel elle ne pourra pas revenir. Qu’importe, il ne lui reste plus que lui… elle ne veut pas être seule.

─ 2002 à 2012 : Elle passe le plus clair de son temps avec son père, elle voyage un peu partout dans le monde avec lui ; ses enseignements prodigués ont un objectif clair : la déshumaniser jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’humain en elle.

Petit à petit elle remarque que quelque chose cloche, mais l’effroi de la solitude la force à rester avec lui ; à se plier à ses envies et ses leçons. Le vampire n’a aucune patience avec elle, il exige d’elle une obéissance aveugle, même pour les pires atrocités.

Dix ans de carnage. Mais ça n’est jamais suffisant, il en faut toujours plus. À sa première hésitation, sa première désobéissance, la sentence tombe : le vampire l’abandonne, las d’elle comme s’il jetait un jouet à la poubelle. Nina mettra de longs mois à se remettre de son départ de sa vie, avant de se rendre compte à quel point sa relation avec lui était toxique.

─ 2012 à 2032 : Plus de boussole morale pour l’aider à distinguer le bien du mal, plus d’ordres auxquels elle doit obéir, elle jouit d’une liberté aussi inédite qu’émoustillante. Pour la première fois, elle peut faire ce qu’elle veut.

Alors elle continue de voyager, elle se découvre de nouvelles passions et lubies. Elle se découvre des talents et se construit au fil du temps une carrière de voleuse et d’escroc. Elle prend notamment un malin plaisir à dérober les familles célèbres et fortunées, les familles qui l’ont toujours regardé de haut, notamment à l’école. Dès qu’elle est dans le collimateur des autorités moldues et sorcières d’un pays, elle le fuit pour s’amuser dans un autre.

Elle procède ainsi pendant quinze ans, perfectionnant son art, ses talents. Voilà maintenant cinq ans qu’elle vit en Angleterre et évidemment elle a des projets ambitieux. Elle se doute qu’elle ne profitera jamais de l’immortalité qu’on lui a promise, ayant déçu son père biologique. Néanmoins, elle veut rester dans les mémoires à sa propre façon. Et surtout : vivre sans regret.

Rien n’est jamais trop, tout est permis.
Aucune limite, aucune contrainte.
Elle vit pour elle et ne se refusera plus jamais rien, même le pire.

résumé plus court :

─────────────────────

Un coup, deux coups, c’est au bout du troisième qu’elle comprend que ce n’est pas son imagination. Du haut de sa vingtaine, de son gabarit rachitique et fragile, Lana se retrouve à envisager le pire. Le fait qu’on frappe à sa fenêtre est déjà improbable… ça l’est encore plus quand on sait qu’elle habite au sixième étage.

Finalement elle prend son courage à deux mains et ouvre les rideaux, baguette à la main, la peur au ventre. L’appréhension disparait au moment où elle voit ton visage : Nina. Il n’est éclairé que par la faible lueur de la lune, mais elle en connait les traits mieux que personne.

Tu la vois soupirer de soulagement, faire la moue avant de t’ouvrir. Tu la salues d’un ton moqueur :

─ ¡ Hola, hermanita !
─ Il est trois heures du matin, qu’est-ce que tu fous là ? Et comment tu arrives à tenir debout sur ton balai comme si de rien n’était ? Bref, rentre vite avant qu’on ne te voie.

Elle en oublie qu’à cette heure, se faire remarquer en train de voltiger est rarissime. Elle est plus jalouse de cette entrée pleine de style qu’exaspérée en vérité. Tu le sais bien et tu t’en amuses. Une fois à l’intérieur, tes améthystes se posent sur la seule source de lumière qu’elles trouvent : sa télé. Tu reconnais immédiatement ce qu’elle regarde.

─ Ah… tu t’y mets enfin. Le premier Iron-Man en plus, très bon choix.
─ Ouais… j’étais même pas née quand il est sorti. Tu l’as vu au cinéma toi ?
─ Je les ai tous vus au cinéma.

De nouveau une moue boudeuse, elle t’envie. Tu froisses sa tignasse brune. Vous partagez le sang de votre père, deux dhampires nées d’une mère différente. Mais Lana n’est pas comme toi ; plus jeune, inexpérimentée, frêle, fragile, pas étonnant que votre père ne lui ait jamais apporté la moindre considération.

Tu pourrais presque avoir pitié d’elle si tu connaissais ce sentiment. Tu ne t’attaches pas aux gens, tu préfères détruire que préserver ; mais elle, tu ne veux pas lui faire du mal, t’irais même jusqu’à dire que tu l’apprécies.

─ Des nouvelles de notre détraqué préféré ?
─ Non… aucune. Tu soupires : les autres refusent de parler, par peur ou loyauté j’en sais rien. Si on m’avait dit y’a vint ans que j’avais autant de frères et sœurs dans la nature…
─ Demi-frères et sœurs mais oui, je te suis. Ça fait quoi, quinze ans qu’il est introuvable ? Tu vas passer le reste de ta vie à le chercher ? Et tout ça pour quoi ? Le tuer ? Tu le détestes à ce point ?

Tu viens attraper sa chevelure avant de la tenir fermement, serrant le poing. Tu lui jettes un regard d’une haine incandescente ; répondant presque à sa question sans que tu n’aies besoin de prononcer le moindre mot. Mais pour la forme :

─ Tu sais ce qu’il a fait à ma mère ? Probablement la même chose qu’à la tienne non ? Et tu veux me supposer de lâcher l’affaire ?!
─ Nina… tu… tu me fais mal…
─ Réponds ! tu sais ce qu’il a fait oui ou non ?
─ Oui, oui je sais, arrête, tu me fais peur…
─ Ma mère était la seule personne au monde qui a essayé de m’aimer ; je ne la blâme pas pour avoir échoué. Mais lui… ça ne lui a pas suffi d’abuser d’elle, il l’a menacé de massacrer toute sa famille si elle ne me mettait pas au monde, si elle ne s’occupait pas de moi. Et ça n’était pas dans mon intérêt, mais le sien. C’est de sa faute si je suis aussi taré que lui. Alors oui, je vais le trouver. Je ne sais pas quand, mais je vais le trouver. Et après, je danserai sur son cadavre. Et si tu te mets sur mon chemin, je piétinerai le tien aussi.

C’est la première fois que tu lui fais une telle frayeur. Tu constates à quel point vous êtes différentes, à quel point elle est fortunée d’avoir eu une vie si diamétralement opposée à la tienne. Tu constates aussi que si tu continues à la côtoyer, elle ne fera qu’en souffrir. Parce que tu finis par détruire tout ce à quoi tu touches ; tous ceux qui sont proches de toi finissent par implorer que tu t’éloignes, que tu disparaisses de leur vie.

Tu n'as pas laissé à cette demi-sœur que de bons souvenirs, c’est d’ailleurs la dernière fois que tu es venu la voir. Tu ne peux pas garder quelqu’un d’aussi friable près de toi… personne ne peut réellement tenir la distance face à cette pression que tu exerces. Tu finis par terrifier, blesser, tuer. C’est inévitable.

Le pire n’est pas l’inéluctable, mais le plaisir que tu éprouves lorsqu’il finit par arriver. Ta mère croyait en la rédemption, toi non.

Tu sombres parce que tu le veux bien.