Tu as juste ignoré habilement les insultes et les reproches, avant de le plaquer contre le bar pour l'empêcher de se barrer. Les mains accrochées sur le rebord du comptoir, tu tentes de garder la face. De faire illusion et de ne pas craquer face à la véhémence exacerbée de Noah. Quand il est en colère, il est juste infâme. Quand il te crache sa haine tu hésites toujours entre hurler et pleurer. Le problème dans cette situation, c'est que ce n'est pas parce qu'elle date de juin que tu ne t'en rend pas coupable.

— « Arrête de m'insulter ou je te jure que je vais m'énerver. »

Pourtant dans ta voix, ça tremble. Le regard menaçant se mue en panique sincère. Quand il parle de preuves fabriquées... tu le crois. Tu crois vraiment capable Léon Rosier de tout faire pour te nuire. Il t'a suffit de l'entendre - il jubilait de te rabaisser, il jouissait de la lueur de peur dans tes yeux. Tu te mords l'intérieur de la joue. Merde, merde, merde.

— « Mais... Mais. Mais si tu le tues, on serra vraiment coupable de quelque chose, Noah ! »

Tu veux qu'il l'entende, cette logique implacable.

— « Et ça on pourra pas s'en défendre, jamais. Ça sera mort. Et je veux pas que tu prennes des risques pour moi, je t'ai rien demandé ! »

Il te soulève et tu pousses un cri rageur. Tu te débats comme un diable, sursautes en sentant sa main te claquer les fesses. Ça te choque un instant, mais parce que tu ne sais pas si c'est pour te punir ou si c'est au contraire un moyen de vous réconcilier.

— « Lâche-moi, PUTAIN LÂCHE MOI ! »

Une nouvelle claque. Ça te fige. T'as les mains agrippées à son t-shirt, la tête à l'envers. T'as la gerbe vu comment il te secoue.

T'es à moi t'entends ?
Tu pourrais avoir peur à ce stade mais encore une fois tu ne sais pas s'il est toujours énervé ou non. Tu remues les jambes et lui fous un coup de genou dans le nez sans vraiment le vouloir.

— « Repose moi je vais te faire mal ! »

Trop tard.
((mais vous adorez ça, c'est devenu maladif))

Tu tombes lourdement sur le canapé. Pas le temps de te carapater qu'il se jette sur toi pour t'immobiliser. Tu écarquilles les yeux, de prime abord inquiet pour son nez tordu et ensanglanté. Mais tant pis pour lui, il l'a bien cherché. Tu geins d'inconfort, protestes sous la prise serrée qu'il a sur tes poignets. Le dévisages comme une proie admirative et effrayée. Tu le hais. Tu l'aimes. Tout à la fois - un cocktail explosif pour te détruire.

— « Tu saignes... »

Tu te débats un peu plus. En vain. Le souffle court quand il vient s'appuyer sur ton bassin. C'est toujours le même schéma. Vous vous déchirez, insultez, retrouvez dans l'affection malsaine et abusive, pour finalement vous complaire dans la répétition acharnée de cette routine excessive.

— « Je suis inquiet pour Aurel. J'aimerai bien qu'on le retrouve. Ou je sais pas... je sais pas putain, j'ai rien fait, ils finiront bien par trouver le coupable s'il en existe un. »

Sans deviner à un seul instant, encore, l'ironie de cette vérité cruelle.

— « Je ne veux pas qu'ils t'emmènent non. »

Tu ne veux pas le perdre.

— « Je les en empêcherai. »

Déjà bien incapable de te défendre toi-même. Tu grimaces lorsque les gouttes de sang viennent s'échouer sur le bas de ton visage. Tu secoues la tête pour t'en défaire. Trop tard, l'odeur est déjà trop enivrante. Tu ouvres les mains, étires tes doigts.

— « Arrête... »

Tu passes ta langue sur tes lèvres pour récolter le sang. Les narines s'agitent sous la violence d'une odeur si rapprochée. Quand il t'insulte, tu crois percevoir, au delà de la colère, une complicité bien dissimulée. Tu lui réponds, le torse bombé.

— « La tienne. Bâtard de merde. »

Oui c'est vrai, tu devrais t'inquiéter pour vous, plus que pour ton ami. Mais tu es mort de trouille Ezra. Tu vis dans la peur depuis des mois - des années, presque. Comment peut-il te reprocher l'inverse ? Comment ose-t-il alors que tu ne fais que te morfondre sur votre situation ? Il t'énerve. A croire qu'il aime ça, te provoquer. Te pousser à bout. Il serre tes poignets et tu geins, la bouche tordue d'une grimace d'inconfort.

— « Aie... Tu me fais mal. »

Et comment comptes-tu t'y prendre ? Tu pourrais gonfler le torse mais il t'écrase. Il s'en amuse. Tu le foudroies du regard, tentes de te libérer de sa prise. Gesticules et fais couiner le cuir du canapé. Tu ouvres finalement la bouche pour répliquer mais il te coupe la parole, tirant d'un seul coup sur tes bras.

— « Tu me cherches putain ! Connard ! »

Il te demande de lui montrer. T'as envie de lui montrer.

— « Ouai bah si tu continues y'a que les ennemis que je vais sucer sale merde. »

A trop vouloir te dégager ton bassin se heurte au sien. Tous les deux gonflés d'envie - ou d'excitation, peut-être pas d'envie.

— « Je vais te montrer. »

Tu lui fous un coup de tête pour le sonner suffisamment. Qu'il lâche tes poignets. D'une main libre tu formes un poing sur tu fais s'écraser contre son épaule, le projettes ainsi vers l'arrière. Tu grimpes au dessus de lui pour enserrer sa gorge. Tes doigts s'enfoncent dans sa peau, tu le toises.

— « C'est qui la chienne maintenant ? »

Tu écrases ton genou au niveau de son entrejambe. T'as la rage, la rage qu'il se foute de ta gueule.

Pendant un instant c'est toi qui a le dessus sur lui. Tu ne peux nier, cette gloire artificielle n'est que temporaire - pourtant elle te fait du bien. Tu ne te sens plus comme le moins que rien qu'ils te font tous devenir. Tu te sens gorgé d'un pouvoir et d'une emprise. Appuies un peu plus sur son cou (mais pas dans le but de lui faire mal, uniquement de le maintenir). Tu vas pour étirer un petit sourire lorsque son poing vient s'écraser sur ton visage. Tu ne l'as pas vu venir celui-là.

Tu chutes par terre, la mâchoire douloureuse. Pousses un cri de douleur. Ton bras pris en étau, tu es trop choqué pour essayer ne serait-ce que le libérer. Tu restes paralysé par la douleur. Il te donne l'impression de te punir comme un ennemi - de t'humilier comme il l'aurait fait avec son frère s'il l'avait eu en face de lui. Tu as déjà eu peur de lui, Ezra, mais aujourd'hui c'est encore différent. Tu n'oses pas protester ni répondre.

Les larmes montent rapidement aux yeux. Les insultes n'arrangent rien. Il écrase une partie de ton visage contre le sol et tu demeures immobile, prostré et affaibli. Enfonces tes ongles dans le tapis une fois le bras libéré, pour t'agripper.

— « N-noah... »

Il te demande ce que tu ferais pour lui. De mieux que ce que tu as fait jusqu'à présent - c'est à dire te terrer ici dans ces sous-bois et attendre que la tempête passe, jusqu'à en croiser une nouvelle et t'enfuir de nouveau.

— « Je... »

Tu déglutis difficilement. Tu as beau avoir une force presque équivalente à la sienne, tu n'arrives pas à te dégager. Tu n'arrives pas à t'autoriser à bouger.

— « Je tuerai pour toi... »

Cries plus fort, comme si c'était ta seule porte de sortie.

— « JE TUERAI POUR TOI ! »

Même si tu n'en est pas capable, tu as l'impression que c'est la seule chose qu'il veut entendre. Qu'il n'y a qu'en te salissant les mains qu'il arrêtera d'être dégouté par ta faiblesse.

Il te demande pourquoi tu pleures. Ce n'est pas évident ? Parce qu'il te fait peur. Parce que Léon était déjà une trop grosse pression pour aujourd'hui. Mais surtout parce que tu te sens minable et ridicule à côté de lui. Tu ne ressens même plus l'amas de colère qui stage au fond de toi, anesthésié par le surplus de médicaments. T'es devenu que l'ombre de son ombre, le chien à ses pieds. T'as plus la grandeur d'autant - au moins avant tu savais faire semblant.

— « Pardon. »

Ça t'écorchait la bouche il y a encore quelques temps, à l'époque où vous viviez tous paisiblement dans ta maison aux Pays de Galles. Les yeux fermés, tu repenses, mélancolique, à cette époque où Elijah et Hermès se croisaient dans le couloir. A Noah qui descendaient les escaliers comme un paon juste pour les énerver. C'était animé. Désormais il n'y a plus que vous. Désormais les excuses sont murmurées pour se rassurer.

Tu encaisses ses conseils puis il te lâche. Si tu sens le poids s'ôter de ses épaules, un autre, invisible et insidieux, t'écrase de nouveau. C'est juste que personne ne le voit.

— « Tu crois vraiment que je suis un bon à rien ? »

Tu cherches à accrocher son regard, le tien encore humide et irrité. Tu ne supportes pas le mépris sous-jacent qu'il fait glisser de ses lèvres comme un poison dès qu'il te parle. Et ses yeux ! Ses yeux te condamnent tout autant. Surtout quand ils se détournent de toi. Noah n'est pas du genre à fuir, sauf quand il juge.

— « Glander hein... »

Tu serres le poing mais prend sur toi. Tu te diriges mollement vers la salle de bain pour aller te débarbouiller dans le miroir. Ouvres le petit placard caché derrière le miroir, là où sont planqués les divers cachets que tu dois prendre. Au moment de les avaler, tu fais glisser quelques pilules dans ta main. Soupires.
Est-ce que tu dois vraiment t'y soumettre ? Est-ce que tu deviendrais pas plus fort à te laisser exploser ? Est-ce qu'il te regarderait différemment si tu les laissais simplement tomber ?

Une question qui reste en suspens entre toi et le cliquetis des pilules qui s'explosent lentement dans le tube de l'évier.

Tu finis par sortir, le visage propre et les larmes sèches. Tu cherches Noah du regard dans le salon mais ne le vois pas. Tu espères qu'il ne s'est pas barré et ne t'a pas laissé tout seul ici. Ça serait quand même l'audace qu'il sorte voir tu sais pas qui quand tu es toi confiné ici.

Tu vas dans la cuisine pour te servir un verre de sang. Finalement tu déglingues une demi-bouteille directement au goulot. T'essuies la bouche. Tu vas lui faire son repas à ce clochard, il descendra peut-être.

— « A table. »

Tu hésites à crier plus fort, même si tu sais qu'il t'a forcément entendu. Vous avez tous les deux des sens surdéveloppés après tout. Qu'il ne te fasse pas croire qu'il est devenu sourd entre temps. Tu attends quelques instants avant qu'il ne daigne se montrer. Tes yeux louchent malgré eux sur son corps trempé de sueurs. Comme d'habitude, le voir dans l'effort réveille en toi des désirs déplacés.

Il s'installe à la table que tu as préparé vite fait. Il demande ce que vous mangez et tu poses l'assiette devant lui pour seule réponse. Ignores un peu ses remarques acides, tu sembles chercher autre chose du regard.

— « Van's était avec toi dans le garage ? »

Tu pestes de ne pas voir l'animal. Surement qu'il l'a enfermé derrière lui sans faire exprès comme il le fait souvent.

— « Tu sais qu'il te suit dans toutes les pièces, fais gaffe t'aurais pu le laisser toute la nuit là-bas. »

Parce que tu penses naïvement qu'après le repas il va rester avec toi et ne pas retourner s'enfermer à taper sur des bouts de bois pour se passer les nerfs. Tu traverses la maison pour aller ouvrir au chien et reviens dans le salon avec lui. La bête court se loger dans les jambes de Noah. Ça te frustre un peu. L'animal ne jure que par son maitre. Tu tires la chaise pour t'assoir en face de lui. Découpes la viande saignante aussi. T'as qu'un quart dans ton assiette, c'est juste pour faire illusion - la réalité c'est que t'as bu jusqu'à avoir la nausée.

— « Pourquoi ? Tu l'es toi ? »

Tu réagis super en retard à sa question de toute à l'heure. Tu le regardes pas vraiment. T'as du mal à assumer, ou peut-être que ouai, t'es énervé. T'es surtout au bout du rouleau et déprimé. Tu veux pas que vous vous couchiez en faisant la gueule. Pour cette histoire avec Aurel, tu sais qu'il continuera de t'en vouloir un moment, mais pour noyer le poisson tu glisses une main vers la sienne, un peu penché vers l'avant.

— « Tu veux faire quelque chose ce soir ? »

C'est un effort colossal que tu fais là.

Tu observes d'une oeillade concernée les pattes du chien sur la table. T'es pas trop à l'aise avec le fait qu'il prenne des mauvaises habitudes comme celle-ci mais c'est le chien de Noah après tout alors tu peux rien dire. Tu fais tout pour éviter que la dispute reprenne. Ton seul objectif désormais c'est calmer le jeu et apaiser la tension qui règne sur la maison depuis plus d'une heure.

Il confirme qu'il est énervé. Te rabâche sur la situation de Léon Rosier. Tu baisses les yeux sur ton assiette entamée, la fourchette plantée dans un morceau de viande saignante. L'autre main est parti chercher la sienne dans un geste désespéré de réconciliation.

— « Mais je suis là. »

Tu essaies tant bien que mal Ezra. Tu es encore blessé de certains de ses mots, encore meurtri de la déception qu'il ne cherche même pas à dissimuler. Il te l'expose à la gueule comme une punition bien méritée.

— « Quoi ? »

Mais à l'entendre, on dirait qu'il minimise. C'est encore et toujours lui la victime. Hyperion Priest, séquestré par sa propre famille. Hyperion Priest, capturé par son frère. Hyperion Priest, le pauvre est mort aux yeux de la société, rejeté par ses pairs sorciers.

— « TU serais dans la merde ?! Et moi alors ? Qu'est-ce que je deviendrai à Azkaban.. À pourrir au milieu des détraqueurs alors que je n'ai rien fait de mal ! Contrairement à t- »

Tu t'arrêtes. T'as failli glisser. Tu détournes le regard, aussi confus que gêné. Merde. Il est pas con Noah, il sait très bien que ce que ça veut dire.

— « Désolé. Désolé d'accord ? Je suis désolé. »

Tu lâches finalement la fourchette.

— « Je t'ai dis, je voulais pas que tu me prennes pour le dernier des nazes. C'est déjà assez compliqué de subir les railleries au taff, alors te parler de l'auror qui m'a traité comme de la merde la dernière fois... C'était trop humiliant à avouer. »

Il a beau te reprendre, t'as l'impression d'être rassuré comme un gosse. Ça te frustre Ezra, et pour le coup ce n'est pas quelque chose que tu reproches à Noah. Pour une fois il semble faire l'effort d'être un minimum sympa. Il va dans ton sens, insulte tes collègues pour montrer qu'il te soutient. Ça pourrait te toucher... ça devrait te toucher... Mais tu rentres encore dans la peau du minable. Il t'infantilise non pas parce qu'il en a envie mais parce que t'es vraiment une victime. Depuis quand tu es devenu une parodie de toi-même Ezra ? Avant tu ne te laissais pas faire. Avant il te suffisait de leur étirer des doigts d'honneur ou de les insulter en retour. Tu t'es ramolli depuis des mois.

— « Ouai... Merci. »

Tu détournes un peu le regard, gêné. Il serre ta main et tu grimaces. Il t'assure que personne ne te touchera et tu hoches la tête pour confirmer. Noah te protégera quoi qu'il arrive. Tu crains du moment où il ne sera plus là pour s'occuper de toute la merde qui s'est accumulé devant chez vous.

C'est pour ça que vous devez faire quelque chose pour l'auror. Il te demande si tu ne veux pas que vous soyez séparé. Tu crois percevoir l'outil de manipulation un instant mais tu es trop vulnérable pour ne pas t'engouffrer dedans. Tu as besoin que vous vous réconciliez, alors tu vas dans son sens.

— « O-ok... Mais qu'est-ce que tu vas faire ? Le tuer ? »

Tu en as des frissons. Bien que l'image de Léon Rosier crevé comme un rat sonne comme une douce vengeance (tu n'arrives pas à éprouver la moindre empathie pour lui) tu crains des conséquences plus graves vis à vis du ministère. Après tout, tu es suspect dans une affaire.

Tu lâches sa main.

— « Je suis désolé de te faire honte. Je ferai des efforts. J-je peux... je peux régler le problème. »

Au moins il semble réaliste et raisonnable sur ce point : tuer Léon Rosier n'est pas une bonne idée. Tu le penses aussi, mais tu craignais qu'il en ait décidé autrement. Tu es arrivé à un stade où tu n'oses plus vraiment le contredire. Aucune de tes critiques (mêmes constructives) ne sont désormais les bienvenues. Il te soumet son plan et tu l'écoutes sagement, hochant la tête sans vraiment rentrer dedans. Tu le suivras quoi qu'il arrive, c'est tout.

— « D'accord. Donc on va lui offrir sur un plateau un possible innocent juste pour m'écarter ? Si ce n'est pas moi qui irait à Azkaban sans avoir rien fait, ça sera un anonyme ? »

Si d'apparence tu ne sembles pas à l'aise, tu es tellement fatigué par la situation que tu es prêt à faire n'importe quoi. Même si ce n'importe quoi brise les codes moraux.

— « À moins que... à moins que tu connaisses déjà des coupables et que tu en choisisses un pour t'en débarrasser au passage. »

Tu fronces les sourcils.

— « J'espère que tu fais pas n'importe quoi, encore, quand tu sors en ce moment. »

Mais le voilà qu'il se lève et tu ne peux pas t'empêcher de le suivre du regard. Il vient s'accroupir à côté de toi. Tu te tournes suffisamment pour lui faire face. T'as le visage un peu fermé mais tes yeux, eux, crient à l'aide. Il passe sa main sur ta bouche, étires un demi-sourire. Tu chasses ses doigts de tes lèvres et baisses légèrement le menton.

— « Ça sert à rien de.. »

Mais il se relève, capture ton visage. Tu te noies dans ses yeux sombres. Van's aboie comme s'il se passait quelque chose d'anormal. Tu n'y fais pas attention.

— « Noah. »

Tu rougis un peu. Le remercies silencieusement de ces mots. Ils te font du bien, mais au fond les idées noires continuent de tout pourrir.

— « Je suis juste ta pute. »

Tu cherches le pardon.

— « Je suis désolé d'avoir flirté avec Aurel. »

Dans l'aveu.

La description qu'il fait d'une pute (à ses yeux) est assez glaçante. Tu déglutis, propulsé face à une vérité dérangeante qui n'est pas censé te stimuler - et pourtant. À se demander lequel des vous deux est le plus tordu, lequel des deux se trouve être le marionnettiste de votre toxicité exacerbée. Il te demande par la suite s'il t'a déjà remplacé. Tu dois bien avouer que non. Jamais. Il est resté solidement accroché à toi et c'est sûrement cela qui t'a fait peur. Tu bouges la tête de gauche à droite malgré qu'il maintienne ton menton entre ses doigts.

Il te pardonne et ça te soulage. Ça veut dire que la fin de la guerre est dans ton camp. C'est à toi de signer le traité de paix. Est-ce que tu m'aimes ? Tu inspires par le nez et expires par la bouche.

— « Trop. C'est le problème. Je me damnerai pour toi. »

Même quand il t'enferme,
Même quand il t'engueule,
Même quand il est jaloux, injuste, brutal.
Tu l'aimes à son pire parce que tu t'arranges toujours pour chasser le meilleur.

— « N-non... Haha est-ce que c'est possible, même ? »

Tu t'autorises à blaguer un peu. Les épaules rentrées, tu ricanes comme un idiot. Il guide ta main à ses cotes et tu le caresses, lèves le menton vers lui, le regard plein d'envies.

— « Rien, désolé. Je suis tout à toi pour le reste de la soirée. On fait ce que tu veux. »