Iskander Leszczynsky n'est pas dans la bibliothèque. Dans le doute, Ellair fait le tour une seconde fois, mais le Serdaigle ne se cache pas ici aujourd'hui.
Livres et notes sous le bras, le Gryffondor arpente les couloirs à la recherche de son aîné.
En y repensant...
Il l'a vu, plus tôt avec un type costaud, menaçant. Des coups, des insultes, et Iskander se protégeait tant bien que mal. Ellair a observé un moment, de loin. La victime a même croisé son regard, peut-être supplié de ce dernier le témoin et ami qui assistait à la scène.
Alors peut-être qu'il se cache dans les toilettes. Ellair fouille, ouvre toutes les portes. Défonce celles verrouillées, et après les cris de deux de leurs occupants, se dit que pour les prochaines, il va frapper à la porte avant. Personne à l'infirmerie non plus.

Aucune idée d'où l'intello se cache. À ce stade, le traqueur fait le tour de l'école dans l'espoir de trouver la piste d'Iskander, et s'éloigne de plus en plus du centre de Poudlard, pour arriver aux serres.
En tendant l'oreille, des pleurs étouffés.
Ellair pousse la porte et suit les sanglots. Rien, à première vue, et les bruits se sont tus. Personne de visible... Le Gryffondor attend, puis à pas  lent, s'avance entre les plantes. Et finalement, derrière une jardinière, un genou qui dépasse.
Une tenue Serdaigle qui se révèle, puis une tignasse blonde, et le visage d'Iskander en peine.
Ellair est pas très social, mais c'est peut-être pas le bon moment pour demander de l'air avec les cours de voyance et autres...

- ...Il t'a pas raté.

Et il s'installe par terre lui aussi.
Ses questions peuvent attendre.

- Tu devrais aller à l'infirmerie.

Ellair esquive son regard furieux en épiant la lèvre fendue et les autres bleus venu tâcher la peau pâle de son camarade. Médailles que guerre qu'il connait que trop bien, qu'il évite maintenant qu'on attend de lui quelque chose d'autre que de la bestialité.
Reproches mérités, qui projettent une ombre inquiétante sur les études prévues cette après midi. Ellair détourne le regard quelques secondes : il évalue le temps qu'il perd à rester écouter son ami le gronder, à juste titre. La conclusion se manifeste dans un soupir. Son bouquin et ses notes sont poussée sur le côté, puis son corps se détend. Assis par terre, comme s'ils profitaient du beau temps dehors et discutaient de tout et de rien.
Dans son calme habituel, il attend qu'Iskander finisse de parler.

Il a raison de lui en vouloir. Lui qui mets des claques au premier qui lui parle mal, qui déverse son excédent de violence au club de duel au point d'avoir du mal à trouver un adversaire, cela lui coûterait quoi, de venir aider Iskander quand il se faisait frapper ?

- Ca aurait changé quoi ?

Iskander est intelligent, plus que lui.
Et plus sentimental également. Pour Ellair, c'est logique qu'aider une victime ne lui ferait aucun bien, mais juste repousser à plus tard l'échéance.
Quel bien cela aurait fait à son ami ?

- Je ne suis pas toujours là.

Ellair soutient son regard, peu importe s'il est meurtrier ou non.

- Tu dois trouver une solution toi même.

Au ton de sa voix, Ellair comprend qu'il n'arrange rien à la situation. Les plaies encore douloureuses le rendent sourds à ses explications et alimentent ses reproches. Si Ellair avait, selon lui, une raison pour ne pas se mêler des affaires d'Iskander, et bien il est convaincu que ce n'est pas le moment de lui en parler...
Être un bon ami est un luxe.
Cela demande un talent social dont il est dépourvu, et du temps, qu'il consacre au seul but qu'on lui ait offert en le recueillant parmi les Shaw. Finalement, Ellair baisse les yeux.

- Je ne peux pas protéger tout le monde...

Juste la famille qu'il sert.
Cela demande d'investir son temps dans les études, dans les clubs et de veiller au grain. Et si Fallen a besoin de son aide, alors personne ne pourra le détourner de sa tâche tant qu'il ne l'aura pas finie.
Pas même un ami.
Il montre les cahiers, et se met en tête qu'il profite de lui. Ellair soupire, secouant légèrement la tête. Mais l'expression de son ami le retient de dire quoique ce soit. À quoi pense-t-il ? Cela avait l'air affreux. Presque pire que se faire taper dessus par des brutes.
Et c'est là qu'il en profite pour fuir son regard inquisiteur.

- Quoi ?

A son tour, il observe la manche couverte de sang.

- Tu es blessé au bras aussi ?

Probable qu'il se soit juste essuyé avec, mais Ellair préfère  être sûr. Il est même sur le point de se redresser pour inspecter lui même.

S'il devait y avoir une bride d'émotion sur le visage d'Ellair, ce serait la surprise ; la colère, les coups et les larmes déforment son visage en un masque ridicule et étonnant.
Et voilà il refuse de répondre à ses inquiétudes et reviens à la charge !

- Tu devrais rejoindre le club de duel, si tu sais pas te défendre.

Et là il pourrait lui apprendre à gérer ces crétins tout seul sans menacer son apprentissage rigoureux.
Bien que ce serait troquer un bully pour un autre; lui.

- Puis je suis là, maintenant.

Pas quand il en a besoin, juste là pour se faire passer un savon et se faire insulter. S'il se calme, on pourra peut-être même soigner sa lèvre !
Finalement, ses sourcils se froncent et il se penche légèrement vers Iskander, confus. Lui ? Hypocrite ? Il ne ment pourtant sur rien, et ne raconte rien dans son dos non plus....

- Attends, Iskander... Si tu attends que ton ami te sauve à chaque fois, c'est pas d'un ami dont tu veux, c'est un héros. T'en demande beaucoup.

Il est vrai qu'il a la capacité de défoncer la tronche de n'importe quel bully. Celle de risquer sa scolarité au premier coup trop sévère aussi. Mais en disant à quel point Iskander est exigeant, Ellair ne pense pas forcément à lui, mais à des amis qui seraient aussi des rats de bibliothèques, cassable en deux d'un seul coup. C'est presque un métier à part entière, un job qui lui est même très familier.

Haussement d'épaules, car il a raison.
Iskander ne devrait pas avoir à fuir devant les brutes. Elles devraient même prendre exemple sur lui, sur sa soif de connaissance et le plaisir qu'il a à l'aider, à la bibliothèque. Sûrement n'ont-ils aucune raison valable de le martyriser autre que le plaisir malsain de se sentir fort, car son ami ne mérite absolument pas un tel traitement.
Aussi bon et intelligent qu'il soit -intelligent au point d'avoir son admiration inavouée-, Iskander a réellement l'air d'avoir besoin de ses conseils...

- Tu en as besoin.

Pour argument, il passe sa main plusieurs fois devant son visage pour lui indique que, sur son visage, il y a toutes les preuves dont il a besoin pour lui suggérer d'apprendre à se défendre.

Un soupire, quand son ami exagère et tort ses propos pour les tourner à son avantage. Il compte s'expliquer avec patience, une qualité naissante et qui résiste à tout, sauf à toutes remarques qui ont forgé sa tendre enfance...
Un putain d'animal.
Ellair se braque, lançant un regard glacial au Serdaigle. Y a plus de griffures, y a plus de morsures, y a que lui qui se force à être civilisé, utiliser des mots comme tout le monde et à occuper sa colère le temps qu'il faut pour ne pas la déverser sur n'importe quoi !
Mais Iskander, malgré ses mots blessants, reste un ami.
Il mérite au moins un avertissement.

- Arrête.

Parce qu'il n'a pas vu de putain d'animal, Iskander. Mais il risque d'en voir un bien trop vite s'il continue.

Oh, il n'aime pas ses remarques. Ellair se sait bien capable de réfléchir de lui même ! Il hurle en plus, c'est insupportable ! Son calme est loin, envolé, disparu.

Iskander l'a dit lui même, la loi du plus fort prévaut. A vivre comme un larbin sans volonté propre et à suivre les Shaw sur un chemin défendu, Ellair apprend que dans l'ombre de chaque accord, chaque résolution diplomatique se joue une part de violence, dont il fait partie intégrante. Un langage qu'il a appris à parler en premier de manière innée. La seule façon dont il sait gérer les conflits.
Aujourd'hui ne fait pas exception.

Il balaie brutalement d'un bras les mains mimant audacieusement ses gestes, son autre main venant cueillir son col et tirer Iskander à lui d'un coup sec. Mâchoires serrées, furieux, il montre presque les crocs.

- T'en redemandes ?!!

Son poing a toujours été prêt à partir.
Mais voir les plaies de son ami se rouvrir retient les coups. Iskander reste l'un des rares élèves dont il vient chercher la compagnie...

- Iskander.

Dis sèchement, pour son attention, alors que son regard se fait noir, surplombant l'élève meurtri.
Pure intimidation, la seule solution qu'il connaisse pour éviter la violence. Il espère que cela suffira, croyant innocemment qu'après, ils pourront reprendre une conversation anodine et retourner à la bibliothèque. Alors seulement, il gronde;

- Tu veux pas comprendre pourquoi j'évite de me battre à Poudlard...

Ellair frappe pour achever, pour éviter toute autre confrontation. Un poing final, puissant et déterminant. Alors, oui, il aurait frappé plus fort. Par habitude et pour chasser toute envie de le provoquer dans le futur.
Et cette terreur  ne fait que le peiner légèrement : cela aurait pu être évité. Encore une relation souillée par la violence et la peur. Force brute qui fait partie de lui. C'est presque idiot d'imaginer qu'il peut entretenir une relation sans un jour révéler la bestialité qui le maintient debout depuis toujours...
Maintenant Iskander sait.
Ellair est une brute, avant d'être un autre élève studieux avec qui partager ses études. Cette déception n'arrive cependant pas  à effacer la grimace de son visage ou détendre ses muscles. Braqué sur sa victime, il écoute en silence. Attendant la provocation, mais ne recevant qu'une plainte brisée.
Il pose sa main sur la sienne, doucement. Ellair plisse les yeux : où est la fougue ? Et les insultes ? Aurait-il compris que cela ne valait pas la peine de s'en prendre à lui ?

Un souffle du nez, sec, et finalement ses doigts se relâchent et libère le pauvre serdaigle. Ellair détourne le regard, le tourne vers le sol et reste un court instant silencieux. Que dire, après avoir d'être donné en spectacle ?

- Je comptais rien faire...

Sauf s'il lui aurait craché au visage. Là, cela aurait été terrible.
Puis de nouveau, Ellair se tait.
Si ça se trouve, les yeux d'Iskander continueront de trahir sa panique à chaque fois qu'ils se poseront sur lui.

- Tu devrais aller à l'infirmerie.

Parce qu'il s'inquiète un minimum, quand même.

Un ordre, celui de partir d'ici.
Mais Ellair ne bouge pas encore. Ses yeux sont encore préoccupés par le sang qui s'échappe de sa lèvre, les bleus et cet air secoué; cette fois, par sa faute. Il attend candidement que cela lui passe et qu'il se sente mieux.

- Iskander...

Jusqu'à ce qu'Iskander exprime plus clairement encore ce qu'il attend de lui. Mots durs qui le peine, bien qu'il reste impassible. Ses yeux cherchent les siens, comme pour voir s'il était sérieux; mais ils faiblissent lorsqu'Iskander s'éloigne de lui, et son regard choit au sol.
Ce n'est pas la première fois que sa violence pousse les autres à garde leur distance, mais il apprend aujourd'hui des mois à fréquenter le même recoin de la bibliothèque n'empêche pas la peur de s'installer à la première démonstration de sa force, même sans l'avoir blessé.
Que peut-on contre sa nature ?
Ellair ne peut rien faire d'autre qu'exaucer le souhait de son ami..
Disparaitre de sa vue.
Pour combien de temps, on ne sait pas. Un jour, une semaine, peut-être quatorze ans.

Ellair récupère son livre, ses notes, et se lève, faisant ce qu'il fait de mieux: obéir.
Encore un regard, attendant un contre ordre. Rien.
Alors il s'en va, sort de la serre en silence.
Iskander ne risque pas d'aller à l'infirmerie... Lui, par contre, se sent l'énergie d'y aller et prévenir l'infirmière de ses blessures. Tant pis si cela empire la situation, cela améliorera son état physique.