Au gré des étoiles et du vent

Avec tout ce qu’il se passait, mais surtout l’intrusion de votre tante, sans parler de la disparition de Regulus associé aux remarques incessantes d’Alamak sur ce que ton père aurait pu faire, tu t’étais fait violence Darya. Plus que jamais encore. Et tu avais donné rendez-vous à Izar. Dans un parc moldu. Pas que tu apprécies particulièrement cela, juste que jamais votre père n’irait vous trouver ici, même par erreur.

Tu étais en avance, tendue, mais cela devenait une constante ces dernières semaines, ou peut-être depuis toujours il t’était devenu naturel d’être tendue. Un soupire à tes lèvres alors que tu loges ton corps sur un banc à l’attendre, le regard ailleurs, emmitouflée dans ton manteau, alors que le soleil vient encore un peu réchauffer tes membres.

Tu laisses ton regard à la découverte de sa silhouette quand il arrive à ta hauteur, y’a ce moment où tu ne sais quoi dire. Ou rien ne te parait adéquat. Racle ta gorge.

─ S-Salut… Désolée de te déranger durant ton temps libre, dans un endroit aussi froid…mais on a jamais vraiment l’occasion de discuter et ici « il » ne risque pas de nous déranger.

C’est compliqué de poser les mots, d’engager cette conversation que tu n’as jamais commencé, viens lui tendre une cup encore chaude d’une marque avec un logo sur fond vert apparemment connue.

─ J’ai suivi les conseils d’une…interprète, il parait que c’est à la mode. Ils appellent ça un Pumpkin Spice Latte. Sans café pour toi. Je ne sais pas ce que ça vaut…

Tu n’avoueras pas que tu sais qu’il n’aime pas le café juste parce que tu le fais suivre au Ministère, et qu’on te rapporte souvent ce qu’il se passe pour lui. Que ce soit les audiences, ses relations avec les autres, et surtout garder votre père éloigné.

Tu avoueras encore moins avoir fait des recherches, t’être forcée pour entrer dans cette foutue boutique moldue. Mais tu t’imagines qu’il s’en doute surement un peu.

─ Comment..Comment tu vas ?

C’est étrange comme question, parce que dans tes souvenirs tu ne te souviens pas lui avoir demandé une seule fois quelque chose comme ça.

Au gré des étoiles et du vent

Cela te tire un sourire en coin, mauvais, disgracieux, de te dire que l’évidence entre les mots d’Izar est bien plus que réelle, et qu’en ce sens toi et ton géniteur vous n’en étiez que bien trop similaire. Parce que tu faisais pister Izar au moins autant que ton père, seulement pas pour les mêmes raisons. Une grimace en y pensant, puis un soupir.

— S’il était pour la technologie Moldu on aurait déjà des trackers sur nous.

Heureusement que Canopus ne fut pas un pro moldu. Tu n’oses pas tant que cela le regarder, parce que c’est un peu la première fois que ça arrive. La question qui te revient Darya, et ça te prends quelques secondes pour le regarder, tu sens son regard sur toi, c’est dur. C’est rare. Comme si vous vous regardiez pour la première fois. Tu pourrais faire court, mentir, tu pourrais trop de choses. Grimace à tes lèvres, toujours quand tu vas te mettre à parler. Sincèrement.

— Fatiguée…Pour être honnête. La disparition de Reg m’inquiète autant que cela fait ressortir le pire des suppositions d’Alamak. J’ai l’impression qu’une fois encore on est démuni. Enfin que je le suis.

Le papillon de tes cils jusqu’à ton frère.

— J’..J’ai appris pour ton procès. Je suis désolée.

Tu ne développeras pas le comment et le pourquoi tu le sais, ce serait trahir trop de choses. Y’a beaucoup trop d’autres choses pour lesquels tu pourrais être désolée en vérité. Et tu l’es mais tu ne veux pas le formuler. Enchaine un peu de peur qu’il ne puisse se poser trop de questions.

— Tu en penses quoi de tout ça… Notre tante qui débarque, Reg qui disparait, Sage qui revient…

Tes lèvres que tu trempes dans le café, fait une tête surprise, presque offusqué.

— Mais qu’est ce que ce gout ! Cette traductrice s’est fichu de moi c’est pas possible. Je te promets que je n'ai pas cherché à te faire tester un truc dégoutant... Pourquoi je me fie à des jeunes trop enthousiastes, diable.

Au gré des étoiles et du vent

Tu sais. Oh oui que tu sais qu’elle est allé le voir. Et c’est bien ce qui a nourrit les plus noires de tes inquiétudes. Tu ne peux pas lui dire cependant ce serait vendre bien plus que tu ne le voudrais. Tes iris qui papillonnent jusqu’à lui.

— Tu as eu l’impression que quelque chose n’allait pas ? Que ce n’était pas sincère ?

Tu le sondes Darya. Tu veux savoir, tu veux être sur, parce que ce qui pose soucis à Izar devient automatiquement ton problème. Et donc quelque chose à régler d’urgence.

— Je sais que je ne suis pas la plus facile. Mais tu peux toujours me dire si tu as le moindre soucis. Ou si quelque chose t’embête.

Tu réduirais le monde en cendre pour cela. Une grimace alors qu’il te dit que la boisson lui fait plaisir. C’est que tu ne sais pas comment réagir aux remarques positive de ton frère. Ou comment recevoir ce genre de mot. Quand tu es sincère Darya tu grimaces. Quand quelque chose te touche, tu grimaces comme si c’était plus fort que toi. Tes lèvres qui se pincent un peu.

— Je ne sais pas trop. Elle m’a invité à manger chez elle, c’était étrange. Je pense qu’elle a été sincère mais c’est un peu tôt pour dire que je crois en elle ou autre. Elle a beaucoup de…différences avec Père. Elle a une vision moins conservatrice des choses. J’entends ce qu’elle a à dire mais je me méfie. Et en même temps, je crois que…toi et elle vous pourriez vous entendre. Si c’est ce que tu veux, je peux me débrouiller pour que Père n’en sache rien.

Tu inspires doucement. Tes doigts qui se referment lentement sur la cup de café, comme pour trouver un courage qui t’es absent.

— Izar. Je pensais…à qui profiterait la disparition de Reg.

Tes iris qui se logent aux siennes, y’a la peur qui se lit une demi seconde.

— Il n’est pas chef de famille. Mais si quelqu’un l’avait enlevé pour faire pression sur Sage. Quelqu’un qui saurait à quel point ils sont proches. Ou qui aurait espéré que sans personne à la tête de la famille c’était le moment de prendre le tout de force.

T’as peur Darya de ce que tu avances. De ce que tu vas t’oser à dire.

— Je ne vois qu’une seule personne qui aurait pu tirer profit de ça.

Notre Père.

— J’ai peur de devenir complètement parano.

Ta paume qui se loge à sa joue, pour la première, toute première fois.

— Si j’ai raison Izar, je ne le laisserai pas t’imposer ou te faire quoi ce soit, tu m’entends ? Mais reste sur tes gardes d’accord ? Je sais que ça sort brutalement ainsi, je n’ai pas l’habitude de régler mes affaires hors de l’ombre, mais la débâcle est trop grande pour que je prenne le moindre risque.

Tu ne supporterai pas qu’il lui arrive quelque chose. La peur était réelle.

Au gré des étoiles et du vent

Tu te sens tes épaules qui se soulagent d’un poids quand Izar glisse qu’il n’a pas l’impression que quelque chose eu été suspicieux ou étrange avec Louise. Y’a une part de toi Darya qui veut croire qu’elle était sincère. Qu’elle ne cherchait pas à vous mener en bateau en débarquant ainsi à nouveau dans les affres de vos vies. T’esquisses un sourire. Il eut été difficile d’être comme votre Père de toute façon.

Tu vois l’écarquillement à ses prunelles, et tu t’en veux de le créer, tu entends le souffle, tu entends les murmures, ça te tire un regard douloureux l’espace d’un instant, un regret.

— Oublie ça, tu as surement surement raison il ne sera pas allé aussi loin.

C’est faux que ta tête hurle. Mais t’as pas le droit de lui imposer cette peur, cette paranoïa.

Le reste te surprends, par la vérité crue que tu ne pourrais contredire. Par la réalité que tu as laissé s’installer. Tu as laissé faire Darya, tu le laisses encore, t’utiliser, te terrorisé faire de toi une marionnette. Le papillon de tes cils alors que vos regards se croisent.

La surprise que tu étouffe, le sourire amer, tu ne peux pas lui mentir. Tes lèvres qui se pose sur son front.

— Je ne peux pas te promettre ça. Tu le sais.

Ton pouce qui caresse doucement sa joue.

— Je te promets que ça va aller. On va s’en sortir comme toujours. Toi, moi, Reg, Sage. Je ne ferai rien qui pourrait mettre l’un de vous en danger.

Non ton plan serait parfait pour ça. Cousu de fil d’or et doré.

— Izar.

La fierté qui s’abaisse un peu, juste le temps d’une bribe.

— Si je suis froide avec toi devant Père ne le prends pas… comme de la colère ou quoi ce soit d’autre. C’est juste que j’aurais peur qu’il fasse du chantage s’il apprenait à quel point je tiens à toi. Je sais que j’ai toujours plus ou moins nié, mais j’ai malheureusement hérité de sa fierté. Et de son pessimisme débordant.

Tu ressembles à ton père, plus que tu ne le voudrais. C’est ce qui fera de toi une personne malheureusement Darya, surement. Mais c’est aussi ce qui fait de toi la meilleure personne pour le piéger et l’envoyer à l’ombre.

Au gré des étoiles et du vent

Ça te pince douloureusement le cœur Darya quand il lâche les mots, quand il dit qu’il ne supportera pas une autre disparition, écho à Regulus toujours porté disparu, écho à Sage que vous n’aviez pas vu pendant des mois, écho à beaucoup trop chose, qui traduise ce terrible de la peur de la solitude.

— Je ne compte pas disparaitre. Je ne te ferai pas ça.

C’est maladroit, mais tu passes tes bras autour de lui. C’est maladroit mais ça te parait naturel de le faire. C’est maladroit, t’as peur qu’il te repousse. C’est maladroit.

— Quoi qu’il arrive, ou que je vive, je ne t’abandonnerai pas.

Tu ne pourrais tout simplement pas lui faire subir une telle chose alors que vous aviez si peu, alors que vous n’aviez que vous sur qui compter. La suite de ses mots ça te touche, ça voile une seconde tes iris, Izar vient de percer l’armure. Ne plus souffrir autant, tenir à l’autre, savoir que la solitude n’est pas aussi grande que tu ne le pensais. Protéger.

— Tu me connais, je ne fais jamais rien que je n’ai pas encore réfléchi et planifié parfaitement à l’avance.

Il est rare que tu sois prise de court, parce que tu calcules tout au millimètre. Tu as toujours le contrôle.

— Le jour où je ferai quelque chose je te le dirais. Si ça peut te rassurer. Mais je ne veux pas t’imposer ça.

Ton pouce qui passe à sa joue.

— On s’en sortira. Je te le promet.

Sourire doux à tes lèvres furtivement. Expulse l’air doucement.

— Est-ce qu’il y aurait un sujet ça te ferait plaisir d’arborer ? Tout ce que tu veux.

Au gré des étoiles et du vent

Ne rien tenter de téméraire, cela risquait de s’avérer plus compliqué et complexe que prévu. Tu ne savais pas encore Darya, tu n’étais pas encore sure de la façon dont tu voulais mener cette barque. Tes iris ambre qui se loge à celle de ton frère quand les questions, mais surtout la question vient se glisser.

— Non.

C’est faux, mais tu ne peux développer tes pensées, et si on vous entendait, et si quelqu’un lisait vos souvenirs un jour. Alors tu donnes le change comme si la conversation était close, pour enchainer, regard appuyé, en espérant qu’il comprenne.

— Mais tu sais j’ai entendu parlé d’un bouquin, je ne trouve plus le nom. Mais je regarderai si cela t’intéresse… C’est sur une fille qui tue son Père. Le problème tu vois c’est que c’est assez flagrant, alors se fait vite attraper et elle finit en prison.

Le papillon de tes cils.

— Elle finit en prison et puis elle sympathise avec une autre detenue, et avec elle, elle va se refaire l’histoire de comment elle aurait pu faire pour vivre libre, tout en se débarassant de son père.

Cette réflexion c’était la tienne. Depuis bien trop d’année.

— Elle se dit tu sais, que peut-être elle doit attendre une erreur, mais et si l’erreur ne vient jamais hein ? Pas vraiment pratique. Puis elle pense qu’elle aurait pu monter un plan de toute pièce. S’allier peut-être à des gens, pour faire porter le chapeau d’un crime horrible à son père.

Ton regard qui se perds à l’immensité du parc, à ses âmes que tu connais pas, qui vivent. Sans se douter.

— Elle était avocate, elle était reconnue, elle aurait pu feindre vouloir aider son père, pour mieux s’assurer qu’il finirait ses jours en prison.

Ta condition de sous secrétaire d’état, elle n’était peut-être pas si mal en y regardant bien.

— Intéressant non ? Qu’est ce que tu en penses ? Tu crois qu’elle aurait pu avoir d’autres idées ? Après c’est trop tard pour elle.

Mais pas pour vous.

Au gré des étoiles et du vent

Tu le vois qui détourne le regard, impossible de le rater. Il a compris, bien sur qu’il a compris il sait. Le parallèle n’est pas des plus compliqué non plus. Et les mots qui s’échappent à sa bouche. Poussée à bout. C’était plus que là. C’était au-delà des limites. C’était dans le moindre de tes cauchemars, dans le moindre de tes choix, le moindre doute, la moindre douleur. Que faudrait-il faire de tout cela. Impossible de simplement passer l’éponge sur tout ça.

— Surement.

Vos regards qui se rencontrent. Et tu voudrais de perdre dans l’utopie qu’il dépeint, mais tout ça, c’est juste un rêve.

— On ne demande de l’aide à ceux qu’on aime pour détruire le Monstre sous le lit Izar. Je crois qu’un jour elle a franchi la limite, sa limite, mais quand elle l’a réalisé tu vois c’était trop tard. Et depuis ça devait lui semblait la seule chose à faire.

Tu l’entends mais tu sais au fond de toi que ce serait si facile si c’était comme ça. Tout aurait été plus simple si tout avait été différent. Si à un moment quelqu’un avait su voir au-delà du masque, au-delà de tes silences. Y’a eu personne pour te sauver, et t’estimes que c’est pour une raison. Celle de toi, ne pas laisser les griffes de ton père écorcher plus la peau de ton frère.

Pour espérer voir au bout du tunnel, la liberté.

— C’est parce que tu es là que j’ai une raison de me battre. De sortir de son emprise. Pour t’offrir ce que je n’aurais pas le temps d’avoir.

Mais tu ne t’estimes pas à plaindre Darya. Tout ça te donne un but. Une volonté. Une raison. Oui une raison. Tout ça, les punitions, la haine, le fait qu’on ne t’ai jamais serré c’était pour ça. Pour que tu puisses le faire tomber. Toi. Personne d’autre.

Puis tu penses à Louise. Louise qui t'a serré bébé. Quand ta propre mère ne l’a pas fait. Un instant ça apaise les affres de ta colère, et pousse encore bien plus tes convictions. Parce qu'elle t'a prouvé que même toi, t'avais eu droit à de l'humanité. ça te suffisait.

— Mais Izar ça me va. Ça me suffit, ça me suffira pour être en paix.

Parce qu’il n’y a pas grand-chose d’autre qui compte.

Au gré des étoiles et du vent

Tu le vois qui souffle, roule les yeux. Et les mots qu’ils prononcent t’aurais pu dire exactement les mêmes si on inversait les rôles. C’est bête mais pendant un moment ça te donne l’impression que vous vous ressemblez plus que tu ne pourrais le penser. Et ressembler à Izar, ça veut dire être plus humaine que tu le pensais.

Tout prendre.

- C’est mon choix Izar. On me force pas à le faire sous la menace. J’ai choisi que j’allais faire ça.

Ton cœur qui bat un peu plus fort sur le moment. Tu sais que ça a du le blesser toutes ces années, que peut-être ça aurait dû en être autrement. Est-ce qu’il aurait été plus heureux, si ça avait été différents. Tu te le demandes sincèrement.

- Tant qu’il existe oui. Si j’ai toujours fait des choses dans l’ombre c’était pour qu’il ne voit pas l’amour que je te porte. Il s’en serait servi. Te filer des devoirs, faire une erreur pour l’énerver et qu’il déporte sa colère hors de toi. Je sais que j’ai failli bien des fois à le faire se détourner de toi, et si c’était à refaire, j’aimerais faire mieux.

Soupire entre tes lèvres, amer. Symbole de tous tes échecs, ta langue que tu mords entre tes dents alors que ta mâchoire se contracte doucement. Tu n’aimes pas les échecs Darya. Bien sur que ça te touche. Bien sur que tu aimerais l’emmener avec toi avec ce plan. Mais si il a été dessiné pour vous rendre libre, par pour prendre le risque de voir ton frère en prison.

- Je te tiendrais au courant. Que je sois à la maison Black ou non. Parce qu’il n’a pas renoncé à son envie de me marier. Je te ferais passer des lettres par Nibbal. Mais il faudra que tu les détruise, tu comprends ?

Parce que ce genre de plan ça demande de la discrétion, pour que jamais on ne remonte à la source.