Voilà une éternité que tu n'étais pas venu lui rendre visite dans sa petite maison en écosse. Tu avais pris tes dispositions, enchaîné les heures supplémentaires pour te dégager une après-midi de libre et ne pas arriver trop tard chez lui. Cette visite aurait dû se faire bien plus tôt. Mais entre le cas de Sunday, la pression de ton père à te trouver une fiancée, la préparation du gala, les affres de ta relation avec Thursday et l'existence de Leslie, tu n'as eu que trop peu de temps pour t'accorder un moment de repos. Tu te racles la gorge, chaque fois le même effet quand tu te présentes à sa porte. Ce n'est pas assez. C'est trop peu en comparaison de ce qu'il représente pour toi. Il te coûte de te rendre compte que tu accordes plus de temps à des gens qui t'énervent qu'au seul avec lequel tu te sens réellement bien, entier.

Dans tes mains, un sac de course. Tu lui laisses le monopole de la boisson, mais tu ne supportes pas l'idée d'arriver les mains vides alors tu es passé acheter ce qu'il se fait de mieux. Lorsqu'il t'ouvre, tu souris.

— Tuesday.

Tu ne te fais pas prier pour le prendre dans tes bras. Il n'y a qu'avec lui que les épanchements sentimentaux ne te complexe pas.

— Incroyable, on arrive enfin à se voir. Comment te portes-tu ?

Il sait très bien pourquoi vous vous voyez. Tuesday a toujours été ce refuge, ce canoë de secours quand ton navire coule. Tu ne fais appel à lui que bien trop peu par rapport à tes propres besoins. Il a fallu que tu te retrouves au pied du mur avec cette histoire de mariage pour lui demander de te voir. Et tu avais ensuite repoussé le rendez-vous, encore et encore. Par lâcheté, essentiellement. Tu es très bon pour te trouver des excuses quand il s'agit d'assumer de lâcher prise.

Tu entres, la maison est charmante, comme d'habitude. Tu préfères vous voir ici au qu'au manoir. Voilà longtemps que la maison de votre enfance n'est plus un endroit sûr pour les confessions.

— Je t'ai ramené de quoi manger. Ce que tu préfères. Vois ça comme un moyen de me faire pardonner d'avoir tardé.

Tu traînes, volontairement. Tu ne sais jamais comment commencer. Il faut qu'il te guide, te force. C'est toujours comme ça. Alors tu tournes autour du pot. Remarque la nouvelle petite lampe sur le bureau, les nouveaux livres à la bibliothèque. Sors encore les mêmes compliments sur la maison. Pose toujours les mêmes questions sur le domaine viticole, ses progrès au crochet, évoque toujours les mêmes souvenirs de son potager au manoir. C'est fou comment tu parles pour trois pour l'empêcher de te poser la question fatidique à savoir : bon, qu'est-ce qui se passe ?

Tu parles, tu parles et tu vois bien qu'il attend, patient, guettant le moment poli où il pourra enfin en placer une. Sauf que tu ne lui donnes rien, aucun temps mort. T'en étais à lui demander pour la quatrième fois le type de bois des poutres quand il t’interrompt enfin.

Mondy.

Et tu te tais. Tu lui lances un regard désolé. Tu n'aimes pas te livrer. Il a beau être l'exception, faire tomber les masques est devenu plus compliqué avec les années. Tu soupires, tu es venu ici pour ça après tout.

— Pardonne-moi.

Tu lui es reconnaissant du sursis qu'il te laisse. Un sursis sous fond de verre de vin et de viandes à cuir. Tu souffles du nez, pose ton verre pour enfiler le tablier. Il n'y a que chez lui qu'on puisse te voir en pareille tenue. Tu reprends ton verre et le suis dehors. Ce n'est pas la première fois que ce genre de petit rituel se déroule. Tu sors le charbon, le laisses le faire flamber pendant que tu apportes la viande.

— Père... Père veut me voir marié.

Un silence de plomb, tout juste perturber par le bruit de l’emballage que tu fais disparaître en une petite boule de papier entre tes mains. Tu ne croise pas ses yeux, ton regard butté sur le rougeoiement du charbon.

— Avant mes trente ans.

Vos trente-ans, en vérité. Lui, mieux que personne, sait à quel point la date fatidique se rapproche.

— Il trouve qu'il est grand temps que je prenne femme et que j'offre à notre belle une famille une nouvelle génération de Stuart.

Tu lèves la tête vers lui.

— Face à mon maigre enthousiasme, il s'est même proposé de me trouver l'heureuse élue.

Tu soupires, il sait déjà ce que tu as répondu. Il te connaît trop bien.

— Tout ce que j'ai pu faire, c'est négocier un sursit en lui expliquant que je souhaitais avoir un mariage à la hauteur de ma personne. J'aurais très certainement une fiancée avant la fin de l'année mais au moins aurais-je bien six mois avant de devoir la traîner dans mon lit.

Sa réaction est pile celle que tu attendais. Lui aussi trouve ça donc aberrant. Et ça l'est n'est-ce pas ? Toi, Monday, mari et père dans moins d'un an ? Impossible. Tu as ta carrière, ta famille. Tu n'as pas le temps. Pas l'énergie. Et surtout pas l'envie. Tu revois ton père sur les photos jaunies. Si jeune, des marmots dans les bras. Tu revois ta mère partir, Rachel disparaître, Patty mourir. Est-ce le genre de vie que tu veux ? Es-tu seulement capable de donner à une femme un tant soit peu de satisfaction ? Tu repenses à Ciara. Elle ne t'inspire rien. Dire que tu vas devoir lui faire la cours. Tu roules des yeux.

— Tu te souviens de Ciara McDouglas ? Elle venait souvent jouer avec nous à l'époque. La petite rousse un peu grosse, c'est elle qu'il veut me refourguer.

Tu ne mâches pas tes mots, ton mépris transparaît aisément. Baron t'as fait à son image.

— D'après lui, elle me mangera dans la main. Quitte à épouser quelqu'un, c'est peut-être la moins pire du lot. Mais je n'ai pas envie. Je n'ai pas le temps pour ça, Tuesday.

Tu secoues la tête, désemparé. Tu essayes de rationaliser, de rendre ça moins difficile. Tu gardes un souvenir tendre de Ciara. Douce. Gentille. Un joli sourire. Sans doute sera-t-elle une épouse dévouée et tranquille qui aura la bonne grâce de ne pas te reprocher de rentrer à une heure tardive les soirs de semaine. Malgré tout, l'idée de rester coincé avec elle te débecte. Les mains de Tuesday à tes épaules te font relever la tête. Tu souffles du nez. Parfois, sa naïveté parvient à te surprend encore.

— Amoureux ?

Tu secoues la tête, avec une indulgence insolente.

— Tuesday, papa ne veut pas que je marie pour être amoureux, papa veut que je marie pour engrosser ma femme autant de fois que son ventre le permettra.

Ta langue claque contre ton palais.

— L'amour, c'est pour vous. Nul doute qu'il sera heureux de conduire Wed jusqu'à l'autel pour la confier à l'homme de ses rêves. Je suis même persuadé qu'il ne verra aucun inconvenant à te laisser passer la bague au doigt d'un homme quand tu en auras trouvé le courage.

Mais toi. Tu fronces les sourcils, baisse la tête pour fixer tes pieds, un pli contrarié sur ton front. Il n'y a pas besoin de mot. Vous savez très bien tous les deux le fonctionnement de votre famille, les rôles propre à chacun d'entre vous.

— C'est mon devoir. À qui pourrait-il confier notre suite ? Friday ? Non.

Tu relèves la tête, le fixes. L'idée du mariage te dégoûte et ça se voit. Pas comme ça. Pas maintenant. Tu n'as rien contre prêté serment, juré fidélité et amour envers quelqu'un. L'engagement ne t'a jamais fait peur, il est la base même de ton existence. Mais pas comme ça, pas maintenant. Tu glisses une main contre la joue de ton jumeau. Tes épaules se relâchent, il n'y a que lui qui peut te voir comme ça.

— C'est comme cela qu'on fonctionne. Je le satisfais, pour que toi et les autres vous puissiez vivre votre vie. Je m'en voudrai de faillir.

Quand bien même tu te surprends à tous les détester pour la liberté dont tu les fais jouir. Même lui, tu en viens à le détester. Mais tu ne peux pas te laisser aller. C'est peut-être pour le protéger lui, plus que les cinq autres, que tu vas devoir t'y plier.

— Tant que je remplis mon rôle, il ne s’intéressera ni à toi, ni a Thursday, ni à personne.

Tu hausses les épaules essaye de détourner l'attention.

— Tu as trop bien joué ton rôle, il te pense trop sot pour séduire la moindre donzelle normalement constituée.

Mais tu ne te ne sacrifie pas de bon cœur. Sur ton visage, tout transparaît, incapable de maintenir le masque parfait du premier fils dévoue à son père. Tu es en colère, un brin terrifié. Et tu ne peux t'empêcher de penser à Leslie. Peut-être ne voudra-t-il plus te parler quand tu auras à ton annulaire la bague de fiançailles de Ciara McDouglas.

Au final, si tu viens le voir, c'est peut-être pour ça. Cela fait longtemps que tu t'es arraché volontairement les crocs et les griffes. Si tu viens te plaindre, si tu viens cracher ta haine, c'est pour qu'il morde et griffe à ta place. Les premières secondes, le voir scandalisé te soulage. Mais bien vite, t'apparaît le vide de sens de ta démarche. Qu'importe à quel point Tuesday se révolte, ça ne changera rien. Qu'importe le bon sens de ses paroles, ça ne changera rien. Tu ne peux pas. Tu ne dois pas. Sa claque à l'arrière de ta tête, te fait froncer les sourcils. Il n'y a bien que lui pour se permettre ce genre de familiarité sans s'en prendre une. Tu soupires, blasé.

— Ce n'est point une question de le rendre fier ou admiratif c'est-

Tu hésites. Finis par te pincer l'arête du nez et te laisser tomber dans la première chaise à proximité.

— Tu ne peux pas comprendre.

Tu jettes un regard sur lui, tu sais que ça ne va pas lui plaire, qu'il n'ira jamais se satisfaire du peu que tu lui donnes. Tu soupires de nouveau, ton verre de vin trouve le chemin de ta bouche. Tu le poses sur la petite table du jardin et joins tes mains. On dirait un professeur en manque de patience essayant de faire comprendre la plus élémentaire des notions.

— J'ai des devoirs envers notre famille. Des responsabilités. Il ne s'agit pas de vivre, de passion, de frivolité ou même de père. J'ai une mission, un rôle à tenir. Nous en avons tous un.

Tu anticipes sa colère, alors tu appelles au calme.

— Je ne te demande pas de comprendre ou d'approuver. Dans le fond je n'ai aucune envie de me marier ou d'enfanter. Mais nous avons tous une croix un portée, Tuesday. Je dois payer mes dettes.

Tu secoues la tête.

— C'est à cause de moi que tout a dégénéré. Je ne dois pas chambouler notre famille davantage.

Tu descends ton verre de vin. La fatigue te tiraille, tu n'arrêtes pas, comme à chaque fois que ton père t'impose un nouveau challenge. Comme-ci le fait de t'occuper jusqu'à l'épuisement pouvait compenser ta peur de l'échec et pardonner tes ressentiments. Tu passes une main fatiguée contre tes paupières.

— Ce mariage tombe juste très mal. Il y a juste... Il juste beaucoup trop de choses entre Thursday, Sunny.

Il t'accable de bon sens et tu ne le supportes pas. Tu presses tes paupières, à bout de patience. Que dois-tu faire dans cette famille pour que chacun reste à sa place et écoute ? Que dois-tu faire pour qu'on t'approuve dans ton rôle et qu'on te soutienne sans essayer de changer ta place, de te tirer hors de l'eau comme-ci tu te noyais. Mais tu ne te noies pas ! N'est-ce pas ? Tu finis par te lever de ta chaise non sans l'envoyer valser sous la puissance de ton agitation.

— La vôtre est de vivre ! Vivre et de cesser de vous dresser contre moi et de rendre inutile tout ce pourquoi je travaille !

Tu n'élèves jamais la voix contre Tuesday. Jamais. Mais c'est peut-être qu'il te ressemble, peut-être parce qu'il est le seul à vraiment pouvoir relever la vérité cachée sous la vase que tu hausses la voix aujourd'hui. Face aux cadets, tu passes tes contradictions sous des couches d’ego et de mépris. Mais face à lui, qui n'est ni plus ni moins que ton parfait identique, c'était comme-ci, c'était toi-même qui tu renvoyais à ta propre ambivalence. Et ta faiblesse a toujours été ton reflet.

— Je suis responsable ! JE suis celui qui l'a fait partir ! JE suis celui qui l'a fait nous détester ! Parce que c'est moi qui ai surpris Rachel et papa et que le lui ai rapporté !

Tu es à bout de souffle. Tu regardes ton frère, sans comprendre dans un premier temps la portée de tes mots. Tu ne le lui avais jamais dit. Ce que tu avais vu ce jour-là. Tu passes tes mains tremblantes sur ton front, viens te tenir la tête en soufflant par le nez. Tu lui tournes le dos, fait les cent pas dans la pièce.

— La porte du bureau était entrouverte. Nous étions tous censés être parti en balade. Mais je suis resté. En passant dans le couloir j'ai entendu des rires et je suis allé voir et j'ai vu... Elle avec lui. Le soir je suis allé voir maman et je lui ai tout dit. Deux jours après, elle était partie, Tuesday. Elle était partie.

Tu te laisses choir au sol, les genoux relevés pour que tu puisses t'y accouder.

— Elle est partie. J'ai privé Thursday et Wednesday de leur mère. Je t'ai privé de ta mère. C'est parce que j'ai parlé que Rachel est arrivée dans nos vies. Si je n'avais rien dit...

Tu fermes les yeux, souffles par le nez comme pour tout contenir, endormir. Comme à chaque fois. Tu refuses de te laisser déborder. Tu es l'aîné. Tu es Monday. Le premier jour de la semaine, celui par qui tout débute. Tu ne peux pas. Tu ne peux pas. Tu es un Stuart. Tu rejettes la tête en arrière pour la caler contre le mur.

— Je dois aller au bout des plans de père. Je dois préserver notre équilibre, c'est ma responsabilité.

Tu lèves les yeux vers lui, soupires.

— Thursday... Je crois que Thursday s'est attaché à l'un de mes collègues.

Même lui, devrait comprendre.

Tu as craché la vérité, mais tu ne peux pas dire que ce soit sans regret. À quel point es-tu épuisé et sous pression pour sortir de tes gonds et t'éloigner à ce point de ta rigueur habituelle ? Tu avais promis de ne rien dire. Tu avais promis de préserver votre harmonie. Promesse silencieuse à père, à mère, à tous. Les grands assument, les Stuart gèrent. Mais, l'espace d'une seconde, t'as peur que ton jumeau ne te déteste. Tu n'oses pas relever le regard immédiatement. Tu crains son mépris.

Son rire te glace. Tu encaisses la mâchoire fermée. Quand la situation te dépasse, tu te fermes, te blindes. L'indignité vient des excès et tu n'es pas excessif. Du moins, tu ne dois pas l'être. Tuesday s'époumonent et finit par venir te chopper par le col. Tu relèves les yeux. Tu te demandes si, pour la première fois de votre vie, vous allez vous battre. Mais il ouvre la bouche et tu écarquilles les yeux.

— Qu-quoi ?

Son vocabulaire te désarçonne. Sa réaction tout autant. Vote mère est tellement au-dessus de vous à régner sans partage que l'idée qu'on puisse lui en vouloir à lui ne t'avais même pas traverser l'esprit. Il t'as si bien dressé que ton premier réflexe est de froncer les sourcils, prêt à le défendre. Mais Tuesday, dit tout ce que tu tais, tout ce qu'au fond de toi tu t'es surpris à penser sans avoir le courage de l'assumer. Tu baisses les yeux. Le seul à pouvoir le faire vraiment. Tu restes droit, digne, mais au fond tu peines à gérer les émotions qui te submergent. Tu souffles.

— J'essaye de la retrouver. J'aimerais comprendre. Ce n'est pas son genre de partir en nous laissant derrière. Elle nous aimait, Tuesday.

Tu veux t'en persuader. L'idée qu'elle a pu vous abandonner de sang-froid te fait trop mal. Tu sens ses bras t'entourer. Tu te laisses aller à une étreinte. C'est fou comme il occupe la place du roc. Quelque part, tu le bénis de se tenir loin de votre père, de vivre en marge de votre clan. C'est parce qu'il est extérieur qu'il t'apporte autant. Tu fermes les yeux. Mais fronce les sourcils à la première mention de Leslie.

— Je n'ai jamais dit qu'il m'intéressait.

Tu te détaches de lui, conscient d'être transparent et ça t'énerve. Tu croises les bras sur ta poitrine.

— Juste, je ne pense pas que ce soit quelqu'un d’approprié pour Thursday. Je le connais et je n'ai pas envie qu'il se retrouve une unième fois le cœur brisé.

Tu aurais aimé qu'il te suive dans cette quête ou du moins que tu puisses lui en parler, mais tu respectes. Tu ne peux pas lui forcer la main, pas à lui. C'est peut-être le seul sur lequel tu te refuses à avoir le moindre contrôle. Tuesday est ton égal, contrairement aux autres. Eux que leur statut de cadets conditionne à être dans le rôle des dirigés plus que dans celui de dirigeant. Tu hoches sobrement la tête pour lui notifier que tu as entendu. Vous laissez donc le sujet brûlant de votre mère disparue sur le bas-côté. Vous le laissez pour un sujet autrement plus léger... Du moins pour lui.

— Il ne se lit absolument rien sur ma tête, Tuesday.

Tu te renfrognes. Tu as en horreur d'être transparent, spécialement sur ce sujet. Et tu te détestes qu'il s'imagine des choses qui n'ont pas lieu d'être.

— Je n'ai pas de-

Tu écarquilles les yeux. Il rit. Et toi, tu ne ris pas du tout.

— Par tous les saints Tuesday cesse d'être dissipé !

Tu joins tes mains dans ton dos dans une posture aussi droite et fermée, imitation parfaite de votre père. Tu empruntes jusqu'à la moindre de ses mimiques. Tu as le visage fermé, le regard excédé.

— Tu poses des mots forts et inappropriés. C'est insupportable cette manie que vous avez tous de mal choisir votre vocabulaire. Les mots ont un sens, que diable.

Tu secoues la tête, comme fatigué face à un bulletin médiocre.

— Il n'y a rien entre Leslie et moi.

Faux, d'une part. Et tu viens de partager son prénom. Tu te rends compte de ta faute et te mords la lèvre.

— Merde.

Tu soupires. Tu crains qu'il ne te fasse dire ce qui l'arrange. Tuesday est fort pour t'amener à avouer, même quand tu n'as rien à te reprocher.

— J'apprécie cette personne. En tant que collègue et en tant qu'être humain. C'est tout. Mais je vois comme il peut être et je sais que ce n'est pas une bonne fréquentation pour Thursday.

Tu fronces les sourcils.

— Tu sais comment il est, à voir du romantisme partout et à mélanger les choses. Je ne tiens pas à me disputer une nouvelle fois avec lui parce que ce crétin ne sait pas où chercher ses amis.

La vérité, c'est que tu n'aimes pas partager. Tu détestes l'idée que le peu de relation que tu noues soit également celles d'un proche. Tu détestes que Leslie puisse être proche d'un autre Stuart. Tu te sens privé d'air, de cette liberté que dont tu jouis dans vos échanges. Que Thursday vienne gratter dans ton territoire t’excède. Tu as besoin d'être toi et il t'en empêche.

— Est-ce que moi je viens remuer des fesses devant ses collègues juges, hm ? Est-ce que je viens sur son lieu de travail faire mon intéressante ? Non. Son manque de pudeur est affligeant. Et je le répète, il va encore s'enticher de la mauvaise personne et s'en mordre les doigts. Il serait d'ailleurs temps qu'il apprenne de ses erreurs ! Mais c'est de là ma faute, je l'ai trop gâté. Je savais que sa sensibilité et sa quête d'attention lui causerait du tort.