Les talons qui claquent éclatent d’un vermeil rutilant et malgré son allure triomphale - Mnemosyne est agacée. La silhouette découpée dans les faisceaux lumineux, le visage déformé par les traits de l’irritation alors qu’elle se prêtent pourtant à faire retentir le département par sa présence. C’est sans doute qu’elle s’irradie toujours un peu plus ardemment à chaque marche où les lorgnades s’obstinent. Qui ne rêverait pas d’être adulée ou même abhorrée au point où sa propre robes se revêt des regards les plus infimes - sans considération pour chacun de ces misérables pourceaux que constitue le ministère. Mnemosyne sait ; elle les écrase tous sans préavis. Elle se languit et jubile entre ses mains, de ne posséder que ce qu’elle revêt le mieux, et que Diable croient-ils créer à leurs appellations de famille maudite. Mnemosyne s’en gausse presque autant qu’elle rit au nez des ignares, qu’ils continuent si ça leur chante, ce n’est rien de plus qu’un accroissement flambant vers le plus, vers l’encore.

Ah ! Si seulement ils savaient - elle rit. C’est désopilant, d’être massacrante. Elle rêve si ardemment du jour où elle se tiendra tout en haut pour mieux les forcer à se réprimer. Elle rêve si fort qu’elle en oublie cette peine béante qui ronge son coeur meurtri ; et pourtant, sur toute l’échelle de ses ambitions, le drame familial ne représente que quelques infimes centimètres, mais Mnemosyne ne s’en excuse même pas.
Pourtant, cela reste une source indéniable de son agacement. Sur sa branche, perchée pour persiffler à jamais - elle se prête à se vêtir des écailles de Nahash. Carénées, elles savent particulièrement bien comment occuper toutes ses pensées qui se mêlent, se démêlent et s’entremêlent.
Le pas droit et c’est exacerbée qu’elle aborde sa féminité - sa suprématie incontestable dont elle vante toujours les mérite. Et Mnemosyne sait comment aiguiser sa langue pour que ses extrémités bifides soient suffisamment envenimées. Pour se tenir droit devant une porte où elle ne prend pas même soin d’informer de sa présence, qu’elle ouvre presque brusquement car sa délicatesse n’a d’aise que pour les choses simples.
Où elle toise sans même s’effacer un instant - Mnemosyne a le regard rugissant et les griffes qui dorment.

— J’ose espérer que je n’ai pas atteint le point culminant de l’incompétence en arrivant ici. Rires ; c’est qu’elle a l’oeillade dirigée vers celui qu’elle est venue aborder avant tout le reste, et si son ton se fait plus méprisant qu’accusateur, il y a bien longtemps que certains se sont habitués aux teintes condescendantes de sa robe, elle les présente si fièrement. Oh, mais qui voilà, Alaric ! Son sourire déborde de fausseté et pourtant, dans ses simagrées, Mnemosyne doit avouer bien se plaire.
Et le serpent s’avance plus adroitement sans attendre, se tient plus vipère que jamais ; N’en as-tu pas par dessus les yeux de toute cette impéritie ? De tout ceux qui se prélassent et se plaignent - mais là n’est pas la véritable source des termes employés. C’est vrai après tout, il n’a plus qu’un oeil pour pleurer. Et il n’est pas seul, pourtant, c’est exaltant de pouvoir jouer sur les mots, plutôt que de se bercer d’illusions. Mais le serpent n’a pas le temps de se perdre en complaintes, il faut pourfendre et vite - c’est là le plus efficace.

Agacement en écho à son rire - carnage de présence, quand les talons qui tintent trouvent place, c’est pour mieux que voix prenne leur place ; ils n’ont jamais été très joueurs après tout, mais Mnemosyne sait occuper son temps. Regard déposé sur sa silhouette qu’elle devine déjà agacée, Mnemosyne aussi rugissante que désinvolte s’impose. Elle ne répondra aux questions que par railleries, mais il doit le savoir, depuis le temps. Mais la famille à des valeurs qu’elle ne peut négliger, il est par conséquent de son devoir de les conserver ; et ce n’est ni aisé, ni plaisant parfois.

— La question est sûrement, ai-je vraiment besoin d’une raison pour venir piailler à ton bureau ? Sourire collé aux lèvres, son regard se porte sur les papiers qui séjournent sur son bureau, sûrement en plein rangement. Entre ses doigts en capture un, auquel elle ne porte pas plus d’attention que ça ; de la coopération magique à la justice, il demeure quelques différences et bien qu’intriguée, il n’est clairement pas de son ressort de coopérer. Opinion gravée en mémoire, si elle le pouvait, le Ministère ne serait qu’un royaume dont elle tirerait les rênes. Tu devrais m’être reconnaissante de venir égayer une pièce aussi maussade et.. désordonnée. Des couleurs revêtues aussi bien par lui que les alentours, et un désordre qui n’est bien évidemment que peu habituel. C’est une plaisanterie comme une autre, une occupation comme il en existe tant.
Peut-être est-ce parce qu’au fond, elle reste frustré que son coeur demeure autant tiraillé les précédents évènements, aussi tragiques que funèbres. Donner un nom à cet arrière-goût âpre est peut-être encore trop brusque ; il faut qu’elle se persuade de cracher tout son venin pour l’oublier.

Ses mots piquent et tonnent, et elle sourit quand la feuille disparaît aussitôt de ses mains ; comme fière de ménager autant de contrariété. Elle n’en a pas vraiment grand chose à faire, de cette idée de rangement ou de ces teintes trop mornes qui se prêtent à colorer son visage. Alaric n’avait pas toujours été comme ça, mais il semblait toujours avoir été si affligeant si bien qu’elle déjà se retenait de soupirer une énième fois.
Elle ne se souvenait plus exactement depuis quand leur relation s’était dégradée à ce point ; peut-être qu’elle appréciait encore ces dérangements moindres qu’elle opérait. Parfois, simplement pour passer le temps ou même se détendre. Ça n’avait pas grande importance, mais c’était si décevant qu’il ne réagisse qu’aussi peu - peut-être était-ce compréhensible, en sommes.
Mnemosyne n’avait pas peiné à comprendre ce que ce regard aussi agacé qu’importuné signifiait. Elle avait l’habitude pourtant de les manifester, et elle appréciait pouvoir en rire plus qu’en pleurer ; elle n’avait pas besoin de se montrer un peu compatissante.
Et à ses mots, elle ne fait que sourire fièrement, bienheureuse de sa proposition mais tout de même un peu offusquée ; pour qui la prenait-elle ? Ce n’était après tout qu’un simple constat, bien loin d’elle l’idée d’agir en conséquences.

— Bien sûr, et que dirais-tu que je te ramène également un café, sur un plateau d’argent hm ? Sourire étiré au possible et pourtant définitivement moqueur - elle n’était pas venue ici pour l’écouter, encore moins pour l’aider. Simplement pour s’occuper mais il était définitif qu’elle aurait dû trouver matière à s’occuper ailleurs. Ce n’est pas la peine de dire oui. Se rendre utile ou ou bienveillante ne faisait définitivement pas partie de ses priorités. Surtout quand ça le concernant à vrai dire, y avait-il une raison de toute évidence, pour que les choses se passent de manière plus admirable entre eux ?

— Tu devrais te détendre plutôt que de toujours avoir le nez ici. Peut-être était-ce une effluve de bienveillance - qui cachait elle aussi une autre remarque acerbe, encore silencieuse. Regarde comme je me sens mieux depuis que je suis ici ! Comme c’est agréable d’avoir sa loge personnelle. En l’occurrence, elle était ici et peu importe ô combien sa présence néfaste lui était désagréable, elle y exprimait toujours un peu d’amusement.

Elle a toujours ce sourire amusé aux lèvres, ce sourire carnassier qui dévore les quelques effluves de calme que le silence a autrefois laissé. La vérité (triste et dure) c’est qu’elle se moque finalement bien du bien-être des autres, du sien par conséquent ; mais il était bien de ceux dont la peine était béante et visible, alors elle ne pouvait s’empêcher d’y jouer.
Autant qu’elle ne pouvait s’empêcher de caresser chaque détail du malheur des autres - car il surplombait souvent le sien. Alors, elle n’avait qu’à faire ravage de quelques mots mal placés, et quand elle se faisait Nahash elle se plaisait bien, à persifler contre les tempes, même si c’était pour admirer les teintes éreintées de ses vis-à-vis.
Pourtant, elle ne lui fera définitivement pas ce plaisir, car ce sont des tâches propres à d’autres. Elle, ne fait que demander ; elle claque des doigts, ordonne et on lui obéit. Alaric avait-il perdu cette perspicacité ?

— Alaric, Alaric… Le peu de perspicacité qu’il te restait s’est-il dérobé avec ton oeil droit ? Qu’elle fixe ce cache œil la vipère, borde du regard son visage, ouvertement se moque alors que cette tragédie lui a fait autant de mal à elle qu’à lui. C’était comme si elle s’évertuait d’être imbuvable pour se persuader d’être intouchable. Mais elle avait bien tort. Mais si tu as tant que cela besoin d’un chien, je suppose que beaucoup se pencheraient sur la question. Rire cynique, quand une question lui tique l’esprit. Ou bien, une femme sans doute. Elle tournoie autour la vipère ; se meut dans sa robe d’un noir éclatant aux reflets de jade - mais son sourire ne meurt pas un instant. Elle s’amuse plus qu’elle ne le songeait, finalement.

— Voyons, mes loges sont là où je décide qu’elles le sont. Ça n’a pas changé au cours des années. Parce qu’elle avait toujours été comme ça Mnemosyne, désireuse d’apporter son ordre là où elle le voulait, désireuse que tout marche au pas, et puis c’était tout. Désireuse peut-être de s’élever aussi parce que rien ne lui semblait suffisant ; alors elle retient un petit rire à sa remarque.

— Je suis curieuse de l’apprendre, moi qui pensait d’apporter de la sérénité comme on en fait plus. C’est sarcastique, cynique au possible - mais elle n’est pas aveugle Mnemosyne, encore moins naïve et elle voit comme elle le percevrait rédigé dans un livre en grandes lignes. Il y a des pensées noires qui se noient elles-mêmes dans l’océan de ses yeux, mais Mnemosyne n’est pas assez bienveillante pour les consoler. Peut-être parce qu’elle sait que les siennes ne seront jamais guéries par personne ; mais ça importait peu au final.