Le mois de janvier est tendu au ministère. Le retour présumé de The Crow fait se confronter les départements entre eux. Vous devez traquer jours et nuits en vous relayant un fantôme dont vous ne possédez aucune information. Du moins, en apparence - car tu t'es bien gardé de partager quoi que ce soit, de la plume, de ta rencontre avec le corbeau durant ta disparition.

Samedi après-midi, tu annules tout ce que tu aurais pu prévoir et mets ton pineapple sur silence, ne voulant pas être dérangé alors que Darya vient au manoir pour installer ses affaires. Tu es dans le salon en train de réarranger l'ordre de certains livres dans la bibliothèque (qu'est-ce que tu veux prouver ?) quand elle arrive dans le hall du manoir. Tu traverses mains derrière le dos l'arche qui sépare les deux pièces pour la rejoindre et étires un léger sourire poli.

— « Darya. »

Tu fais signes aux elfes de maison de récupérer ses cartons. Il leur suffit de claquer des doigts pour faire léviter les affaires et monter les escaliers.

— « Pas de soucis, ils vont te les installer dans la pièce que tu voulais. Je me suis assuré de la faire vider durant les fêtes de Noël. »

Les affaires de ta mère sont désormais rangées dans la chambre d'Evonice.

— « Félicitations d'ailleurs ! Pour ton nouveau poste. »

Tu es sincèrement content pour elle. Ça t'arrange que ta soeur ne soit plus ton patron, même si tu sais au fond de toi que ça ne va pas faire du bien à votre relation déjà très conflictuelle.

— « Ne t'en fais pas pour Evonice, elle rebondira. »

Tu rougis légèrement quand ses lèvres se posent sur ta joue, plus par gêne et malaise que pour autre chose. Vous n'êtes pas censé vous embrasser ? Pas le réflexe (pas l'envie).

— « Et oui, bien sûr. Je suppose que tu veux aborder l'organisation du mariage, poser une date ? »

Ton attention à son égard la touche (c'est elle qui le dit) et c'est plus fort que toi. Tu bombes le torse, fais le beau pour l'impressionner. Evidemment que tu la touches, c'est dans tes gênes d'être un gentleman. Tu pouffes de rire face à l'absurde de ta posture. Faire le fier devant Darya Black, tu n'aurais cru cela possible un jour. Et Darya Lestrange non plus tu ne l'aurais pas cru.

Survivras-tu d’avoir ta future femme pour patron ? qu'elle te demande et tu viens à trouver votre ministre Bathilda bête d'avoir pris Darya. Tu sais qu'elle cherche à éloigner les Lestrange des postes de pouvoir et surtout de la main mise sur le département de la justice magique. Il n'empêche que Darya va porter ton nom et que tout va vous revenir, encore.

— « Seulement si tu me laisses commander à la maison. »

C'est dit sur le ton de la plaisanterie et pourtant tu ressors tes grands airs. Malheureusement pour ta bonne humeur, le ton un peu gêné qu'elle prend commence à te faire flancher. Tu fronces les sourcils, l'écoutes attentivement avant de blêmir. Tu n'es pas sûr de comprendre de quoi elle veut te parler.
Est-ce qu'elle sait ? Pour Jasper et toi ? Non impossible.
Pourtant elle a du avoir vent que tu les as emmené en mission. Mais ce n'était pas pour toi, mais pour ton collègue Vanitas. Tu crèves de savoir putain !

— « Et pourquoi tu ressasses, Darya ? »

Tu frottes son épaule pour la rassurer.

— « Alors quoi, les Fawley ? »

Et qu'elle crache le morceau une fois pour toutes, que vous en finissiez.

Tu fronces les sourcils quand tu l'entends parler d'Iphigenie. Elle va épouser le petit frère de Darya ? Alors quoi, vous deviendrez frère et soeur par alliance ? Ta première pensée est pour Jasper. Tu te sens de plus en plus mal à l'aise.
Iphigenie qui se marie - tu as du mal à le croire au vu de son tempérament. Tu écoutes Darya, tentes de comprendre ce qui l'agace tant que ça dans cet union, avant qu'elle ne te révèle les sentiments d'Iphi à l'égard d'Izar ; pas plus forts que les vôtres.

— « Elle ne l'aime pas du tout ? Même pas un petit peu ? »

Tu ne lui feras pas le déshonneur de lui demander comme nous ? pour vous comparer.
Mais tu peux au moins lui donner une leçon - autant qu'elle t'en donne une.

— « Tu ne m'aimes pas, toi. »

Et tu n'as aucune amertume, aucune rancoeur dans la voix qui pourrait lui faire croire que tu lui en voudrais pour cela. Tu sais que ta demande était précipitée et que vos rapports ont toujours été tendus. C'était Uriel, à qui elle était prédestinée.

Tu soupires.

— « Tu penses que c'est un mariage arrangé pour redorer l'image des Fawley ? Ça me surprend d'Iphigenie. Je la connais bien, de l'école. Elle n'est pas du genre à épouser n'importe qui. Ne le prend pas mal, mais elle a toujours été contre le mariage. »

Tu attends la suite. Pas certain d'être ravie quand elle commence à parler. D'ailleurs, tu blêmis légèrement. Qu'est-ce que cet idiot a bien pu dire ? Tu contractes la mâchoire et serres les poings sous tes manches. Si tu perds ton mariage avec Darya, tu gagnerais ta liberté (certes) mais tu gagnerais aussi à perdre une flopée d'alliée potentiels, tu perdrais l'occasion d'avoir un enfant et de perpétuer la lignée Lestrange.

— « Je ne sais pas pourquoi il t'a dit ça. »

Tu forces un léger sourire, fronces le nez et agites tes narines. Tu dois mentir mieux que ça. Tu veux te convaincre toi-même Clovis.

— « Je suis au courant oui. Et c'est à toi que j'ai fait ma demande. »

Jasper Jasper Jasper Jasper.
Merde !

— « C'est parce que c'est toi que je veux épouser. Ça passera à Jasper. Ça lui a toujours passé. »

Tournes les talons pour rejoindre le salon, et l'incites ainsi à te suivre. De dos, qu'elle ne puisse pas voir ton visage se déformer sous la colère et la frustration.

Tu n’es pas amoureux de moi non plus Clovis. Sur le coup ça t'a arraché un râle sarcastique. Elle a du répondant Darya, et jusqu'alors ça t'a toujours agacé - ça commence à te plaire.
Mais tu perds ta légèreté quand tu comprends les sous-entendus à peine voilés qu'elle te murmure. Jasper lui a dit qu'elle n'avait pas le choix. Jasper forcerait Ginny à épouser un homme qu'elle n'aime pas pour sauver son propre honneur ?

Non.
Jasper ne ferait pas ça.
Le pourrait-il ?

— « Je comprends. Je lui parlerai pour... Je ne sais pas. Je lui ferai changer d'avis. Ginny devrait épouser quelqu'un qui lui plait vraiment. Et Izar ne devrait pas subir nos jeux d'adultes. »

Et pourtant, tu admets silencieusement (entre toi et seulement toi) que Jasper est loin d'être bête, qu'il a raison de se battre pour ses intérêts. Mais c'est toujours aux grands de se sacrifier. Pas aux petites soeurs (pas à Mnemosyne).

Elle te suit jusqu'au salon, passe devant toi pour te rejoindre. Tu plonges ton regard dans ses yeux, inondes tes émotions d'un flot continu de raison. Tu ne dois pas faillir, pas maintenant. Et Jasper ne gagnera pas, il aura tout le reste tu lui as juré. Mais pas ça.

— « Je ne couche pas avec Jasper... Non. »

Tu as presque l'air dégouté par la question. En réalité, penser à lui en cet instant t'agace tellement que tu n'es pas trahi par l'excitation qui pourrait te gagner à ces pensées.

— « Tu seras ma femme. Pas lui. Je couche avec ma femme seulement. Maintenant écartes-toi. »

Tu la repousses, sur les nerfs. Elle peut la voir, la haine dictée par les murmures de la chaine.

— « Mais doucement Darya. Tu ne l'es pas encore. Et je te ne dois pas de compte sur ma vie sexuelle en cet instant. »

Elle te partage ses frustrations - est-ce que c'est ça être en couple ? Être agacé et malheureux à deux. Tu roules des yeux avant qu'elle ne te rejoigne. Pourquoi ne veut-elle pas que tu l'aides dans cette entreprise...? Tu pourrais au moins faire ça pour rattraper tout le reste. Non, Darya dit qu'elle va passer au dessus.

Puis vient ensuite la conversation sur Jasper. Ses doigts à ton visage, toi qui la repousse. La vérité Clovis, c'est que tu ne veux ni la blesser ni la laisser tomber - mais quand ça concerne Jasper rien ne peut t'en empêcher. Tu dois mentir, prétendre, le cacher. Tu dois te forcer à le détester pour que ça soit plus simple d'exister. Mais rien n'y fait, t'es pas assez léger à son sujet.

— « Je ne m'amuse pas. Ça fait pas parti de mes préoccupations pour l'instant. Et je n'ai pas envie de parler de ça de toute façon. »

Ça t'énerve encore plus qu'elle te demande ce qui t'énerve. C'est comme si elle secouait la bouteille avant de faire sauter le bouchon.

— « Je ne suis pas énervé ! »

C'est presque dit en criant.
Tu rentres les épaules, penaud et la dépasses pour te laisser tomber dans un fauteuil autour de la table basse. Tu passes ta main à ton front.

— « Excuse-moi. Cette histoire me tend quelque peu. Laisse tomber l'histoire avec Jasper. »

Tu souffles et laisses mollement tomber ton bras sur l'accoudoir.

— « Ouai, on peut faire ça. L'organisation va être tendue, mais est-ce que tu voyais un mois qui t'arrangeait ? Je suppose que tu veux en finir le plus vite possible. »

Partir de chez elle, le plus vite possible.

Et voilà que vous vous plongez dans les préparatifs. Tu ne sais pas te décider Clovis. Tu appréhendes que ça arrive trop vite mais tu ne veux pas trop tarder non plus. Tu en viens à comparer la situation à un gros pansement que tu veux tirer d'un coup sec. Tu auras mal sur le coup mais après tout ira mieux, non ?
Darya est une belle femme, de bonne famille, agréable. Elle est tout ce que n'importe quel homme ambitieux de ton rang voudrait trouver de nos jours.

— « D'accord. C'est validé pour Mars. Tu as raison. »

Tu ne la remets pas en question. Tu as presque l'air ailleurs, pas vraiment concerné alors qu'on parle quand même de votre mariage. Quand elle t'interpelle en parlant de témoin tu grimaces. Tu ne t'es toujours pas décidé. Nathaniel ou Alaric ? Tu avais toujours imaginé que ça puisse être Jasper, si jamais tu perdais la tête au point de te marier. Il semble que le destin en ait décidé autrement dans les deux cas.

— « Je... J'ai une petite idée mais je dois demander. Et toi du coup ? Ne me dit pas que tu vas demander à ma soeur s'il te plait. »

Pour le contrat de mariage, tu fronces les sourcils.

— « C'est comme tu veux. Dans le cas d'une séparation... »

Et tu prends bien le temps de la regarder (ce n'est pas ce à quoi vous devez penser pour vous consolider).

— « ... ça protègerait les biens de nos familles respectives. »

Tu soupires et baisses les yeux sur la montre dont elle parle. Tu réalises en effet que tu as pris le réflexe de l'enfiler tous les matins. Tu prends le temps de réfléchir à sa question et te lèves finalement du fauteuil. Tu fuis encore, les mains derrière le dos, et observes attentivement les livres rangés dans la bibliothèque.

— « Je ne sais pas ce que j'attends. Je n'avais jamais prévu de me marier. »

Sans la regarder tu tires un livre dont la couverture t'attire l'oeil.

— « Disons que j'accomplis mon devoir. Et toi Darya ? Est-ce que tu cherches autre chose hormis échapper à la main mise de Canopus Black ? »

Elle semble avoir le même problème que toi. Tes relations se sont toutes éteintes quand tu es mort et entre ceux qui ne t'ont pas pardonné, ceux qui ont tourné la page et ceux que tu n'avais jamais vraiment côtoyé, tu t'es retrouvé sans amis Clovis. Il y a bien les anciens camarades et la famille mais tu t'es retrouvé à inviter l'entièreté de l'élite magique à ton mariage - et dans ce lot tu sais que la majorité sera là par hypocrisie que par réelle sympathie.

— « Louise ? Tu vas demander à ta tante d'être ton témoin ? »

Tu ne sais que penser de cette femme. Déjà à l'époque de ton entrée au ministère, tu as toujours trouvé cette personne mystérieuse, à l'égal du département qu'elle dirige.

— « Soit, c'est ton témoin de toute façon. »

Tu ne veux pas qu'elle pense que tu méprises son choix (parce que ce n'est pas le cas).
Vient ensuite la discussion plus sérieuse - sur ce que vous attendez du mariage. Toi tu n'attends rien quand elle, plus honnête, s'accroche à l'idée d'un mariage uni et d'une famille épanouie. Tu es certain Clovis que ni toi ni elle n'aviez vécu ça dans votre enfance. C'est presque alléchant, et tu sens ton coeur se gonfler d'espoir. Autant que ça te désespère d'avoir maintenant des attentes à combler.

— « Je vois. Merci Darya pour t'être ouverte à moi. J'essaierai au mieux de respecter ton souhait et d'être à la hauteur. »

Tu étires un petit sourire mais restes plutôt distant. Tu reposes lentement le livre que tu glisses dans la fente qu'il a laissé.

— « La maison à la mer, je suppose que tu ne la veux forcément à Tinworth près de celles de tes parents. »

Tu prends la direction du hall pour rejoindre les escaliers, les grimper jusqu'à l'étage. Au bout du couloir juste à côté de la suite parentale (celle que vous allez récupérer) il y a une petite porte. Tu lui ouvres et la fais entrer la première. Tu n'as pas menti, les meubles ont été vidé. excepté le bureau de ta mère que tu as fait retaper. Le pupitre en bois a été poncé et vernis.

— « C'est assez grand pour toi ? »