Ils se faisaient rares, ces jours où tout semble s'aligner. Ceux où les bonnes nouvelles s'enchaînent, et où Eamon se surprend à, même si cela reste imperceptible, sourire sans trop d'arrière pensée.
Suffisamment de bonne humeur même que pour écouter Mads s’épancher sur son génie incommensurable, ses talents cachées et son charisme à tout épreuve tout en le regardant avec son air habituellement incrédule, sourire et verre aux lèvres.
Oui, Eamon le laisserait combler le silence ce soir. Aussi exaspérant qu'il soit.
Parce que les affaires tournent, que le détective lui a promis un échantillon que l'empoisonneur attend avec impatience... L'idée de l'obtenir ce soir avait étiré le coin de ses lèvres toute la journée. Pour flatter l'égo de son collègue, peut-être même qu'il ira jusqu'à dire que c'est le voir ce soir qui l'a rendu de bonne humeur.

Le sorcier ne trouve même pas la force de se plaindre de l'établissement choisi par Mads : un pub moldu, qui ne lui disait absolument rien, de nom ni d'apparence. Un endroit classique, servant des boissons banales et pourtant exotiques à ses yeux; Ainsley ne sort pas souvent du Londres sorcier.
Pour y faire quoi ?
Fricoter avec des moldus ? S'ils n'avaient pas l'argent pour ses poisons, il n'en voit pas l'intérêt. Son monde s'est forgé dans ces barrières invisibles et il continuait de voir son futur à l'intérieur. Alors constater l'absence de tout classique d'un menu sorcier l'avait surpris, puis l'étendu de choix encore inconnu l'a eu...
Pas de magie à l'intérieur, ni d'elfes, ni d'hybrides, tout se fait à la main. Quelque chose s'en dégage, c'est sûr. Quelque chose de... Primitif.
Un choix plus dépaysant qu'il ne l'admettra jamais.

Ce n'est pas difficile de retrouver Mads. Il suffit de trouver le premier plumeaux blancs parmi tout les poireaux, et s'il a des lunettes où se reflètent absolument tout sauf lui c'est gagné.
Eamon s'approche et s'installe en face de lui. Avec l'aise de quelqu'un qui ne s'est pas tant pressé que cela à venir, d'ailleurs. On pourrait même dire qu'il a un peu de retard...

- Alors, c'est "ça", l'endroit que tu as choisis ?

Ses yeux n'accordent pour le moment aucune attention à son interlocuteur, observant son nouvel environnement et ses occupants. À insister sur le lieu de rencontre, Eamon s'était dit qu'il avait forcément une idée en tête, un endroit habituel où il aurait l'avantage...
Peut-être que c'est ça.
Et si Mads voulait le sortir de sa zone de confort, c'est réussi. Un bar ne l'effraie pas, mais un bar moldu le met en terrain inconnu. Le pousse à regarder autour de lui, à être attentif.
À son expression, Eamon n'est pas impressionné.

- Si tu as de la chance, je finirais par comprendre pourquoi. Que me recommandes-tu ?

Alors, il vient planter ses yeux dans ceux du détective. Ou, plutôt, les siens, reflétés dans ses verres. Ce n'est pas que s'admirer l'ennuie, mais bon...
Alors, où est mon échantillon ?
Mais on va rester poli. Même au fond du regard brûle d'impatience cette question, qu'il ne saurait tarder à poser s'il met trop de temps à lui répondre.

Mads mord directement.
Normal, quand Eamon arrive avec sa bonne humeur. Il a fait un effort, pourtant...
Et pour tous ceux qui jurent qu'Eamon n'est qu'une copie conforme de la doyenne de la famille Ainsley, ils auront encore une fois raison; en dehors de l'allusion graveleuse, le simple fait de se faire remettre à sa place sans délai capte leur attention. Et même, lui arrache un léger sourire en coin, satisfait. Ou peut-être que cette journée est meilleure que toutes les autres. Ou sa remarque. Qui sait.

Peut-être bien que les moldus sont des gens aussi, Eamon s'en fiche. Ils peuvent qu très peu pour lui, et c'était une assez bonne raison que pour les laisser de leur côté de Londres.

-Né moldu ?

Une théorie, deux visions possiblement liée à deux cultures différentes. Ce n'est pas fort important, mais la question lui a échappé, tout simplement.

Puis Mads commande.
Eamon n'a rien à redire sur la boisson. Pour le moment.
Il attend juste. Des informations, un flacon, n'importe quoi. Et finalement, le détective le délivre de son impatience, juste un peu, après avoir dépensé de nombreux mots à l'en faire douter de la pertinence de sa prise de parole.
Puis son regard s'illumine, ses traits perdent en impertinence doucement.
Mads se penche, et lui suit, légèrement, soudainement accroché à ses lèvres. Jusqu'à ce que son attention se porte brièvement sur ses yeux. Byzance.

-Uh. Léger sourire qui vient étirer ses lèvres. Je n'en demandais pas tant...

Agréablement surpris, et cela se ressent dans son attitude tout de suite plus détendue, des yeux où ne se reflètent plus un ennui profond mais bien une lueur nouvelle à son égard, captivée, presque, par son interlocuteur.
Sûrement le bleu de ses yeux...
Bien qu'il reste un soupçon d'interrogation, juste assez pour interrompre son observation et venir légèrement froncer ses sourcils.
Ca ne m’amuse pas. Pas du tout.

-Et quoi ? Tu vas te mettre en colère ?

Et son sourire s'agrandit encore un peu, reprenant un peu plus de son air railleur habituel, bien que ses yeux trahissent sa curiosité.

Né moldu.
Comme quoi, ce pressentiment qu'un né moldu sortirait ce genre d'argument paie... Et lui livre aussi plus de détail sur le détective. Le simple fait de mentionner des parents biologiques alimente rapidement ses théories, en plus du peu de temps passé avec. Abandonné une fois que la magie se manifeste, peut-être ? Il y a sûrement plus, mais c'est tout ce qu'il peut conclure avec le peu de détail.
Et s'il ne désire pas plus en parler, alors il le laisse tranquille, comprenant facilement que la famille est bien souvent un sujet délicat.

A son avis ?
Il n'attend que ça, voir le fameux Mads Kovačić à l’œuvre. Eamon n'a pu que s'imaginer jusqu'ici sa méthode de travail, et, quelque part, il est curieux de le voir à l'oeuvre.
Enfin...
Autrement que comme il le décrit, avec les fleurs, le cinéma, qui lui font lever les yeux au ciel. Typique Mads. Poétique et délicat.
Le reste... Pourquoi pas.

- Quel veinard.

Ils trinquent, et lui inspecte rapidement son verre, juge en silence la présentation avant de goûter. Hm. Avec un peu de chance, Mads paie, et il n'aura pas à regretter son prix. Heureusement il est rejoint dans son exigence par son comparse.
Ah. Qu'est-ce qu'il parle ! Eamon aurait bien prononcé quelque chose, il était prêt, bouche s'entrouvrant pour glisser un mot. Au lieu de cela, Mads enchaîne, ne perdant -pour une fois- pas de temps. Alors Eamon se contente de planter son regard dans le sien et ravaler son opinion d'une autre gorgée de mojito. Et cligne des yeux au "bichon". Plait-il ? Il prend ses aises ! C'est bien parce que le sujet l'intéresse qu'il ne lui lance pas un regard noir.
Quelle insolence... Cela lui plaît presque. Un peu de toupet, de défiance, et on obtient toute son attention.
Celle qui le fait hésiter entre le ravissement et la frustration.

Mads lui coupe l'herbe sous le pied, encore à répondre à sa place, mais cette fois, il souffle du nez, vague rire qu'il lui accorde, ainsi qu'un léger sourire.
C'est qu'il est en train de poser les bases pour une soirée de qualité. La meilleure peut-être depuis longtemps. Et qu'est-ce qu'il pouvait bien prévoir encore ? Si tout continuait de bien s'enchaîner, il avait bien quelques idées...
Mais l'échantillon en premier.

- Tu es trop bon.

Un coup d'oeil aux autres clients; était-il déjà là ? Est-ce qu'il l'aurait croisé sans le savoir ?

- Je ne vois pas pourquoi tu me poses encore la question...

C'est évident.
Il n'a fait qu'y penser depuis qu'il le lui a promis.
Difficile de cacher cette flamme qui s'anime au fond de ses yeux. Dès qu'il s'agit d'une quelconque potion un peu niche, un peu borderline, Eamon désire tout savoir.
Et il doute qu'il l'ait sur lui. Sauf s'il le fait bel et bien tester ici...

- Je suis venu jusqu'ici pour le chercher, ce ne sont pas quelques mètres de plus qui vont me faire changer d'avis.

Puis un petit silence, alors qu'il vient détailler Mads de ses yeux noirs, vite fait proie à ses propres réflexions.

- Non pas que je doute de tes compétences, chaton, L'occasion est trop belle... mais tu as prévu quelque chose s'il n'a rien sur lui ?

Il pose la question, plus par assurance que par doute : lui même porte sur lui toujours quelque chose pour se défendre, et pour se soigner.
Enfin... Lui poser des questions ne menaient en général à rien. Le sorcier soupire, et son attention se porte sur son verre.

- On improvise jusqu'à ce qu'il me donne ses recettes, j'imagine...

Par Merlin, il ronronne.
Cet homme est plein de surprises, et parfois, Eamon se demande s'il aurait mieux fait de les ignorer.
Heureusement, cette information se fait engloutir par une autre, qui attire tout de suite son attention : la photo du dit empoisonneur.
Mais il s’interrompt pour lancer un regard désabusé à Mads alors qu'il lui parle de saloper son travail.

- On n'est jamais mieux servi que par soi même.

Fais le toi même si t'es pas content.
Sauf qu'il le ferait, s'il le pouvait, pas vrai ?

De retour sur la photo, Eamon se perd à travers les marques sur le visages de Marcus. Le voilà intrigué. Est-ce qu'il aura plus de cicatrices après le passage de Mads ? Seul l'avenir -proche- nous le dira...
Le détective introduit finalement son plan, prompt à souligner le fait qu'il n'a pas eu de chance, au lieu d'avouer que sa discrétion n'était peut-être pas au point. On parle tout de même d'un grand type bavard avec des lunettes à reflets... Eamon se ferait un plaisir de le lui rappeler, de souligner un possible manque de professionnalisme ou erreur de sa part. Ses lèvres restent cependant scellée, étirée en un faible sourire emprunt de sarcasme. Tant que l'échantillon n'est pas dans sa poche, il fallait se montrer un minimum agréable.

Un nouveau 'bichon' qui vient faire plisser ses yeux, avant qu'il ne s'approche de son visage pour lui souffler son plan.
Bien sûr...
Mads avait besoin de quelqu'un pour s'infiltrer. Et, par un heureux hasard, il a trouvé quelqu'un intéressé par la cible qu'il traque, un pion déterminé à obtenir ses secrets qu'il pouvait bouger à sa guise. Bien joué Mads. Eamon n'a pas d'autre choix que de jouer à ton petit jeu, et ne peut qu'exprimer une part de sa frustration dans un soupir.
S'il restait tapi dans son atelier, c'est pour ne pas s'exposer inutilement ainsi. Le savait-il, lorsqu'il lui a proposé un verre et l'échantillon ? L'attirer dehors juste déjà le sortir de son antre, et le faire accepter plus facilement, dans un "tant que j'y suis, autant y aller" ?
Eamon se retire de peu, avec nonchalance, baissant les yeux sur son verre alors qu'il réfléchit à comment se faire inviter dans l'atelier d'un concurrent, son doigt venant taper la table à deux trois reprises alors qu'il peine à trouver un plan infaillible.
Un temps passe, avant qu'il n'inspire et relève son regard lourd sur lui.

- Tu m'as pris pour le genre de personne à qui on donne sa confiance au premier regard ? Me dis pas que tu es désespéré à ce point...

Lui et son air glacial, frisant le dédain.
Oh, qu'il l'énerve.
D'une, parce qu'il est malin. Le voilà coincé dans cette situation, plaisante puis déplaisante maintenant qu'il devait s'investir d'avantage.
De deux, parce que sa curiosité le ronge au point de se plier à son plan.
De trois, parce que Mads ne lui devra rien en retour. C'est donnant donnant, ou du moins c'est ainsi que le détective s'en était convaincu. Insupportable... S'il s'en sort, il ne laissera pas l'autre idiot l'oublier si facilement.
Possiblement, une quatrième raison. Celle qu'il reste malgré tout agréablement surpris par la soirée qu'il lui a réservé, peut-être même fasciné par cet interlocuteur infernal. C'est sûrement ce qui l'énerve le plus.
Eamon secoue légèrement la tête, le toisant avec amertume, avant de prendre son verre et d'y tremper ses lèvres, d'y noyer son dépit, et soulager sa vue de Mads en tournant la tête vers le reste du bar.
Quel fouine.

- Qui serait assez idiot pour laisser un inconnu entrer son atelier ?

Bon, Feng a bien débarqué dans son atelier comme une fleur, et s'y est installée. Mais ça, c'est la faute du patron.

- Je me débrouillerai.

À la limite du grognement.
Loin de savoir comment il allait se débrouiller.

Il se débinerait bien oui.
On lui avait promis un verre, il ne voit que du travail supplémentaire. Un travail qui ne tient pas de ses talents innés, ni même acquis. Non, juste du talent social. Quelque chose pour lequel il est loin d'être connu. L'effort à fournir est grand, encore plus alors qu'Eamon s'était préparer à boire et à écouter jacasser Mads toute la nuit. Si ça, ce n'était déjà pas un effort surhumain !
On lui avait promis un échantillon, et on a surtout omis de dire qu'il reste à récupérer. Encore une fois, son plan de rester tranquillement installé au fond de sa chaise est chamboulé. Il a de la chance d'avoir des yeux pour lesquels on ferait n'importe quoi -et un appât suffisamment grand pour le mettre en mouvement, l'échantillon, précisons le...
Mads lui mâche son travail.
Le sien consiste à faire ses potions dans son coin. Pas à jouer les faux culs.

Un artiste ?
Un léger sourire naît au coin de ses lèvres. Ah, il voit le genre. Cela lui parle peut-être un peu... Eamon semble un peu plus à l'aise : peut-être que lui et Marcus allaient pouvoir s'entendre, même. Et puis... Un artiste n'attend que de parler de sa passion, partager ses hyperfixations avec autrui.
Se faire inviter dans sa boutique reste toujours incertain, mais sa mission lui paraissait tout de suite plus intéressante.
Ah, Mads lui arrache un sourire, avec ses flatteries. Un fin connaisseur... Il est vrai.

- Hâte de le rencontrer... Il a l'air fascinant.

Puis, la Mads' touch.
Claquement de langue, accompagnant son regard qui se détourne, pour juste mieux revenir avec de gros yeux. Elle l'a surprise celle là. L'espace d'une soirée, il avait oublié ses blagues graveleuses qui avait le don de le consterner.
Jamais on ne prononce ce genre de chose chez les Ainsley.
Et il est plus des masses entourés non plus...

- Tu n'est vraiment qu'un assisté...

Lui laisser le sale boulot et ne venir qu'au moment fun.
Sourire retenu, mais mal. Il ne lui reste qu'à le cacher derrière son verre et en profiter pour en boire quelques gorgées. Cela lui servirait également à accumuler un peu de force sociale...

- Aller, j'ai du travail ! File ! léger mouvement de tête l'invitant à s'en aller,  Ce serait dommage que tu gâches encore une fois ton propre travail.

Laisse donc faire les professionnels.

Il ne faut pas longtemps pour que Marcus Finsher n'arrive. Eamon le laisse arriver et se poser au bar, finissant son verre de son côté, et passe à l'action qu'une fois qu'il ait reçu son verre.
Mads avait raison : l'aborder tel un artiste et venir comme un collectionneur charmé par ses œuvres facilitait les échanges avec son concurrent. Pire même : Eamon se prenait à la conversation. Son point de vue lui donnait matière à réfléchir sur sa propre méthode de travail, et il expliquait la pensée derrière la création de la douce folie. Le concept, le but, en quoi son travail surpasse celui des autres. Un degré de technique, un message, bref il s'emballe et Eamon le réconforte dans son excès.
Marcus reste malgré tout méfiant, et tend encore des pièges. Eamon n'a cependant même pas à mentir... Ces échanges passionnés sur les poisons ? Ses arguments ne sont pas inventés, juste le fruit de quelques années de réflexions. L'intérêt au fond de ses pupilles brille naturellement, comme à chaque fois qu'il a l'occasion de parler de sujets si tabous avec quelqu'un.
Tant qu'à faire... Il lui offre un verre. Ce n'est pas tout les jours qu'on trouve quelqu'un capable de comprendre son travail.
N'en déplaise au détective, mais on lui avait promis un verre.
Et il compte en avoir plus d'un.
En trinquant avec la cible, Eamon ne peut s'empêcher de sourire : oh, il allait le faire attendre... Tant que Marcus a de quoi le passionner, ils resteront ici. Ce n'est que de bonne guerre.

Eamon aura tenu plus d'une heure et demie !
Mais l'arrogance de son interlocuteur l'étouffe. Il se croit seul maître dans son domaine, et Eamon se cache derrière ses sourires doucereux et compliments empli d'un sarcasme bien camouflé. Il cherche même à lui tendre des perches, des occasions d'insulter son propre travail. Marcus n'hésite pas.
Eh... Est-ce qu'il aurait pas fait pareil ? Manquerait plus qu'il lui laisse s'imaginer qu'il veuille financer ses recherches, en mécène admiratif de son travail, et il lui mangerait dans la main.
De quoi alimenter un léger sourire amusé, alors qu'il se tait.
Et propose enfin de lui acheter ses produits. Et pourquoi ne pas finir la soirée là bas, même. Ce serait tout de même plus discret...
Et le temps de finir leur verre, ils sont en route.
Mads avait intérêt à ne pas s'être endormi entre temps-

Quand Eamon met du sien, cela change tout.  Il aime se dire qu'il joue l'amabilité plus facilement que prévu, quand au fond il est parfaitement capable de l'être. À sa manière...
Quoiqu'il en soit, cela a mené le duo improbable jusqu'à l'atelier de Marcus Finsher.
Jusqu'à l'effraction de son lieu de travail.

Oof.
C'est qu'il ne rigole pas, Mads. Un coup, un seul, et le voilà K.O. Eamon regarde, pas si respectueusement que cela. Pire encore, il soutient son regard quand il pose ses yeux sur lui, bien trop satisfait.
À nouveau Mads égare sa main, venant à peine le toucher.
Cet soudaine délicatesse ne le déplaisait pas, au contraire... Même celle au bar avait attisé sa curiosité, et après ce coup de poing efficace, le contraste l'intrigue encore plus. Son regard glisse jusqu'à ses lèvres.
Enfin...
Jusqu'à ce qu'il remarque ce qu'il a sorti de sa poche.
Ah le bâtard.
Et quoi, il l'a placé au bar, quand il lui effleurait la main ? Récupérer de la même manière? Ces petits gestes doux pour mieux détourner l'attention et profiter de lui ? Bien sûr.
Ses pupilles noires viennent se planter dans le reflet de ses lunettes, le fusillant du regard.

- Moi aussi.

Du reproche, dans sa réponse.
S'il n'était pas si arrogant, cette soirée aurait possiblement fini ainsi. Si mads n'était pas venu joué les troubles fêtes.

- Et tu aurais continuer de écouter aussi ?!

Mads s'affaire, comme s'il avait toujours ligoté des gens, toisé du regard par un empoisonneur contrarié.  

Un soupir, pour extérioriser son agacement et se calmer. Eamon lui tourne le dos, part explorer l'atelier.
Retrouver la douce folie dans ces affaires allait lui prendre un peu de temps... Ses mains glissent sur les notes, en emportent quelques unes, inspecte et récupère quelques ingrédients qui lui semblent intéressants. Eamon fouille, fait comme chez lui.
Et enfin trouve un flacon familier. Il aura fallu vider des armoires comme un homme pressé et sans aucun respect pour les affaires d'autrui pour les trouver, et prendre du recul pour trouver un recoin de la salle où cacher les produits de valeur semble propice.
Il le lève à hauteur d'yeux, et finalement sourit, oubliant presque qu'il était sur écoute il n'y a même pas vingt minutes.

- Et lui ? Tu comptes le laisser ici pendant que tout brûle ?

Finalement, son attention passe du poison à Mads. Un court silence s'installe, pendant qu'il l'observe, visiblement en train de réfléchir.

- Quel genre de critères doit remplir un fabriquant de poison dans son genre pour te retrouver sur sa route ? Tester sur des moldus ?

C'est tout ?
Comment s'assurer que Mads ne viendra pas brûler son atelier à son tour, en somme.
Le flacon finit sans sa poche, et il observe les autres... Oh, un deuxième ne fait pas de mal.
Une fois son marché fait, il revient vers Mads, à son aise, laisser ses yeux traîner sur les outils de l'atelier, puis sur Marcus, inconscient. Eamon vient doucement attraper son visage pour le tourner légèrement : la table de travail ne l'a pas raté...

- Hm.

Et ce n'est que le début, visiblement.

Mads a toute son attention. Son silence, même.
C'est facile aussi, quand on vient l'agripper par le col. Ce n'est d'ailleurs pas une vision très glorieuse à voir à travers le reflet de ces maudites lunettes... Eamon finit par reprendre son souffle, la surprise une fois passée, et légèrement se détendre. Son ton était clair, le message est passé sans problème.
Bien qu'il ne soit pas entièrement du même avis.
Se savoir écouté à son insu ne lui avait pas plu. Et il l'aurait oublié tout seul, si Mads n'était pas venu enfoncer le clou. Au moins, il s'en souviendra.
Comme du 'bichon'. Bon sang, il l'aimait, ce surnom, pas vrai?

- Compris.

Mais il ne peut pas s'empêcher de sourire. Si le micro glissé dans sa poche ne lui avait pas plus, son sérieux soudain, c'est une agréable surprise. Mise à part le fait qu'il ruine son col dans son poing...
Une surprise qu'il détaille allégrement du regard.

- Je n'attendais pas vraiment de justifications de toute façon.

S'il avait su, il l'aurait provoqué, de l'autre côté du micro, une fois qu'il se serait fait à l'idée.

Finalement Mads le libère.
Eamon réarrange son col alors qu'il s'occupe de sa victime, la réveillant. Il observe la scène du coin de l’œil. Une information ? Puis le tuer, certes, mais là c'est intéressant.
Un sourcil s'arque lorsque qu'il ne vient qu'arroser qu'une partie de.. Oh.
Bon ben rip. À quoi pouvait-il bien s'attendre d'autre ?
Finalement, il relève la tête vers Mads, puis Marcus.
Oh, Eamon resterait bien. Et il prend un moment pour y réfléchir. Sa curiosité pèse lourd dans la balance, surtout quand le détective s'échauffe dès qu'il pose une seule question.

Au final, il s'adosse au mur et hausse les épaules, avant de croiser les bras avec indifférence. Cela lui était déjà arrivé de voir ses poisons prendre effet dans la même pièce, certains clients tenaient à être sûrs de la qualité de la marchandise.

- Sauf si tu tiens à vos retrouvailles, chaton; je ne voudrais pas gâcher un moment  d'intimité... Je peux attendre dehors.

Il pourrait laisser sa curiosité de côté s'il le lui demande. Les informations ont l'air de couter si cher à Mads, et ce serait malvenu de venir gêner une nouvelle fois.
Eamon a de quoi lire en plus, pour patienter.

Il aurait pu s'entendre avec Marcus. Aucun doute là dessus.
Leur passion, et maintenant l'opinion que Mads est un moulin à parole ? Ah, dommage qu'on en arrive là...
Cela le fait sourire néanmoins, railleur.
Sans rater, cela le fait partir dans une tirade sur son état de fatigue et de frustration. Pauvre chaton. Un job mal choisi, peut-être. La politique lui irait mieux. Parler, beaucoup, souvent pour ne rien dire; cela semblait presque être une bonne reconversion pour Mads.

Un décompte démarre.
Eamon se redresse, se préparant finalement à un peu d'action. Là, le détective a toute son attention. Marcus craque, et lui peut reprendre son souffle.
Fausse alerte, le décompte continue.
Que d'aventures !
Une description finit par tomber, celle d'une femme impossible à manquer. Chaque détail hurle qu'elle sort du lot, et en accumuler trois, c'est vraiment que le destin s'est acharné sur elle.
Eamon croise les bras, n'ayant aucune idée de qui il peut bien parler, suivant distraitement Mads du regard, qui laisse Marcus pour préparer son atelier. Le transformer en feu de joie. Et pas le droit de poser des questions non plus, sous peine de retrouver son col froissé une fois de plus. ..
Il le tire.
Le laissant aussi confus que sa victime.
Se posant les mêmes questions qu'elle.

Comme gentiment demandé, Eamon se détache de son mur, laisse ses bras pendre à nouveau le long de son corps et se déplace vers la sortie tranquillement.
Un coup de baguette, et déjà il ressent la chaleur dans son dos, alors que la pauvre victime hurle. Le travail de toute une vie, perdue. Si c'était lui, sur cette chaise... Les jours de Mads seraient comptés. Le laisser survivre, dans ce genre de situation, ne ferait que lui donner une raison de se surpasser, et rendre ses derniers instants spectaculaires.
Au lieu de cela, Eamon est complice du grand bavard. Et s'il est tout aussi arrogant que lui, aussi vindicatif... Lui aussi allait morfler.

Un bras entoure ses épaules, le tirant de ses pensées. Eamon se laisse entraîner dehors, avant de laisser un sourire légèrement étirer ses lèvres.
C'est mieux comme ça.

- Bon sang, qu'est-ce que tu aboies...

Mais il ne mord pas.
Au final, c'est lui le bichon de la paire.
Toutes ces menaces en l'air, pour mieux lui laisser l'occasion de s'en prendre à lui. Cela aurait été simple de le laisser dans les flammes, mais non.
Un chic type, qui va sûrement le regretter.

Mads semble avoir une idée de qui est la dame en question. Ah, Mads, tu forces. À amener le sujet toi même, c'est provoquer n'importe qui à demander des détails. Mais tant pis. Visiblement, moins on lui porte d'attention et mieux cela se passe. Alors il fait mine de ne pas relever.
Mon cher.
Un début de rire lui échappe, et tait le reste dans un sourire à peine retenu, avant de venir le regarder du coin de l’œil.
Récompense.
Voilà qui vient éveiller son regard. Une deuxième récompense ? Quel élan de générosité ! Une idée lui vient bien à l'esprit, qui guide ses yeux sur ses lèvres avec plus de malice. Il hausse les épaules, avant que sa main vienne glisser sur le dos de Mads, en profite pour en deviner la surface. Un nouveau sourire, léger, satisfait, et finalement sa main se pose là, et il peut venir chercher son regard, derrière ces lunettes.
Oh, les lui retirer. Ca, ce serait un bon début.

- Hm. Entre autre, oui.

Et un détail lui revient.
Oh.
Pourquoi pas. Les deux iraient bien ensemble, même.

- Un bon vin, aussi ? Pour te réconforter après journée de travail éprouvante.

Soirée de travail, surtout. Mais eh.
Ce ne sont pas les mijotos d'un pub miteux qui allaient les satisfaire gastronomiquement parlant.

Agréablement surprenant, qu'il ose dire.
Lui n'est absolument pas surpris, ou s'il devait l'être ce serait parce que Mads met un sacré temps à le découvrir. De légères tapes dans son dos, comme pour féliciter cette découverte tardive.
Qu'il regrette, quand son langage fleuri lui revient.
Un soupir, et son regard vient chercher son air satisfait du coin de l'oeil.


Oh, si seulement cet argument pouvait l'empêcher d'en parler ainsi, et de le remettre sur le tapis... Bien que, oui, Eamon a bien dû flatter l'égo de la pauvre victime. Il n'aurait pas fait appel à lui s'il ne mentait pas si bien.

Puis à nouveau, Mads qui a toute son attention.
L'endroit parfait, dit-il.
L'empoisonneur le détaille du regard, jugeant ces propos avec méfiances; il ne voudrait pas continuer sa soirée dans le même genre de pub que tout à l'heure. Quel budget un détective pouvait-il mettre dans un restaurant ?
Allait-il payer, ou faudra-t-il l'enivrer pour fuir l'addition ?


Un moment pour méditer à sa définition de parfait, puis un léger sourire.
Pourquoi ne pas se laisser surprendre ? Peut-être que ce rustre avait, en fait, de très bons gouts. Qu'il a des contacts également dans la restauration et qu'il allait conclure cette soirée avec brio !
Mais Eamon se permet d'en douter suffisemment pour ne pas finir déçu.


Si peu de torture, au final.
Qui l'eut cru. Mads Kovačić, grande gueule au grand coeur, derrière cette vulgarité et le manque de tact.

Oh, devoir s'accrocher à Mads ! Tâche pénible qu'Eamon s'empresse de faire, lui adressant un bref regard amusé.
Le paysage se tord, les boyaux aussi -toujours le moyen de transport le plus insupportable...- et les voilà dans des rues qu'il ne reconnait pas.

Yeux levés au ciel dans un léger soupir, lui même terminé en sourire discret. Mads, toujours à s'écouter parler pour n'importe quel sujet. Savoir où chercher... Lui n'a pas le temps, la bonne nourriture, il la fait.

- Tu m'en diras tant !

Une introduction, sûrement, au restaurant où il l'emmène. Eamon ralentit le pas, le temps de jauger la façade, comme s'il cherchait de quoi critiquer pour plus tard. C'est vrai, cet endroit ne paie pas de mine. Rien de particulier ne lui donnait envie d'entrer... Mais Mads a l'air sûr de lui. Et s'il se trompe, ce sera d'autant plus divertissant. Oh, l'empoisonneur ne le lâcherait pas avec !
Arrive la serveuse, qui reçoit le même genre de regard, puis Mads.
Un régulier ? Supporte-t-elle vraiment sa drague médiocre à l'accueillir chaleureusement ainsi ?
En voilà, un mystère...
Qui s'épaissit lorsqu'ils furent installé à l'écart des autres clients, à la limite d'une salle rien que pour eux. Eamon ne peut s'empêcher d'observer la pièce avant de s'asseoir, incapable de comprendre comment ce type en particulier s'infiltre n'importe où.

- Comment fais-tu ?

Mads qui meurt d'envie de parler d'avantage.
Eamon bien trop curieux que pour l'empêcher d'en dire plus, quitte à le regretter après. Il suffit de le demander gentiment...
Clairement, le point fort de son invité. Si c'est ce qu'il souhaite, alors...
Eamon croise les bras sur la table et se penche légèrement vers lui, à lui offrir un de ces sourires doucereux.

- Oh ! Mads, tu fais tant de mystères... Je meurs d'envie que tu me racontes !

À peine forcé, son air à peine railleur.
La serveuse arrive, et Eamon est privé de menu. Son sourire s'efface doucement; s'il commande la même chose, venait il toujours accompagné ?

- Moi, rattraper le coup ? C'est à toi de me donner des raisons de te faire confiance... Mais oui. Je me disais que tu ne pourrais m'emmener qu'à un restaurant à la hauteur de ton langage.

Et hop, c'est gratuit.
Pour toutes ces remarques graveleuses, passées, présentes et futures !
Il revient s'adosser correctement à son siège, profitant de ses yeux enfin dévoilés.

- Mais je ne doute pas que tu puisses encore me surprendre...

Retour à l'envoyeur, tout simplement.