L'année se termine, en douceur – peut-être pour Freya. Mais elle n'a pas hâte de rentrer chez elle, à l'allée des Embrumes.
Son bourreau de père l'attend, mais elle use de ruse pour qu'il ne la remarque pas.
Ses études sont bien trop précieuses. Poudlard est sa véritable maison – un château de savoir où elle se sent en sécurité.

Pourtant, Freya voit ses aînés s'en aller après leurs études, continuer leurs vies, au fur et à mesure.
Elle garde son sourire figée de poupée, mais elle aimerait juste pleurer à chaque au revoir. Difficile de dire ces deux mots, aux personnes précieuses qui s'en vont, et qui – peut-être – ne la reverront plus. Alors, elles emportent avec elles, leurs plus grands secrets…

C'est insupportable pour elle ; c'est trop dur pour une curieuse comme elle.

La valise est prête, mais Freya n'est pas prête de s'en aller.
Surtout qu'elle attend-là, tout en haut – elle se sent si puissante, malgré tout ce qu'elle a traversé.

Puis son amie arrive enfin.
La voix de Fallen la réconforte tellement. Contrairement aux autres, elle veut prendre le temps de lui parler. Quelle chance d'être sa confidente.
Les cheveux roux de Freya danse dans les airs ; elle regarde son aînée dont elle a toujours apprécié la compagnie.
Au point de se rendre compte de certaines choses.
Au point d'en deviner son secret…

Freya remet en place sa robe et sa cravate bleue. Elle est prête à écouter.

— Je suis toute ouïe, Fallen.

Elle s'avance enfin vers son interlocutrice pour briser la distance entre elles, lentement.
Elle rapproche son visage de poupée vers elle – tout le monde sait que dans le fond, c'est une poupée cassée.
Fallen pourrait y découvrir de belles fissures…

Ô qu’elle est tendre Fallen avec Freya.
Est-ce qu’elle mérite autant ?
Apparemment, oui. Elle semble bien la comprendre, bien distinguer ce que cache ce sourire de marbre. Ce faux sourire toujours arqué sur ses lèvres. C’est rassurant pour l’élève de Serdaigle. Son aînée est capable de voir en elle, quelque chose de beau – alors que petit à petit, se forme toute la pourriture.

Maintenant que son amie va se confier, Freya écoute comme elle l’a promis. Elle hoche sa tête à ses premières paroles. Bien sûr qu’elle n’a jamais eu de petits-amis, de toute façon, ce serait se forcer, non ?
Rien qu’en entendant cela, la poupée comprend où elle veut en venir. Mais ce qu’elle ne comprend pas c’est en quoi cela est une révélation ?
Fallen se lit comme un livre, pas besoin d’être legilimens pour se douter de cela. Peut-être parce que Freya est un peu comme elle ; d’une autre façon, certes, mais elle peut le ressentir un peu – comme de la compassion.

Mais quand elle révèle son secret, il y a comme une gêne dissimulée. Même si elle a eu le courage de le dire, Freya ne comprend pas pourquoi il faut y prêter tant d’attention.

— Ah oui. C’est vrai.

Elle le dit comme une évidence.
Freya fait mine de réfléchir avec son air traditionnellement sage.

— Je me demandais si tu comptais me le cacher encore. Mais je suis contente de savoir que j’ai eu raison sur ce point.

Et ce visage faussement calme pourrait – sans l’emprise de la malédiction – juste montrer une expression des plus amusantes. Pas qu’elle se moquerait de son amie, bien sûr que non, juste qu’elle se sentirait fière d’avoir deviné depuis un bon moment déjà.

— Et donc… Tu as honte ?

Freya ne comprend pas tellement la honte qu’on peut ressentir.
Peu importe les attirances, les préférences, les désirs des uns et des autres.
Peu importe tout cela, tant qu’on peut vivre avec – peut-être que Fallen a dû mal à vivre avec ce secret ?

Freya observe et devine ; sa curiosité lui donne la mauvaise habitude de se rendre compte de certaines choses. Mais heureusement pour Fallen, Freya ne le criera pas sur tous les toîts.
À moins que…

Une idée, aussi tordue qu’elle, lui traverse l’esprit.

Cette information-là pourrait lui être utile un jour pour la faire chanter. Elle deviendra ainsi, l’une de ses plus fidèles – une nouvelle pièce à son échiquier géant pour ne pas se sentir seule. Tout dépendra de comment elle pourrait le prendre. Garder cela secret revient donc à en avoir honte, ou bien, à se protéger d’un entourage trop étroit d’esprit.

Et effectivement, sa famille ne voit pas cela d’un bon œil. Normale qu’elle soit si troublée. Un jour peut-être, le monde entier cessera de s’attarder à des choses si intimes.

— Il suffit de regarder tes yeux. Surtout tes pupilles, lorsqu’elles se dilatent.

Ce n’est qu’un léger détail, mais suffisant pour qu’elle puisse comprendre. Lorsqu’une personne observe quelque chose qui lui plait, les yeux expriment énormément d’émotion.
C’est pour cela qu’elle ferme peu les paupières, en ayant l’espoir que quelqu’un puisse comprendre ses véritables sentiments.

— Un jour, tu finiras par accepter et ce jour-là tu n’auras plus peur de le dire.

Elle voudrait prendre exemple sur elle avec sa malédiction, mais ce n’est pas comparable. Parler d’elle-même et de ses attirances ne semblent pas être pertinent non plus. En fait, Freya voudrait juste servir de confidente, pour une fois, sans forcément se servir de ses expériences comme moyen de consolation.

— Il faut du temps pour tout.

Et elle le sait si bien.

HRP : je suis impardonnable pour ce temps de réponse, DESOLEE !!