Il espérait une journée tranquille. (Il devrait arrêter de croire aux utopies)
Les chevilles croisées, il observe d’un œil attendrie les allées et venues des sorciers - attendant son rendez-vous qui semble tarder. Vingt et une heure trente deux. Les deux sont de trop dans le décompte, aussi Betsalel vient lisser sa moustache du bout de ses doigts, cherchant à apaiser les piqûres nerveuses qui courent le long de sa colonne vertébrale. Depuis la dernière fois, dans les allées des embrumes, il ne touche plus à l’alcool, s’abstient d’excès qui pourrait le mener à des idées trop noires ou des solutions précoces. Il grimace, lorsqu’un gamin passe trop prêt, adresse un regard compatissant à la mère débordée. Il avait oublié l’agitation des fêtes, lui qui ne s’adonnait à rien d’autre que le travail et la recherche.

Cinq nouvelles minutes passent. Perdu dans la contemplation de son livre, betsalel ne réagit pas immédiatement lorsqu'un s’assoit à sa table. Des mots hébraïques s’échappent d’entre les lèvres serrées et la fureur éclate finalement après une discussion houleuse. Ce n’est pas ce que nous avions convenu La mâchoire de Betsalel est tenue, alors qu’il récupère son livre pour le fourrer dans sa poche. Son rendez-vous, un homme de la cinquantaine au nez tordu grogne et se redresse, lève son doigt menaçant. Partez d’ici, c’est hors de question.

La cassure de la voix est un indice de la rage qui s’éveille, du sang qui bat le long des tempes - et soudain, Betsalel se relève, renverse la table en évitant la droite qui lui est destinée. La baguette n’a pas le temps d’être saisi que la douleur explose le long du cartilage et dans un grognement, il vient mettre sa main pour bloquer l’écoulement de sang. Putain.