Tu observes avec un brin de tendresse la boule de poils qui se colle contre la veste que Dorothy porte, y devinant une odeur qui devait lui être familière. Et toi, tu dois l’avouer, tu étais un brin amusé. Cette petite course t’avait bien plu, bien que tu n’en dirais rien. Tu aimes courir et te dépenser, après tout, alors ça te ne te gênait pas vraiment. Tu ris d’ailleurs à ses remerciements.

Y’a pas de quoi ! C’était pas grand chose.

Par ailleurs, tu ne penses même pas à lui demander un pourboire pour l’occasion. Ce n’est vraiment pas ton genre - non, toi tu es trop simplet pour ça. Peut-être un peu trop candide. Tu t’attends même à devoir repartir vers ta moto de ce pas - bien que tu t’assurerais qu’elle rentre se mettre au chaud avant quoi que ça soit. Tu ne veux pas qu’elle choppe froid. Sa proposition t’étonne donc, sans surprise, alors que tu clignes des yeux.

Oh- Vous êtes sûre ? Je veux pas vous déranger, c’est pas très grave…

Quoi que, après un regard vers ta moto, ce n’était peut-être pas la meilleure idée d’aller conduire avec des douleurs aux mains, de nuit, dans le froid et la neige. Hmm. Puis tu ris, à nouveau. Tu ris beaucoup. Facilement. Pourtant c’est toujours sincère. Et solaire.

Certes ! J’accepte avec joie, alors.

Tu entres donc, sans trop te formaliser même si ça fait bizarre d’être accueilli par quelqu’un d’autre qu’Argus. Si avec lui tu avais réussi à te sentir rapidement chez toi, tu ne savais plus ou te mettre désormais et tu te sentais un peu bête. Alors tu restes là, avec tes mains et ton nez égratignés à regarder autour de toi comme si c’était la première fois que tu entrais. Tu regardes la belette qui s’échappe et les menaces qui sortent de ce petit bout de femme au caractère visiblement bien trempé. Ca te fait sourire. Elle a l’air formidable. A sa question, tu notes qu’elle n’a pas retenu ton nom et ça te fait esquisser un sourire amusé. Faut dire que tu n’es qu’un livreur de pizza pas vraiment mémorable.

Sol. Sol Moriarty. Enchanté.

Etonnamment poli - comme tout le reste, tu ne le portes pas vraiment sur toi. Mais tu es un bon petit garçon. Juste un gars qui essaye d’exister ici-bas en profitant du meilleur de ce que la vie a. Tu ponctues d’ailleurs rapidement.

Et vous pouvez me tutoyer. Ca fait bizarre qu’on me vouvoie, honnêtement.

Petit rire gêné à la suite.
Tu oses ensuite, le regard innocent, dénué de toute malice. Pas comme si tu en étais capable, honnêtement.

Je me permets, du coup, mais vous êtes une amie de ‘Gus aussi ? Il a mentionné une colocation, z’en faites partie ?

Et tu parles, tu parles, ça se sent que tu as trop d’énergie. Tu tentes de te reprendre, d’ailleurs, te mettant à passer d’un pied à l’autre comme si, si tu ne déblatérais rien, il fallait que ça soit ton corps qui compense le manque d’activité.

Pardon, c’est p’t’être pas mes affaires…

Après tout, c’est toi qui te tapes l’incruste.
Mais c’est plus fort que toi ! Tu es curieux. Par nature, et aussi parce que ça concerne ‘Gus. Ca fait tellement longtemps que vous êtes séparés, tu te doutes que son monde a dû s’élargir. Et toi qui viens tout juste d’y revenir, tu es un peu déboussolé. Alors tu cherches tes repères.
Un peu maladroit.
Mais plein de bonne volonté.

Elle t’appellera par ton prénom. Bien. Avec du tutoiement. Encore mieux. Même si, toi, de ton côté, tu as aussi du mal à laisser tomber les formalités - après tout, si elle est proche de ‘Gus tu lui dois le respect… Et on t’a toujours appris à vouvoyer les gens. C’est plus fort que toi.

Oui, non, c’est compliqué.
Tu retiens difficilement un rire à la réponse peu claire, le soufflant simplement, restant discret. Comme tu y es invité, tu t’assois sur le canapé, te retenant de ramener tes jambes en tailleur par habitude. A la place, l’une de tes jambes se met à sautiller sans que tu ne sembles y faire attention.

Aaaah. Je vois le genre, oui.

Tu souris. Tu es sûr que ça ne doit pas gêner plus que ça, surtout si ça fait longtemps que ça dure ; tu ne peux que deviner, mais ça a l’air d’être le cas tout de même. Assez pour que ça soit une habitude. Ca en dit déjà assez long.

La nourriture c’est le plus important.

Et c’est pas parce que t’es livreur pizza que tu vends les mérites de la nourriture. Juste parce que t’es un gros dalleux et qu’en plus tu adores cuisiner. La bouffe, y’a que ça de vrai. La sensation de la potion sur ta peau n’est pas la plus agréable, ça te fait un peu froncer les sourcils mais tu connais bien pire. Entre les bagarres, les rabibochements maisons et le reste… C’est pas ça qui allait te faire bien mal, en toute honnêteté.

La meilleure amie de ‘Gus.
Tu entrouvres légèrement les lèvres à la révélation, comme un petit gasp sous la surprise. Sa meilleure amie ! C’est pas n’importe qui ! D’un coup, tu te sens encore plus heureux de lui parler. Et tu ris, toujours, les épaules légèrement secouées par la chose.

On se connaît depuis nos débuts à Poudlard, c’est vrai.

Enfin, même si tu t’étais pointé comme une fleur en seconde année.

Mais on s’est perdus de vue pendant un sacré moment, on vient tout juste de se retrouver, donc au final vous le connaissez sûrement depuis plus longtemps. Qui sait.

A tes yeux, c’est pas bien important.
C’est pas une compétition.
Et puis, parfois… Les amitiés, ça pouvait être bizarre. On pouvait avoir une hiérarchie bien établie puis rencontrer quelqu’un qui chamboule tout et qui devient notre personne préférée au bout de deux mois. C’est compliqué, des fois. Mais c’était comme ça. Et tant que Gus était heureux, c’était tout ce qui comptait pour toi.

Tu baisses les yeux sur tes mains, observant les traces qui disparaissent sur ta peau, tirant à peine la langue.

Ca pique un peu, mais je vais survivre. J’ai l’habitude.

A nouveau, tu ris doucement.

Je me ferai jamais à voir ce genre de choses. ‘Fin, c’normal mais c’est tellement cool ?

Les potions c’était un truc que t’aimais particulièrement et dans lequel tu te débrouillais très bien. Après tout, pas besoin de magie pour mélanger des ingrédients. Juste des connaissances. Et si c’était des connaissances, tu en avais à revendre.
Même si tu livrais des pizzas.

Encore merci, c’est sympa d’votre part.

Une légère moue - en parlant de pizza.

Et désolé, j’espère votre repas sera pas froid à cause de moi…

Ca serait le comble !

L’autorisation de tutoyer vient et te prend presque par surprise alors que tu clignes des yeux. C’est toujours aussi bizarre pour toi - tu te fiches des formalités pour ta personne, mais pour les autres ça te vient si facilement et c’est si dur à laisser partir… Mais si elle préfère ça, qui es-tu pour refuser ? Un bref sourire timide se pose sur tes lèvres.

D’accord. Tutoiement ça sera.

Puis un rire franc à son indignation.
C’est vrai que ça ne s’était pas encore fait, mais vous étiez tous les deux occupés - surtout ‘Gus. Ca te ferait plaisir, pourtant. Pour sûr. Si tu pouvais passer du temps avec lui… Et si tu pouvais découvrir un peu l’univers dans lequel il vit désormais, les gens qui l’entourent et qu’il aime… Ouais, t’aimerais voir ce genre de choses. Ca te plairait.

Avec plaisir. J’suis prêt à me mettre aux fourneaux s’il faut. Je cuisine plutôt bien.

Un joli euphémisme.
Tu regardes tes mains désormais débarrassées de toute égratignure avec un peu d’admiration, relevant tes yeux sur ton infirmière improvisée.

Cool, merci pour les soins.

Et tu ris, encore, à son exagération - enfin, tu espères que c’en est une. Elle a l’air trop sympa pour mériter la guillotine. Tu l’observes se lever et ranger tout son matériel alors que ton pied tapote le sol machinalement. Tes yeux vaquent sur la pièce malgré toi, observant des petites trouvailles ici et là.

Toujours ravi de pouvoir empêcher un décès.

Toi tu aimes bien la pizza froide, en vrai.
Mais tu sais que c’est pas le cas de tout le monde.
Puis un sourire à son égard avant de secouer doucement la tête.

T’étais ma dernière commande. Mais je veux pas te déranger et puis si ‘Gus rentre du taffe j’pense qu’il sera crevé, il ferait mieux de se reposer plutôt que je ne squatte. Mais ça serait sympa si tu peux lui dire que j’suis passé, ouais.

Le bien-être de tes amis avant tout.

Merci pour tout, en tous cas. J’pense que j’devrais sûrement rentrer.

Tu te lèves et tu t’étires un coup.
Tu habites à l’autre bout de Londres, aussi, alors la route à faire n’est pas négligeable bien que ça ne te gêne pas le moins du monde puisque ça veut dire que tu peux enfourcher ta moto un peu plus longtemps. Tes mains soignées finissent dans tes poches alors que tu te diriges vers la porte, faisant un petit signe de main à l’hôte de maison.

Bonne soirée à toi ! Et profite bien des pizzas. Au plaisir de te revoir.

Un dernier sourire et un bref salut de la main alors que tu ne t’en vas. Une autre soirée mouvementée, mais celle-là tu ne la regretteras pas.