— Tu auras une réponse dans la semaine. Trois jours, au plus tard.
— Tu as le droit de prendre ton temps, Ginny.

Vraiment ?

— Je te suis reconnaissant de ne pas repousser l'échéance.

C'est normal, non ?
C'est difficile bien sûr mais c'est normal.
Parce que tu es prête à tout pour lui, Iphigenie. Du moins tu te penses capable de tout pour lui, alors au lieu de céder à la panique qui te tord le coeur tu enfouis. Les pensées néfastes que tu sens déborder, les sentiments égoïstes tu remballes tout. Encore encore encore, tu pousses au plus profond de toi tout ça en ignorant les appels à l'aide de ton subconscient épuisé -et à la place des peurs le son de tes talons qui claquent en rythme sur le sol. Tap tap tap tap tap. C'est aussi régulier qu'apaisant, ça te rassure un peu. Juste assez pour t'aider à mieux te concentrer.

— Tu as le droit de prendre ton temps, Ginny.

Vous saviez tous les deux que tu ne pouvais pas te permettre de faire ça, pas vrai ? Trois jours au plus tard n'avait pas été nécessaire finalement, puisque tu étais allé le trouver le jour-même, au soir alors qu'il s'apprêtait sûrement à passer une nouvelle nuit sans sommeil.

— J'ai invité Izar à prendre le thé demain.

Tes doigts pour pousser la porte de la véranda doucement alors que tu y entres, observant un instant la pièce avant de porter ton regard sur lui, Izar. Aussi beau que d'habitude, tu laisses échapper un sourire à cette pensée tout en t'avançant jusqu'à lui. Toi aussi tu t'es apprêtée pour ce rendez-vous. Le maquillage pour camoufler les traits fatigués sans néanmoins trop en faire, tu es venu draper ton corps d'une robe mi-longue rouge en mélange de dentelle et de soie fine avant de relever tes cheveux en arrière pour laisser tes longues mèches onduler le long de ton dos nu.

— Salut Izar.

Porte tes lèvres à ses joues pour le saluer tranquillement.

— Tu vas bien ?
Merci d'être venu.

Tu te retiens, parce que tu sais qu'il n'aurait pas pu refuser. Alors que tu te recules un peu tu laisses échapper un bref soupir pour reprendre contenance. Ça fait à peine une minute que tu es là et la situation est déjà bizarre, c'est n'importe quoi.

— C'est assez gênant.

Petite moue amusée quand les mots sortent, tu essaies de détendre un peu l'atmosphère alors que Grenat arrive avec quelques rafraîchissements. Tu la remercies avant de te laisser tomber dans ton fauteuil sans grande finesse et te saisir de ton verre dans l'idée d'occuper tes mains.

— Fais comme chez toi Izar, d'accord ? Je suis contente de te voir aujourd'hui.


HRP // Les outfits pour faire rêver un peu.

Spoiler:

Et toi ?

Un sourire pour esquiver la question, c'est devenu une habitude de ne jamais vraiment répondre. La plupart du temps c'était pour esquiver les mauvaises intentions et recentrer les conversations. Cette fois c'était simplement pour ne pas lui miner le moral dès le début en lui disant que non, ça ne va pas. Tu laisses échapper un petit rire en écho au sien alors qu'il te suit en essayant de vous détendre un peu tous les deux avant de te laisser tomber dans ton siège.

— T'as raison.

Tu imagines que de toute façon, à présent que tu as accepté le marché tu n'as plus vraiment le choix. Le regard un peu vague, tu l'observes prendre une gorgée de sa boisson tout en continuant de jouer distraitement avec ton verre. Il est content que tu ailles bien qu'il dit, et tu ne doutes pas une seconde que ce soit sincère. S'il savait Izar, à quel point tu lui mens si bien.

Lui offre un nouveau sourire avant de prendre à ton tour une gorgée de thé.

— Merci.

Ce n'est pas l'envie qui manque de lui retourner ses mots, parce que tu le penses sincèrement, mais tu ne veux pas vous enterrer sous une tonne de banalités inutiles. Alors tu hésites un peu, prends le temps de réfléchir un instant.

— Hm..

De rassembler ton courage surtout, avant de reprendre, le ton doux mais tout de même plus assuré. Vos regards dans le creux de l'autre, tu ne dévieras pas cette fois.

— Tu sais pourquoi je t'ai invité, pas vrai ?

T'as un rictus qui s'étire au coin des lèvres, tu essaies de paraître naturelle et détachée mais dans ce genre de situation c'est plutôt compliqué. Tu n'aurais jamais cru ça si difficile pourtant.

— Jasper m'a parlé de votre rencontre de l'autre jour. Des.. Fiançailles. Il m'a vanté tes mérites, je crois qu'il t'aime bien.

Laisse s'échapper un léger rire avant de reprendre une gorgée de thé.

— Est-ce que tu es à l'aise avec ça ?

Parce que toi pas du tout. Tu détournes ton regard pour le poser sur ta tasse que tu tritures depuis le début. Il faut que tu lui dises, Iphi. Pas vrai ? Il faut crever l'abcès maintenant avant qu'il ne soit trop tard.

— Je sais que tu as des sentiments pour moi, Izar.

Relève tes yeux pour les plonger dans les siens.
Tu sais que je n'en ai pas pour toi.
C'est pas facile à dire.

Il semble totalement déboussolé.
Alors tu décides de porter jusqu'au bout le poids de vos aveux sans plus détourner les yeux. C'est difficile mais il le faut, pas vrai ? Pour vous permettre d'avancer, à toi, à lui.
Tous les deux ensembles.

Je sais que tu ne seras pas nécessairement heureuse à mes côtés.
C'est vrai.

Tu ne peux pas mentir, hein ?
Tu ne peux pas détourner les yeux non plus. Alors tu te contentes de le regarder, le sourire un peu triste et la façade qui s'effrite. Tu ne le prends pas en pitié mais tu dois bien avouer que cette situation te déplaît. Izar est bien l'un des rares que tu t'étais promis de ne jamais blesser.

Et pourtant vous voilà.
Embarqués tous les deux dans cette putain de mascarade.

Tout en ignorant la colère qui gronde en toi, tu vas pour porter la tasse à tes lèvres. Te stoppe néanmoins en chemin alors que pour la première fois les mots sont prononcés. Je t'aime. Ce n'est pas vraiment douloureux -mais bien loin d'être heureux. Je t'aime. La seule chose que tu puisses lui répondre c'est que t'en es désolée. Laisse à la place un silence s'échapper, durant lequel tu ne bois finalement pas et repose la tasse sur tes genoux.

— Tu ne m'imposes rien, Izar.

Lui ne t'a jamais rien imposé,
L'inverse n'est cependant pas tout à fait vrai.

Tu soupires, fatiguée.

— Tu sais, j'ai longtemps pensé rencontrer quelqu'un dont je tomberai amoureuse et qui m'aimerait lui aussi en retour, qu'on se marierait quelque soit son sang et qu'on serait simplement heureux. Si j'ai si hargneusement rejeté nos fiançailles c'est parce que j'avais l'espoir que tu puisses avoir droit à ce bonheur toi aussi, c'est tout ce que j'ai toujours souhaité pour toi, Izar.

Sincèrement, tu pensais bien faire pas vrai ?
Et puis en grandissant tu as réalisé qu'il n'y avait finalement pas de bonne façon de faire -peut-être moins de bonheur encore même.

— Est-ce que tu es capable de supporter le fait que je ne t'aimerai moi peut-être jamais ?

Même si t'as juré en silence d'essayer.

Après tout tu es si intelligente et sensible dans un sens, c’est logique. Ce n'est pas vrai. Si tu étais sensible, Iphi, tu continuerais de refuser ces fiançailles et tu ne le ferais pas pour toi mais bien pour lui. Si tu étais vraiment sensible tu ne le laisserais pas dire tout ça, tu ne lui poserais même pas la question de savoir s'il est capable de supporter toute une vie en prison. Les barreaux seront d'or bien sûr qu'est-ce une éternité coincé dans un amour à sens unique ? Tu ne veux même pas penser à tout ce qu'il devra endurer -préfère te concentrer sur les efforts que tu devras faire toi pour ne pas tout faire foirer encore, que ce soit avec Jasper ou entre vous.

Oui, Iphigenie.
Le sérieux dans le bleu te ses yeux te fait redresser légèrement le dos, tu n'as pas souvenir de leur avoir déjà connu pareil éclat même à Poudlard. C'est surprenant mais pas si désagréable finalement. Cependant l'amertume te prend un peu alors qu'il parle de soulager tes peines du poids de son nom, t'aimerais lui dire que tu n'es pas certaine que tout s'arrange réellement -que tu ne veux pas abandonner Jasper et que tu as le sentiment qu'il te rejette en faisant ça, mais à la place c'est un sourire (un peu crispé tout de même) qui se dessine à tes lèvres.

Pour le remercier.
Parce qu'il mérite qu'on le remercie, Izar.

— Tu espères mon bonheur au prix du tien Izar, est-ce que tu t'en rends au moins compte ?

La question est sortie toute seule, un peu trop sèche.
Tu soupires.

— Désolée.. Je ne voulais pas que ça sonne aussi moralisateur.

Tu bois quelques gorgées de ton thé tranquillement, levant ton regard pour le poser sur lui quand il te demande ce que tu as en tête.

— En tête ? Euh.

Tu n'es pas sûre d'en saisir le sens, même si tu penses en avoir une petite idée.

— On pourrait simplement se laisser porter ? Y aller à notre rythme tu sais.

Enfin, sûrement au tien surtout.

— Je n'ai pas l'intention de reculer, j'ai fais une promesse à Jasper que je ne veux pas briser. Mais... Si on va trop vite toi et moi on va droit dans le mur pas vrai ? Je refuse de te faire plus de mal que je ne t'en fais déjà actuellement.

Tu as surtout bien trop peur de t'engager, mais tu profites d'avoir un peu de répit à présent que tu as dit oui. Tu reprends quelques gorgées de thé.

— Ça te dit de venir faire un tour en ville avec moi ?

Sans préciser comme des amis, parce que ce n'est plus totalement ce que vous êtes, pas vrai ?