Atlas Priest a cette odeur de mort que tu reconnaîtrais entre mille même après toutes ces années. Différente de celle de son frère, plus prenante et persistante, piquante. De celles qui prennent au nez à des mètres à la ronde, de celles qu'on sent de loin. Tes pas qui s'arrêtent au beau milieu du chemin, tu te laisses bousculer par les quelques sorciers mécontents qui passent par là en rouspétant alors que tu ne te tiens qu'à un virage du club. Le geste hésitant, panique au bout des doigts, la rage au bord des yeux. Dents serrées, t'es crispé, Hermès. Excité, sans l'avouer. Apeuré, aussi.

Tu ne sais pas précisément où il se trouve mais tu imagines sans mal qu'il ait pu prendre ses aises à l'intérieur du club comme le rat qu'il est. Intrusif, invasif. Une vraie plaie que tu te sais encore incapable d'éradiquer. Atlas Priest. Increvable.

— Increvable ta mère putain. C'est quoi ces conneries encore.

Le coeur pour reprendre la place de ta raison, tu laisses parler ta colère alors que tu décides de te jeter dans la gueule du loup. Tu tiens à ce boulot, et tu sais que ton boss est intransigeant sur les horaires. Si t'y vas pas t'es viré, si t'y vas t'es mort, c'est ça l'idée ? Le choix est vite fait alors, t'emmerdes la mort et tu serais même plutôt content qu'elle essaie de venir te cueillir. Ce ne serait pas la première fois, pas vrai ? Et pourtant t'es encore là.

Tu passes par l'entrée de service rapidement, sur tes gardes toujours alors que tu déposes tes affaires au vestiaire pour finalement entrer dans la salle. Il est ici. Tes iris qui se posent en premier lieu sur Cain derrière le bar alors que tu lui adresses un signe de tête poli avant de te détourner vivement pour reporter ton attention au centre.

— Putain mais quel clébard.

Marmonnes à toi-même encore tandis que tu t'avances. Tu peux pas le mettre dehors sans raison mais quand il ouvre la bouche pour t'interpeller t'es intimement persuadé qu'il va t'en fournir une plus vite que tu ne l'espérais. Avant que tu l'encadres ce serait bien. Contrôle-toi Hermès. Tu peux pas perdre ce job tu sais ? Alors respire. Respire putain.

Ton regard passe de lui à sa baguette qui te menace discrètement. Respire Hermès. Desserres les poings. Il a toujours ce même sourire horripilant. Quoique celui-ci semble plus glaçant encore qu'il ne l'était à l'époque. Alors quoi, il torture deux bouffons et il se sent plus pisser ? Mais quelle sombre merde. T'enrage Hermès. En silence. Mine de rien.

— Sale merde.

Sans un mot de plus tu tires la chaise en face de lui pour t'y assoir. Légèrement écarté de la table, t'as le dos droit et les bras croisés contre ta poitrine. Tu te fais imposant et menaçant, sûrement plus que d'habitude pour dissuader quiconque ne soit pas ton patron de venir vous déranger.

Un mot de travers et tu l'écharpes.

Hermès, je me trompe ?
À peine une phrase et t'as déjà envie de lui arracher les yeux, c'est infernal. Et vous êtes censés tenir cette connerie combien de temps déjà ? Parce qu'il ne fera rien ici, Atlas, tu le sais. Il faut sauver les apparences, pas vrai ? Salir le nom des Priest en commettant une erreur aussi grossière que celle de te faire la peau à la vue de tous ce n'est pas son genre. Plus le tien, mais t'as un job à garder alors tu feras l'effort toi aussi.

— Bravo, on pourrait presque croire que t'es pas con.

Les iris à sa manche où pointe sa baguette, tu les relèves pour lui lancer un regard noir et méprisant sans prendre la peine de plus lui répondre. Tire une chaise pour t'asseoir, bras croisés, l'air plus furieux que d'habitude. Son sourire te donne des frissons et étrangement, ça finit par en étirer un à tes lèvres. Léger et discret, pourtant tout aussi carnassier. Tu vas le bouffer Hermès. Lui faire la peau comme il mérite à cet enfoiré de merde.

— N'essaie même pas.
— Essayer quoi ? De t'arracher la jugulaire ?

Tu hausses les sourcils, exagérément perplexe après son soupir.

— J'ai pas peur de toi.

La vérité c'est que t'es terrifié.
La vérité c'est que t'as la rage, aussi.
Tellement qu'elle prend le dessus sur la paralysie de tes membres affolés -ça équilibre la balance, en quelques sortes.

Lorsqu'il reprend la parole t'as un début de mouvement du bras, l'envie de lui foutre ton poing dans la gueule et beaucoup trop grande et t'es pas certain de savoir comment t'as réussi à t'arrêter. C'était infime mais tu sais qu'il l'a perçu, qu'il en sourit même, de ce sourire que t'as envie d'arracher avec sa tête. Putain de merde.

Respire.
Inspire, expire.
C'est pas aujourd'hui qu'tu crèveras Hermès, et ça te rend sûrement un peu plus confiant. Ça te permet d'y croire encore, pas vrai ? De retrouver un peu de contenance pour lui répondre, provocant. (bien sûr que tu cherches la merde c'est pour ça que vous êtes là)

— Trop longtemps ? Sourire moqueur qui s'étire. Ça fait 8 ans, c'est plutôt long t'crois pas ? Avoue que t'en as marre d'échouer à buter ton frère et que c'est pour ça que t'es là. T'as bien vécu sa fuite dis-moi ? Leur, s'cuse moi. C'est encore pire en fait.

Rien que d'imaginer la tête qu'il a pu faire te met presque de bonne humeur.

— Si t'étais vraiment un si bon chasseur, on serait tous les deux morts ce soir-là, Priest. J'ai pas raison ?

C'est beau de prétendre qu'il dit.
C'est rassurant, surtout.

Ça te permet de rester fort et fier, concentré. D'oublier les incertitudes et les peurs, toutes les peurs. Mais il n'y croit pas, Atlas. Lui il a apprit à voir à travers ce genre de mascarade parce que ce sont des masques qu'il brise tous les jours. Parce qu'il sait l'impact que sa famille a eu sur toi. Que lui, a eu sur toi. Parce qu'il connaît tes faiblesses -Rana qu'il mentionne à peine et te voilà déjà debout. Pas très bruyant mais diablement imposant, le regard enragé qui se pose dans le sien quand le plat de tes mains claque la table.

— La ferme.

La voix qui tremble de ne pas pouvoir hurler, le corps qui se crispe sous la tension soudaine que ces seules paroles ont crées. Tu veux qu'il se taise mais il continue. Encore encore encore encore. Et tu revois les corps calcinés de tes parents, de ton clan. Celui de ta sœur.

Ils les avaient tous tués.

— La ferme putain.

Tes poings qui se serrent alors que tu grondes, animal prêt à lui sauter à la gorge à la moindre occasion. Retiens-toi. Respire putain respire Hermès. Tu vas vraiment te laisser avoir par ce connard ?

Hermès Hermès Hermès...
Tu viens brutalement saisir son poignet entre tes doigts, maintiens au passage sa baguette pour le gêner s'il venait à l'utiliser et rapproche inconsciemment ton buste. Et tu serres, Hermès. Tu serres à lui en briser les os. T'es pas si loin, tu pourrais -comme au bon vieux temps. Lueur sauvage dans le regard alors que tu t'adresses à lui après qu'il ait finit de raconter sa merde. T'as rien écouté, tu t'en branles parce que t'essaies encore de retenir les dernières bribes de bon sens qu'il te reste.

Faut croire que t'as pas tant changé finalement.

— Tu crois faire quoi là hein ? Tu t'crois supérieur mais la vérité c'est qu't'es rien d'autre qu'un putain de microbe Priest tu l'sais ça ?

Ses doigts pour serrer plus fort ton poignet, il empoigne ta gorge de son autre main et serre à son tour, sans pour autant t'étouffer. T'as la voix qui tremble de rage alors que t'es sur le point de tout lâcher pour réellement lui sauter à la gorge.

— Maintenant va falloir dégager, putain d'enculé.

Pas ici pas ici pas ici partout mais pas ici.
Tu vas le tuer.
Tu le veux.
Il le faut.

Mais pas ici.
Partout mais PAS ICI PUTAIN !

Non on ne discute pas. Tous ses mots ne visent que ta perte de contrôle et tu as conscience qu'il n'est pas bien loin d'une victoire totale à nouveau. Parce qu'il a raison, Atlas. T'es terrifié. Et si ça ne se voit pas dans tes yeux emplis de rage, ça se sent dans la façon que tu as de serrer tes poings autour de sa peau. Dans les mots que tu emploies. T'as peur de ce qu'il arriverait si tu décidais de lui éclater la tête, là maintenant.

Ton regard pour suivre le sien alors qu'il mentionne Cain au bar. Elle vous regarde et tu n'as aucune idée de comment l'interpréter. Trop confus pour comprendre que t'es déjà mort, tu serres un peu plus fort les prises que tu as sur lui en lui ordonnant de dégager.

Mais il ne tremble pas, Atlas.

Se lève à ta hauteur, brave tes doigts qui se serrent encore -déboîtent à peine son poignet, juste assez sûrement pour le faire tiquer. Il s'approche, vipère à ton corps qui s'accroche, la voix glacée de miel du monstre qui se dévoile et provoque. Encore. Tu laisses échapper un ricanement amer alors que tu le lâches brusquement pour le pousser en arrière. Tant pis pour la discrétion, c'est trop.

— On sait tous les deux qu'la seule chose que t'attends c'est ma mort enculé.

Et toi la seule chose que t'attends c'est la sienne.

La mafia qu'elle avait dit, Cain.
T'aurais préféré.

— Dégage de là maintenant, c'est mon dernier avertissement. Les p'tites merdes dans ton genre sont pas acceptées ici.

Et tu t'avances vers lui comme il l'avait fait avec toi. Pas de table pour vous séparer cette fois alors tu te fais plus grand et menaçant en endossant ton rôle de videur. Les doigts qui tremblent de ce trop plein de retenue tu serres les poings à t'en faire pâlir les jointures en lui indiquant la sortie de ton bras.

T'as besoin d'un putain de verre et t'espère bien pouvoir le prendre rapidement.

— Le seul pour qui se sera éreintant ce s'ra toi sale fils de chien.

Parce que celui qui sera captif ce sera lui, pas vrai ? Tu vas le faire souffrir comme jamais Hermès, tellement qu'il finira de lui-même par te supplier de l'achever. Mais pas ici. Pas maintenant.

Alors qu'il se dirige vers le bar, tu le suis avec la volonté de l'attraper et de le dégager dehors toi-même. Le fait qu'il joue avec tes nerfs comme ça est insupportable et tu te sens de moins en moins patient. Par chance, après un dernier commentaire désagréable il s'en va sans que tu n'ais à faire quoique ce soit.

On se reverra bientôt, qu'il dit.
À son enterrement ouai.

Tu lâches un long soupir après une fois sa silhouette disparue derrière la porte pour te laisser tomber sur l'un des tabourets en face du comptoir et portes ta tête entre tes mains. T'es excédé. Tu pensais pas l'être autant après toutes ces années.

— Putain d'merde.

Une inspiration, tu souffles encore longuement pour tenter de retrouver ton calme. Demande à Cain sans la regarder.

— Sers-moi un scotch s'te plaît.

Tu restes immobile dans ta position, les iris plongés sur le comptoir parce que t'es incapable de faire quoique ce soit d'autre. T'as encore les mains qui tremblent de rage et tes doigts qui se crispent de peur dans tes cheveux, la respiration saccadée par l'adrénaline et ce putain de soulagement d'être parvenu à ne pas tout gâcher mêlé à la frustration de t'être retenu.

C'est donc ça, faire les choses bien ?
Merde.

Défis rp:

— Ouai, chiant.

C'est pas tout à fait le mot que t'aurais employé pour qualifier Atlas mais tu ne peux pas vraiment lui expliquer que ce type fait parti des salopards qui ont détruits ta vie, pas vrai ? Ce serait trop long à expliquer et t'as pas vraiment envie de te prendre la tête, alors tu concèdes. Chiant, c'est bien. C'est mieux que rien.

Un soupir puis tu viens saisir le verre qu'elle glisse devant toi. Une œillade comme pour dire merci et tu bois d'une traite la totalité de ta boisson. Tu ne te doutes vraiment de rien, hein ? L'alcool est bon. Ouai.

— C'est pas dégueu. Vous avez changé de marque ?

Cherche des réponses dans le verre vide que t'observes, las, en attendant la sienne. Le reposes après un court moment avant de grogner légèrement. Tu te sens un peu bizarre tout à coup, t'aurais pas dû boire aussi vite. Tu fermes les yeux pour prendre une longue et lente inspiration, l'avantage de ta connerie c'est qu'au moins t'es à peu près calmé maintenant. Le truc un peu plus désagréable c'est que plus ça va moins ça va.

— J'crois que j'vais gerber putain.

Tu es pris de vertiges légers et ton corps qui s'engourdit doucement lorsque Cain, dans sa perfide gentillesse, te conseille d'aller prendre un peu l'air à l'extérieur. Ça ira mieux après. T'espères bien parce que t'as toute une nuit à tenir et ça la foutrait mal que tu te plantes à cause d'un simple verre.

Tu te lèves donc pour te diriger vers la sortie, sans comprendre l'étendue du piège dans lequel tu fonces. Tu n'as jamais été mis ko en un seul verre Hermès, et aujourd'hui n'aurait pas fait exception si tu ne t'étais pas laissé aller à lui offrir, à elle, une once de confiance. T'as baissé ta garde et tu vas t'en mordre les doigts.

Parce que quand tu sors pour t'écrouler contre le mur de la petite ruelle où se trouve l'entrée du personnel, il est là. Atlas. Tu te redresses pour le toiser d'un regard menaçant.

— Putain de merde.. un murmure agacé alors que tu lui offres un sourire plein de sarcasme. Ça alors, tu peux déjà plus t'passer d'moi Priest ?

T'as presque l'air d'aller bien, face à lui.
Et malgré le très mauvais pressentiment qui te ronge les trippes à cet instant, tu ne réalises toujours pas.

Il est là, Atlas.
Grand, puissant.
Domine le monde en profitant de ses faiblesses, et ton corps alors qui se bouscule contre le mur de brique tandis qu'il sort une lame pour venir menacer ta gorge. Sa baguette à ton ventre, tu n'as pas su réagir. Tu n'as pas pu, trop faible, trop déconcentré -tu n'avais pas même compris un traître mot de ce qu'il avait pu te raconter juste avant. Rien à foutre de ses citations à la con quand tout ce que tu comprends réellement, à présent, c'est à quel point t'es dans la merde.

Parce que tu peines encore à réaliser que c'est elle qui t'a mit dans cet état. Ne veut pas y croire, d'où se connaitraient-ils, hein ? Et puis elle n'est pas là -c'est faux. Tu le sais. Tu la sens, elle n'a pas besoin de se montrer pour que son odeur vienne empester tes narines autant que celle de cet enculé de Priest. T'as mal au bide de tes trippes qui partent en vrilles mais tu tiens bon, pourtant. La rage pour seule arme inutile dans ton regard, tu le toises, le provoque. Qu'il aille se faire foutre.

De l'ironie avant le coup dans l'estomac qui te fout à genoux, tu craches un peu de bile en te rattrapant au sol, celle qui brûle la gorge et plus encore à cause du verre que tu t'es enfilé juste avant.

— Nique bien ta mère... Putain d'enfoirés...

Lève de ta si basse hauteur le regard pour le porter sur la silhouette de Cain qui s'approche. Aussi inexpressive que d'habitude quand la tienne se complaint en une respiration saccadée.

— Tu-

Les vertiges qui t'arrêtent, bien trop violents quand Atlas te soulève brusquement. Autour de toi les bruits deviennent sourds et les décors de plus en plus flous alors que tu perds lentement conscience sans être capable de te débattre un seul instant. T'es mort Hermès, pas vrai ?

T'aurais préféré, tu penses.
Crever comme un rat pour ne pas avoir à subir ce qui t'attend.


* * *

Tu reprends vaguement conscience un moment après t'être évanoui. Soulagé d'être encore en vie malgré l'environnement inconnu et flou dans lequel tu te trouves. Sans ouvrir les yeux tu devines leurs odeurs à tous les deux, entends le son de leurs voix et le cliquetis désagréables d'objets métalliques qui s'entrechoquent doucement, la musique bien trop légère (et pleine d'ironie) qui s'échappe dans les airs. Faible complainte lâchée avant la gifle pour achever de le réveiller et la plainte s'élève en grondement menaçant.

Tu prends réellement conscience cette fois de tes membres attachés et du bois de la table sous ton dos. Le corps qui se débat avec plus de force -la peur au ventre et le regard affolé un instant, avant qu'Atlas n'ose te toucher. Sa main pour t'immobiliser avec force, t'enrages.

— Putain de merde tu fous quoi là !

Tu forces pour bouger, quitte à te blesser, sans pour autant y arriver. Et t'es sûr qu'il jubile cet enfoiré, t'es certain qu'il prend son pied quand il déblatte son putain baratin à deux mornilles. Tu lui as fais mal, hein ?

Tu souris, vorace.
La provocation pour masquer la peur et l'appréhension qui se dessinent en toi. La rage en dernier rempart contre lequel s'accrocher, tu jures que tu vas les fumer tous les deux dès que l'occasion se présentera.

— Ça alors, t'as pas aimé ? J'aurai juré qu'tu prenais ton pied princesse.

Le timbre un peu fébrile malgré tout, tu te fais mal à vouloir brusquement tourner ta tête quand il vient tirer ta joue et échappe un gémissement tandis qu'il continue sa tirade. Mentionne tes insultes et tu ricanes, ça pourrait presque te faire plaisir si t'étais pas dans cet état.

— Ah ça.

Alors, qu'il dit.
Qu'est-ce que je coupe ?

Et tu souris moins tout à coup.
Ton corps dans un élan brutal qui tente encore de se dégager en vain, tu lui adresses un regard plus noir que jamais alors que tu lui craches à la gueule sans somation.

— Va t'faire enculer sale fils de pute.

T'en as presque oublié Cain juste à côté qui doit jubiler, elle aussi.

Ricanement mauvais qui s'échappe quand il te rappelle à des souvenirs que tu n'es jamais parvenu à oublier. Ce n'est jamais moi qu'on punit. Non c'est vrai, mais ça n'empêche pas la satisfaction de voir sa gueule pleine de cracha. C'est dommage qu'il se soit essuyé si rapidement, t'en aurais bien profité encore un peu.

— Quoi, t'aime pas ? Tous les mêmes les Priest, vous êtes jamais contents.

Tu essaies de garder la face comme tu peux, paniqué mais néanmoins hargneux tandis que tu ne cesses de tirer sur les sangles dans l'espoir vain de les défaire. Si tu avais accès à ta baguette tout serait plus simple, pas vrai ? Mais t'es tellement con que t'as réussir à te faire avoir même sans magie. Et la voilà qui s'avance, la responsable. Te tourne autour comme on le ferait autour d'un animal en cage qu'elle parle de mettre en laisse.

Tu bondis -façon de parler.
Étouffe un geignement en sentant tes poignets te brûler en même temps que tu t'insurges.

— Tu fais ça t'es morte sale chienne !

Mais faut croire qu'elle s'en fiche bien, prise aux doigts presque trop délicats de cette enflure de chasseur. Alors quoi, ils vont baiser devant toi et te charcuter après ? Pitié non tu préfères encore crever maintenant. Prit d'un profond dégoût pour la scène qui se déroule sous tes yeux, tu retiens la remontée qui te prend soudain à la gorge. Ils sont à gerber putain.

Étrangement tu ne saurais dire ce qui est le pire entre la vision de ces deux cinglés entrain de baiser et la lame d'Atlas menaçante contre ta joue. Tu décales comme tu peux la tête pour tenter d'esquiver le tranchant sans pour autant le quitter des yeux.

— Vous êtes aussi cinglés l'un que l'autre putain d'merde.

C'est bien ta veine.

Ta main qu'il vient serrer si fort t'arrache un faible sursaut de surprise. Pas la langue qu'il a dit. Ça veut dire les doigts alors ? Putain t'en as dix des doigts. Vingt avec les pieds. Tu vas jamais tenir Hermès. Merde merde merde tu va vraiment crever ici ? T'as pas envie de lui faire le plaisir de hurler, ni d'avoir peur.

Mais tu flippes.
Et tu flippes bien putain de merde.

Il jure que ça fait mal sur le coup mais que ça va mieux après. T'imagines que c'est comme quand on brise les os mais t'as pas vraiment envie de savoir. Tu veux partir d'ici. Loin loin loin d'ici. La lame contre la phalange de ton auriculaire t'arrache un frisson. Compte avec moi.

Attends.
ATTENDS PUTAIN !
Un...

Non non non non non non non non non NON PUTAIN ! Tu-

— AARHMMFP !!!!!

La douleur fulgurante qui te fait lâcher un hurlement à demi-étouffé. Tes pupilles s'écarquillent à la fois de surprise et d'horreur alors que déjà l'odeur de sang qui abonde vient enfler tes narines. Ton sang. Tu réalises. Tu vas crever. T'en oublie la douleur à ton doigt qui s'estompe à peine pour te concentrer sur ton souffle bruyant et haletant. Tu prends de longues inspirations par le nez, ton ventre qui se soulève et s'abaisse à mesure que tu expires la moindre parcelle d'air que tu parviens à capter.

Une fois la surprise passée ne reste bien et bien que la terreur, mais même face à la mort tu ne peux t'empêcher de chercher la merde. Ta voix est fébrile à cause de ton souffle pas encore tout à fait calmé mais n'en reste pas moins cassante.

— C'est tout c'que t'as ? J'suis déçu par l'accueil franchement.

Lance ensuite un regard à Cain, tu la toises pour la prendre de haut, même dans ta position. T'essaies d'oublier que tu viens de perdre un doigt et que s'ils sont vraiment aussi fous y a des chances qu'ils te le fassent bouffer de force.

— Et ta pute dans l'histoire elle te sert que d'poupée gonflable, hein ? J'te croyais mieux qu'ça Prescott.

Ferme la Hermès.
Ferma la pour de vrai.