Au vent qui borde les extrémités de son visage, Ashe n’est pas plus différent que d’habitude - regard lointain mais pourtant aujourd’hui la mine maussade désagréable qui persiste. Pourtant il apprécie cette brise légère dans ses cheveux ; il apprécie cette lueur que dépose l’hélianthe contre lui, c’est comme s’il ne l’avait pas perçu pendant un petit moment, et elle est agréable.
Peut-être si agréable qu’il en oublie les maux du quotidien, ces disputes qui ne devaient qu’être trois fois rien et qui ont fini par devenir des ecchymoses bleutés sur une peau dorée. Peut-être qu'il y avait eu pire, le rejet ardent, les flammes béantes au coeur qui ne se dissipaient pas, parce que ça faisait mal de la laisser là-bas, parce que ça faisait mal de ne jamais pouvoir revenir.
Y avait-il quelque chose qu’il lui restait, finalement ?

Et alors que ses troubles commencent à lui pomper l’air - quelques notes s’envolent à son égard. Des notes qu’il ne distingue pas instantanément, si bien qu’il se demande si elles lui sont bien adressées. Mais c’est une voix qu’il reconnaît et dans cet ombrage légitime, elles s’accordent à lui faire un peu de bien. Sans le vouloir pourtant, il a déjà eu un bref sursaut à l’appel de son surnom - l’emo qu’il dit et Ashe ne lui en veut pas. Alors qu’il pivote en sa direction pour mieux le regarder, sans même peut-être se rendre compte que déjà il le contemple, sa mine sinistre s’écoule lentement et il s’y dessine peut-être un mince sourire.
Bien sûr, qu’il lui restait quelque chose - quelqu’un ; il ne le savait pas encore.

— Donc moi je suis louche ? Qu’il notifie - faussement agacé mais ses semblants n’ont jamais trompé personne et il ne peut s’empêcher de rire intérieurement en y repensant ; ça se voyait tant que ça qu’il était troublé ?
Pour qu’il en vienne à tenter de fixer cette mauvaise mine par un index sagement déposé. C’est que même quand il souriait, il avait l’air terriblement troublé. De toute façon, il était convaincu qu’il n’avait plus vraiment de raisons de sourire pour le moment.

Parce que même quand il est forcé, il le suppose un peu laid ; quand bien même ça ne serait pas le moment, Ashe devait s’avouer quelque peu vaincu. Comment lui refuser ça, et surtout, comment lui expliquer ça ? Il n’y avait pas de mots justes et Ashe se refusait pertinemment de monopoliser la discussion pour si peu de paroles. Qui plus est, Parsifal avait sans doute déjà réussi à préoccuper autrement ses pensées, alors il n’aurait plus à se triturer si indélicatement l’esprit.
— Qu’est ce qui se passe, t’as peur que je finisse tout fripé ? Questionne alors qu’il saisit lentement cet index trop déterminé - sans même savoir quoi en faire. Je m’en sens presque honoré.
Pourtant bien que son esprit se soit un peu plus éveillé ; c’est comme si son visage avait été gravé dans la pierre.
Peut-être qu’il fallait seulement tailler dans la pierre des émotions nouvelles.

Parsifal malice dans le regard parle et rit, comme quelques rayons qui effleurent la derme il effleure les songes et les remodèle à sa façon. Une façon plutôt plaisante si bien qu’Ashe aux premiers abords n’oppose pas de résistance. À s’en perdre un instant dans ses orbes, Ashe se souvient de leurs teintes différentes qui les rendaient si uniques, en y plongeant un peu plus il se rendait compte d’à quel point elles étaient délicates. Alors peut-être pour le suivre ou peut-être pour lui-même se changer les idées, il succombe un peu à cet élan taquin dont il fait preuve, sans se demander réellement quels étaient les mots les plus adéquats. Mince, donc tu m’as cerné. Bon ok, je me rends. Mais à y réfléchir davantage, c’était plutôt le monde lui-même qui l’engouffrait dans ses mauvais coups. Il a le rire léger qui s’évade un instant et s’il fait bon vivre pourtant à cet instant, Ashe reste persuadé qu’il n’échappera pas à ce petit monologue qui lui est propre.
Parsifal était lui, il ne le laissera sans doute pas filer tant qu’il n’aura pas eu ce qu’il voulait. Si bien qu’en se rendant à l’évidence, il n’avait pas même entendu ce qu’il avait dit. Ce n’est qu’après qu’il en saisit l’entièreté.

— Et en plus tu trouves que j’ai une belle gueule ? Pincez-moi je rêve. Parce qu’il n’est certainement pas persuadé d’être tout ce qu’il y a de plus charmant ici ; c’est vrai que quand il est face à lui, il a de quoi en douter. Il ne mentirait pas une seconde de plus si ça ne tenait qu’à lui et pourtant, à ses rires il arrime une prise sur sa manche pour le tirer loin du passage. C’est vrai que lui-même ne s’en était pas rendu compte auparavant, mais il était là, en plein milieu. Sur l’instant, il se rendit compte d’à quel point il devait avoir l’air stupide. Tu trouves que j’ai une carrière en tant que statue ? Parce qu’il jette au tapis des mots qui se suivent, en espérant peut-être passer entre les mailles du filet.
Mais il ne faut que le regarder un instant trop longtemps pour s'en rendre compte ; ça n'arrivera pas, et Ashe pourtant ne veut pas l'ennuyer avec ses problèmes, persuadé qu'il est le seul fautif. Il s'en voudrait de dépeindre ce visage d'un air si calme et agréable à ses yeux et pourtant, peut-être que ça lui ôtera un poids de se libérer.

Alors dans un soupir, il finit par se joindre à lui ; et ça l’allège déjà d’un poids. Sa question résonne et ses pensées s’emmêlent - comment dire ça simplement ? Il ressemblera sans doute à un loser ou quelque chose comme ça, dans tous les cas.
— En fait.. J’me suis fait viré de chez moi. Rire et sourire nerveux tissé aux lèvres ; ça faisait cinq ans et pourtant, c’est presque comme si c’était hier. Tout aussi douloureux, tout aussi latent et si on l’avait arraché de ceux qu’il aimait, ça ne devait incontestablement pas être le cas pour eux. Enfin, ça va faire un moment maintenant mais.. Que dire si ce n’est qu’il s’était senti si lâchement abandonné, lui qui ne voulait finalement que son bien, peut-être même leur bien ?
Pire qu’un abandon, quand il s’était planté devant la maison vide. Presque vide, quand il n’y avait rien d’autre qu’un vieux souvenir.
C’est un fardeau lourd à porter ; mais c’est probablement sa faute après tout, et sur l’échine le poids du remords est encore plus lourd à porter. Ils m’ont définitivement laissé maintenant. Et ça fait mal.
Tellement mal quand on sait quel monstre s’agitait sous son nez.

Mais peut-être que supporter un tel fardeau était mieux à deux ; ou du moins rien que des partager des maux trop lourds. Mais à part cette grimace légère qu’avait provoqué son pincement, son visage n’avait pas connu d’autres apparences pendant un moment. Peut-être se sentait-il simplement terriblement vide ? Un creux au coeur, sans doute et pourtant avec le temps, il s’y était presque habitué. S’il n’avait pas pu rester de toute façon indéfiniment chez eux, il avait au moins espéré pouvoir l’aider, ou peut-être arranger les choses. Mais les héros n’existent pas, et il n’en est certainement pas un.
Mais son regard, quand il se dépose un instant dans le sien, lui fait oublier - rien qu’un peu, cette douleur latente qui le submerge quand il y pense peut-être trop. Il s’est tant de fois répété qu’il n’y pouvait rien et pourtant, il retombait toujours sur les mêmes évidences.
C’était de sa faute.

Et quand Parsifal reprend sur ses mots, c’est pour ne pas se défaire d’un léger sourire qu’Ashe ne peine pas à notifier - et rien que de percevoir cet élan bref d’optimisme pourrait lui donner à lui-même une brève lueur d’espoir. Mais il sait très bien qu’ils ne vont pas bien. Il ne leur manquera certainement pas, de toute façon.
— J’aimerai avoir ton optimisme.. Mots jetés comme il jette un instant sa tête vers l’arrière pour y observer le ciel. Un geste naturel, pourtant si agréable quand sa tête s’est enfoncée encore et encore pendant des jours et des nuits dans les mêmes ténèbres. Mais y’a des choses qu’on peut pas changer, alors.. Alors ça sera ainsi, et il sera comme ça.
C’est peut-être mieux s’il n’est pas là, après tout.
Et il bascule lentement sa tête en sa direction ; ça lui fait un peu moins mal de se rendre à l’évidence. Il y a mis toute la volonté du monde pourtant, tu le sais ? Et voilà où il se retrouve désormais - à tes côtés, mais ce n’est peut-être pas plus mal.
Quand la seule chose qu’il a à faire est panser ses plaies et laisser le temps emporter quelques souvenirs.

— Ils seront sans doute mieux sans moi, toute façon. Rire nerveux qui s’accroche aux lèvres ; il n’a pas besoin de dire pourquoi il a dû partir. C’est trop terrible, d’énoncer avoir été élevé par un monstre après tout ;
C’est peut-être encore plus terrible, de finir par devenir comme lui.

Ça avait toujours été si indélicat et houleux entre eux trois, pourtant Ashe n’avait jamais désiré voir un à un les morceaux du miroir se déchirer. Peut-être au fond espérait-il que tout ait été bien plus simple dès le départ - que rien n’ait été aussi rapidement gravé dans le marbre. C’était d’abord une mélancolie grandissante qui grondait dans son coeur, mais Ashe tant bien que mal tentait de se rendre à l’évidence.
Rien n’aurait jamais changé, qu’il s’agisse de ses actes ou de sa volonté trop grande. Sur son derme hâlée, ni colère ni rage ; simplement les dessins effacés d’un corps peiné. On aurait voulu tout arranger mais ils en ont voulu autrement ; comment leur en vouloir d’avoir choisi cette vie plutôt qu’une autre ?
Et quand son rire nerveux s’estompe et qu’il s’interroge dans ce long silence qu’il a sans doute imposé - c’est pour mieux ensuite poser maladroitement son regard sur ses rougeurs naissantes. Si bien qu’il s’en trouve un instant surpris ; il ne s’en serait jamais pensé créateur un jour, et cette même pensée anime un songe bien plus concret et pourtant tout aussi brouillon en lui.
Comment effacer cette curieuse image, maintenant qu’il l’a perçue ? Elle se modèle encore et encore jusqu’à s’imprimer sur la surface de ses paupières et alors ses mots sont comme un retour à la réalité un peu trop bref.
Une courbe s’élargit - en effaçant une autre plus nerveuse.
Ça paraît évident pour lui, mais moins sans doute quand on a reçu l’amour de parents aimants ; Ashe se souvient avoir cherché longtemps la chaleur de ses bras sans jamais n’avoir rien trouvé d’autre que du noir, c’était effrayant. Mais il devait avouer qu’en regardant un instant Parsifal - il se sentait presque rassuré. La première fois qu’il l’avait exploré, il avait découvert quelque chose de chaleureux et d’agréable, alors il n’était plus même surpris de comprendre cet effet étrange qu’il lui faisait.

— T’as peut-être raison, j’sais pas. Haussement nonchalant des épaules ; mais son esprit sait que rien ne s’arrangera si facilement. Mais ça serait trop malheureux de ne pas y croire, parce que quand elle se rendra compte qu’il avait raison, il sera sûrement trop tard. Il aura quand même essayé, alors. Qui supplierait pas pour m’avoir à ses côtés t’façon ? Rire juvénile qui s’attarde parce qu’il est parfois plus agréable de se faire des idées, pourquoi pas simplement un peu plus se mentir pour se ravir ; et d’une malice partagée dont il se sied, accorde un regard plus appuyé cette fois, sans trop en saisir tout l’intensité.
C’est que ses yeux se sont toujours posés si naturellement sur lui, que ça n’était que la reproduction systématique de quelques années bien entamées.

— Après tout, la sirène a dit de laisser le temps faire. En écho aux premiers maux - en écho de son nom.
Et qu’il était bête de croire que le temps arrangeait toujours tout de lui-même. Les miracles n’ont jamais existé après tout.

Il oublie un instant Ashe le poids des maux qui s’abattent et parasitent souvent son esprit, car rien qu’en l’observant il divague ; l’esprit recouvert de houles plus agréables les unes que les autres et ses pensées néfastes s’envolent. Peut-être que les choses s’arrangeront, peut-être que non ; peut-être que c’était inévitable, qui sait ? Pourtant il n’a de cesse de se demander Ashe, qui peut-être compterait sur lui cette fois-ci. Il n’y a que des présences éphémères autour de lui et la route est probablement trop sinueuse pour quelqu’un comme lui.
Pourtant en l’entendant essayer de répondre, il doit avouer se sentir écouté, voir même apaisé. L’esprit noir s’éclaircit aux mots - bien qu’ils ne soient pas totalement clairs ; y avait-il quelque chose que tu lui cachais, Parsifal ?
Et à cet instant sans s’en rendre compte il s’est agrippé ferment aux mots, quitte à laisser ses orbes longuement se déposer sur les traits de son visage, jusqu’à s’imprégner de ces teintes pigmentées. Halo coquelicot presqu’aussitôt évaporé et pourtant, il ne se lasse tout de même pas de cette vision qu’il n’efface pas.

— Si tu le dis. Lui-même l’esprit pavanant ailleurs, sur d’autres contrées dont il ne connaît même pas le nom. Il ne cherche pas même en leur donner car elles l’apaisent ne serait-ce qu’un peu et c’est suffisant. Pourtant, malgré cette courbe qui lentement se dessine, c’est rapidement la surprise qui se peint sur son visage à cette exaspération latente qui prend place sur son visage. Ashe ne réagit pas tout de suite, mais en lui quelque chose s’avoue bienheureux de ce qu’il a provoqué. C’est évident qu’il le taquine - ainsi le voir le couvrait d’une volonté soudaine à répéter l’erreur, rien que pour l’entendre s’offusquer encore et encore.
Parce qu’à ce même instant il n’y avait ni maux ni peines, rien d’autre qu’une radieuse lumière et sur son derme hâlé les faisceaux lumineux s’emmêlent.
Pourtant il l’écoute, et cela très clairement ; mais son esprit entêté ne compte pas se défaire de cette plaisanterie de si tôt. Alors quand il pose la question, une lueur frémit dans ses pupilles, c’est qu’il l’imagine chanter et il ne se souvient plus exactement s’il l’a déjà entendu. Assurément, il est persuadé qu’elle sera belle peu importe comment elle s’éveille.
Mais en lui, c’est autre chose qui s’éveille.

Et il n’a pas encore de nom précis pour nommer ça, mais c’est suffisant ainsi - simplement le regarder lui et sa mine faussement contrariée, c’est suffisant pour qu’il laisse quelques éclats de rire cristallin s’échapper. Les maux qui s’envolent, il a oublié un instant pour rire de bon coeur, un rire pourtant discret, aussi discret que cette envie dormante qui ne cherche qu’à se frayer un bon chemin sans fuite au coeur de ses entrailles.
S’il n’a pas de nom à mettre instantanément sur cette curieuse envie, il n’empêche qu’elle gronde et il se souvient Ashe de cet acte passé qui lui avait à la fois procuré tant de surprise et tant de chaleur soudaine - une lueur éthéré au coeur qu’il n’avait pas vraiment comprise à l’époque. Mais elle avait été suffisante pour qu’il se taise un moment alors il s’approche doucement, sourire malicieux accroché aux lèvres ; et sans quitter son regard (quitte à de nouveau le chercher) le laisse continuer son petit monologue encore quelques instants.
Et une fois assez captivé pour qu’il puisse le contempler plus clairement il s’essaie pourtant à lui-même s’interrompre, si bien que ça prend un peu plus de temps qu’il l’aurait imaginé pour qu’il s’essaie à un baiser lentement déposé sur ses lèvres.
Ashe la malice avant le reste et pourtant, c’est curieux car il se demande comment et pourquoi ça avait semblé si naturel venant de toi la première fois - soucieux de bien faire comme avec tant d’autres choses parce qu’entre ses mains,
C’est lui, et pas n’importe qui. C'est peut-être ce qui fait autant réagir son esprit, sans qu'il n'ai vraiment besoin de s'éclairer là-dessus.
Ou peut-être voulait-il simplement lui redonner celui qu'il lui avait dérobé il y a un moment maintenant.

Et tout aussi naturellement il admire, une fois un sage baiser déposé - ses réactions qu’il imprime aussitôt sur la surface de ses paupières ; quand il les ferme parfois, c’est pour mémoriser chaque parcelle de ce visage rougit à son contact. Il l’admire autant qu’il s’en éprend si bien qu’il en oublierait presque les alentours qui persistent autour de lui. Ce n’est pas qu’il ne l’a pas écouté dans son monologue, mais c’est qu’il l’avait déjà mémorisé autrefois ; savait-il seulement à quel point il l’avait écouté et observé ? Au départ sans savoir qu’il porterait autant d’importance à ses mots.
Mais il n’est pourtant pas prêt de s’arrêter et à son sourire lentement dessiné, Ashe n’attend pas de réponse particulière. Sa sincérité a surplombé les autres sentiments et ce coeur au rythme effréné n’a pas besoin de réponse propre. Pourtant il lui en offre et Ashe s’en ravit discrètement, courbe des lèvres à la réponse de leurs homonymes et quand il s’en sépare de nouveau il ne se délaisse pas de cette vision face à lui.

— Je crois que tu vas devoir me montrer plusieurs fois.. Sourire malicieux aux lèvres, car le temps n’est jamais assez long pour s’imprégner de ce genre de moments malheureusement éphémères. Quand il délaisse ses lèvres pourtant, il s’assure que sa main ne s’effuie pas avec lui ; il en serait contrarié sinon. Parce qu’une belle sirène m’a embrassé et que ça m’a déconcentré. Rire cristallin qui doucement s’éveille et peut-être fait-il simplement exprès car il aime voir ce visage faussement contrarié. Peut-être est-ce également parce qu’il adore l’écouter parler ? Ça sera toujours une raison de plus pour le couper dans son élan.
Peut-être était-ce suffisant pour se confirmer dans l’idée que des sentiments ont bien éclot et que peu importe le nom qu’il devait leur donner, ils étaient invraisemblablement sincères.
Une délicate plaisanterie de plus est toujours bien plus bienveillante pour éviter de pleinement évoquer des sentiments qui ont fleuri mais dont on ne saura jamais totalement en exprimer l’éclat à travers de simples mots. Il n’y a sur ses lèvres qu’un sourire attendri et que des orbes qui s’imposent pour mieux le contempler ; n’espérant jamais oublier cette vision si éthérée et si délicate qu'on a gravé sur son chemin.

Il ne s’était jamais demandé auparavant quelle réaction il aurait eu ; ce qui imprégnait finalement sa mémoire était bien plus qu’une simple envie éphémère - bien plus qu’un sentiment volage. Ses lèvres sagement déposées sur les siennes ont confirmé cette idée et Ashe s’en est retrouvé bien plus ravi qu’il ne l’aurait jamais pensé. Très tôt déjà les mauvaises songes et les parasites de ses pensées se firent chasser par cette même idée qui ondoyait autour de lui. Cette même idée, lumière bienheureuse et bienveillante au sourire tendre ; scintillante autour de lui comme un anneau effervescent, Ashe pensait bien à cet instant, qu’il ne pourrait jamais se lasser de cette vision.
Sourire mi-amusé mi-sincère, il capture une dernière fois l’instant et son esprit en frémit ; comme trop captivé par ses orbes dont il s’imprègne.
Comme trop captivé finalement, par lui-même alors qu'il redessine toujours avec plus de profondeur les détails de son visage.

— Je pense que j’en aurais souvent besoin. Délicatesse de son regard contre le sien et de sa main qui doucement a propagé son éther dans ses cheveux - Ashe peut-être pourrait s’en éprendre et alors, il n’aura peut-être même plus besoin de provoquer l’éclipse par malice.
Mais avec surprise c’est sa tête qui se dépose sur son épaule et un second contact plus ravageur contre sa peau - il se sent mourir à petit feu.
C’est apaisant pourtant, presque bienséant ; mais ça serait mentir que de dire qu’elle ne lui a pas provoqué de telle euphorie, car sa déclaration n’a pas arrangé les choses. Il a pourtant bien essayé de la camoufler sans succès ; il avait ce sourire d’imbécile trop heureux qui étirait ses lèvres et son seul réflexe à ce même instant, fut de passer lui-même une main dans ses cheveux pour leur offrir un élan de douceur qu’il avait lui-même ressenti au même moment.
Parce qu’il était peut-être un peu gauche, maladroit ; mais parce qu’assurément il n’avait d’autres intentions à ce même moment.
Et quand ses phalanges coulent l’une après l’autre dans sa chevelure comme ses mots qui lentement circulent Ashe se rend compte d’une chose - c’est qu’il l’aime définitivement bien plus qu’il ne l’avait pensé auparavant.

Parce qu’il ne se l’était jamais demandé auparavant, car c’était un désir peut-être simple de le percevoir sans jamais vraiment de trop près l’effleurer - il aurait eu peur de l’abîmer. Je t’aime aussi. Poésie simple et sincère qui dépose sérénité ; quand Ashe ferme les yeux c’est pour qu'il n'y ai plus que la lumière à ses côtés.