hua le corps lourd contre le sol froid,
hua la patience claire et la peur béante,
du néant dans lequel elle l’a encore déposée
(elle les a encore déposés)
qu’était-ce ?
un jour sans aube, une nuit sans lendemain ?
hua priait toujours pourtant,
sagement dans son coin silencieuse
sans ni-même parler, ni-même respirer parfois
de ses pas lents elle est toujours maussade
toujours si terne, toujours si invisible
c’est cette robe que tu lui a donné, kumiho.
une robe amovible que tu changes comme bon te semble.
et aujourd’hui (ou ce soir, elle ne sait plus)
plongée dans un noir qu’elle connaît trop bien,
mais qui pourtant semble si inconnu à chaque fois
elle a senti contre sa peau rougie
ta peau indélicate la brusquer, elle a perçu également
tes plaintes se noyer dans cette immense nuit
et elle sait hua, que tu es désolé,
elle l’a toujours su après tout.
savais-tu ashe, à quel point elle l’était, désolée ?
si tout était ainsi à présent, c’était de sa faute,
c’est elle que tu avais soigné ce jour là
c’est elle que tu avais enveloppé de tes bras ce jour là
c’est elle que tu avais chéri un instant pour l’emmener là-bas
(la ramener en enfer)
elle ne t’en voudrait jamais pour ça,
comment le pouvait-elle ?
soupir long contre ton toucher, elle sent encore
contre sa peau le sang sécher lentement
elle sent encore les blessures que tu as réalisé
mais ne t’en veut pas, ne t’en voudra jamais
plus indélicatement pourrais-tu frapper encore,
qu’elle ne cessera jamais de t’aimer,
car elle te sait détruit, bousillé
façonné dans les idées de kumiho
mais à ses yeux restes-tu le même,
toujours tes bras sont-ils si chauds et chaleureux
peu importe combien peuvent-ils la blesser.
« ashe.. ashe. » qu’elle répète clairement,
doucement, alors qu’elle finit par t’effleurer plus sincèrement
te prouver qu’elle ne te craint pas, que ta présence peut-être
au contraire la rassure,
au contraire est comme la lune
délicate dans la nuit trop sombre.
« ne sois pas désolé, s’il-te-plaît. »tu ne pouvais rien y faire, n’est-ce-pas ?
tu as sans doute fait ce qui était juste,
c’était ce que tu avais toujours fait mais elle,
il lui était impossible de discerner ce qui l’était
simplement pensait-elle qu’elle méritait tout ce qu’elle recevait
simplement pensait-elle que tu faisais bien d’être une telle brute
pensait-elle aussi que kumiho avait toutes les raisons au monde,
d’agir comme elle le faisait.
« je devrais l’être. plutôt que toi. »la voix étroite en un souffle,
quand à chaque mouvement qu’elle fait elle ressent
chaque fois un peu plus,
la roche qui s’écrase contre sa peau
pourtant déjà si laide.
kumiho, pourquoi ?
pourquoi faisais-tu tout ça ?
dans ses questions sans réponses, elle réussit pourtant
du peu de bonté qu’il lui restait
à caresser le dos de ta main.
preuve délicate de l’affection qu’elle te portait
peu importe combien pouvais-tu à chaque fois la blesser,
totalement résolu à lui obéir,
elle et ses colères.