T'as profité du concert pour t'éloigner, un peu zapper tout le monde, parce que c'est un peu ce que tu fais le mieux quand tu es submergée, Dorothy. Tu t’éloignes, tu fais quelque chose de stupide, pour occuper, pour ne pas se confronter avantage à ce qui fait mal, pour éventuellement régler le souci à coup de prodige ou d'impulsion. Parce que ton élitisme fait que tu tolères trop mal l’échec pour l'accepter. Ce soir encore tu n'acceptes pas. T'es en quête de quelqu'un, de quelque chose, toi-même, tu n'es pas bien fixée sur la question. Une opportunité, n'importe quoi, pourvu que ça te sorte, t'extirpe, de ce cocktail d’émotion explosive. Pourvu que ça te fasse oublier, qu'une fois encore, t'es venue tout gâcher.

Les gens s'éloignent après avoir applaudi une dernière fois. Le gros événement de la soirée est passé et les la foule autour de toi se lâche. C'est la seconde partie de la soirée, il n'y a plus de raison de rester sobre, plus de raison d'être raisonnable. Ceux qui devaient faire acte de présence vont probablement s'en aller et il ne va rester que la fête, rien que la fête. Parfait. Tu traverses la piste, repère un serveur au loin, un plateau remplit de Graal (de champagne) à la main. Tu te diriges vers lui, slalomes encore les gens. Tu es presque sûre d'avoir vu ce héros inconnu au plateau de champagne tourner dans ce couloir. Tu tournes, ouvres déjà la bouche pour l'interpeller, mais devant toi tu ne trouves que le vide. Et un type. Un type un peu trop connu pour être seul dans un couloir comme le dernier des enfants abandonnés.

— Heu. Ahem.

Tu t'approches, lèves les mains devant toi comme pour montrer patte blanche. Finalement, ce n'est pas si surprenant qu'il soit là, ce type (azur), t'imagines qu'il a sûrement des tonnes de groupies à fuir.

— Je suis pas une fan, t'en fais pas. Fin si. J'aime beaucoup ce que tu fais, mais j'en suis pas à te suivre à la trace dans l'espoir d'un autographe. Fin, tu. Vous ? C'est peut-être plus poli, vous ?

Tu penches la tête sur le côté scrute le fond du couloir.

— T'as pas vu un serveur passer ? Grand, chemise blanche, il s'est barré avec mon plateau de champagne.

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Résumé : ce rp ce passe après celui avec Argus. Le concert est passé et Dorothy fuit un peu son groupe de pote parce que eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeh c'est pas ouf dans sa tête. Elle sait pas vraiment quoi faire, elle est en quête de quelque chose ou de quelqu'un pour oublier et fuir une partie de sa frustration actuelle. Elle remarque un serveur avec un plateau de champagne, se dit que ce plateau sera sa porte de sortie vers une fin de soirée ok tier et décide donc de partir à sa poursuite. Elle perd le serveur au détour d'un couloir mais à la place elle croise Azur la superstar qu'elle approche un peu maladroitement be like "je suis pas une stalkeuse promis je voulais juste voler du champagne gougou"

Tu. Tu hoches la tête. Ok. Va pour tu. Si tu n'avais pas déjà bu, peut-être que tu aurais une certaine réticence à tutoyer une star mondiale mais il s'avère que tu n'es plus à ça prêt et que tu n'es pas en état de t'attarder sur ce genre de détail. En revanche, tu secoues la tête pour l'autographe. Pas que tu n'en a pas l'envie, juste que ce n'est pas le moment et que depuis qu'on s'acharne sur toi dans la presse, tu respectes d'autant plus le besoin d'intimité chez les autres.

Mais tu prends le temps de le détailler quand même, Do. Pas pour apprécier ses formes, mais parce que de loin, vu comme ça, t'aurais presque pu le croire aussi misérable que toi. L'idée te traverse, de lui demander ce qu'il faisait là seul au milieu d'un couloir réservé au personnel. L'idée de traverse, de lui demander s'il voulait fuir quelque chose ou quelqu'un lui aussi. Mais c'était peut-être trop présomptueux et l'alcool te fait sauter à des conclusions qui n'ont certainement pas lieu d'être. Néanmoins, ton visage s'illumine quand il se propose d'aider. La perspective de ne pas errer seule dans la soirée te séduit. Il n'y a rien de tel que les autres pour fuir. Rien de telle qu'une voix pour éteindre celles de son esprit. Rien de tel que la présence d'un autre pour oublier celle de l'absent. Et, Dorothy, c'est que tu as beaucoup à oublier.

Ça dépend... ce que tu entends par là.

Beaucoup. Beaucoup trop a oublié.

— Seulement si t'es aussi désespéré que moi pour aller courir après un verre de champagne.

Tu lui adresses un sourire un peu plus tendre. Le malheur rapproche à ce qu'on dit.

— Je t'embarque, donc.

Tu viens t'approcher à son niveau, lui tend la main, peut-être un peu trop officiellement pour ne pas lâcher un rire gênant.

— Dorothy Martin. C'est mon nom.

Tu connais le siens, évidemment, mais tu trouves ça réconfortant, drôle, qu'il vienne tendre sa main pour se présenter à son tour. Dans le fond, tu trouves ça presque ignoble. Tout ce que tu veux, c'est noyer ta bourde sous trois tonnes de déni et d'alcool. Dans le fond, tu pourrais presque trouver ça d'une cruauté sans nom. Elles doivent être nombreuses, celles qui rêvent de lui tendre la main. Pourtant il a fallu que ce soit toi. Dorothy. Désintéressée. Qui a juste son meilleur ami, la peur de l'avoir perdu et une bonne trentaine de complexes intimes à oublier.

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Résumé : Gogogo on embarque Azur bae dans une aventure folle

Le deal te semble juste. Plus que juste, il t'arrange. Toi non plus, tu n'as pas envie d'en parler. Tu n'es même pas sûre d'être capable d'écouter. C'est pas contre lui, c'est contre personne. Tout ce dont tu rêves, tout ce dont tu as besoin c'est de plonger dans le déni, de l'aider à mué en oubli pour que demain matin tu puisses te regarder dans la glace et te dire que tout ce que tu voulais occulter de cette soirée n'avait jamais existé. Que t'avais danser avec Neal, rit avec Bertram et Beckett, danser avec Gus. Juste danser avec Gus. Que tu n'avais jamais sorti ce stupide téléphone, jamais allumé cette stupide application et que tu n'avais jamais regardé ton meilleur ami dans les yeux pour lui demander s'il te trouvait attirante et lui proposer t'aller faire péter le bouchon pour des raisons qui dépassent ta compréhension. Et il semblait la partenaire parfait pour ça, Azur. Parce que tu ne cherche pas qu'il te rassure, qu'il te prouve quelque chose dont tu doutes. Non. Tu veux juste oublier. Et quoi de mieux qu'un type qui recherche l'amnésie pour oublier. Alors tu souris.

— Ça tombe bien, je veux oublier pas faire une séance de psychanalyse.

Tu prends un air faussement solennel, désigne le bout du couloir en direction de la salle.

— Tous ce qui s'est passé au gala reste au gala.

Quand il te prend la main t'en profite pour la serrer, sceller votre accord. Tu sais qui il est, mais t'apprécie qu'il prenne le temps de jouer le jeu. Il aurait très bien pu t'envoyer bouler. Il ne le fait pas. Tu as peut-être trouvé ta porte vers le déni et l'oublie. Victoire.

C'était peut-être candide et adorable jusque-là. Mais quand il te propose de le suivre ailleurs tu te rends compte que t'es encore assez sobre pour y voir un double-sens. Et tu te demandes, est-ce que c'est ok. Aller ailleurs ça veut tout et rien dire. Tu ne le connais pas. C'est dangereux. C'est irresponsable. Ce n'est pas ce que la grande sœur ferait. Ce n'est pas ce que la Dorothy de Gus ferait. Tu considères en silence sa proposition, sens ses doigts s'enrouler entre les tiens. On n'en ai plus à simplement se serrer la main. On en est à potentiellement fuir une fête pour aller s'enfiler des bouteilles. Ce n'est pas ce que la Dorothy de Gus ferait. Mais la Dorothy de Gus elle ne veut plus voir Gus. Plus ce soir. Elle ne veut voir personne. En vérité, elle emmerde tous le monde.

— Seulement si c'est loin d'ici.

Tu soutiens son regard, ne rigole plus, déterminée l'espace d'un instant. C'est dangereux. C'est irresponsable. C'est pourtant la route que tu prends. Tu sers tes doigts contre le siens, défi muet qu'il assume, qu'il t'emmène. Pour tout ce qu'il veut, t'es plus à sa prêt. Juste qu'il t'emmène, loin d'ici, loin des gens qui rient, loin de la musique qui pulse, loin de cette foutue piste de danse où tu as planté Gus, loin de tout ce qui te fait présentement flippé, loin de toutes les pensées et les images que tu veux désespérément oublier.

Tu lui adresse un sourire.
Innocente.
Pas du tout.

— J'espère qu'on commandera du Gevrey-Chambertin.

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Résumé : elle accepte les conditions, ça tombe bien elle veut pas s'expliquer. Quand il lui demande de bouger elle hésite un peu mais go

C'est promis.
Et il t'entraîne. Et tu le laisses faire. C'est peut-être à partir de ce moment-là que t'as lâché prise, Do. T'oublies la soirée, t'oublie le visage de Gus quand tu l'as planté, t'oublie tout le reste en même temps que tu quittes la fête. Tu serres un peu plus sa main. C'est ok. C'est bon. Au diable la raison. Après tout, t'es une grande fille. La culpabilité attendra demain. Maintenant c'est lui. Maintenant c'est l'oubli. Et t'as bien l'intention de profiter de toutes les occasions qui se présenteront. Tu réponds à son rire pour définitivement clore le chapitre des doutes. Vous sortez par la sortie de secours et il vous fait transplaner. Tu regardes autour de toi, tu ne reconnais pas les lieux. Une espèce de club. Toi tu vas pour aller au-devant de la porte mais il t'entraîne vers une entrée plus discrète. Son sourire est un véritable laissé passé et tu siffles, amusée.

— T'as vraiment tes entrées partout. C'est donc ça d'être beau ?

Ce n'est pas tant du rentre-dedans qu'une réelle constatation. T'as toujours tes doigts entre les siens. Tu ne t'en alarmes pas. C'est plutôt agréable, en fait. Il t'amène dans ce que tu comprends être le carré VIP. Tu crois ça parce que les gens ont des tenues bien plus étudiées que les autres. Il vous amène au bar, se plante devant l'employé.

— Seulement deux ?

Tu lui décroches un regard avant de rire.

— Ok, ok, deux bouteilles de Gevrey-Chambertin.

Tu ne te poses pas la question du prix, pas ce soir. T'as encore trop l'habitude de compter tes sous mais t'as envie de faire quelques folies. Tu fouilles dans ton sac pour chercher ton porte-monnaie, ne comprends pas qu'on pourra régler plus tard, des habitudes de star que t'as pas encore. On vous tend deux bouteilles, deux verres et c'est à ton tour de le traîner pour trouver un endroit où vous poser. Tu vois un petit box tranquille, il a l'air inoccupé et tu lèves les yeux vers lui pour lui demander.

— On est assez famous pour privatiser ça ?

Évidemment. Dans un sourire complice, tu le tires pour te laisser tomber sur un canapé beaucoup trop confortable et probablement plus chère que tous les meubles que peut avoir la mère de Gus chez-elle. Tu t'enfonces un peu dedans, profites du confort avant de te redresser pour vous servir. Tu lui tends le verre, trinques dans un rire.

— A nous !

Tu bois une gorgée, mélangé vin et champagne ce n'était peut-être pas ta meilleure idée. Tu lui adresses un regard, à moitié détendue par l'alcool, à moitié nerveuse parce que maintenant que tu y penses, c'est peut-être bien la première fois que t'es seule comme ça avec un homme. Tu n'es pas naïve. Tu n'as pas envie de l'être. C'est étrange comme sensation. C'est foutrement plaisant aussi.

— Alors Azur, fais moi rêver un peu. C'est quoi le programme d'une superstar pour oublier ses tracas ?

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Résumé : ça rentre dans le club, ça bois, ça parle

Son franc parlé te fait écarquiller les yeux, puis t'arrache un rire sincère. Il n'y va pas quatre chemin mais quelque part tu aimes ça. Tu n'as pas envie qu'on tourne autour du pot, pas la patience de jouer sur des centaines de sous-entendus et de jouer à la plus maline. Tu veux juste oublier, tout comme ton besoin de lâcher prise tu veux un rapport franc, direct. Ce qu'il te donne, ce dont tu n'iras pas te plaindre. Et dans un sens, sa réponse est plus que convenue. Dans ton imaginaire, c'est très adulte. Mais toi... Toi... Tu trempes tes lèvres dans ton verre, bois une gorgée.

— Hm, en général moi je vais me plaindre. Je débarque avec mes grands sabots et je déverse tout ce que j'ai à déverser. C'est une bonne technique mais elle a un gros défaut.

Tu observes ton verre avant de remonter les yeux vers lui.

— Quand ce sont les gens auprès desquels tu te plains le problème, tu te retrouves bien con.

Tu lui décroches un sourire, l’œil un peu brillant. T'es pas bien sûre de ce que tu sous-entends, de ce que tu quémandes aussi. Y a toujours la petite voix sage qui, même si elle est lointaine, te dit d'hésiter. Mais t'as pas envie d'être seule, ce soir. T'as pas envie de rester sur la touche. Ce serait sûrement pire de passer le reste de la soirée à te torturer seule dans ton lit. Azur c'est la fête sans Gus dont tu as besoin. C'est l'aventure pour tenir au loin le chagrin. Et tant pis si c'est passager, t'es pas là pour un grand voyage. Juste une escapade, le temps de se remettre en selle, de se sentir plus ou moins prête à affronter les conséquences de ta connerie.

— Alors ce soir ça va être l'occasion de tester ta méthode.

Tu lèves ton verre vers pour trinquer dans le vent avant de boire une nouvelle gorgée (de vider ta coupe).

— Ça danse comment une superstar ?

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Résumé : est-ce que y a encore besoin de faire un résumé ?

Tu joues à un jeu dangereux. Tu le sais. Mais tu aimes le goût qu'a ce pari. Tu te laisses entraîner. C'est agréable cette sensation. Celle de vos corps qui se reproche, celle de ce jeu faussement innocent. L'impression de jouer enfin dans la cour des grands. Et dire que tout ça n'est qu'une question d'ego. Tu pourrais mépriser la futilité, l'immaturité de tes actes, mais dans le fond est-ce que t'en as seulement l'envie ? Marre de jouer ton propre flic. Marre de jouer l'austère donneuse de leçon. On peut bien déconner un bon coup. On peut bien voir la grosse bêtise arriver et vouloir se jeter allégrement dedans.

Son souffle contre ta nuque ça t'arrache un frisson. Il se déplace sur la piste avec une aisance que tu n'as que rarement vu. Ce n'est pas comme avec Neal loin de regard des autres. Ce n'était pas comme Gus, totalement chaotique. Non, là, il n'y a que lui sur la piste malgré les dizaines de personnes qui vous entoure. Il éclipse d'un seul mouvement d'épaule le reste des danseurs. Et tu penses qu'il le sait. Tu penses que c'est sa fierté à lui comme le quidditch est ta fierté à toi. Il domine la piste comme tu domines le terrain. Et tu crois que tu comprends, que tu es sensible à cette conquête expresse. Tu admires, tu respectes. Retrouver cette fierté chez quelqu'un ça fait su bien. Tes lèvres s'étirent, tu ne te sens pas si maladroite que ça. Il a le talent, tu crois, pour te guider, rendre grâce à tes faux pas. Son aisance compense la fluidité qu'il te manque.

— Impressionnant.

Il y a des gens qui ont l'étoffe des rois et tu penses qu'il en fait parti. T'oses te mouvoir un peu plus, te déhancher un peu plus. Ce que tu entends n'a pas tant d'importance, parce que c'est sur lui que tu te cales. Son talent ne t'éclipse pas, il te sublime. Et tu trouves ça vraiment séduisant, Dorothy.

— T'es vraiment beau quand tu danses, Azur.

C'est dit, alors que tu relèves tes yeux vers lui. Il sort, il boit, il danse, il baise. Tu n'as pas oublié ses différentes étapes. Et tu n'as pas la malhonnêteté de ne pas reconnaître qu'elles sont pour le moment plus qu'efficace. Et tu te demandes, s'il est du genre à aimer voir qu'on prenne les devants. Haute sur tes talons, tu t'approches un peu plus, tu guides sa main contre ta hanche, pouffes, t'as pas l'habitude, mais tu aimes l'idée de donner l'illusion que si.

— Ils ne regardent que toi.

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Résumé : est-ce que y a encore besoin de faire un résumé ?

Il explique ça, comme-ci c'était le truc le plus simple au monde, le plus naturel aussi. T'es septique sur la question, Dorothy. Pourtant, tu fermes légèrement les yeux, essayes de capter, comme il te l'a dit, le son de la basse. Hm. Oui. Tu entends. Les boum boum régulier. La mélodie grave, moins anarchique que tout le reste. Et tu commences à bouger un peu. Ah. Sa main qui se glisse à ta hanche. C'est dangereux, pas vrai ? Tu fais genre, mais tu sais exactement à quoi tu joues. Et c'est dangereux. À trop joué avec la flamme tu vas te brûler les ailes. Non. Non, ça n'a rien à voir. Pour se brûler faut espérer du feu quelque chose. Est-ce que t’espères quoi que ce soit de lui ? Non. Juste de l'oublie. Simplement de l'oubli.

Rectification, ils ne regardent que nous.

Et tu les sens, oui. Les yeux envieux. Son nez qui te touche, sa bouche à portée de souffle. Qu'est-ce qu'ils pensent tous, ces anonymes ? Est-ce qu'ils voudraient être à ta place ? À la sienne ? Quelque part dans un coin de ton crâne résonne la voix de Gus.
Elle est trop charismatique.
Et toi ? L'es-tu maintenant ? Sa main au creux de tes reins. Cette proximité qui manque d’innocence. L'es-tu ? Fais-tu rêver, rien qu'un peu ? Es-tu, sous ces projecteurs tout ce que tu as toujours voulu devenir ? Ah. L'idée te séduit.

Ton regard braqué sur lui. Ta respiration lente. T'as glissé un bras lâche dans le creux de sa nuque.
C'est dangereux.
J'aime le danger.

Tu l'embrasses du bout des lèvres, sans insister, tu relèves les yeux vers lui.

— Ça, ça peut faire partie de la danse ?

C'est grisant, de frôler l'interdit. Oh, tu l'as déjà fait. En en faisant des caisses, en mettant les pieds dans le plat. Petit souffle qui se voulait subtile mais qui revêt des apparences de tornade. C'est plus gratifiant ainsi, plus valorisateur. L'impression de ne plus juste être cette parodie de femme, d'approcher de quelque chose de plus entier. C'est le genre de chose que font probablement ces gens "trop charismatiques".

Bien sûr, après tout, c’est une danse aussi, non ?

Tes lèvres qui s'étirent. Tu bats des cils. Alors qu'il vient t'embrasser encore. Tu fermes les yeux cette fois et t'aimes l'idée qu'on vous jalouse, qu'on vous observe. Comme un goût de revanche, comme un doigt dressé en guise de provocation. Mais pour impressionner qui ? Tu ne veux pas y penser. T'effaces le visage d'Argus alors que tu colles un peu plus à Azur. Pose tes doigts sur sa nuque. Ah. C'est agréable. Le cœur qui accélère un peu plus, gonflé d'ego, gonflé d'un désir particulier. Oui. Tu vas pouvoir oublier.

Il glisse à ton oreille, pose la question que tu attendais. Oh, tu te souviens très bien ce qui suivait la danse. Tu l'as cherché aussi. L'inviter à danser, c'était déjà un appel du pied dont tu n'as que trop conscience. C'est un petit jeu de suggestion qui fait pétiller tes yeux. Tu te dresses sur la pointe des pieds, glisses à son oreille. C'est un jeu dangereux. Mais dieu que tu adores jouer.

— Je le suis.

Et t'es une élève de réputation très studieuse en plus d'être curieuse.

— Montre-moi.

Petit jeu auquel tu prends goût. Tu glisses doucement tes doigts dans les siens. Chaque geste que tu fais est un crachat contre la forme juvénile et pitoyable que tu étais, contre cette fille qui demandait plus tôt sur la piste "tu me trouves pas séduisante ?", à qui on a dit "tu mérites le bonheur". Qu'ils regardent. T'es plus belle, plus grande, meilleure que tout ça. Tu prends ta revanche face à ton reflet.

— On bouge ?

Il vous fait transplaner devant un hôtel des plus luxueux. Le faste du lieu t'impressionne. Tu t'étais toujours considérée comme privilégiée, mais la démesure du bâtiment, les détails pimpants sur chaque millimètre de murs du sol, te fait reconnecter avec la réalité. Intimidée, Dorothy, face à un luxe que tu n'avais jamais côtoyé aussi frontalement. Tu restes légèrement en retrait, la main dans la sienne, constate qu'il sait trop bien ce qu'il fait pour que ce ne soit pas habituel. Ça ne te vexe pas, tu n'espères pas briller à ses yeux, tu n'en as pas l'envie. Dans le fond, tu te demandes ce que ça dit de toi. Tu vas cramer ta nuit dans le sens le plus cru du terme. Tu te demandes si tu es la seule dans ce cas, ou si toutes les personnes qui l'a fait monter dans cet ascenseur espéraient décrocher un sourire et une promesse de lendemain.

Il vous fait entrer, t'observe le paysage en face de toi. C'est particulier de sentir et de se voir monter. Tout devient de plus en plus petit à mesure que vous gravissez les étages. Tout devient de plus en plus lointain. C'est rassurant, tu aimes bien l'idée. Tu t'éloignes, monte si haut que tu ne peux plus distinguer quoi que ce soit. De là-haut, tu ne vois ni tes regrets, ni ton amertume, juste le flou. T'aimes ce flou. Le regard un peu lointain, quand il se penche vers toi, lève la tête par réflexe, ses lèvres qui rencontrent les tiennes. Ce n'est pas des papillons dans le ventre que tu sens, c'est plus cru que ça, le frisson brut qui part du bas-ventre pour remonter jusqu'à la poitrine. Et ça te satisfait, il te donne exactement ce que tu cherches. Ta main qui s'échoue contre sa hanche, tu ne regardes plus le paysage qui s'éloigne, tout est trop petit pour être intéressant, maintenant.

Tu passes la porte de la chambre, tout est luxueux, grands démesuré. Le lit en face de toi te semble fait peut-être le triple de celui que tu avais chez toi, à l'époque. Tu fais glisser ta veste sur tes épaules, explores à pas lent cette chambre. Tu vas cramer tes rêves dedans. Il y a cadre plus badant.

— Incroyable, Azur, y a un jacuzzi dans la salle de bain !

Tu laisses ta veste sur la première chaise qui passe à ta portée, lève la tête comme-ci tu étais dans un musée. Lui ne déambule pas comme toi. Il sait où chercher. Où trouver. Ton regard qui glisse sur lui. Il a l'habitude. Là encore, tu ne te vexes pas.

Comment tu aimes ça ?

Tu t'es approché tes doigts qui pianotent sur une table dont tu es certaine qu'elle dépasse le prix du salon de Nur d'au moins plusieurs zéros. Tu hausses un sourcil, sur le coup tu ne comprends pas.

— Comment j'aime quoi ?

Il te fait quelques secondes pour imaginer le sous-entendu. Et tu te sens bête, soudain un peu gênée. Complexe qui revient. Lui a l'habitude, mais pas toi. Et t'as peur d'être sur la touche, l'occasion manquée avec ton ex un boulet à ton pied. T'es trop dur avec toi-même, à la vérité.

— Je... Je ne suis pas encore allé jusque-là.

Et t'enrage, en travers de ta gorge ce sentiment et cette peur que tu vas être vue comme une enfant. Sans un mot, tu passes tes mains dans ton dos, tires sur la fermeture éclair pour laisser le tissu petit à petit se décoller de tes épaules.

— Je comptais sur toi pour m'aider, en fait.

Tu relèves les yeux vers lui. Soudain, t'as peur. Si peur. Tu te souviens des commentaires de Gus face à la photo de cette femme aux apparences si adulte.

Elle est charismatique ! Trop charismatique.

Tu veux être charismatique.

T'es terrifiée de ne pas l'être.

Tes yeux noisette dans les siens. Ose demander avec plus de calme que tu ne l'aurais pensé.

— Ça te gêne ?

Angoisse.
Tu ne fais rien pour le contredire, t'as pas l'audace de mentir. C'est pas de lui que tu as peur, c'est de ses yeux. Tu ne veux pas son amour, pas tellement son respect ou son admiration non plus. Tu veux juste voir, tu as besoin de voir, l'éclat désireux dans son regard. Tu as besoin de voir, qu'on peut avoir ce genre de frisson pour toi. Même si ce n'est qu'une nuit, même si ce n'est qu'une fois. Qu'on te voit comme ce que tu ne t'es jamais assez estimée. Être cette femme charismatique en première de couverture à qui on rêve la nuit. Être ce genre de femme qui pourrait regarder Argus de haut et lui dire "je suis attirante, c'est un fait". Tu te contentes de le regarder sans ciller, tu ne baisseras pas les yeux. Une femme ne baisse jamais les yeux.

— Je veux que tu me trouves belle.

Presque autoritaire. Tu pourrais dire non quand tu veux. Tu pourras dire stop quand tu veux. Les conditions te vont. Le contrat est signé en ce qui te concerne. Tu lui fais confiance, aussi étrange que ce soit. Y a quelque chose chez lui qui te fait dire que sur ce sujet il est droit. Il glisse ses lèvres à ton oreille, c'est seulement là que tu acceptes de fermer les yeux. Il n'y a que des premières fois. C'est vrai. Ça fait longtemps que tu as démystifié ta virginité. Ce n'est pas ton ex. Les enjeux ne sont pas les mêmes, tu ne cherches pas à ce qu'ils le soient. Il y aura des centaines de premières fois. Ce n'est qu'une première fois parmi tant d'autre, la première fois que tu oses. L'amour, toutes ces conneries-là que tu as mises au feu quand tu as quitté Poudlard, ce sera le sujet d'une autre première fois. Une première fois qui arrivera peut-être à la suite de dizaines d'autres. Ce n'est qu'une première fois avec lui. T'en demandais pas plus. Passe tes mains sur sa chemise, tu n'as jamais cramé la nuit, mais ce n'est pas la première fois que tu déshabilles.

— Ok.

Penche un peu plus la tête sur le côté, offre ta peau à sa bouche. Respiration un peu tremblante, tes doigts qui délivrent son torse de sa prison de tissu. Aucune conscience de ce qu'il anesthésie pour toi parce que tu t’anesthésies toi-même. Anesthésie ce que tu ne veux pas voir, ce que tu ne veux pas comprendre. Anesthésie la conscience. Veux juste flotter dans cet état second où il n'y a ni réveil, ni conséquence, juste toi et lui et votre première fois. Tu cherches sa bouche, tes mains qui glissent jusqu'à sa ceinture.

— Je ne veux pas dire stop. Continue.

La façon dont vous vous instrumentalisez serait presque belle si elle n'était pas aussi tragique.