Septembre. Match amical.

C'est monnaie courante chez les diverses équipes, il faut bien jauger les forces mais aussi les faiblesses de l'ennemi.
Ton entraîneur avait fait du bon boulot.

L'excitation était à son summum,
tu mourrais d'envie, comme à chaque fois,
de les exploser.

Surtout en ce moment,
ton coeur éclate.

Plus que jamais, lorsque tu pénètres les vestiaires,
ton envie de les exploser, bout en toi.

Même si généralement tu te meus dans ton équipe, que les palabres échangées t'amènent à t'évader et à te soulager l'esprit, un moindre regard sur eux et le feu reprend de plus belle en toi.

Tu grinces des dents,
t'as oublié quelque chose d'important chez toi.
Fuck, t'es obligé de transplaner à ce moment.

Ca te prend pas longtemps, mais au retour dans le vestiaire, il ne reste plus que toi.
... Et ce type.

T'as du mal à le remettre.
Non, son visage ne te revient pas.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es vraiment un joueur pro de Quidditch.
...
Toi ?

Et il te répond en plus.
C'est quoi ce regard brillant, cette fierté innocente ?

En s'approchant pour te tendre la main, ton menton se lève. Imperceptible mouvement, mais assez présent pour appuyer ta supériorité.
Battement de cils, tu l'avises froidement. Tant et si bien que tes prunelles flirtent avec une teinte plus argentée que dorée.

C'est quoi son problème, pour vouloir faire ami-ami, avant un match ? Seriously, t'es agaçé.
Par la beauté de la jeunesse candide.

- Je présume que tu sais qui je suis.

Pas besoin d'en dire plus, tu ne retiens pas son nom. Tu ne retiens pas grand chose, sinon que l'heure tourne et qu'ils doivent t'attendre.
D'un regard étrecis, tu daignes néanmoins glisser ta large main dans la sienne pour l'enserrer... sans faire montre d'une moindre mesure dans ton rapport de force.
Lui écrabouiller la main ferait l'affaire, non ? Alors, tu fais pas semblant de serrer.

- Mais ravi aussi. N'oublie pas qui sont les Flèches.

Petit sourire narquois de pure condescendance, tandis que tu relâches sa main avant de te l'essuyer contre ta hanche.
Tu lui passes devant sans lui accorder la moindre attention.

Direction le match.

Une fois le match lancé, vous vous déchainez.
Et si les scores sont serrés, même si les Flèches parviennent à marquer les points, malheureusement les Griffes mettent fin au jeu lorsque le vif d'or leur fut acquis.

Et si tu étais resté un instant interdit,
tu bouillonnais de l'intérieur.

Tu sentais la bombe,
prête à exploser.

[...]

Une fois dans le vestiaire, poisseux de tes affaires, tu commences à te changer, à lorgner les douches. De tous les voir satisfaits de ce match,
ça t'écœure ;

tu claques la fenêtre du casier, peut-être un peu virulent, et tu te diriges vers les douches pour commencer à te laver, sans accorder le moindre regard à quiconque.

Jusqu'à ce qu'un des tes alliés parlent de cette défaite avec un membre des Griffes et t'es impulsif, Hyste, t'as envie de les encastrer.

Surtout quand ce sont des membres de ton ancienne équipe des gryffondors.

- Vous allez devoir vous entraîner encore plus maintenant.

En tournant la tête, tu perçois le visage du type de tout à l'heure. Et là, ton coeur manque un battement.
Ta fierté est mise à mal,
elle l'est tellement que tu risques de l'agresser s'il te parle ou te provoque.

... Tu fixes droit devant toi dans l'optique que vos regards ne puissent pas se croiser.

C'est mort.
Tu ne voulais pas laisser cette première impression des Flèches.
Pas à ce pauvre gars ambulant.

Et pourtant, il a fallu quelques minutes seulement pour que ce cloporte vienne pénétrer ton périmètre d'intimité, en plus sous la douche.

Tu demeures un instant interdit,
de son toupet monstre.

T'aurais fait pareil, Hyste.
T'aimes la provocation à l'état pur.

T'es obligé de réflechir. Cette sensation dans ton dos, la familiarité qu'il utilise pour t'humilier, les sous-entendus dans ses propos. Sans le savoir, tu te retrouves avec un savon spécial moldu cassé en plusieurs morceaux dans ta poigne.

Merde.

Et si tu faisais semblant de rien entendre ?
Mais déjà un acolyte s'ajoute malheureusement à l'équation.

- Oh, vous vous connaissez ? Décidemment, captain ! Tu connais tout le monde !

Tu peux pas leur montrer ta violence. Tu l'as déjà fait avec certains membres et ca ne s'était pas tout le temps soldé sur du positif alors il était quand même question d'apparence.

Après un soupir mental, tu te retournes, lentement, un peu prédateur dans tes mouvements félins, et ton regard le foudroie sur place.
Revoir sa gueule fait pulser ton coeur à une vitesse folle.
Bon sang, Hyste, calme-toi, calme-toi.

Il s'agit de montrer toujours le bon côté de toi-même.

- Ah ah ah, merci bien.

Lui agrippe la main d'un coup et la lui broie sur place. Les dents serrés dans ton sourire carnassier :

- N'hésite pas à m'appeler par mon prénom surtout. Et j'espère que la prochaine fois, nous aurons (encore) l'honneur de vous combattre.

T'as vaguement oublié de retirer ta main, et tu relâches la pression de tes phalanges sur les siennes, blanchies par la force.
Avant de perdre tout sourire, et de quitter les douches pour retrouver le casier.

T'habiller.
Lentement.

Très. Lentement...

Ta fin de journée aurait dû être un cauchemar, mais tes fidèles coéquipiers, des frères du balai, auront réussi entre temps à te remonter partiellement le moral.
Après quelques massages et une ambiance digne des Flèches, le temps s'écoule et te fait allégrement oublier cette bavure de la journée.

La prochaine fois... tu ferais en sorte que les griffes perdent leur bonne humeur.

Et t'allais commencer par lui.

Même s'il semblait avoir pris son temps, tu l'as vu partir il y a de cela une ou deux minutes, mais tu décides de te lever tout en trouvant une excuse :

- Je dois voir quelqu'un, je fais vite !

Tu mens comme tu respires après tout, tu ne sais pas dire la vérité pendant 24h top chrono. Sauf peut-être à Crys' ?

Tu cours dans le couloir, plus vraiment vêtu d'une simple serviette blanche mais d'une chemise à manches retroussées, et d'un jean, le style bcbg pour ne pas changer. Et quand tu le retrouves dans ton champs de vision, alors qu'il aurait pu transplaner, tu vois qu'il est seul. ... qu'il allait forcement bifurquer parce qu'en face, le couloir donne sur un cul de sac.

Ni une, ni deux, tu te rapproches de lui d'un pas beaucoup trop dynamique et ferme pour que ce soit des pas rassurants, et une fois devant lui, tu l'attrapes par les deux épaules pour le jeter contre le mur, peu importe si ca partait en rixe alors que tu n'avais même pas ta baguette sur toi.

mais tu as toujours compté sur ta verve et ta force pour surprendre les addicts des sorts :

- Toi, la prochaine fois que tu cherches à te mesurer à moi devant tout le monde, je te préviens, t'auras plus de rotules.

Tu sais pas pourquoi,
t'es mu par le désir de le déchirer.
Si bien que t'en souris, toutes dents blanches visibles :

- Un minus comme toi, qui penses sincèrement être un champion après un match d'entrainement. ..
AH AH AH, tu t'es cru où ? T'es à ce point minable pour t'enjailler sur un succès tellement relatif ?

Il ne comprend pas.
Qui pourrait comprendre.

Plus tu le regardes ; plus tu vois le reflet imparfait et defectueux de c'que tu aurais pu devenir.
Lui,
est misérable. Minable. Minus.

Sans rien contrôler ton poing se resserre,
Sans rien sentir, tes phalanges se vident de leur sang.
T'imaginer enfoncer ta main sur le mur, chercher un rempart à ton ire incontrôlable.

C'est vrai, ça. Qu'est-ce qu'un moins-que-rien comme lui peut bien t'incommoder ?
Pourquoi, POURQUOI ?

Ton visage se laisse voiler des remous faibles d'une sagesse longtemps égarée. Il a raison, au final.
C'est toi qu'à tort.

T'inspire, c'est profond. Et tu aspires de nouveau ce fléau que sont les fils d'une violence jusque là à peine maitrîsée.
Calme-toi, Hyste.
Ca n'en vaut pas la peine.

.. juste.
Tu fonces juste sur lui pour le sonner contre le mur.
Le coeur battant la chamade, aux prises d'un soulagement divin.
Ta fierté, avant tout, non ?

T'es calme, ici bas.
T'es plus calme que jamais, tant et si bien que ton souffle revient à la normal.

-Ah ah....

T'as jamais fait un si beau sourire aujourd'hui.

- Ah ah ah. Je disais donc, la prochaine fois que tu me parles mal, je te ferai tomber ce petit sourire ingrat et te ferai virer. ... Les medias m'ont à la bonne.

Tu te retournes pour reprendre le chemin inverse. Retrouver ton équipe.

- Et toi, t'es rien.

Putain.
Il veut pas en finir le bougre, et sans avoir préparé ce coup en douce, dans ton dos, tu te retrouves à trébucher et à te rattraper au mur.
Tu le foudroies du regard.
Ton arrogance t'avait bien mis en confiance, assuré que même s'il te suivait, il te toucherait pas.
Grossière erreur.

Et avec un certain dégoût, t'en es là à l'écouter, observant les mimiques de colère qui l'habite, les poings serrés dans l'optique assurée d'engager le combat, avec toi. TOI. Hysteria Dragan.
Mais il est fou ?

Il a dû mal comprendre les rouages de la hiérarchie ou, pour dire plus simple, la loi du plus fort. Il s'était regardé avec son corps de petit gringalet des cavernes ? A mesure que tu l'écoutes, tu commences à comprendre ce à quoi il joue : t'as frappé en plein dans sa fierté, Hyste. Il est en train de perdre les pédales, et, contre toute attente, son comportement te tire un sourire jubilatoire d'un bout à l'autre du visage.
.. beckett. C'est ça son nom ?
C'est tout ce que t'as retenu.

Tu te redresses de toute ta hauteur et te rapproches suffisamment de lui pour le surplomber entièrement, et tu cognes ton front au sien, lui agrippant les cheveux d'une poigne assez ferme pour le forcer à rester dans ce face à face visuel.

- Beckett, si t'es fan de moi, on peut repartir d'un autre pied, tu sais. Mais j'ai dû oublier un détail : je SUPPORTE PAS qu'on m'colle.

Tu glisses ta main des cheveux pour l'agripper au col, froissement de vêtements entre tes doigts calleux :

- Ah mais attend, tu pisserais pas un peu dans ton froc à l'idée que je touche à ta vie minable ?

T'es tellement dans le mal à te contrôler que tes bras et épaules souffrent de soubresauts nerveux. Au moment où tu allais répondre à cet acte de guerre, des voix féminines apparaissent dans votre champs sonore.
Tes yeux ronds comme des billes sous l'effet de la folie sont soumis à de multiples clignements de paupières. T'es obligé de redescendre d'un cran ton taux d'agressivité, Hyste. Même de plusieurs crans.

Lorsqu'elles sortent du carrefour et vous voient, tu relâches bien évidemment le petit brun, en lui tapotant l'épaule le plus amicalement possible, sans couper court au contact visuel que TU entretiens avec le petit groupe.
De groupies, sans doute.

Le timing ne peut être plus mauvais quand, finalement derrière vous, la voix d'un de tes joueurs t'appelle à revenir au vestiaire.

Ton regard tombe au sol, les plis amers de tes lèvres dévoilés qu'à ton si proche interlocuteur.
Beckett, hein ?

Un murmure.
- Je te démonterai au prochain match.
Une promesse.

D'un pivotement de talon, tu t'éloignes de lui.