lourde, lourde, trop lourde
est la charge mentale
lorsque se lève le soleil,
matin d’octobre
renard
embrasse le front de sa douce
margot sa seule et unique
étoile
bien plus brillante que n’importe laquelle oui
de ses yeux fatigués il distingue encore
toute la préciosité qu’elle incarne

et c’est pour cela, par ailleurs,
qu’il s’était levé, aujourd’hui
à l’aurore

il fallait
se préparer, sans trop en faire
signaler sa présence, ses déplacements,
le moindre de ses
objectifs
au ministère. et, après ce détour
il rejoignit
tête rose et ses sourires factices
m i y e o n
dont les origines lui rappellent quelques souvenirs
désagréables.

coup d’oeil à sa montre
la ponctualité est de rigueur,
et lorsqu’il l'aperçoit
fausse amie,
il s’élance

« bonjour, miyeon. »

pas un sourire ni même un élan de tendresse
non, jamais
jamais
jamais ne toucher les autres
jamais.

« faisons vite, veux-tu? on a tous les deux mieux à faire de notre côté je crois. »

lui doit attendre
qu’un peu de paix s'amène.
elle ? qu’importe.

« je pensais à un bijou, mais c’est peut être un peu facile. j’écoute tes suggestions? »

entamant la marche dans les rues commerçantes de londres
la boule au ventre, qui s'accroche,
priant pour que personne, dans ces allées surpeuplées
ne croise
son regard de bête noire.

pas de bonjour mais elle prononce son prénom
avec trop de
dégoût
il entend
peut-être mal, mais
il l’entend

son mépris.

il grimace.

« je rêverai aussi… »
mais on le lui autorise
que les cauchemars

alors
il en vivait
des centaines.

mais ne les comptait plus.

à l’écouter
ses lèvres voulaient laisser s'échapper un
désolé

mais
elle ne méritait pas
telle sonorité.

les yeux roulent les pieds l’emporte
il a le regard qui s’évade sur les enseignes quand miyeon laisse traîner sa parole
mais ses derniers mots le frustre
et ses sourcils se froncent,
ses pupilles la dévisagent

« pardon? »
et il se détesta de s’être finalement excusé.

« comment ça; « t’occupe pas du budget » ? miyeon si je t’ai demandé de m’accompagner
c’est pour m’aider à trouver un cadeau que j’offre, moi. »

range ses mains dans ses poches
le pauvre taulard.
il cessa de porter son attention sur elle
le dégoût lui est venu, aussi.

« mais merci pour l’idée d’une virée à l’hôtel
c’est sûrement agréable, à deux. »

insistant sur ces derniers mots
pour l’écarter de ses rencards
oui,
soudainement
le renard grondait de
possessivité.

« tu pourras dire que c’est toi qui y a pensé. »
mais pas elle qui y va.

il s’arrêta alors
pour la première fois
devant une façade de bijoux.

« c’est vrai que c’est
exorbitant
et
trouver quelque chose
qu’elle n’a pas déjà… »

réfléchit le cœur lourd,
il se tente;

« qu’est-ce que tu rêverais d’avoir
mais que tu n’as pas
miyeon? »

qu’est-ce que le monde
vous a volé
à vous
les riches ?

le rire est sale
stratégique, condensé
il ne le reconnait pas parfaitement mais
il a
la longueur de ceux qu’on feint
pour étouffer
les mots indigestes qui
voudraient
pester.

oui ;
renard reconnaît
ceux qui danse avec leurs humeurs…

« on veut tous le meilleur pour margot… » chuchote le criminel
que jamais on insinue le contraire
ça l’a piqué dans l’ego

devant les colliers et parures à gogo
il scrute, entend
écoute la désagréable voix de madame
qui répond avec sens.

ce que l’argent n’achète pas.
il réfléchit, l’esprit se referme
y’a-t-il vraiment
une chose, sur cette terre
qu’on ne peut pas « acheter » …

la liberté contre l’aveu
le bonheur contre l’oubli.

renard ne sait que trop bien
que rien n’est inatteignable
par l’argent ou le don de soi.

« margot a déjà accès à n’importe qui d’important à ses yeux. »
il n’imagine pas une seule entité par ici
qui lui refuserait une seconde de présence.

et pour lui ?

« moi,
rien.
je n’ai besoin de rien, je n’ai envie de rien. »

ses pupilles se perdent dans les pierres précieuses.

« rien qui pourrait me rendre heureux. »

les tendres baisers de margot,
les conseils avisés de chance
la protection infantile de leonid

tout ça présentement
lui suffisait à panser ses plaies.

« non c’est vrai,
y’a rien. j’ai déjà beaucoup. »

loin du froid d’azkaban
c’est déjà trop beau pour s’en lasser.

« mais tu ne peux pas comprendre ;
les strass, paillettes, soirées et fêtes…
tu vis dans un monde édulcoré
le mal existe à peine, j’imagine.
que crains-tu vraiment si ce n’est
perdre ton piédestal ? »

ses yeux pour elle
ses mots tranchent la froideur de leur relation calculée
et il s’est autorisé, effrontément
à rabaisser l’amie de madame
se risquant à des représailles mais
il sait, lui
que rien jamais ne sera pire
que les barreaux métalliques de sa cellule.

« alors tu te dis
qu’un cadeau cher lui ferait plaisir.
une couronne de fleurs séchées lui plairait tout autant
mais tu ne jures que par le luxe.
c’est surement ça ;
quand l’apparence l’emporte sur le cœur. »

et c’est la trêve,
l’attention se retourne finalement
sur les anneaux dorées.

« j’aime bien cette bague ;
la troisième en partant du bas. avec l’émeraude.
tu en penses quoi ? »

faussement cordial.

différence de genre, de taille,
d’histoire, de travers et
d’éclats.

renard avait sur ses morceaux de verres éparpillé
le reflet de son incompétence
miyeon, elle
une aura de mystère
qui transparaissait dans ses paroles.

alors il s’était alors tu.
pour ne pas la provoquer plus que déjà,
parce qu’il se sait,
le sale gosse
qui devrait la fermer.

leur regard sur l’estrade décorée de bijoux.

« non. je n’aime pas les parures. »

il se décale sur la gauche pour scruter la vitrine.
avait-il ignoré sa question ?
on le croirait
presque
réfléchir.

mais son air est
vide.

« et je ne sais pas. »

pour lui répondre, sincèrement.

« mais je ne m’attache pas à margot pour autant.
elle s’appartient à elle toute seule
rien ne me garantit qu’elle soit encore là demain.
alors à quoi je m’attache, finalement…
et toi ? »

il s’éloigne
sans prêter attention à ce qu’elle le suive ou non
renard délaissa la boutique où était né leur débat
sûrement pour croire qu’il resterait là bas
comme un souvenir passé

« depuis quand tu aimes discuter avec moi, miyeon ?
tu as pourtant le regard noir quand tu me vois.
tu es courtoise en public, d’une politesse millimétré
j’imagine que ça fait partie du travail.

il a l’air dur. votre travail. »

avoua-t-il d’une simplicité presque déconcertante.

différent, témoignait-elle
et leur conversation s’éternisait pourtant
malgré leurs différends.

alors il est compliqué, leur travail - pas qu’il en ai un jour douté
non, les apparences sont si
importantes.

il y a les yeux des étrangers
des trop curieux
des coupables;

et puis il y a
la misère pour contraster
avec leurs sourires d’artifice.

sans prendre la menace glissée pour avertissement,
ses yeux dérivent, s’approprient l’espace
de sorties pareilles, il ne s’en autorisait que si rarement
que même si la compagnie d’une ingrate ne lui plaisait pas tant,
il trouvait tout de même
plus agréable
le soleil de londres
que le plafond terne de sa cellule.

alors il se rendit compte,
que finalement,
jamais il n’avait vraiment porté son attention
sur miyeon.
corrigeant cette négligence,
il garda un long silence,
qu’il rompit en même temps qu’il reprit la marche.

« tu te dis alors que margot s’embêterai avec un idiot comme moi ? »

plaisanterie à part, il ne s’attardait plus tant à scruter les vitrines.

« et moi j’aimerais bien présenter, comme vous le faîtes si bien.
mais que je m’efforce à sourire ou que je baisse les yeux,
ça ne change rien à ma réputation.

tu as le pouvoir de la modeler,
c’est une chance que tu dois mesurer.
profites-en. »

douce, capricieuse, altruiste ou mystérieuse,
dieu qu’il doit être plaisant
pour elle et ses copines
d’incarner n’importe laquelle des facettes de la bienveillance.

« m’enfin. susceptible comme tu es,
n’y vois pas de la jalousie ou une attaque,
je n’ai aucun intérêt à t’avoir sur le dos,

j’ai assez à gérer de mon côté. »

car même si ça avait l’air si
badin et
à portée de main
de vivre comme n’importe lequel des hommes
foulant les rues vivantes du pays

c’était pourtant
si
désagréable
de ne pas se sentir à sa place.

« mais j’ai bien compris
que j’étais un cafard dans ton espace,
tu n’es pas obligée de le préciser si ouvertement.

je ne suis pas une espèce de… réceptacle
pour ta frustration… »

il a bien assez à faire
avec la sienne.

« je sais ce que je vais prendre à margot. »