Elle relie le message, c’est avec un doux sourire qu’elle y répond avant de ranger son appareil et de regarder le ciel gris au-dessus de sa tête.

Izar, un ami cher à ses yeux, il peut paraître étrange et excentrique mais au yeux de la brune, ce n’était qu’une personne sortant du lot mais qui, pourtant, ne méritait pas l’ignorance.

Oh non, bien au contraire, elle est même ravi Crystal de retourner le voir, de pouvoir glisser ses doigts sur le clavier d’ivoire qu’il lui réserve en secret, dans une des résidences secondaires de sa fameuse famille.

Les Blacks.

Bien intriguant, elle ne se permet pourtant pas de juger Crystal, bien au contraire. C’est certainement celle qui croira le moins les rumeurs, qui les écoutera mais qui voudra se faire une idée avant de juger quoi que ce soit. Dire qu’elle ne le fait jamais serait mentir, c’est dans la nature même des gens de se faire des idées, des impressions avant de voir véritablement les choses mis Crystal elle, essaie le moins possible de se fier au regard des gens. Non, le sien est le plus important, c’est son jugement à elle qui compte.

Alors elle inspire.

Et disparaît.

Avant de réapparaître devant un énorme manoir qui semble si loin de tout.
Si loin du monde.

Mais elle le voit et elle lui sourit.
Heureuse de pouvoir passer ses prochains instants avec un ami.

« Izar, merci de m’avoir invité. Comment est-ce que tu vas ? »

Elle s’approche, sincère au-delà de la politesse dans son interrogation. Oh, elle n’est pas au courant de tout, mais elle est consciente que sa vie à Izar ne doit pas être facile tous les jours.

Léger rire face à la réponse d’Izar, l’ennui est effectivement quelque chose qu’elle ne peut qu’appréhender. Ne rien faire, n’avoir envie de rien, juste…

Regarder le temps passer, impuissance face à cette réalité.

Le suivant à l’intérieur, elle admire la beauté des lieux, ostentatoire au possible. Univers qui lui est à jamais inconnu, elle reste immobile le temps d’imprégner la splendeur de l’entrée, ancienne et se voulant pourtant accueillante.

Se tournant vers Izar, elle lui fait un sourire quand il reprend la parole.

« Ne t’en fais pas, je ne suis pas maladroite à ce point. Et si jamais cela devait arriver, sache que je suis une experte dans le sortilège Reparo, donc tu n’as rien à craindre. »

Elle n’ose pourtant pas trop s’avancer dans la pièce, comme effrayée de trop imposer sa présence si simple dans ce monde qui paraît trop complexe pour la personne qu’elle est.

« Vos lieux de vies sont toujours aussi impressionnant. La simple sorcière que je suis ne peut s’empêcher d’admirer la beauté des lieux. C’est presque inspirant. »

Parce qu’elle se doute, que sa vie à Izar n’est pas aussi simple. Que les problèmes doivent être aussi nombreux que les détails sur les meubles boisés, que ce silence persistant entre les paroles de la jeune femme veut tout dire.

Elle se tourne, plantant ses yeux dans les siens, sourire moins grand et plus doux.

« Quel genre de morceaux souhaites-tu écouter ? »

Comment peut-elle soulager, même un peu, son âme ?

La simplicité a du bon.

Oui c’est vrai. C’est même le mieux pour comprendre les choses mais que serait la simplicité sans la complexité ? Comment définir l’un sans l’autre ? Ils se dépendent, comme la lumière et les ténèbres. Comme le noir et le blanc. Comme la joie et la tristesse. Cela peut donner le vertige jusque d’imaginer le nombre de choses contraire qui, au final, ne pourrait exister sans l’autre.

Pensive, se perdant un instant dans ses pensées philosophiques, elle reprend pourtant ses esprits quand il parle de nouveau.

Jouer ce qu’elle veut mais quelque chose de doux dans l’humeur.

Message comprit, elle hoche la tête avant de regarder de nouveau autour d’elle, curieuse mais surtout en train de réfléchir au morceau qu’elle laissera entre ces murs.

« Effectivement, cela ne se contrôle pas. Mais parfois juste montrer un chemin peut aider à trouver quelque chose d’inspirant donc ne t’en fais pas et donne ton avis, ça m’aide. Car même si je joue pour moi, j’aime aussi faire plaisir aux autres avec ma musique. »

Oui, elle aime partager ces moments simple où juste le son du piano est présent, qu’il percute les émotions et les pensées pour s’ancrer à jamais dans leur mémoire. Qu’elle puisse juste avoir un impact, même minime, sur ces personnes qui écoutent sa mélodie.

« J’ai une idée de ce que je vais jouer… Je te laisse me guider jusqu’à ton piano. Ça devrait te plaire d’ailleurs. »

Léger sourire, elle aussi était dans une humeur où un peu de douceur ne ferait pas de mal. Oui, doux et… mélancolique.

« Quels sont les dernières nouvelles d’ailleurs ? Tout va bien de ton côté ? »

Parce que s’il était ici dans un premier lieu, seul, c’est bien pour une raison pas vrai ?

Les musiciens ne s’adaptent pas tous, certains ont leur domaine, leur émotion à transmettre. Et si jamais cela ne les inspire pas, la frustration d’être bloquée prends le pas sur le reste. Comme si le plaisir de jouer avait laissé place seulement à ce besoin de satisfaire les autres au lieu de se satisfaire soi-même. Car pour Crystal, c’est ça son art. Son ressenti, son sentiment qu’elle fait vivre entre ses doigts sur les touches d’ivoires.

« Pas tous sont comme ça je te rassure, mais j’aime bien qu’on me montre le panneau avant que j’ai à créer moi-même le chemin. »

Sourire, elle hoche la tête quand il lui indique l’étage et c’est toujours avec cette curiosité qu’elle admire les alentours. Manoir qu’elle ne peut que regarder avec cette envie de découvrir, de connaître tous les secrets de ce lieu. Et puis il ouvre une porte, elle voit l’instrument trôner fièrement au milieu d’une pièce avec des fauteuils en guise de sujets fidèles.

S’avance doucement tandis qu’Izar s’affale sur l’un des meubles, ne voulant pas parler de ses soucis familiaux tout en les évoquant pour qu’elle comprenne ce qu’il en était.

« D’accord… J’espère que ça va te plaire. »

Parce qu’elle joue pour elle oui.
Elle joue son envie d’apaiser les autres.
De les rendre moins tristes.
Juste de leur donner un sourire, à eux aussi.





Alors elle prend place, elle ferme les yeux pour se concentrer et ses mains se posent ; ses doigts commencent alors à jouer doucement, les notes viennent et la mélodie se fait plus claire, plus précise. C’est un morceau qu’elle a repris d’une œuvre originale mais qui lui semble parfait pour ce moment.

Mélancolique, mais aussi doux qu’une caresse en commencement. Les notes peuvent sembler répétitives, le rythme s’installe lentement mais sûrement et la monotonie se brise dans des notes plus aiguës, plus vives, comme si elles-mêmes luttaient contre ce sentiment d’abattement.

Cela monte en un crescendo qui fait battre son cœur, comme un cri silencieux qui ne s’exprime qu’à travers ces touches blanches et noires. Et d’un coup, comme un rappel à la réalité, le calme revient.

Notes faibles, avant de s’éteindre.
Un combat qui commence doucement, qui explose avant de ne laisser que des cendres.