Généralement, Avalon savait pourquoi il suivait Oswin ; d’abord Snowdon, puis le Wizgala et maintenant ça - et sincèrement il se demandait pourquoi. Non pas qu’il blâmait qui que ce soit, ou qu’il ignorait l’identité de leurs hôtes (et particulièrement un) mais qu’il ne comprenait simplement pas l’intérêt de festoyer le soir du nouvel an. Lui-même s’était habitué à rester trôner chez lui sans rien faire de particulier, pas comme s’il avait eu l’énergie de faire autre chose les années précédentes.
Mais il y avait quelque chose, quelqu’un qui l’avait empêché de faire comme habituellement ; Oswin. Parce que rencontrer des personnalités inconnues, c’est quelque chose et qu’avec Avalon, ça ne se passe généralement pas bien. Mais il va essayer d’être sage ce soir, au moins pour Oswin.

Ses doigts glissent contre les extrémités de ce col bien trop ouvert, alors qu’un sourire orne son visage d’une lueur nouvelle. Avalon était prêt à se rendre à tous les repas du monde si c’était pour le voir ainsi. Sa propre tenue à côté, lui importait peu ; il avait bien plus d’attention à porter sur celui qui était à ses côtés.

— Et bah, tu ne fais pas les choses à moitié. Son regard s’amourache du sien, alors qu’Oswin se prête à le rassurer un instant sur la nature de ce dénommé Ezra - mais Avalon est bien loin d’en être inquiet. Je ne m’en fais pas. S’il était si méchant que ça, il ne serait déjà plus là à l’heure actuelle. Enfin, probablement ; eux était pourtant encore ici à l’heure actuelle et ils ne sont pas les personnes les plus fréquentables à en juger quelques actions qui peuvent faire tiquer les plus sains.

Une fois transplanés, c’est nez à nez avec une porte ouverte bien trop rapidement qu’ils se retrouvent. Et Avalon n’a pas même eu le temps de réfléchir à ce qu’il va dire, ou possiblement faire si les choses tournent mal - mais rien ne pourrait mal se passer, n’est-ce pas ?
Alors aussitôt que l’encadrement de la porte laisse entrevoir la présence charmante de Noah et son compagnon, son regard les détaille sans vergogne. Mais le pire reste probablement ce débordement de joie et ces sourires ; non pas que ça soit si déplaisant que ça, juste d’une banalité déconcertante - c’est pourtant rien de plus normal qu’une soirée mondaine. Et Avalon a tout sauf l’habitude de ce genre de soirées.

— Salut, c’est ça. Aucune idée de s’il devrait rétorquer quelque chose comme Noah et Ezra, c’est ça ? de toute façon, c’est quelque chose qu’il sait déjà. Un simple retour de politesse devrait suffire. Peu importe, une bière suffira pour moi. Parce qu’il sait que l’alcool lui montre trop à l’esprit, qu’il ne devient pas assez étroit dans ses mots - et Avalon n’est pas ici pour se donner en spectacle.
Alors que l’un d’eux prend soin de saisir leur manteau, Avalon laisse Oswin poursuivre sa commande en ce qui concerne les boissons mais se plaît à le voir déjà tourmenter celui qu’on ne tarde pas à présenter (ou du moins était-ce assez évident avec toutes ces marques affectives).
Et c’est ce qui lui plaît chez lui, sa tendance naturelle à mêler les ronces aux compliments. Ce qui lui arrache un petit rire moqueur ; Et c’est pourquoi je suppose que vous vous entendrez très bien, tous les deux. C’est un peu trop tard pour se rendre compte qu’il vient d’assumer de vive voix qu’Oswin ferait un très bon mari également. Sûrement pas un domestique - Avalon n’aurait sans doute jamais pensé faire ce sous-entendu, et Oswin doit le savoir. Il n’empêche que cette réflexion le dérègle presque aussitôt et qu’il s’efforce de faire de même, comme pour se rattraper. Paume ouverte en direction de son compagnon, il le présente comme il l’a toujours présenté.

— Enchanté Ezra. Je suis un bon ami d’Oswin, mon partenaire de recherche. Parce que ça serait probablement stupide de nier une évidence ; il fallait qu’il le fasse.