La fatigue en fard des paupières, il a la tête bien lourde qui baille contre son poignet ; le bâtiment entier tremble sous la menace. Il n’y a plus que le dernier support abandonne sa tâche - et c’est l’édifice qui s'écrase, malheureux et libre de tout joug, droit sur son travail. Il baille finalement à s’en décrocher la mâchoire, révélant le gouffre béant de sa famille. Il pourrait avaler le monde par la force de sa déglutition - mais le chien bien dressé qu’il est à appris à ne faire que lécher la main qui le nourris.

Ce sont des prunelles avertis qui découvrent le grandiloquent Antigone, il glisse sur lui un regard intransigeant de fermeté avant que ! Oh ! Miracle ! Il se déride en un sourire à peine écrit contre ses lèvres. Tu ne veux pas de ce poste, pas plus que de cette chaise. Si je devais craindre un empoisonnement, je désignerai immédiatement Bergling comme responsable - quant à ma fatigue, elle est ma compagne ne t’en fait pas.

Il valait mieux subir sa présence constante que de ne jamais la voir après tout.

La question le prend au dépourvu et il longe du regard la pièce pour observer le canidé. Je ne sais pas. Franchise du bout des lèvres, il délaisse le croissant pour humer la caféine et s’en nourrir pleinement. Je prépare la Une pour les élections, j’ai toujours adoré mettre en page les articles de théâtre et juger les représentations. On finit pourtant par y voir une forme douloureuse de déjà-vue. Silence qui résonne encore, il finit par jauger sa présence du regard. Et toi ? Que fais-tu là ?

Ce qui te lasse, Antigone, pourrait emplir la Une de la gazette, et on aurait encore de quoi faire les suppléments. Les lèvres enfin trempées pour clore l’homérisme qui gargarise sa gorge, il se satisfait d’un grognement du goût semi-amer. Voilà qu’il semble à nouveau désintéresser d’Antigone, maintenant que celui-ci est venu pourvoir son bureau d’offrande.

Pourtant, comme une sale habitude, il ne peut s’empêcher de laisser traîner ses oreilles - et son attention se retrouve si vite capturée dans les lèvres si délicieusement ennuyeuses de l’autre. Une moue pour marquer sa désapprobation, il repose la tasse avec délicatesse avant de s’enfoncer dans son vieux fauteuil. Un assassinat… c’est une nouvelle ennuyante. Non, la Cavendish nous a suffit, les meurtres sont rébarbatifs quant à la mort en générale, elle est drapée d’un ennui constant. Laissons donc le poison aux personnes en manque d’imagination… Non je m’interroge plutôt.  

Voilà qu’il ignore (avec détermination) le reste de ses questions, préférant s’éloigner du personnel qui jouxte sa carotide. Vois-tu, on compare le tableau politique à un ennuyant échiquier. Pourtant, je suis persuadé que nous avons en face de nous du poker. Les cartes sont toutes truquées car chacun a voulu tricher. le croupier a perdu le manuel pour savoir qui gagne vraiment quand aux serveurs, ils distraient les plus bêtes.

Il observa le papier qu’il avait écrit avant de le froisser soudainement. J’ai toujours détesté ce rôle de servant.