C’était sans doute une très mauvaise idée maintenant qu’il avait connaissance de la présence de Rin, certains soirs au chaudron baveur. Donner cette si lamentable image de lui-même à une enfant qu’il avait presque vue grandir, à la fille chérie d’un de ses plus vieux amis. Mais malheureusement les problèmes étaient bien plus féroces que la raison d’un homme aussi déboussolé que pouvait l’être Tom, plus encore après une journée de travail qui lui semble être si étrangère. Lui qui pourtant, y avait passé des années auparavant.

L’homme n’y avait alors à peine pensé lorsqu’il avait franchi la porte. Un léger regard, tout au plus, qui arpenta la salle. Certains pourraient alors s’imaginer qu’il vérifiait la non-présence de la demoiselle et sortirait une fois remarquer. Tandis que d’autres, bien plus véritable, évoquerait simplement l’envie de trouver une chaise sur laquelle s’asseoir. Ou moins que ça, un moins que rien. (juste une pierre sur son chemin #gims) Un espace dégagé pour lequel il n’y aurait que très peu de vis-à-vis, parce qu’il en avait marre de ces soirs qui se terminaient dans des murmures à son égard et des regards remplis de noirceur ou de piété qui lui était dédié.

Et la descente était facile. Bien trop facile. Le gossier qui brûlait, jusqu’à quémander une douceur. Si sa tolérance semblait revenir à mesure des soirs que passait Tom dans les divers bars qui existaient, ses entrailles semblaient septiques après cette longue cure de trois années. Une reprise violente, pour laquelle on éprouvait le moindre désir.

Léger signe alors, pour être resservie une énième fois lorsqu’un homme vient s’apposer à ses côtés. Aucun regard jusqu’à ce que la parole lui soit adressé. L’incompréhension d’un homme qui aurait pu s’énerver, parce qu’après tout, à quoi bon se mêler de la vie d’un inconnu ?

Pourtant c’est le soupir qui s’échappe, hume sa propre haleine qui autant de mauvaise fois qu’un homme pouvait l’être, n’était que pure vérité.

« P't'être bien. »

Qu’il acquiesce malgré lui. L’envie, ce soir, de discuter un peu malgré le jugement premier.

« N’hésitez pas si vous avez une solution miracle pour alléger les pensées. »

Sarcastique, une moquerie dont l’intonation ne faisait aucun doute.

Si sa commande venait d’arriver à lui, Tom n’attend pas une seule seconde pour y tremper ses lèvres. Une prise de verre qui expose tout autant l’expérience mais surtout l’habitude. Une gorgée qui en cache une autre, le liquide qui parcourt sa gorge encore et encore. Une brulure intempestive qui glisse tout du long. Evidemment qu’il n’existait aucune solution miracle.

Sans doute que l’alcool pouvait être perçu comme la facilité, ou la faiblesse pour d’autre lorsqu’elle était usée d’une manière si abusive. Pourtant, personne, qu’importe le vécu, qu’importe les problèmes, n’étaient capable de donner une solution aussi radicale que la destruction d’un foie innocent.

« Un verre ? Vous n’êtes pas très généreux. »

Qu’il raille, un sourire carnassier. Triste aussi, qu’un parfait inconnu tente de l’arrêter en lui proposant un échange bien faible. Mais Tom connaissait son état, tout comme il savait ce qu’il l’attendrait une fois qu’il rentrerait chez lui. Bien loin de l’inconscience, sans doute un mauvais mal de tête qui passera au milieu du lendemain.

« Deux et je m’y tiens. »

S’imagine que jouer pouvait lui apporter une autre salvation. S’oublie peut-être plus vite qu’il ne le pensait, car après tout ça présence et les verres consommés n’allaient bientôt plus tenir sur ses deux mains. Son précédent verre pourtant si fraichement arrivé n’est plus qu’un fond ridicule. Une gorgée tout au plus. La descente si facile qu’il en oublierait presque de respirer – l’inconscience.

« Votre plus vieux rhum. »

Qu’il vient enchainer à la demande de whisky, ce joint au malheur d’un autre.

« Buvons aux ex-femmes dans ce cas. »

Qu’ils semblaient l’être tout les deux. Mariés et divorcés, ex-femme qui raisonne en lui. Non pas en écho à sa dernière femme, car la nouvelle est toujours dure à assimiler, à comprendre. Un choix, une nouvelle qui est tout autant destructrice car en lien avec sa condamnation. Alors seule sa première femme, arrive à être verbalement nommé comme tel.

« Elles savent nous mener la vie dure parfois. »

Tombe dans son mensonge, se raisonne faussement de sa présence ici. Elles peuvent être difficile lorsqu’elles demandent bien plus qu’on a à leur offrir.

Il avait ce sourire amer, lui qui tentait de faire écho à son passé beaucoup plus lointain, premier divorce qui n’était qu’un mariage voué à l’échec. Trop jeune, trop immature. Pourtant, ce sont les mots de l’inconnu qui le ramène au présent. Un mariage très différent, un amour qui l’avait animé. Mais malgré tout, un divorce dont il avait été la source. Elle qui avait dû subir pendant les premières années de l’enfermement de Tom et qui avait fini par signer les papiers.

Peut-être devrait-il lui envoyer un hibou ?

Une fraction de seconde, comme bien souvent lorsqu’il est au bar. D’ailleurs, l’une de ses pensées principales qui finit toujours par le faire plonger. Alors son rhum fraîchement arrivé, il y trempe ses lèvres avec rapidité. Comme pour effacer ses mauvaises idées.

« Noble, hein ? »

Qu’il murmure pour lui-même, sa bouche toujours plongée dans son verre. Tom ne connaissait pas plus que cela le métier d’Oubliator, d’ailleurs, il n’en connaissait pas beaucoup. Il est vrai qu’autrefois, son département avait dû faire appel au département des accidents et catastrophes magiques pour régler quelques soucis qui n’avaient pas été prévue lors d’une mission d’auror. Mais tout cela lui paraît être si lointain dorénavant.

« De devoir effacer la mémoire à vos semi-semblables ? Des personnes qui pourraient être vos parents au fond… »

Ou bien d’autres choses. D’un ton neutre, l’auror n’aurait jamais pu être confronté à une telle situation. Ses parents étaient tout deux sorciers, et Tom n’avait jamais vraiment côtoyé des moldus dans sa vie. Quelques fois, par-ci par-là, mais rien qui pouvait amener à la découverte du monde magique.

« Il faut sans doute se dire que c’est pour le mieux. »

Que cela est fait pour le monde des sorciers, mais aussi celui des moldus. Pourtant, il hausse des épaules avant de prendre une nouvelle gorgée.

« Pour ma part, je suis auror. Enfin, je suis… »

L’intonation qui change, pouvait-il vraiment se qualifier d’auror ? Quand bien même son poste avait été récupérer, tout était si différent qu’auparavant. Que son chef soit le responsable de son enfer était d’autant plus troublant. Alors que pouvait-il être, que voulait-il ? Tom l’ignorait au fond, bien trop perdu dans tous ses événements.

« Et croyez moi, c’est aussi une vraie torture. »

Raclement au plus profond de sa gorge qu’il vient chercher. Bruyant et surtout brûlant, l’impression qu’une vapeur chaude s’échappe de son être. Lorsque Tom remarque que son accompagnateur est sur la commande de son deuxième verre, c’est la mine renfrognée qui se manifeste. En profite alors pour demander le sien, car seul un léger fond – tout juste de quoi tremper ses lèvres, semble subsister dans le verre qu’il n’arrive pas à abandonner de sa prise serrée. Une histoire qui se termine.

Le regard vide tandis que ses doigts tapotent sur son verre dorénavant vide, l’oreille attentive malgré l’image qui reflète de sa carcasse bourrue. Ne fais qu’acquiescer d’un coup d’épaule qui s’accompagne d’une légère inclinaison de tête à chacun de ses mots, à chacune de ses paroles. Ses phrases qui permettent à Tom de s’échapper, de fuir le désastre, mais surtout sa propre réalité. Alors le regard finalement vitreux lorsque son verre est servi, car, dans un premier temps, c’est le refus. Celui d’une emprise qui reste forte sur un cristal pourtant vide et éclatant. Un refus qui estime, qui cherche et qui s’affirme. Ses yeux se ferment quelques instants, tandis qu’il finit par tiquer du malheur de l’inconnu.

« La révélation s’est mal passée ? Ou vous vouliez garder tout cela vraiment secret ? »

Qu’il estime, léger doute qui s’évoque d’un pincement de lèvre. Sa main accepte d’abandonner le néant pour rabattre son entreprise sur une nouvelle liqueur. Un problème délicat, que Tom venait d’imaginer. Tomber amoureux d’un moldu pouvait être risqué, problématique et d’autant plus douloureux si les révélations sur le monde magique n’étaient pas bien supportées. Un monde secret, qu’ils imaginaient pourtant depuis tout petit, mais qu’aujourd’hui ; adulte, il était bien plus difficile d’accepter, de comprendre.

Puisse encore que le cerveau accepte et ne cherche pas à tout rejeter sous l’appellation de blague.

« Peut-être que si vous aviez eu un enfant, ça aurait pu être différent. »

Qu’il se brise le cœur. Léger malaise tandis qu’instinctivement, son verre vient rattraper ses mauvaises lèvres. Des mots abrupts pour un homme qui avait perdu sa femme, pour un homme qui s’était fait disparaître dans les souvenirs d’un être aimé. Pourtant, tout cela lui semblait être une réalité. Pourtant le monde moldu était différent, compliqué. L’esprit de trahison qui aurait été considérable.

« C’est pour cela que généralement, les sorciers sortent entre eux. »

Un rire cassé, semblable à celui d’un homme brisé qui tente de rire d’un malheur beaucoup plus profond, beaucoup plus personnel. Ce n’était pourtant pas une évidence, car l’amour pouvait arriver parfois sans que l’on ne s'en rende compte. Le problème alors, d’être entre deux mondes.

Malaise alors, que Tom bouge d’une manière bien rude. Tente de se replacer sur son siège, mais sans réel succès. La question de l’homme le met bien mal à l’aise. Si son métier était une chose, qu’il avait adoré au point d’en perdre son premier amour, un métier pour lequel il avait donné. Mais peut-être que le problème était là, qu’il avait fini par se perdre, à offrir ce qu’il ne possédait finalement pas.

« Aaaaaaah… »

Qu’il s’exprime d’un simple son, en profite aussi pour s’étirer un peu avant de boire l’intégralité de son verre d’une traite. Les mots qui ne veulent pas venir, le courage qui s’envole. Tout simplement.

« Disons que nous avons changé de chef depuis peu. »

Ce n’était pas vraiment un mensonge, une vérité qui n’était pas si loin du problème. Bien qu’il fallait creuser encore profond.

« Les relations ne sont pas bonnes. »

Conflictuelles, détruites. Une confiance qui avait été piétinée alors que pour être capable de donner le meilleur de soi-même, il était nécessaire, non pas d’être aveuglé, mais bien d’avoir conscience de ce qu’on pouvait offrir à ses collègues.

« Je n’sais pas si vous avez déjà connu ça, mais c’est souvent très problématique. »

Rire gras à s’en briser le corps.

Rire peu sincère qu’il vient lui offrir. Malgré les différents verres bus avant l’arrivée de l’homme, l’humeur de Tom n’était pas très festive et joyeuse.

« Je peux comprendre ça. »

S’imaginer découvrir les possibilités que peuvent offrir la magie, un monde parmi son monde, qui permet mainte et une merveille. Semblable aux contes et histoires pourtant inventé par un tiers. S’imaginer une blague ou tout connaître, car la fantaisie pourrait être un reflet des choses que l’on souhaiterait cacher. Comme un appel à l’aide qui tend à s’ouvrir au reste du monde.

« Oui, c’est le problème quand deux mondes essayent de cohabiter. »

Qu’il acquiesce avant de tremper légèrement ses lèvres dans son second verre. Tente de temporiser la descente de celui-ci, bien que tout le monde ici n’ignore pas que cela ne sera pas très effectif. Chez eux aussi, monde sorcier, des conflits existaient en fonction du sang et des créatures, alors il ne pouvait pas imaginer ce que cela pouvait être, lorsque l’on tenter d’ajouter tout ça dans un monde qui tendrait vers la simplicité.

« Oh. »

Une pensée très vite rattrapée, que Tom vient plonger son verre dans sa boisson. Personne n’avait été dupe très longtemps et son compagnon d’infortune venait de lui lâcher une bombe comme si de rien était. Un sujet délicat qui le faisait comprendre maintenant, cette tristesse d’âme qui se dégageait de lui et la raison de sa présence en ce lieu.

« Finalement, le risque d’un enfant aurait pu être tout autant dangereux. »

Voir même plus risqué. La curiosité n’était pas vraiment un trait de caractère dans la loyauté et la pudicité de l’homme, alors il ne tenait pas à connaître toute cette histoire. Bien que la fin semblait être connue et pour le moins catastrophique, la mémoire contre la vie. Un choix dur mais effectivement nécessaire.

Car une chose était certaine, Tom appréciait la discrétion de l’homme à ne pas forcer l’auror à répondre à ses questions. S’il était flou, c’était bien entendu volontaire. Alors, il n’avait aucune raison de faire se qu’il n’apprécierait pas. Et le temps passe, suffisamment pour lui mais trop lentement pour Tom.

Alors lorsqu’il lui indique qu’il devrait rentrer, Tom acquiesce. Une promesse était une promesse, si lui avait bel et bien bu ses deux verres, il resterait malgré tout dans l’ambiance du lieu dans l’espoir que ses pensées s’échappent. Ne promettrait pas de ne pas retomber dans un dernier verre cependant, les soirées étaient de plus en plus dures lorsqu’il rentrait si tôt, avec l’esprit si clair.

« Je suis souvent par ici. »

S’il souhaitait se rencontrer de nouveau, certains soirs au Chaudron baveur, et d’autres dans différents bars qui l’accepteraient. La contrainte de venir bien souvent empêchait parfois l’entrée.

« Il me semble que le magiboc bus passe de temps en temps à quelques rues d’ici. Ou certains sorciers proposent un transplanage d’escorte à cette heure tardive. Tout dépend de votre état, j’imagine. »

Et dont la manière où il souhaiterait arriver chez lui, car si sa tête tournait. Ni l’un, ni l’autre n’était vraiment une bonne option.