La pointe du stylo qui grippe sur les aspérités, rend l’accolade disgracieuse. Un souffle de frustration, il continue cependant d’écrire la critique - d’analyser les mots sous ses yeux pour en extraire une prose. Quant les pas se dressent près de lui, il relève à peine le regard de son journal. Les mèches rousses qui parcourent une carnation étoilée retiennent son attention, lui font fleurir un sourire doux qui agrémente son visage taché d’encre. Beau Cavendish. Vous venez chercher la nouvelle sélection de livres proposée par la gazette du sorcier ?

Une autre des nouveautés instaurées par son règne pseudo-despotique, une manière bien étrange parmi les fascistes et les pseudos intellos de faire publier des auteurs cachés et des véritables génies. J’ai pu cette fois-ci mettre un recueil de mon poète favori, Berlioz, un véritable génie si vous voulez mon avis. Les prunelles qui flambent de la beauté des mots.


Arthur est un amoureux des lettres, les cultive sur des centaines de pages, en érigeant des champs et des plaines. Ce n’est pas son dernier recueil, mais celui qui marque un tournant dans la manière dont sa plume marque les âmes. Il se redresse finalement. Je suis sûr que vous en saurez apprécier le lyrisme.

Il a les prunelles qui cherchent des idiomes, la langue qui se languit des vers. Le voilà sevré de son opium à chercher désespérément à peine quelques fibres. Il dévore les mots un à un, les avale goulument et pourtant rien n’apaisait sa faim, rien n’enlevait les démangeaisons de ce manque. Ah ! Les plus osés sont pourtant les meilleurs, ils abandonnent toute pudeur discrète. Berlioz se confesse dans ses pages et l’on voit qu’il est grandiose et brillant.

Le rire léger, il referme ses notes, rangeant prestement son travail. C’est que le critique ne dévoile jamais son propre Verbe ; il délivre à peine quelques soupçons de son imagination honteuse. Comme à son habitude, il se cache derrière l’or, lui qui n’est qu’un étain sordide bon pour le recyclage.

Finalement, il se relève pour tirer une fauteuil face à lui, et y inviter Beau d’une indication malingre. Je suppose que bien est exagéré, mais je m’en sors. C’est ce que je peux affirmer avec brio sans trop avoir peur.

Le thé versé sans attendre, rompu à l’exercice habituel de leurs rencontres, il se rasseoit en soupirant. Tout va et repart, ne reste que le papier, pourtant celui-ci brûle si bien…. Un accident est vite arrivé, n’est-ce pas ?

Expiration. Et toi ? Comment vas-tu ? Ta femme continue de te tourmenter ou t’es-tu enfin débarrasser de ses serres.