2003 J'aime bien ma mère. J'aime sentir son corps chaud qui m'étreint de toutes ses forces, j'aime l'odeur de son parfum, j'aime sentir les larmes de ses sanglots étouffés, quand elle s'excuse pour son sang, pour ma propre existence et me dit qu'elle m'aime, inconditionnellement. J'aime mon père aussi, je crois. Il parle de dogmes et de lois, de droiture d'esprit. Si mon existence doit être courte, il veut faire de moi un sorcier mémorable. Les deux se parlent rarement. Père lui en veut encore de ne pas lui avoir dit. Dit quoi, je ne sais pas. La maison est silencieuse quand maman ne pleure pas, qu'elle s'enferme tous verrous dans sa chambre pendant des heures et des heures.

2006 Aujourd'hui nous avons enterré mère dans le jardin, bien que cela ne ressemble pas trop à Mère. Père dit que c'est ce qu'elle aurait voulu, que c'était bientôt sa fin, qu'elle n'était plus humaine du tout et qu'il n'y avait rien à se reprocher.
Alors il n'y a rien à se reprocher.
Je ne me reprocherai pas d'avoir ouvert la porte de sa chambre quand elle était verrouillée. Je ne me reprocherai pas d'avoir pris peur et frappé la bête avec le tison.

2008 On m'a appris ce que voulait dire le maledictus aujourd'hui. Père n'a rien dit sur le chemin du retour, alors je me suis senti un peu seul. Je suis allé chercher maman au fond du jardin.
Elle sent toujours bon.

2009 Père s'est remarié. J'ai une petite sœur, ou demi-sœur peu importe, maintenant. Je déteste cette ambiance mielleuse, je déteste le sourire chaud de mon père, tout semble si peu familier. Ils m'écoeurent. Père a dit qu'on peut "sourire et être une famille heureuse maintenant".
Alors je ferais un effort pour être heureux, pour lui.

2014 Rien ne me passionne. Ni les cours, ni les clubs. J'ai tout essayé, littéralement. Peut-être se perfectionner aide à développer de la satisfaction. Alors j'ai fait de mon mieux. Pour tout, partout, même sans talent, à en suer du sang, à en crever presque s'il le faut. J'ai passé les recrutement du quidditch. J'ai abandonné après le premier match d'entraînement. Des mois à tout apprendre juste pour finalement abandonner après quelques semaines.

2015 Je ne crois pas que je sois normal.
Aidez-moi à être normal.
Dites-moi que je suis normal.

2022 Si je me noie dans le travail je n'ai pas à penser à autre chose. C'est ce que je fais depuis deux ans.
C'est un travail dangereux. Compétitif. Risquer notre vie pour l'avidité gobeline- certains diront que c'est une vie d'aventure. J'aime l'aventure. J'aime sentir le dernier fil qui me retient à la vie vibrer à chaque mission, plus profond, plus noirs sont les maléfices, plus il faut écraser les autres pour arriver le premier, plus j'ai l'impression de vivre, un peu, pour la première fois.

Mais je n'aime pas donner le prix à Gringott. Je n'aime pas ôter le maléfice, comme si je détruisait moi-même ce qui me fait vivre, comme si j'ôtais de ce monde une goutte de plus de l'unique chose qui le rend intéressant.
Peut-être que je ne leur vendrait pas le prochain. Peut-être que certains maléfices ne devraient pas être brisés.

2024 Ils semblaient avoir presque pitié de ma situation, d'autres semblaient au jugement. Peu importe, ils n'ont pas trouvé un dixième de ce que j'ai pu vendre. L'affrontement avec les aurors m'aura valu une baguette.

2028 J'ai beaucoup réfléchi, en prison. A ma place dans l'univers, ce genre de conneries. Les détraqueurs semblent ne pas trop m'aimer. Peu de bonheur, peu de souffrances, il n'y a juste rien en moi qui les intéresse vraiment, et chaque jour passé ici, chaque visite de mes sinistres goêliers qui m'aiment malgré tout un peu trop encore à mon goût me laisse plus vide et plus indifférent à chaque bride de passion que j'ai pu sentir dans mon existence.
J'ai beau rejeter la vérité, je n'aime pas comme les autres et ne vit pas comme les autres; j'ai beau attendre et attendre il n'y a pas de salvation pour moi.

Et pourtant je refuse encore.
De n'être qu'un monstre.
Qu'un animal.
Peut-être puis-je encore trouver un compromis entre la morale de mon père et mes propres sentiments. Je lui en parlerais, je sors bientôt. Si une personne pourra encore me comprendre et m'accepter, il s'agit bien de lui.

2028 (fin) Personne pour me chercher à la sortie, la maison a été vendue et une autre famille habite dedans, mes affaires vendues. Leur numéro ne répond plus, j'ai été bloqué.
Il semble que j'ai été naïf.
Mon père aimait sa morale bien plus que moi.
Ma mère me manque.
J'espère que le reste va crever.

Il est l'heure de se remettre au travail.

RESUME

enfance Malédictus par sa mère qui l'a bien caché avant de se marier, ses parents restent ensemble juste "parce que". Sa mère lui donne beaucoup d'affection physique mais toujours en pleurant et se lamentant. Son père s'occupe de son éducation, très droite et moralisatrice.
Il tue sa mère par accident sous sa forme animale sans savoir qu'il s'agissait d'elle. Papa dit que c'est OK. Le père se remarie en ambiance petite maison dans la prairie, ça le débecte mais il fait semblant.

poudlard Se cherche une passion, essaie tous les clubs, en faisant des efforts à chaque fois pour être bon, en espérant débloquer son intérêt. Il n'a pas de talent, il tryhard à chaque fois et quitte au bout de quelques semaines.

Après le DEMA Il aime le risque, le danger, la compétitivité du métier, il aime moins revendre le butin à Gringotts, il commence à vendre certains artefacts encore maudits allée des embrumes.

Prison Se fait chopper, perd sa première baguette pendant son affrontement avec les aurors, écoppe de quatre ans au jugement. Devient de plus en plus vite et apathe. Réfléchi au sens de sa vie, de la morale qu'il a appris de son père, de sa propre personnalité, décide de lui en parler en sortant.

Sortie de prison Sa famille a foutu le camp et coupé tous les ponts sans dire au revoir.
S'achète une nouvelle baguette rue des embrumes et recommence à faire de la merde comme avant mais pire.