▌Aah, le camping! Le plaisir de ne pas se réveiller au bruit des klaxons de la ville, ou de vos voisins sorciers qui marchent au plafond... Le dépaysement, la reconnexion à la nature, le retour à l'état sauvage... ! Ou presque. Quand on est un sorcier, on ne part pas en camping sans tente magique, qui se monte d'un coup de baguette, qui est plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur, et qui comporte un grand lit double avec un matelas matelassé qui ne fait pas mal au dos. Il est presque aussi confortable que ton lit actuel, mais on va pas chipoter.

Vous êtes partis avec chacun un sac sur le dos, pas plus, d'ailleurs tu as répété plusieurs fois à Dorothy de ne pas abuser sur le sort d'extension parce que tu sais qu'elle a besoin de son confort, même si ça va à l'encontre du concept des vacances en road-trip. C'est le troisième jour que vous passez sur cette petite plage sauvage de la côte ouest, et à part quelques Moldus qui promènent leurs chiens vous n'avez croisé absolument personne. Vos voisins les plus proches consistent en une petite station-service et un stand de glaces à une dizaine de kilomètres, c'est dire si le coin est paumé. Ah, c'est faux: il y a aussi les mouettes. Beaucoup de mouettes... trop de mouettes.

Merlin, c'est pas un cadeau...

Tu grommelles en t'extirpant de la tente, beaucoup trop fatigué pour avoir l'énergie de riposter comme au premier jour. Tu avais insisté auprès de Dorothy pour lui emprunter sa baguette, histoire de leur lancer quelques étincelles pour les faire fuir. Pas très végane tout ça, mais elles commençaient à te taper sur le système. De toute manière, ça n'aurait servi à rien. En ouvrant la tente ce matin, tu vois bien qu'elles sont encore plus nombreuses que la veille.

Allez, ouste!

Te servant de ton linge de plage comme d'une cape de torero, tu chasses les indésirables qui squattent votre petit campement de fortune. Deux chaises pliables achetées en soldes au Ikéa magique, une table en bois et un parasol qui s'ouvre tout seul, et la glacière bien sûr. Tu soulèves le couvercle et tes pires craintes se confirment. Il va falloir se réapprovisonner. C'est pas que la station-service soit loin (en transplanant ou même à moto, c'est faisable en un quart d'heure) mais les deux jours en autharcie complète ont eu un effet très reposant sur toi, malgré les mouettes, t'as pas très envie de revenir à la civilisation tout de suite.

Dorothy! Dorothy... tu dors?

Tu passes la tête par l'ouverture de la tente, et reprends d'une voix plus douce, au cas où elle n'aurait pas été réveillée par le cri mélodieux des oiseaux:

On a un problème... Y'a plus de bières et on a qu'un seul sandwich pour midi.

Les priorités. Manger, bronzer et boire des bières autour d'un feu de camp en grillant des marshmallows: c'est bien à ça que servent les vacances, non?

▌Tu souris devant la tête endormie de Dorothy, aussi désolé de l'avoir réveillée qu'impressionné que son sommeil soit plus lourd que les cris stridents des mouettes. Elle te surprendra toujours.

Tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça! On peut lancer un charme de protection sur la tente en attendant qu'on revienne. Enfin...

Tu joins les mains pour appuyer ta demande avec un grand sourire innocent:

Tu peux le faire avec ta baguette pendant que je fais semblant d'aider...

À Londres, l'absence de baguette ne te dérange plus. Tu as tes habitudes, ton organisation, tu te débrouilles maintenant, et les quelques sorts que tu peux lancer sans elle te dépannent très bien au quotidien. En dehors de ta vie bien rythmée, c'est différent. Tu ne réalisais pas à quel point tu pouvais en avoir besoin. Heureusement que tu n'es pas parti seul, tu ne sais pas si tu gérerais tous les aspects de la vie 100% moldue. Alors évidemment que tu ne vas pas abandonner Dorothy dans la quête du jour! Déjà parce que ce serait un peu abusé de ta part de bronzer en attendant son retour, et ensuite parce que tu n'as pas envie que l'absence de baguette te colle l'étiquette 'petit-ami sympa mais inutile'. Même si ce n'est que dans ta tête.

Tu fais mine d'aplatir gentiment les cheveux de Dorothy quand elle se serre contre toi, ce qui s'avère plus difficile que prévu, sa chevelure se révélant particulièrement indomptable au réveil. Quand elle mentionne l'application de livraison à domicile, tu prends un air faussement grave.

Écoute, je ne voulais pas t'en parler pour ne pas te faire souffrir mais... j'ai vérifié hier matin et... on n'a pas de réseau.

ENFER ET DAMNATION. Tu serres dramatiquement Dorothy contre toi, avant d'étouffer un rire dans ses cheveux.

Mais on peut partir à la recherche du wi-fi, et si on tombe sur un supermarché sauvage en chemin... bingo!

Tu espères que le réseau vous trouvera avant quand même, parce qu'en ce qui te concerne, ça va être difficile de se repérer sans GPS. Au pire, tu pourras toujours vous transplaner au campement. Tu retrouves toujours le chemin de ta maison, quoi qu'il arrive, et cette petite tente bien confortable y ressemble pas mal en ce moment. C'est comme ça depuis le début des vacances avec Dorothy: quel que soit l'endroit que vous squattez ensemble, tu t'y sens bien. Peu importe que les voisins soient bruyants. Même l'idée de ne pas trouver à manger ne t'inquiète pas autant qu'elle devrait, en ce moment. C'est pas juste l'air de la mer, évidemment. Tu t'écartes de Dorothy pour rassembler tes affaires, enthousiaste: lunettes de soleil, chapeau en paille XXL, et Pineapple actuellement inutile dans la poche arrière de ton caleçon de bain. Paré pour l'aventure!

▌Dorothy mentionne la moto et ton regard s'illumine. C'est bien plus motivant que la marche, et tant pis si tu dois troquer ton chapeau de paille incroyablement cool (si,si) contre un casque. La sécurité avant tout. Tu souris en te dirigeant vers le bolide, qui a pris un peu de sable à force de stationner sans bouger.

Tu es clairement le cerveau de ce duo!

Tu parles à ta copine évidemment, pas à la machine, et tends son casque à la première. T'es en train d'enfiler le tien quand elle avoue qu'elle doit te dire quelque chose. Tu te retournes, intrigué. Ta visière baissée, elle ne voit pas ton grand sourire crétin, et c'est tant mieux pour ta crédibilité.

La station-service au bord de la route a vue sur la mer. On se croirait à mille lieux de Londres, c'est peut-être vrai. Peut-être que vous êtes à l'autre bout du monde, dans un endroit où le travail n'a pas de prise sur vous, où même The Crow n'existe pas. C'est donc ça, l'air de la mer? Dorothy profites de la connexion internet pendant que tu admires l'horizon et tu jettes un œil timide dans sa direction. C'est pas juste le pouvoir de la mer et des vacances, évidemment. Ça faisait longtemps que tu n'avais pas été d'aussi bonne humeur... oserait-on dire heureux?

Les mains dans les poches, tu suis ta copine à l'intérieur du petit magasin. Tu ne prends pas la peine de prévenir ta mère que tout vas bien, elle le saura forcément via le père de Dorothy - tu ne doutes pas un seul instant qu'elle le harcèle régulièrement de questions pour avoir des nouvelles. Le vendeur vous connaît, ce n'est pas la première fois que vous venez. Tu prends un panier et fait le tour des rayons des sucreries. Tu sais pas pourquoi, t'as envie de manger des bonbons. Du chocolat pour le dessert, c'est pas mal non? Arrivé à la caisse, tu as pris tout sauf ce pour quoi vous êtes venus, heureusement que Dorothy est plus organisée que toi. T'as une glace à l'eau dans la bouche et une autre dans la main et tu fais signe au vendeur d'ajouter les deux à votre tas de provisions.

Quoi?

Dorothy a l'air bizarre, OK t'aurais peut-être dû l'attendre pour commencer ta glace... Tu piques distraitement un flyer parmi les nombreux prospectus qui sont posés près de la caisse pour les touristes, avant de baisser les yeux sur le tapis roulant. En les levant tu croises le regard du vendeur. Genre long regard entendu, et puis légèrement, très légèrement, il hoche la tête. Tu sais pas comment tu fais mais tu arrives à rester impassible. C'est sûrement la glace, tu peux pas avoir chaud si tu manges une glace. N'empêche que t'aimerais bien pouvoir sortir ta baguette pour ranger vos courses le plus vite possible. Tu payes avec un sourire poli, crispé, le même sourire qui accueille les patients chiants à Ste-Mangouste.

Merciii, bonne journée!

Une fois sortis tu donnes sa glace à Dorothy, finissant rapidement la tienne. Tu poses les sacs devant la moto et constate l'évidence. Oui, effectivement, le sortilège d'extension était nécessaire. L'autre évidence, que tu ne pouvais pas faire remarquer à la caisse, c'est l'achat clandestin de ta copine qui n'est pas du tout passé inaperçu. Pas si clandestin, évidemment, parce que si elle avait voulu être discrète tu ne doutes pas qu'elle se serait débrouillée autrement. Elle réfléchit bien plus à ce genre de choses que toi. Tu prends son casque dans les mains et tu l'enfonces à moitié sur sa tête en retenant un rire - peine perdue.

Protèges-toi OK, c'est important de sortir couvert!

Les sacs finissent par entrer dans le coffre et les sacoches de voyage de la moto. Tu ajoutes, pensif et toujours à moitié sérieux:

Ma mère me tuerait si je roulais sans protection.

Le double-sens est particulièrement pertinent dans ce cas-là, puisqu'elle n'approuve pas vraiment le bolide, même si tu conduis prudemment. Quant au reste de ta conduite, on peut dire que tu as toujours été responsable. Tu enfiles ton casque mais sans baisser la visière cette fois, pour que Dorothy voit ton sourire tranquille:

Tu veux faire un tour avant de rentrer?

Le flyer que tu as emporté annonçait un point de vue sur les falaises ou quelque chose comme ça, pas trop loin. Rien n'empêche de faire un détour, et puis si le réveil n'était pas aussi calme que prévu, autant exploiter au maximum les imprévus de la journée.

▌Tu ne pouvais pas lui faire remarquer clairement que tu avais remarqué son geste. C'était aussi impossible d'en rire, parce que c'était sérieux. Ouais bizarrement tu te doutais qu'elle achetait pas des préservatifs pour faire une bataille de bombes à eau. T'es bouché, mais pas à ce point. C'est juste que... bon. Vous n'aviez jamais abordé clairement le sujet. En même temps connaissant ton pragmatisme, t'aurais été capable de préparer un power point de 12 pages et un calendrier excel donc... c'était mieux pas. La spontanéité, c'est bien aussi. Donc t'as attendu. Et elle a attendu. Et peut-être que vous avez un peu trop attendu.

Arrivé devant le point de vue, tu prends une grande inspiration, pleine d'air frais et de sel marin, et tu sors ton téléphone pour immortaliser l'instant, peut-être même prendre un petit selfie mignon, quand Dorothy lâche le moins romantiquement du monde: T'as vu les préservatifs.

Tu arrêtes ton geste, perplexe. T'étais pourtant sûr qu'elle avait compris que tu avais compris. Tu comprends en te tournant vers elle - toujours avec ton air perplexe - qu'elle ne dit pas ça pour exprimer un doute. Plutôt pour en discuter. Genre... là maintenant. Tu baisses ton téléphone et ton expression s'adoucit devant ses explications. C'est vrai. C'est vrai c'est vrai...

Bon après tout, pourquoi pas maintenant? Mieux vaut tard que jamais.

C'est pas que tu n'y pensais jamais, c'est juste que... comment le formuler sans que ce soit mal interprété. À chaque fois que tu passais du temps avec Dorothy, c'était juste tellement suffisant que ça restait dans un coin tout au fond de ton esprit, sans que tu ressentes le besoin d'aborder absolument le sujet. Et puis vous avez décidé d'aller à votre rythme, alors tu avais une bonne raison d'attendre. Et puis tu ne voulais pas la brusquer. Et puis... tu réalises, à mesure que tu réfléchis, à mesure qu'elle parle, que vous aviez peut-être eu le même schéma de pensée, à peu de choses près.

Aah...

Et votre maladresse combinée t'arrache un début de rire gêné. Tu attrapes sa main, par réflexe, pour qu'elle ne s'agite pas dans tous les sens.

Est-ce qu'on attendait tous les deux que l'autre fasse le premier pas de peur de le bousculer? ... on est nuls un peu, non?

C'est dit avec beaucoup de tendresse, et aussi un peu de dépit. Parce que vraiment, quel duo de bras cassés. Pas un pour rattraper l'autre. Enfin si, en un sens. Ça se rattrape avant même de créer la chute.

Un sourire légèrement moqueur remplace l'expression clairement niaise - que tu assumes de mieux en mieux soi-dit en passant:

Par contre ton approche ultra romantique là, je retiens! Je voulais juste un selfie mignon, moi...

C'est ça.

Mais oui, parlons-en sérieusement, après tout c'est pas le pire endroit du monde pour avoir cette conversation.

Ça aurait pu arriver à n'importe quel autre moment que ça n'aurait pas été moins gênant. Tu hausses les épaules, bien décidé à ne pas créer de malaise:

Je peux pas dire que j'y ai jamais pensé, mais je suis pas très doué pour... lire les signes? Désolé si j'en ai ratés. Désolé aussi que tu aies dû te résoudre à acheter des capotes en dernier recours, parce que j'en ai toujours sur moi en fait... T'as vu, j'suis un mec responsable et tout.

Tu souris. Evidemment qu'elle ne pouvait pas le savoir, ça t'amuse juste de constater que vous êtes aussi prévoyants l'un que l'autre.

Et euh... si t'as des questions ou... Putain Argus c'est pas un QCM. Ou des attentes ou des trucs qui t'inquiètent, n'importe quoi, on peut parler de tout ce que tu veux.

▌Tu secoues la tête, amusé qu'elle reconnaisse les faits: vous n'êtes pas toujours très doués. Vous vous accordez bien, au fond. On peut dire que ça fait un peu votre charme.

On arrive à survivre en camping, il faut pas trop nous en demander...

Ça te gêne que Dorothy prenne sur elle de ne pas en avoir parlé, tu sais que la faute est partagée, si on peut appeler cela une faute. Il y avait eu un manque de clarté ou de communication, certes, mais qui ne dissimulait pas de mauvaises intentions. Tu te doutes que de son côté comme du tien, ça cherchait simplement à ménager l'autre, conviction qui se renforce à mesure que Dorothy s'explique. Alors même si ça t'embête qu'elle tourne les choses de cette façon, tu la laisses faire, et tu l'écoutes jusqu'à la fin.

Tu comprends que de son point de vue, les choses pouvaient ne pas être aussi claires qu'elles l'étaient pour toi. Elle a raison de dire que le sujet n'a jamais été réellement abordé, et ce bien avant que vous soyez en couple. Même si tu avais tes raisons de garder certaines choses pour toi - peut-être par pudeur, peut-être par peur de raviver certains souvenirs aussi - tu es conscient que cela a créé un flou qui ne fait sens que pour toi. Ce n'est pas parce que tu ne te poses pas de questions que la situation ne mérite pas des réponses.

Tu n'as pas besoin d'y réfléchir, vraiment, mais ça te touche beaucoup que Dorothy puisse envisager d'autres possibilités, que ton potentiel refus ne soit pas un frein à votre relation. Ça te rappelle à quel point tu admires ce trait de sa personnalité. Elle pense toujours aux autres, quoi que ça lui coûte en retour. Elle ne peut pas s'empêcher de faire passer les besoins de ses proches avant les siens. Tu as du mal à comprendre ce sens du sacrifice, parfois, tu es bien placé pour savoir dans quelles genres de situations ça peut la mener, et à quel point ça peut devenir néfaste si elle va trop loin... mais tu ne peux pas t'empêcher de l'admirer. Tu détournes le regard quelques secondes, soudain conscient qu'elle t'impressionne.

Tu... tu cesseras jamais de me surprendre.

Tu ne sais pas comment l'exprimer, tout ça. Oui, Dorothy, j'aime que tu penses à moi avant de t'interroger sur ce que tu veux, toi. Mais je déteste que tu penses à moi avant de penser à toi. Ce que tu ressens ne changeras rien parce que c'est dans sa nature et tu n'as pas l'intention d'en faire une autre personne, même si tu le pouvais, ou que tu le voulais. Et tu ne veux surtout pas. Tu regardes vos doigts entrelacés, pas certain que tu mérites autant de considération, mais indubitablement sincère dans ta réponse:

Oui, bien sûr. Bien sûr que je veux. Je m'attendais pas à ce que tu t'inquiètes autant pour mon ressenti...

Tu n'étais pas sûr de vouloir détailler le fond de ta pensée, au départ, mais il te semble maintenant qu'il vaut mieux effacer tous les doutes une fois pour toutes. Tu prends une brève inspiration, avant de te lancer:

Tu as raison, je n'en ai jamais parlé. Je parle rarement de ma vie privée de manière générale, alors si je n'ai pas abordé le sujet depuis qu'on se connaît, c'est sûrement par pudeur et ensuite parce que... bon... je voulais pas qu'on se sente forcé de parler de nos expériences passées.

Ta main se balance légèrement entre vous deux, les doigts de Dorothy toujours entrelacés aux tiens. Tu les fixes quelques secondes, avant de lever les yeux.

Mais c'est surtout parce que... je me pose pas beaucoup ce genre de questions. Pas parce que ça ne m'intéresse pas, plutôt parce que... je sais pas comment dire? J'ai toujours fait au feeling. Et dans notre cas, j'avais aucune raison de me poser de questions, parce que ce que je ressentais était... et est toujours, très clair.

Tu sais ce que tu veux. L'erreur aura été de croire que ce qui était évident pour toi l'était pour tout le monde. Cette maladresse-là te suis partout, décidément, mais tu essayes de ne pas trop culpabiliser. Tu sais que la communication demande du temps, que réparer ses défauts en prend plus encore. En être conscient, c'est déjà un premier pas. Tu dois remercier Dorothy pour ça (et aussi t'en excuser).

Désolé, je fais toujours ça.

Tu secoues la tête, avant de sourire légèrement, agacé par ton comportement.

Je sais ce que je veux. Pour autant... pour autant que ce soit aussi ce que tu veux, bien sûr. Je pense avoir compris le message, cette fois, mais on est d'accord pour dire que je suis un peu bouché.

Tu hausses les épaules, conscient de ton manque d'acuité. Y'a un couteau un peu plus émoussé que l'autre dans ce tiroir, c'est certain.

▌Tu presses sa main dans la tienne:

Je t'aime aussi. Ne t'excuse pas de te prendre la tête, d'accord? Surtout sur des sujets comme ça.

C'était typiquement le genre de sujets sur lesquels on ne pourrait jamais vous reprocher de trop communiquer. Ce qui rend les choses plus concrètes, certes... mais aussi moins gênantes à tes yeux. Dorothy rougit, ce qui t'arrache un sourire amusé. Tu penches légèrement la tête, pensif. C'est vrai que tu n'avais pas vu les choses sous cet angle-là; avec vos deux vies bien remplies, tu étais juste content de pouvoir t'éloigner de Londres en compagnie de Dorothy. Ton air se fait faussement sérieux:

C'est comme si... comme si l'univers essayait de nous envoyer un message...

Avant de secouer la tête. Une chance rare, mais pas unique. Les vacances sont loin d'être finies. Cela dit, ta mère dit toujours qu'il ne faut pas repousser à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui. Une dame sage, ta mère.

On pourrait... rentrer. Au campement, je veux dire. Et mmh...

Tu balances vos deux mains entre elle et toi en souriant.

Manger et ensuite... on a rien prévu cet après-midi, je me trompe?

Non, c'était même le but de vos vacances: laisser la place à l'imprévu. Être libre, spontané. Tu tires doucement sur la main de Dorothy pour la rapprocher de toi, avant de sceller ta réponse par un baiser.