Le temps n’était pas au beau fixe depuis plusieurs jours et la température ne daignait pas remonter malgré le fait que les jours de printemps s’écoulaient, avançant définitivement et inéluctablement vers l’été. Sambre l’avait surveillé durant toute une semaine avec attention, guettant les nuances et les variations de température avec presque autant d’application qu’un véritable météorologue.
On notera plus tard qu’il n’était pas la plus fiable des sentinelles en termes de prévisions météorologiques mais ceci sera développé plus tard dans son aventure.

Il avait pourtant été méticuleux dans le choix de la date où il pourrait se rendre en Ecosse, d’autant que ce n’était pas pour une petite visite de courtoisie à ses souvenirs d’écolier mais bien pour un déplacement professionnel. En effet, même si de nombreux fournisseurs venaient à lui, que ce soit dans le cadre de son travail londonien en tant que potionniste ou pour la création de ses propres peintures, il prenait plaisir, par moment, à aller chercher des ingrédients par lui-même, et parfois, il n’avait pas le choix.
Cette démarche lui permettait de compléter ses recherches, notamment en ce que le traitement de l’ingrédient, de sa récolte jusqu’à son intégration dans une préparation, pouvait influencer la qualité de la potion.
Une étude intéressante. Il avait donc saisi l’opportunité de s’éloigner du Londres bruyant et agité pour les sombres et vertes forêts écossaises.

Il avait fait le voyage en portoloin. Le temps l’avait accueilli par des nuages beaucoup moins noirs que prévus, sacrée chance, et le vent s’était levé mais rien d’inquiétant.
Confiant, Sambre voyageait léger. Il s’engagea, dès son arrivée sur le sol écossais, sur la boucle dans les bois qu’il avait stratégiquement délimité, ayant noté scrupuleusement les points où il pouvait potentiellement trouver les plantes recherchées.
Un jeu d’enfant à son humble avis.

Trois heures après son départ, alors qu’il était soigneusement occupé à prélever un échantillon de terre contenant de toutes petites racines, en équilibre sur deux rochers moussus et glissants, le tonnerre se mit à gronder plus loin, au fond de la vallée.
Sambre grimaça. C’était bien sa veine.

Il  se redressa, trop vite, manqua de glisser et se rattrapa de justesse, d’une main, et d’un pied. Dans l’eau. L’équilibre était précaire et mal-assuré, un faux mouvement de plus, des semelles inadaptées à la surface lisse du rocher et Sambre s’étala de tout son long dans les galets. D’abord, il échappa un gémissement de douleur, ses genoux et ses mains avaient difficilement amortis le choc dans l’eau froide. Un autre suivit, quand il se redressa et remua les mains pour voir si tout était en place. Verdict ? Bof. La douleur était rude dans ses deux poignets et remontait dans les avants-bras. Puis se fut le tour d’un juron retentissant qui n’allait drôlement pas avec son joli minois. Sa sacoche avait heurté un rocher et dans sa chute, Sambre l’avait écrasé généreusement de tout son poids. N’ayant pas pris la peine d’ensorceler le sac, les dommages devaient d’être conséquents pour les nombreuses fioles en verre qui s’y trouvaient. Il s’extirpa du ruisseau en râlant tout en fouillant à l’intérieur de sa veste pour trouver sa baguette. Chacun de ses mouvements agitant la sacoche faisait cliqueter le verre brisé.

@feat Anthem Willoughby Voilà pour nous ! :)