Vendredi soir.

À chaque vendredi soir, Mei se retrouvait hantée par le même fantôme qui refusait de la quitter depuis déjà 3 ans. Celui des frôlements amoureux d'une main sur la sienne, d'un sourire chaleureux qui ne serait plus jamais dirigé vers elle, de lèvres douces qui ne seraient plus jamais siennes.

Elle avait honte d'être l'esclave des chaînes aux caresses froides de la boisson. Alors, comme à chaque vendredi, elle se réfugia dans une taverne de l'allée des embrumes, où personne ne devait la reconnaître, accompagnée d'énergumènes toutes aussi pitoyables qu'elle qui ne poseraient jamais trop de questions.

Tant que ni ses parents, ni Haoran gege n'avaient vent de ses soirées pathétiques où elle se laissait aller comme une jeune de 20 ans qui faisait sa première fête, peu importe à quel point la taverne où elle allait perdre les premières heures de son week-end était sale et mal famée, cela lui importait peu. Le lendemain matin, le seul souvenir qu'elle garderait de cette soirée serait l'haleine de whisky qui ne se serait pas encore évaporée et un mal de tête frappant qui rendrait son samedi tout aussi insupportable.

Alors, elle demanda à la barmaid, la bouche déjà un peu pâteuse, un nouveau shot, qu'elle s'empressa de boire cul sec. Tant que sa famille ne savait pas, tout irait. Tant que ses collègues ne la voyaient pas et ne savaient pas qu'elle refusait toujours de parler de sa vie hors du travail parce qu'elle passait ses soirées à noyer son malheur dans l'alcool.

L'image de Chelsea lui adressant un dernier regard plein d'indifférence le soir avant leur rupture lui revint en tête. Elle cacha ses yeux sous sa main. Vivement que celui qu'elle attendait arrive. C'était la seule personne avec qui elle partageait ses vendredis soirs les plus misérables, et elle savait qu'il viendrait. Ce n'était qu'une question de temps. Donc, la langue-de-plomb n'avait qu'à prendre son mal en patience et se noyer dans la chaleur de la beuverie en attendant l'entrée de son cher ami October là où ils se retrouvaient si fréquemment pour se morfondre à deux.