Son visage était affiché parmi les disparus. Pourtant, cela ne l'avait pas empêché de continuer ses expériences de son coté; les droits lui reviendraient entièrement, désormais.
Rip Aurel Davies, petit ange parti trop tôt.

Sauf qu'il est là, dans son salon de thé, à la fermeture, son ami. Aurel en cher et en os. Tout sourire. Et sans clin d'oeil, miracle !
Poing qui attend son semblable, avant de comprendre que ce n'est pas près d'arriver. Non, Eamon le dévisage, surpris de le revoir. Aurel Davies, de retour en chair et en os, dans tout son mauvais gout et sa familiarité débordante.
Et ses clins d'oeils.
Auquel il répond par réflexe avec un claquement de langue.
Insupportable, comme d'habitude.


Mais un léger sourire lui échappe malgré tout, alors qu'il sort une tasse pour l'invité surprise.
Un léger hochement de tête pour ces félicitations.


Apaiser l'égo d'entrée de jeu, remplir la tasse d'une tisane.
Glissée vers lui, offerte. La première et la dernière.
Eamon feint l'ignorance : quelles explications, doux mensonges caché derrière un large sourire idiot, allait-il inventer ?
Et ses yeux reviennent enfin vers les siens, maintenant que les politesses sont passées.


Enfin ils allaient pouvoir s'amuser.

Fichu clin d’œil.
Toujours debout, toujours la banane, cet Aurel. C'en est presque frustrant. Une telle résilience lui semble impossible, et s'ils n'avaient pas de projets ensembles, Eamon n'attendrait pas plus longtemps pour tester les limites de ses sourires et autres habitudes rayonnantes de bonne humeur -écœurant-.
Mais il grimace, perd de son brillant quand ses pensées dérivent ailleurs...
C'est noté.
Gardé dans un coin de sa tête, comme future piste à explorer.

Aurel repousse son fun à plus tard, encore.
Mais Eamon ne le quitte pas des yeux, déterminé à obtenir ce maigre plaisir de lui.
Pourquoi attendre, même ?
Pourquoi pas lui offrir un verre et lui faire boire n'importe quelle potion, pour le plaisir.
Difficile de cacher son sourire alors qu'il imagine le pauvre journaliste tomber dans son piège, subir les effets de ses potions à son insu.
Dommage qu'il n'y ait pas pensé plus tôt.


Quoi de neuf ?
Eamon est plus dangereux encore à l'aide d'une pauvre âme égarée venue le servir du jour au lendemain, et il pourrait faire de ce salon ce qu'il désire.


Comme s'il s'en préoccupait.
Cela prétend être de grands amis, mais il sait bien qu'il ne vient pas pour son sourire, prendre des nouvelles ou même pour le thé de l'établissement.


Sourire doucereux, punition fourbe pour venir tourner autour du pot alors que sa simple présence l'empêche de fermer le salon.


Ou principalement venu gaspiller sa salive ?
Eamon préférerait qu'il consomme, s'il est venu l'obliger à l'entendre parler.
Alors il sort déjà une tasse et la pose devant lui.
La question est devenue une affirmation.
Aurel Davies, tu vas boire consommer en échange de rémunération.

Eamon se redresse, relève légèrement la tête à la remarque sur ses cernes, laissant un léger sourire étirer ses lèvres. Il a dormi comme un bébé.
Mais cela lui ferait presque plaisir d'avoir son cobaye de retour.

Sourire qui s'efface à l'idée de devoir lui tenir compagnie. Mais il est venu si tard, venu quand personne d'autre ne pouvait le sauver de sa présence.


Une tisane. Qu'il s'endorme sur place, et Eamon pourra l'enfermer dans le salon et rentrer chez lui.
Pas de réponse concernant la compagnie.
Aucune promesse.
Qu'est-ce qu'il se passe dans la tête de Davies de toute façon, pour qu'il vienne ainsi chercher sa conversation ? Comment faisait-il pour s'imaginer être ami ?
Une énigme...


Faux.
S'il l'avait trouvé, il l'avait trouvé qu'une seule fois, et s'y accrochait encore un peu.
Un doux rêve que sa fierté empêche de réaliser.


Un succès tel qu'il tient à fabriquer un filtre d'amour.


Oh, non, il ne lâche pas l'affaire, et lui son sourire faussement innocent, sortant deux tasses dans la plus grande désinvolture.
L'embarras ne lui est pas passé inaperçu.
Alors, s'ils devaient impérativement parler, Eamon viendrait chercher du plaisir là où il peut.