Le rideau se lève

Initialement t’es repassée dans ton désormais ancien appartement pour ramener quelques autres chose à Melrose. C’est un instinct de sécurité qui t’a fait le garder, en te disant que ce serait toujours utile avec le Ministère pas loin. Cependant tu n’attends pas de visite, et t’es toujours perdue de tout ce qu’il y a eu avec Clovis. Pour plutot rien eu.

T’ouvre doucement la porte, ton regard qui s’écarquille en le voyant lui. Tu fais un pas en arrière.

— Lance ?

Il n’est que silence, pour le moment, la porte à peine refermée que ses lèvres volent les tiennes, t’es surprise d’abord , mais tu perds vite pied, viens répondre à l’appel qu’il te fait, tes bras autour de sa nuque, tes doigts dans ses mèches, l’égo encore meurtri du refus de Clovis.

Baiser passionné, passionnel, loin du dernier de celui que vous avez échangé. Tu perds ton souffle, ta raison, ne le retrouve que lorsque que vous n’avez pas le choix de vous séparer pour retrouver de l’air.

— Pourquoi d’un coup …On ne devrait pas.

Et en même temps, tu reviens voler ses lèvres de toi-même, viens mourir de ses baisers, de son souffle, de son regard. Fini par te reculer un peu, tes mains doucement posées sur ses joues. Il y a quelque chose en toi qui hurle que tu ne peux pas, tu te rends compte que t’es fidèle Darya, même si Clovis ne veut pas de toi.

Tes mains qui descendent,agrippent son haut comme si t’allais tomber. Ton front qui meurt sur son épaule. C’est pas la bonne personne à qui tu devrais dire ça, mais t’es trop touchée, trop torturée mentalement pour encore le garder pour toi.

— Il ne m’a pas touché.

Le rideau se lève

ITu le sens qui t’agrippe, qui te tient pour ne plus jamais te lâcher, comme si t’étais plus seule, comme s’il te donnait l’impression d’exister. Le droit d’exister. Recolle les bouts de ton égo écorché, disloqué, tu te laisse porter, enroule tes jambes autour de son bassin, niche ton visage dans sa nuque, à la recherche de sa chaleur, à la recherche de réconfort.

Sa voix qui meurt au creux de tes oreilles.

T’as l’impression que c’est ce que t’as besoin d’entendre quelque part. Tu sens ton dos qui épouse le matela doucement, lui qui vient te surplomber, et y’a quelque chose qui te fait peur Darya. Peur de tricher sur Clovis, peur des fois où avec Uriel c’est arrivé et que ça n’avait rien de plaisant. Tu cherches ton souffle à mesure que tu le regardes.

Il est beau, et tu le sens son regard qui t’interroge, et t’es démunie Darya, les larmes qui montent.

— Aime-moi.

Comme une supplique, toi-même tu sais pas ce que t’entends par là quand tu dis ça. Tes bras qui entourent ses épaules, tes doigts qui meurt dans ses mèches, cherche à l’attirer à toi.

— Aime moi.

Comme si personne d’autre ne pouvait le faire. Comme si tu ne le méritais pas. Et en même c’est un caprice ce que tu lui demandes juste là. Vole ses lèvres avec presque de la douleur. T’as l’impression de lui imposer quelque chose qu’il ne voudra finalement peut-être pas.

Le rideau se lève

Sa chemise qui s’écrase au sol. Y’a quelque chose d’étrange à le voir comme ça. Parce que tu ne l’a jamais vu ainsi avant, le seul que tu as vu comme ça…

Uriel. Uriel. Uriel.

Ton coeur qui s’accélère Darya, as-tu seulement déjà une fois aimé ça ? Jamais. Et quand le tissu, le tien glisse, c’est la peur qui prends ta gorge en étau. Tu te demande si c’est vraiment ce que tu veux ? Est-ce que c’est ça ? Est-ce que t’es capable de tout briser pour quelque chose que tu n’aime même pas ?

Et quand il parle de t’aimer à sa place.

Clovis. Clovis. Clovis.

Tu ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas lui faire ça. Même s’il ne t’aime pas, tu ne pas faire ça.

— Non, Lance..

Tes paumes contre son torse, pour t’extirper, pour te recroqueviller, remonter le tissu, ramener tes jambes contre toi.

— Je ne peux pas faire ça. Je suis désolée, je suis désolée.

Tu ne peux pas, parce que tu sais ce que ça donnera, ça a toujours donné ça.

— Je vais te détester si on fait ça. Je vais me détester si on fait ça. Je déteste ça. Je ne veux pas t’associer à un souvenir qui me hantera.

T’as peur Darya, de le perdre, de te perdre, de vous perdre. Et ton égo ne vaut pas ça. Le besoin de souffrir ne vaut pas ça. Lancelot ne mérite pas ça, ta tête qui fait non, au bord des larmes. Tu t’en veux. Parce que tu pensais sincèrement à ce que vous vous étiez dit ce soir-là. D’être amants, une fois la bague au doigt mais tu peux pas.

— Je suis désolée, je peux pas faire ça. J’ai peur, tellement peur de te perdre mais je peux pas faire ça.

Comme si le fait de le faire ou non pouvait le pousser à te fuir toi.

— Aime moi, comme quand on était juste là installé à boire du vin à se moquer, quand on dansait dans le petit salon, c’est comme ça que je veux être aimé de toi,..

T’as l’impression d’être affreuse Darya, d’être le dernier des monstres de lui demander de lui demander ça, de faire un caprice sur ça.

— Je pourrais pas me regarder en face si on fait ça toi et moi. Parce que j’ai l’impression que ça brisera tout.

Le rideau se lève

Tu le vois qui fixe le vide que tu as laissé, cette main qui est restée en suspends, et il ne dit d’abord rien, et ça te consume d’à quel point tu es surement en train de lui faire mal, combien à l’intérieur du dévaste peut-être son être de part en part.

Tu vois le poing qui se serre, sa machoire qui se contracte, et son regard qui t’évite avec tout le soin qu’il est possible d’avoir. Ton corps un peu plus pressé contre lui-même. Tu voudrais lui dire d’oublier ce que tu as dit, tu voudrais te forcer même si l’envie n’est pas là, oublier la peur qui t’étouffe mais tu ne peux pas. Ta tête pense mais tes lèvres ne bougent pas.

Ton corps s’y refuse, ne veut pas, n’y arrive pas.

C’est le silence qui étreint vos corps et vos âmes du tranché de sa lame. Tu ne sais pas quoi faire Darya. Ne voit que son dos, et c’est après de longues minutes que doucement tes doigts se posent à la chaleur de son dos sur sa chemise, comme s’il allait disparaitre.

Tu es persuadée que c’est ce qu’il va faire. Disparaitre.

Et les mots semblent ne jamais réussir à sortir, ne jamais trouver leur chemin. Tu ne sais pas le rassurer. Tu ne sais pas faire autre chose que t’excuser. Autre chose que t’en vouloir.

— Je suis désolée Lance, vraiment.

De ne pas pouvoir, ne pas réussir.

Le rideau se lève

C’est terrible de l’entendre, parce que tu sais tout ce que tu viens de réduire en miette Darya. Tu voudrais te forcer, tu voudrais honorer vos mots, de la même manières dont tu y croyais quand tu les prononçais. Tu grimaces, n’ose pas le regarder, pas bouger. Tu ne veux pas pleurer, ce n’est pas à toi de pleurer.

La réalité qui rattrape l’idylle, le rêve effleuré aux effluves d’alcool qui n’est pas plus que fragments d’un miroir explosé au sol.

Ca fait mal. Mais tu n’oses imaginer sa douleur à lui. Au fond tu le sais Darya, tout ce qu’il était prêt donner, balayé juste pour l’éclat d’un de tes cils. Ta gorge se serre, tu viens de le perdre, le seul être sur lequel tu te sentais encore de t’accrocher, avec qui la voix sonnait à l’écho d’humanité.

Et t’es la seule à blâmer.

— Y’avait…Y’avait rien de pathétique Lance.

Si ce n’est toi-même. Tu te tends d’entendre la porte, t’arrive toujours pas à le regarder tant tu t’en veux. Tu peux aps le rattraper. Il ne peut pas rester. Rien n’est plus douloureux à tes yeux que ça. Et quand la porte claque.

C’est fini.