Désolé pour hier soir

 
Il pue.
Silas soudainement trop conscient de lui même et de la gêne qu'il occasionne olfactivement. Penaud, il cesse de prendre de plus en plus de place.

- Tant que cela ? Désolé...

Sa main cachant ses yeux s'étale sur son visage honteux. Le grand désolé se morfond cependant qu'à moitié : il ne libère pas Iskander de son odeur, et ne se fait pas petit sur le lit, oh non.
Il n'y a pas une once d'énergie qui traverse le corps de Silas. Las. C'est tout ce qu'il est.
Mais pour le récit de son ami, il daigne retirer sa main de son faciès et le tourner vers le sien, yeux petits et échevelé. Et il assiste à une bien triste vision, qu'il ne juge pas comme terrible ou même un honneur -bien qu'il s'agisse là d'une véritable marque de confiance !
Ses yeux se posent sur ce visage loin d'Iskander pouponné de jour, dans un état aussi lamentable que lui, sans l'alerter. Une tête de mec explosé par la soirée de la veille, tout ce qu'il y a de plus noble, pour le Smith.
Ces yeux se ferment dans une légère plainte à ses tapotements.
Dans quoi s'était-il encore embarqué ? Est-ce qu'il allait encore entendre ses récits, est-ce que la famille allait pouvoir le vaner avec jusqu'à sa mort ?

- Ugh...

Finalement, il bouge ! Silas se laisse rouler sur le côté dans un long soupir, faisant face à l'homme de science et de fatigue, avant de se frotter le visage avec toute la flemme du monde.
Lui se redresse, comme une invitation pour Silas de se recroqueviller légèrement, et de réussir malgré tout à prendre plus de place encore.

- Pas besoin de me ménager...

Marmonné entre ses mains, visage caché par celles ci.
De quel amour propre parle-t-on de toute façon ? Il s'est envolé, et parfois on le lui rappelle. Mais ces pensées intrusives arrivent, et sa bêtise arrive à les chasser bien vite.
Il suffit de prendre une grande inspiration, et de sortir le visage de ses mains. De regarder son hôte et de faire passer le centre d'attention sur lui avec ces bons vieux sourires.
Bon.
Pour le sourire, on repassera.
Fatigue.
Migraine.
Silas tend juste misérablement son bras vers la bouteille.

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Désolé pour hier soir

 
Bouteille offerte, qu'il attrape et porte à ses lèvres bien vite. La soif est grande après tout, et tout son corps se sent déshydraté après une telle soirée. Il observe distraitement Iskander jouer avec ses cheveux, mais peine à se concentrer. Ses tempes pulsent si fort...

Et il lui raconte, avec prudence, ses exploits.

Mais non.
Impossible.
Ses vêtements, volés ? Son téléphone ?!
Mais qui ferait ça ?

- Par Merlin... Impossible !

Non, Silas ne comprend pas pourquoi on lui volerait ainsi ses affaires.

- Même mon pineapple ?!

Toutes ses notes... Envolées... Comment allait-il se rappeler de tout ce qu'il y avait écrit ?
Dévasté. Immobile sur le lit à fixer le plafond. Silas dans les ordures, Silas récupéré par son ami... Comment en est-on arrivé là ? Lui, si bon, privé de ses biens. On lui aurait demandé gentiment, il aurait pourtant donné plus encore !

- Comment faire...

Il passes ses mains sur son visage, gardant ses soupirs pour plus tard, fermant le plus possible les yeux.
Puis les bleus.La salle de bain.
Aucun souvenir de tout cela.

- Oh, je suis désolé Iskander... Je ne voulais pas causer autant de soucis...

Les soirées à Poudlard all over again.
Mais à trente ans.
Puis il cesse de ruminer, découvre son visage et observe Iskander, perdu.
Léon ? Qui est donc cet inconnu avec qui il aurait passé la nuit ?

- ... Mais je me suis réveillé seul ?

Un peu de déception d'ailleurs.
Finalement, le grand Smith se redresse, grimaçant car sa tête implose au moindre mouvement, et il se force à boire un peu d'eau.
Les pires matins.
C'est plus de son âge...

- Je peux aller prendre une douche, sinon. Si j'ai...

Ugh, le dégoût quand même.
Etalé parmi les déchets. heureusement qu'il était inconscient à ce moment là !

- Hm... Si tu m'as récupéré dans des poubelles, je préfère quand même t'embêter le moins possible avec ce genre d'odeur...

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Désolé pour hier soir

 
Un gros poulet, au milieu du lit, au bec difforme. Léon. Silas l'observe sans savoir quoi faire.

- Quel animal étrange...

Il le fascine.
Iskander lui donnait l'impression de pouvoir se pavaner avec un animal fier et élégant, d'une grande beauté. Un peu à l'image de son maître, mais là, c'est presque l'inverse. Mais c'est rare, ce genre d'oiseau. Insolite.
Pastoucher aux objets du salon.
Noté, mais pas sur son pineapple dernier cri, parce qu'il ne le possède simplement plus. Et parce qu'il n'a toujours pas détaché ses yeux encore endormi de la dinde au milieu du lit.

Puis il l'appelle, et son regard vient rencontrer le sien.
La question le surprend, et il met quelques secondes à s'en remettre, mais soutient son regard sans siller.

- Bien sûr.

Cela lui semble si naturel qu'il n'y a pas de sourire ni d'entrain, juste un ton sérieux et posé. C'est plus étrange que le dodo, cette question ! Il aurait laissé tombé une nuit en charmante compagnie pour venir en aide à son ami !
Un sourire finalement s'installe sur son visage, malgré la migraine et les vertiges.

- J'aurai même pris le meilleur petit déjeuner possible !

Silas reste posé là, à boire quelques gorgées supplémentaires sans trop comprendre ce que dit Iskander. Il n'a rien à penser, au contraire ! Sa présence n'était pas prévue, ni même son odeur... Cela lui parait plus que normal de gêner le moins possible son hôte.
Puis un cri horrible lui perce les tympans et résonne dans son crâne endolori. L'eau coule de la bouteille et de ses lèvres, tous les deux désynchronisés par ce bruit inattendu.

- AH !

De l'eau, sur lui, un peu sur le matelas. Silas s'essuie maladroitement, observe les dégats dans une légère grimace, puis observe l'animal.

- Je l'ai écrasé ??

Sans faire exprès, avec sa grande taille ?

- Désolé Léon !

Silas s'écarte un peu, hésite à caresser l'animal pour ses faire pardonner mais se ravise. Tout cet effort l'a fatigué, et il s'allonge avec précaution cette fois dans un soupir, avant de cacher ses yeux pour éviter toute lumière superflue.

- Plus jamais...

On recommence demain soir.

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