Tout s'est enchaîné si vite. Il y a une seconde tu le regardais, le sourire mauvais aux lèvres. Tu le faisais hurler, tu t'amusais. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi il fait si noir ? Tu ne peux plus bouger. Les mains liées dans ton dos, immobilisé et ta baguette hors d'accès. Des sortilèges ? T'es confus Hermès, tu comprends pas. Pourquoi ? Qui ? Comment ?

T'as l'impression d'hurler.
L'impression de frapper à en briser cette foutue boîte dans laquelle t'es enfermé mais rien. Rien que le temps qui passe, des secondes, des minutes, des heures. Combien ? Tu sais juste que sur la fin, tu es parvenu à bouger de nouveau. Un peu les jambes, puis assez pour pouvoir donner des coups réels cette fois.

Trop en colère pour paniquer, tu frappes.
Une fois, deux fois, trois fois.
Encore, encore, encore.

Tu cris, le stupéfix visiblement rompu, ne restent plus que les liens à tes poignets sur lesquels tu forces pour tenter de les briser en vain. Puis la male s'ouvre finalement. La lumière brutale te fait cligner des yeux et tu n'as pas vraiment le temps de réagir que tu te retrouves violement plaqué au mur par cet espèce de chien enragé. Putain de merde.

Il hurle et sans un regard tu lèves le genoux pour lui donner un violent coup de pied afin de le faire reculer.

— DÉGAGE DE LÀ PUTAIN !

Le défi du regard de seulement oser revenir malgré le handicap de tes liens, tu tentes une inspiration pour te calmer.

— C'est pas lui qui a fait ça. COMMENT il aurait pu je l'ai MASSACRÉ Noah. C'est pas lui qui a fait ça.

Un complice.
Elijah.
Comment ?
T'en sais rien.

— Elle-

Comment ça, elle ? Tu prends une secondes pour remettre de l'ordre dans tes pensées. Elle. T'es certain que c'est une fille que tu as entendu. Tu continues de forcer sur les liens pour les défaire. Hors de question que tu lui demandes de l'aide.

— -avait l'air sûre d'elle. Et avant que tu me demandes à quoi elle ressemblait, j'en sais foutrement rien alors t'approche pas connard.

Elijah, Elijah, Elijah.
C'est forcément lui putain t'es sûr que c'est lui.
Ton regard soudain attiré par un papier sur le sol entre vous. Lève les yeux vers Noah, hargneux.

— Tu comptes attendre le dégel pour bouger ton cul et le lire ?

Avec à peine plus d'effort tu parviens à briser le dernier sortilèges qui te retenait et tout en te massant les poignets, tu le toises de haut un instant avant de vérifier ton état. Tu n'as aucune blessure. Rien du tout.

Tant mieux.
Bizarre.

— Fais voir.

— MAIS J'EN SAIS RIEN PUTAIN !

Tu hurles comme lui te hurle dessus. T'es encore confus et dépassé mais surtout tellement énervé contre Noah que tu pennes à réfléchir correctement. Pourtant tu penses, Hermès, tu reconstitues les événements à toute vitesse dans ta tête. Les odeurs, les images, les sons. Elle- Une femme. T'es persuadé qu'elle n'était pas seule -comment aurait t-elle su ? Elijah. Tu poursuis, avant de voir un papier sur le sol. Tout en parvenant enfin à te défaire de tes derniers liens tu lui demandes de le lire.

La prochaine fois qu’on se verra, ce sera pas que tes doigts que j’aurais le plaisir de te faire perdre...
Quoi.

Tu le regardes.
Rire.
Parler.
Rire.
Parler.

Il t'accuse et t'as doublement envie de l'encastrer dans le mur. À la place viens lui arracher le papier d'entre les doigts pour le lire, les sourcils froncés. C'est qui cette pute ? Cain. Elle est la seule à savoir avec Atlas. La seule à avoir participé. Mais t'es peut-être con, Hermès, t'es presque persuadé que c'est pas elle.

— Tu crois pas que j'aurai reconnu son odeur si c'était la même pute qui s'est tapé ton frère après m'avoir découpé ? Merde mais OUVRE TES YEUX NOAH. Personne n'a pu nous suivre jusqu'ici parce que tu SAIS que je suis pas retourné en ville depuis qu'on l'a enfermé ici.

T'as tout fait pour rester discret, quitte à mettre en péril la place que Fawley t'avait gardée après l'incident. Tu veux plus retourner travailler là-bas de toute façon. Trop de risques (trop de peurs).

— T'es vraiment trop con putain.

Y a forcément un truc.
Elijah Elijah Elijah.

— Cette fille a pas pu nous trouver toute seule c'est un coup de Strauss c'est sûr.

Cette sous-merde a bien monté son coup vu comment tout te retombe dessus. Tu vas le massacrer.

Tu vas l'éclater s'il arrête pas tout de suite de jouer au con c'est sûr. Tu vas prendre sa tête et la torpiller autant de fois qu'il le faudra dans le mur pour le crever parce que tu supportes pas. Tu supportes plus. La table qu'il retourne d'une impulsion paniquée, tu entends le manque d'air, écoute encore encore encore les putain d'insultes qu'il te sort, la façon dont il te rabaisse dans sa colère. Dont il s'approche de toi pour continuer encore encore encore. Te secouer.

Ezra.
Et dire que t'as eu la décence de pas le mentionner. Ce type est vraiment un cas désespéré.

— PUTAIN DE MERDE MAIS DÉGAGE DE LÀ FILS DE PUTE !

Tu hurles tandis que tu le repousses encore. Avec les mains, les pieds qu'importe tant qu'il valse au loin. Tu te rapproches pour le saisir par le col, le soulever à son tour pour lui coller ton poing en pleine figure et le plaquer contre le mur opposé à celui d'où tu viens. Tu pointes un doigt virulent contre sa joue pour le désigner.

— C'EST TOI ! C'EST TA PUTAIN DE FAUTE NOAH ! SI T'AVAIS PAS EU TA LUBIE À LA CON, SI T'AVAIS PAS DEMANDÉ À EZRA DE ME FAIRE JURER CET ENFOIRÉ SERAIT MORT T'ENTENDS !?? C'EST À CAUSE DE TOI TOUT ÇA ! DE TOI NOAH PRIEST !

Tu lui donnes un second coup de poing au visage avant de le relâcher brusquement pour te reculer et cracher à ses pieds. Lui l'avait fait juste à côté de ton visage, t'as pas oublié. (t'oublieras jamais) Le souffle court, tu prends quelques secondes pour le calmer.

Noah ne va pas bien ces derniers temps.
Ouai. Noah ne va pas bien et t'en as rien à foutre parce que c'est de sa faute tout ça.

— T'as jamais eu les couilles pour le buter mais c'est pas mon cas.
Je vais le retrouver et il va crever ce chien.

À peine les mots sortis que ses doigts s’agrippent à ton col. Les mots qu’il hurle quand vos fronts se rencontrent violemment et que vous chutez à terre. T’es désorienté, le cerveau en vrac du coup trop puissant qu’il vient de porter, de ton corps qu’il secoue alors que tu te débats malgré tout, de ses hurlements qui t’assassinent et te fileraient presque la migraine si t’en avais pas l’habitude. Vous roulez sur le côté. Lui sur toi quand à la force de tes bras tu parviens à le repousser dans un grognement enragé. Pas le temps d’en placer une qu’il revient pourtant et malgré les coups que tu lui portes il reste.

T’arrives plus à respirer.
T’es pas sûr de savoir comment t’es encore en vie.
(l’es-tu seulement ?)

T’as pas le droit de faire ça qu’il dit, t’as pas le droit de lui prendre. La colère pour empêcher le rire amer de s’échapper, ravale l’ironie pour parvenir à le coincer sous toi alors que ton poing vient s’abattre une nouvelle fois contre sa mâchoire.

— TU PEUX PARLER CONNARD ! QUI PREND TOUT HEIN ?

Le poing encore.

— TU M’AS TOUT PRIS SALE MERDE. TOUT MÊME EZRA PUTAIN !

Encore encore encore.
Le sang ne t’arrête pas.

— IL A FALLU QUE TU VIENNES T’IMMISCER DANS MA VIE POUR SATISFAIRE VOS PUTAIN DE LUBIES DE MERDE ET MAINTENANT QUE T’AS TOUT FOUTU EN L’AIR ET QUE T’AS ÉCHOUÉ T’OSES PLEURER ? PUTAIN MAIS VA TE FAIRE FOUTRE T’ENTENDS !? VA TE FAIRE FOUTRE NOAH !

Le manque d’air pour affaiblir tes mouvements et t’empêcher d’en rajouter, tu prends de grandes inspirations tout en te reculant au cas où il réagirait encore. Et tu le regardes, la vision floutée par les vertiges alors que tu te tiens les côtes debout plus loin. T’as plus la force de hurler mais t’as encore des choses à dire et il va les écouter.

— J’ai pas… À t’obéir putain. …J’suis pas ton chien merde !

Qu’il vienne te tuer s’il en est seulement capable.
Mais il n’aura qu’un seul essai.

— Plus jamais.
Plus jamais ça.

La menace dans les iris qui glissent sans subtilité que la prochaine fois c’est lui que tu crèves.

Tu pourrais presque croire qu'il a abandonné, là, allongé dans la boue à observer le plafond. Tu le regardes en silence, le souffle court que tu tentes maladroitement de reprendre. Tu entends. Les grognements, les murmures. Les mots encore. Ordonne.

CASSE-TOI
CASSE-TOI
CASSE-TOI
CASSE-TOI
CASSE-TOI
CASSE-TOI !

Tu vas le tuer.

— Je ne... Suis PAS.. TON PUTAIN DE CLEBS !

Coups de pieds dans les côtes, tu sais pas trop où tu vises mais tu sais que ça fait mal et tu t'arrêtes pas. Tu hurles autant que lui, le frappes autant qu'il a pu le faire ces dernières années. Ta haine en moteur, la rancœur qui t'étouffe est si grande que t'es incapable de la retenir plus longtemps. Tu veux pas la retenir plus longtemps.

À quoi ça a servi tout ce temps, hein ?
À rien.

— T'ES PERSONNE ! T'ES PERSONNE POUR ME DONNER DES ORDRES T'AS PAS LE DROIT SALE MERDE ALORS TA GUEULE ! TA PUTAIN DE GRANDE GUEULE !

Tu vas le tuer. Sinon un jour c'est lui qui le fera.
Il a dit qu'il le ferait.




Mais tu peux pas, pas vrai ?



Tu peux pas.



Le dernier coup tu le portes contre le mur rageusement. Tes doigts que tu viens y briser pour l'épargner. Ezra te tuerait si tu le tuais lui. Alors tu peux pas, pas comme ça.

— Putain... !

Murmure de ta voix brisée, tu laisses tomber ton front contre le mur tout en prenant une longue inspiration sans te préoccuper de Noah. Même si tu l'as massacré, tu sais qu'il est plus fort que ça. Tu sais qu'il vivra, qu'il peut se défendre. C'est pour ça que tu le détestes, que tu l'envies.

— T'es vraiment qu'une merde..

Soufflé toujours, dos à lui.
Il réalise pas la chance qu'il a.
Ou peut-être que si et que c'est toi qui capte rien, ce serait pas la première fois.

— Dégage de là Noah.

Va retrouver Ezra.

— J'suis pas responsable de tes conneries.

Tu supportes plus d'être responsable de ses conneries.

... T'es pourtant l'origine même de ma connerie.
Putain mais qu'il la ferme, c'est pas possible d'être aussi con. Tu serres les poings, l'envie brûlante de te retourner pour le frapper encore et encore jusqu'à ce que mort s'en suive que tu refrènes violemment. Ça t'arrache un frisson désagréable alors qu'il s'autorise à poursuivre. Même à terre il te traîne avec lui dans la boue.

Ce mec est la pire sous-race que tu connaisses.
Casse-toi.

Une fois.
Deux fois.
Trois fois.
Tu te retournes quand il t'insulte encore. Pose tes yeux sur lui. Entre dédain, pitié et colère, tu sais pas vraiment. Tu t'en fiche. Parce que tu sais comment tout va se finir après tout. Parce que tout se termine toujours de la même façon.

— T'es à gerber.

Il est complètement détraqué.
Un peu comme toi finalement, alors que tu quittes la pièce sans rien ajouter pour en claquer la porte derrière toi.

Toi aussi t'es à gerber, Hermès Langley.