Tu as été patient.
T'as attendu tout le jour, toute la nuit.
T'as tellement attendu Hermès que t'en as les mains qui tremblent légèrement. Tu ne saurais dire si c'est de rage ou d'excitation, de peur peut-être. Un mélange de tout ça sûrement. Ce que tu sais c'est qu'Elijah s'est amusé, que Noah s'est amusé. Et toi. Toi tu t'es dis qu'après tout ça il valait peut-être mieux lui laisser du répit, qu'il croit que tout finirait sans savoir quand ça recommencerait. Tu sais qu'il n'est pas bête. Il s'attend à te voir, toi ou un autre d'ailleurs, peu importe qui. Mais t'as attendu pour le faire cogiter -à l'en rendre fou t'espères. T'espères tellement qu'il s'en soit rendu malade putain.

Il ne mérite que ça.
Que ça.
Que ça.
Que ça.
Que ça.
Que ça.
Rien que ça.
A t l a s.

Endormi Atlas quand t'arrives dans la pièce tranquillement. Les iris pleines de dégoût qui se pose sur sa silhouette si crade déjà -erk. Des blessures que tu n'avais pas vu, qui s'ajoutent à celles plus graves que tu avais soigné plus tôt alors qu'il était toujours inconscient, ça t'arrache un sourire mauvais quand tu vas d'abord alimenter le feu dans la cheminée avant de t'approcher de la table où trônent les instruments. Tu sifflotes légèrement en te saisissant tu tisonnier que tu vas mettre à chauffer. Quand tu reviens, c'est pour te saisir, avec toutes les précautions évitant sa fuite, de son corps que tu accroches aux chaînes qui pendent du plafond.

Tes doigts pour venir saisir ses joues et serrer fort tout en lui secouant doucement la tête comme s'il n'était rien d'autre qu'une vulgaire marionnette.

— Debout Atlas... C'est l'heure de s'amuser.

Tu le relâches pour porter un violent coup de pied dans son estomac.

— Aller clochard, bouge !

Tu lui en porte un second au torse.
Puis un troisième, jusqu'à ce qu'il se réveille (tu crois avoir entendu une côte ou deux se briser).

Le frapper comme ça ne te fait même pas vraiment de bien. T'espérais, quelque part. Tu te disais qu'avec un peu de chance ça suffirait, que t'aurais pas besoin d'aller plus loin, de le briser. Tu te disais que ça ferait plaisir à Ezra, que tu ne te brises pas pour un chien comme Atlas. Alors t'espérais. Et tu te rends compte en frappant, quand tu te recules et qu'il ouvre la bouche -te regarde, qu'il te regarde t o i, Atlas; que ça ne fonctionne pas. Ce n'est pas assez.

T'en veux encore, Hermès.
Encore encore encore encore.
Tu veux le détruire et n'en laisser que des miettes.
Il doit n'en rester que des miettes.
Des miettes de rien du tout.

J'en avais oublié jusqu'à ton existence, aussi insipide est-elle.
Tu vas le crever.

— Aaah, c'est pas très gentil ça.

Tu sais qu'il ment mais tu entres dans le jeu. Tu veux t'amuser, Hermès. (le faire hurler) T'es de bien trop bonne humeur pour te laisser avoir par ce genre de subterfuge désespéré. Tu le toises d'un regard perplexe alors qu'il continue.

Il a perdu de sa grandeur, Atlas Priest.
Tu donnes un coup de pied dans sa jambe blessée, celle brisée par le marteau. Pas trop fort, juste assez pour réveiller la douleur.

— Tu devrais pas, A t l a s.

Être désolé.
Même pour se moquer.

Le rire qui s'échappe alors qu'il parle d'impressionner, plein de dédain -t'as l'air fou à rigoler sans que vous n'ayez encore entamé quoique ce soit mais c'est qu'il est drôle Atlas. Il croit que tu fais ça pour lui ? Oh non non non non non ! Non Atlas, c'est pas ça. Pas ça du tout ! Oh bordel c'est si drôle, tu peux pas t'empêcher de rire, de sourire, de rire encore pendant un moment. Mais parce qu'il faut bien que tu t'arrêtes, tu prends une grande inspiration avant de darder ton regard sur lui. Les lèvres étirées, vilaines moqueuses, tu laisses passer deux petites secondes avant de daigner répondre.

— T'impressionner ? Allons, je sais parfaitement que tout ce je vais te faire tu l'as déjà fais à d'autres.

À toi.
À Rana.
À ta famille.
(à noah)

Tu souris encore.

— Je m'en bas les couilles de c'que tu penses Atlas. C'est pas pour toi tout ça.

Tu veux l'entendre hurler.
Hurler à s'en crever la gorge.
Hurler.
Hurler.
Hurler.
Hurler.
Hurler.
Hurler.
Hurler.
Et te supplier.

Tu es définitivement celui que j'ai préféré tourmenter.
Ça ne fait que rendre ton expression plus folle encore.
Les iris écarquillés, l'esquisse toujours plus grande.
Avide.

Ça tombe bien.

— Et toi t'es celui que je vais préférer torturer. Tu te rends compte comme c'est super ? C'est qu'on pourrait presque devenir amis.

Presque. Amis.
Rien que le mot t'écœure et tu perds ton sourire alors que tu t'approches de lui pour venir l'étrangler et lui couper tout air d'une main alors que ton bras libre vient porter un coup puissant sur l'articulation de son épaule gauche (que tu avais planté l'autre jour) pour la déboîter brusquement. Tu ne souris plus quand tu le regardes crever devant toi. Atlas n'est rien qu'un rat. Moins qu'un rat.

Il faut qu'il paie.
Il va payer.

— Alors dis-moi, par quoi on commence ? J'ai plein de choses à te faire expérimenter tu sais.

Et t'as une journée à tuer.

T'as soeur n'est pas là pour te remercier.
Tu prends ton pied.
Assume-le.
ASSUME QUE T'ES COMME MOI !

La réponse dans sa gorge que tu serres si fort et dans son épaule que tu éclates en deux. Un ricanement qui pend à tes lèvres, les iris écarquillées, t'en tremblerais presque si t'étais pas aussi crispé. Aaaaah... Son hurlement te détend. Tu te sens bien Hermès. T'en veux plus. Plus plus plus plus plus. Est-ce que t'es vraiment comme lui ? Non. (oui) Assume, qu'il a dit.

AH !
Atlas tu vois pas comme on s'amuse ?

— Mais c'est que t'es vulgaire Atlas.. Plus que moi, c'est dire.

Tu presses un peu plus l'épaule pour faire durer le plaisir (sa douleur). Tu l'écoutes geindre en silence, sans répondre. T'es persuadé qu'il le mérite, bien sûr qu'il le mérite. Mais tu sais d'expérience qu'Atlas Priest n'est pas homme à regretter. Tu t'en fous de toute façon, c'est pas ça que tu veux. Toi tu veux qu'il paie. Tu veux qu'il saigne, qu'il hurle, qu'il te supplie de rester en vie. Qu'il regrette ne ramènera personne à la vie.

Ça t'énerverait tellement finalement,
Qu'il regrette.

C'est impossible, ah, tu vois. J'y ai pris trop de plaisir. Il pleure quand de ton côté tu ne relâches aucune pression. T'es dégoûté. Dégoûté, haineux et désespéré. Fasciné par ce visage qu'il t'offre -ce spectacle qui t'enrage pourtant si fort. Tu peux pas t'empêcher d'écouter docilement, amorphe quand il mentionne Rana et Cain, et quand il termine tu le relâches. Le sourire des hommes un peu bêtes aux lèvres, tu te sens perdu tout à coup. C'est qu'il ferait presque pitié.

Et, par chance pour toi, tout est dans le presque.

— Tu sais c'est quoi la différence entre nous deux, Atlas ?

Tes doigts pour glisser à sa joue, relever sa tête fermement. Tu veux qu'il te regarde.

— C'est que c'est toi, qui m'empêche de regretter.

Parce que c'est lui qui t'a tout prit.
Lui qui t'a montré, chassé, humilié, lui qui s'est moqué.
Tu pourrais même affirmer quelque part que c'est lui qui t'a crée.

Loin d'être seul à la base, il t'a sublimé, dans cette horreur que tu es devenue, à ne jurer que par le sang et la vengeance. Ton seul regret le concernant c'est de ne pas l'avoir choppé plus tôt. Mais vous n'en seriez pas là si ça avait été le cas, pas vrai ? Tu t'écartes pour aller chercher rapidement une chaise dans la pièce à côté et y placer sa jambe. Tu ne lui laisses pas le temps de réagir que tu donnes un coup puissant sur son genoux pour le déboîter aussi.

Un sourire quand tu tournes la tête vers lui pour le regarder.

— La règle a pas changée. À chaque mauvaise réponse tu morfles. T'es sûr de supporter ?

Toi t'es pas sûr qu'il supporte.
Mais tant pis, c'est lui qui te cherches après tout.

— Allons bon. Puisque t'es pas capable de décider je vais le faire moi.

Le sourire qui s'agrandit quand tu vas chercher l'entonnoir crade de la pâté périmée de la veille sur la table et que tu retournes vers lui, la mine dégoûtée.

— Il aurait pu m'attendre avant de te gaver comme un porc... M'enfin. On verra ça plus tard.

Tu lâches l'entonnoir sur le sol sans le quitter des yeux, puis sors ta baguette pour lancer un accio sur le tisonnier brûlant. Tu dévies d'Atlas à l'objet, puis reviens à Atlas pour le toiser de haut en bas, indécis. Tu fais mine de réfléchir quand tu sais déjà précisément où taper.

— Hm... Qu'est-ce qui te ferait hurler ? Voyons voir... Pas les doigts. C'est trop tôt. ...Oh et puis merde.

Le premier coup qui s'abat sur le ventre, le second qui suit aussitôt pour y laisser des traces de brûlures indélébiles, tu te sers de l'instrument comme on se servirait d'un fouet. Et dans tes iris brillent la folie toujours alors que tu te délectes de ses hurlements, la joie presque d'avoir enfin entre tes doigts tout ce que tu désires depuis toutes ses années.

Ta vengeance.
Sa vie.

Il t'appelle mais tu ne réponds pas. Frappe une fois sa peau nue. Deux fois. Trois fois. Et il hurle Atlas, il hurle ton prénom encore une fois. Ça te fait sourire. Ça te donne envie de plus. Plus plus plus. Plus grand sourire encore alors que tu vas pour le frapper une quatrième fois, tu t'arrêtes brusquement lorsqu'il te parle des dents de ta sœur. Te redresse pour le regarder un instant avant de te mettre à rire.

— HA ! Hahaha... !

Tu es halluciné du culot de ce mec.
Halluciné qu'il ose alors que t'aurais dû t'y attendre.

— Vraiment ? Tu ferais ça, toi ?

La question est rhétorique, posée alors que tu continues à rire, te moquer encore un moment. Tu finis néanmoins par te calmer un peu avant de partir reposer le tisonnier dans le feu.

Tu savais que les rats faisaient n'importe quoi pour survivre mais tu dois bien avouer que t'es surprit. Aussi surprit qu'enragé, quand tu t'approches de la table pour saisir un couteau. Tu le lances un peu en l'air pour t'amuser. Pourtant même s'il ne le voit pas, t'as le regard sérieux.

— Alors dis-moi Atlas, elles sont où ? Chez toi ?

Sûrement.
C'est qu'il serait capable de te demander de le libérer en te promettant de t'indiquer le chemin.

Le couteau part se planter dans sa main gauche. Ah, t'étais pas loin de lui trancher un doigt, dommage. Tu grimaces. Tu récupères la pince qui t'avait servi à lui arracher l'ongle la dernière fois, et l'entonnoir sur le sol en chemin avant de le rejoindre. Dégage sa jambe de la chaise dans délicatesse pour y poser la pince alors que tu fouilles dans tes poches pour en sortir un petit flacon que tu agites sous son nez. Sourire aux lèvres, vainqueur et fou.

Il doit bien deviner ce que c'est n'est-ce pas ?
Du poison.

— Tu m'excuses, je suis pas aussi doué que Cain et toi pour les cocktails. Mais comme j'suis un hôte sympa je t'offre à boire pour te remercier de m'aider à récupérer les dents de Rana. Parce que c'est ce que tu vas faire, pas vrai ?

Peu importe.
(tu n'y crois pas au fond)

Tu te saisis une nouvelle fois de ta baguette avant de poser l'entonnoir et la fiole sur la chaise.

— Stupéfix.

Avant de le détacher pour aller le replacer sur la chaise allongée. Une fois les sangles bien serrées tu ramènes la chaise avec les accessoires près de toi et annules ton sortilège pour le regarder de haut.

— Salut salut, eh non j'suis pas parti dommage.

Pour lui.
Tu récupères ton flacon, l'ouvre avant de cracher dedans et viens forcer le passage de l'entonnoir dans sa bouche. Tu appuies fort au point de lui en faire mal et ça t'arrache un sourire encore plus mauvais.

— Aller bois Atlas, avant qu'il me prenne l'envie de t'arracher les dents moi aussi.

Puis tu laisses le liquide se déverser dans sa gorge, il y en a juste assez pour le faire agoniser durant des heures mais certainement pas assez pour le tuer sur le coup. Ce serait lui rendre service pas vrai ? Tu enlèves l'entonnoir et places ta main sur sa bouche et son nez pour l'empêcher de respirer autant que de recracher tandis que l'autre vient masser sa glotte pour le faire avaler. Ça devrait pas tarder à commencer à brûler. T'espères cependant que la douleur et l'agonie le rendent pas dingue trop vite. Une fois que t'es certain que c'est bon, tu t'écartes pour te laisser tomber sur la chaise et le regarder en jouant avec la pince.

— Alors du coup, ces dents ?

Avant qu'il ne parle, tu viens lui arracher sans prévenir l'ongle du pouce de sa main gauche, de laquelle tu n'as toujours pas enlevé le couteau. À ses hurlements de douleur tu souris et te justifies.

— C'est pour t'encourager.

Je vais croire que tu m'admires. Ou que tu manques cruellement d'imagination. Tu le toises alors qu'il dégage l'entonnoir avant que tu ne le replaces en appuyant plus fort.

— Va savoir.

Le poison qui se déverse rapidement dans sa gorge après que tu l'ais intimé de boire, tu dégages l'instrument plus loin et l'asphyxies pour le forcer à avaler. Il a l'air au bout, Atlas. Les cernes rouges et la peau si pâle que tu le croirais déjà mort s'il ne geignait pas autant. Il le fait moins, d'ailleurs. Peut-être qu'il va vraiment te claquer entre les doigts ? Tu lui arraches l'ongle et le regarde se tortiller, hurler et pleurer plus fort que jamais. Noah t'en voudrait de gâcher ses plans, hm. Et puis t'as promis à Ezra de faire un effort pour cette fois.

C'est que c'est son jour de chance à Atlas dis donc.
Tu soupires en te laissant tomber sur la chaise, fronces les sourcils lorsqu'Atlas se met à rire. Bien sûr qu'il ne dira rien, de ça t'en as jamais vraiment douté (t'espérais, malgré tout). Il a l'air désespéré, et si t'y étais pas insensible après tout ce qu'il a pu te faire, t'aurais pu avoir de la peine pour les larmes qui coulent à ses joues. T'en as, sûrement. C'est quelque part tout au fond, sous la rage, sous la haine. Je vais mourir ici de toute façon hein... Oui.

Tu ne réponds pas.
Tu le regardes simplement, et tu réalises avec lui.

Je m'en suis fais un collier de perles... Hahaha.

— Hm.

Tu souffles, te lèves, redevenu un peu plus grincheux soudain alors que tu le contournes pour passer de l'autre côté.

— Tu gâches tout Atlas... Et dire que j'avais décidé d'être sympa.

L'instrument pour venir pincer fortement son index, tu le lui tords brusquement jusqu'à le déboîter. Une œillade pour lui, t'as l'air un peu triste tout à coup. T'es dépité de le voir aussi faible et pourtant ça te fait toujours du bien de l'entendre hurler. Moins qu'avant, mais toujours.

— Alors la boisson c'est comment ?

Je vais mourir ici de toute façon hein...
Pas aujourd'hui Atlas, pas aujourd'hui.

Tu laisses glisser la pince sur le sol alors qu'il hurle encore sans que ça ne t'arrache un sourire, et tu le regardes simplement, Atlas. Lui demande, presque taquin comme pour raviver une rage qui ne s'est jamais éteinte, seulement étouffée face à ses larmes. C'est ce genre de scène dans les films, vous savez, où l'agresseur malgré toute sa haine éprouve un peu d'empathie pour sa victime. Celle où il légitime ses actes malgré toute la pitié qu'il ressent. C'est déchirant, écœurant. Fatiguant.

Un sourire en écho au sien alors que tu l'écoutes parler. Sa faiblesse te calme, t'apaise étrangement bien plus que ses cris soudain.

— C'est une douleur à laquelle on s'habitue pas, tu verras.

Comme une confidence glissée à un ami, tu viens ensuite dégager quelques mèches de son visage. Le ton est distant, égal, en totale contradiction avec la douceur de tes gestes.

— J'ai fais une promesse.

Celle de ne pas le faire mourir maintenant. C'est ce qui te retient, la seule chose qui t'empêche de faire n'importe quoi. Tu briseras toutes les tiennes pour celle-là.

Pour Ezra.

Tu le toises quelques secondes comme s'il était une curiosité, avant de retourner t'assoir. Glisse tes doigts sur sa main plantée pour en retirer le couteau d'un geste brusque mais précis avant de prendre ta baguette pour soigner la plaie. Les mains ont tendances à beaucoup saigner, et tu as conscience d'en avoir déjà assez fait. Il va lui falloir du repos avant de reprendre, vu son état.

— C'est pas l'envie qui m'en manque, crois-le bien. Mais ça te ferait trop plaisir à toi aussi.

La fin de la torture, la libération.
C'est hors de question.

— Tu crèveras pas aujourd'hui, la chance.

Le ton si neutre malgré la folie dans tes iris quand tu te retournes pour le regarder à nouveau.

Seuls les idiots font des promesses.
Il a raison.

Faut être con pour faire une (telle) promesse et sûrement plus con encore pour la tenir. Mais c'est ce qui te différencie de lui, ton coeur, ta loyauté. C'est ce qui te pousse à croire que tu n'es pas (encore) totalement un monstre, qu'il te reste une part d'humanité. Si tu brisais ça tu serais fini. Dommage qu'il dit. Tu le soignes, tu t'en fiche. Qu'il pense bien ce qu'il veut, tu ne cèderas pas. T'as déjà beaucoup trop donné (on t'a déjà beaucoup trop prit aussi). Tu ne cèderas pas ça même si tu finis les trippes à l'air d'avoir voulu y croire une nouvelle fois.

T'es pas mauvais Hermès, pas vrai ?
Bullshit.

Tu le regretteras.

— Tu crois pouvoir t'enfuir ?

Tes iris que tu plonges dans les siens. La question est sérieuse, un brin moqueuse aussi. Il délire s'il pense pouvoir se tirer de là vivant. Mais imaginons que ce soit vrai... Tu laisses le silence planer quelques instants.

— Tu sais Atlas, si ça arrive j'aurai plus aucune promesse à tenir.

Le regard menaçant alors que les mots qui s'échappent sont glacés.

— Je pourrai te tuer, je te tuerai. Sans regrets.

Alors vas-y Atlas, sors d'ici.
Vis.

Comme un défi silencieux lancé avant que tu ne jettes un œil à ton pineapple. Il est encore tôt, trop pour te sauver. Nouveau regard dans sa direction. Puisque tu ne peux pas le tuer mais qu'il agonise tellement que tu ne peux rien faire de plus, autant discuter non ? T'es curieux, Hermès.

— Raconte-moi, Atlas. Ton enfance. T'as toujours été comme ça ? Si t'es sage je te filerai l'antidote plus tôt. Oublie pas, c'est pas aujourd'hui qu'tu crèveras alors laisse tomber l'idée.

Vous avez six heures à tuer avant que les autres ne rappliquent.

T'as un sourire quand il s'étouffe avec sa salive. Tu le regardes simplement, sans l'aider ni bouger mais laisses tout de même un ricanement t'échapper avant de lui demander. Son enfance, sa folie. Tu te demandes sérieusement s'il a toujours été comme ça. On passe en mode interview d'un condamné, c'est ça ?

— Ça sonne plutôt bien.

Sans répondre à la question qui suit, parce qu'il connaît la réponse Atlas. Jamais. Tu t'arrangeras toujours que ça ne soit jamais le cas. Il a toujours été lui, qu'il dit. T'écoutes, silencieux et attentif, le toises tranquillement alors qu'il bouge un peu ses doigts en reprenant. Asterion. Tu serres les poings lentement, dans sa position il ne peut voir, en y prêtant un peu d'attention, que ta mâchoire se crisper légèrement. Se décrisper tout aussi rapidement quand il reformule parfaitement ta question.

Sourire amusé en écho au sien, t'attends.
Patient.

Ce n'est pas de la torture.
Ah non ?

Je n'y prends aucun plaisir.
Ça t'arrache un ricanement amer, encore.

C'est nécessaire parfois.
Ça tu veux bien le croire.

Tu laisses un silence avant de répondre, durant lequel tu étires un sourire amusé, presque charmé, durant lequel tu avales ta salive lentement sans le quitter des yeux. Comme si tu détenais la vérité ultime, tu sais qu'il ment.

— Atlas.

Souffle un nouveau rire en secouant lentement la tête de droite à gauche avant de le regarder de nouveau.

— Arrête de mentir.

Ton pouce et ton index pour venir pincer violemment la blessure à vif d'un de ses deux doigts dont tu as arraché l'ongle plus tôt, avant de rapprocher tes lèvres de son oreille pour y glisser comme un secret.

— Si t'y prenais pas de plaisir tu le ferais pas, A t l a s.

Tu appuies plus fort.

— Aller avoue, la vérité c'est que t'adores ça.

Un peu comme toi, là maintenant.
Tu le relâches brusquement pour te rassoir sur la chaise comme si de rien était.

— Donc t'as toujours été comme ça. T'es un putain de malade tu l'sais ça ?

JE NE SUIS PAS MALADE.
Le cri te surprend, tu t'attendais pas à ce qu'il ait encore autant de force pour se débattre ou même pour respirer. Pourtant tu ne réagis pas, tu le regardes et le laisses continuer. Il a l'air de vraiment y croire. Jane et Steven. Je n'ai pas de problème.

Tu ricanes.
Simplement, moqueur.

— Sérieusement.

Tes iris pour le toiser de haut en bas lentement et avec tout le dédain du monde. Tu le regardes s'agiter encore un moment avant qu'il ne te dise de dégager. Animal. Tu viens agripper sa mâchoire pour le forcer à te regarder, rapproche la chaise pour ne pas avoir à trop te lever. La flemme.

— Atlas tu crois vraiment que t'es pas malade ?

Tu poses la question sérieusement malgré ce qu'en disent les traits de ton visage qui semblent en rire. Légère folie dans le regard, le rictus effacé, tu ne desserres pas ta poigne pour l'empêcher de rétorquer.

Après un léger silence tu finis par le relâcher.

— Admettons.

Sans prévenir, tu viens faire une pichenette dans son œil avant de te réinstaller contre le dossier de la chaise les bras croisés contre ton torse. Ça lui apprendra à ne pas être sage à cet enflure.

— T'es sain d'esprit, yay congratulations. C'est cool, vraiment. Comment t'expliques alors que tu te retrouves ici, Atlas. Comment t'explique nos enlèvements, les meurtres, NOTRE PUTAIN DE VENGEANCE ? COMMENT SI T'ES PAS MALADE !

Le corps qui réagit malgré toi, tu viens porter tes mains à sa gorge pour l'étrangler, les larmes qui montent à tes yeux. Si c'est pas lui c'est vous c'est ça ? Si c'est pas lui c'est toi ?

C'est toi.

NON !
Tes doigts à sa gorge il hurle pourtant malgré le manque d'air évident. Il se débat et t'enrage, appuies plus fort, plus fort pour le faire taire tu veux plus l'écouter. Ses mots poisons qui s'écoulent pour venir glisser sur toi, tu te laisses imprégner, laisses ta rage les confronter. Plus fort.
Plus fort.
Plus fort.
Plus fort !

— FERME-LA ATLAS FERME TA PUTAIN DE GRANDE GUEULE !

Parce qu'il se trompe. Il a forcément tort, c'est pas ta faute Hermès. T'as beau être un connard c'est pas ta faute. Tu le sens partir sous la pression de tes doigts, la conscience qui s'échappe. T'es heureux Hermès. Qu'il crève, qu'il crève ! Enfin ton calvaire s'arrêtera.

Je le tuerai pas, j'promets. Ça vous va comme ça ?
Putain vous me cassez les couilles.

— Merde.

Merde merde merde.
Tu relâches la pression aussitôt pour constater rapidement qu'il est toujours vivant. À moitié conscient dû au manque d'air, il peut pas s'évanouir avec le poison dans les veines alors tu lui donnes de violentes claques pour l'empêcher de dormir.

Une inspiration longue que tu expires lentement tandis que tu te laisses retomber sur ta chaise, sincèrement soulagé qu'il soit toujours en vie. Ce n'est pas lui qui te fera rompre ta promesse, il faut que tu gardes ton calme Hermès. Ça va aller.

— C'est ta faute Atlas. C'est ta faute.

Sa faute.
Sa faute.
Sa faute.
Sa faute.
Sa faute.
Uniquement la sienne.

Et pour être certain qu'il ne te pousse plus à bout, tu te relèves finalement pour aller chercher un écarteur dentaire sur la table que tu viens lui enfiler pour le garder immobilisé la bouche grande ouverte, histoire de continuer à t'amuser en attendant l'antidote. Tu resserres les sangles et te laisses retomber sur la chaise, le sourire aux lèvres.

— Et si on jouait ?

Oh non, il ne s'endormira pas Atlas.
Pas maintenant, pas encore.

Ce n'est que le début de ces longues heures d'agonie avant que, finalement, tu ne concèdes à abréger ses souffrances en lui glissant l'antidote. Puisque tu ne peux pas le tuer tu vas le marquer. Puisqu'il te considère comme sa chienne -il aurait dû te faire hurler plus fort qu'il avait dit !- tu le feras hurler encore plus fort. Toujours, toujours, toujours plus fort. Tu veux qu'il hurle à s'en briser la voix.

Tu veux qu'il souffre.
Il souffrira.
Encore.
Encore.
Encore.

À jamais se souviendra.