froid et blanc.
paysage bien différent de l'usuelle grisaille de londres, malgré décembre.
ambiance bien différente, aussi, définitivement plus hivernale.
loin de l'agitation de la ville, des grattement de plumes sur le parchemin et des documents s'empilant sur son bureau.
besoin de vacances, qu'azur avait dit.
et il avait agréé un peu trop facilement, n'avait opposé aucune résistance.
présume qu'il faut une première fois à tout.
que se poser quelques jours n'était peut-être pas une si mauvaise idée que cela.
profiter des fêtes en sa compagnie, à défaut de les ignorer, comme il le faisait depuis des années.
aversion pour celles-ci précédant sa scolarité.

se souvient des grands sapins décorés dans la grande salle,
des emballages cadeaux éparpillés un peu partout dans le dortoir,
des rires et des réminiscences d'enfances plus heureuses que la sienne lui rappelait tout ce qu'il n'avait jamais eu.
le rendait plus morose qu'il ne l'était déjà.
il préférait observer les flocons recouvrir le château et ses alentours dans la quiétude de la bibliothèque — présents et lettres qui lui étaient adressés ignorés et oubliés dans la malle au pied de son lit.
évitant de se mêler aux festivités qui n'avaient aucune valeur à ses yeux, comme le reste de ses camarades de classe.

et le voilà, emmitouflé dans un pull aux motifs ignobles — tradition moldue, semblerait.
chalet perdu dans un recoin de la scandinavie, à célébrer un réveillon à des années-lumières du dernier.
bouge légèrement, chance, cherche à se positionner plus confortablement sans trop l'incommoder lui.
pose son menton dans le creux de sa main, appuyé sur l'accoudoir du canapé.
l'autre trace distraitement des motifs abstraits sur le haut de sa cuisse.
difficilement absorbé par le film qui passe, un peu trop concentré sur le tic-tac de l'horloge antique.
c'est que minuit approche à grands pas.
doit malgré tout faire mine de s'intéresser aux protagonistes défilant à l'écran.

— récapitulons.

ton toujours aussi dubitatif, après mille et uns commentaires depuis la dernière heure.

— elle quitte son fiancé pour un homme qu'elle a rencontré... marque une briève pause, il y a trois jours ?

choix plus que discutable.
expérience cinématographique plus que discutable.
plus que quelques minutes à tenir.

love sucks sometimes
hausse les épaules.
n'a pas réellement de références sur lesquelles se baser — doute que celles gracieusement offertes par les films de noël soient réellement utiles.
et au vu de son exclamation, quand la scène actuelle laisse place à la suivante, azur semble être de son avis.
ça lui tire un sourire amusé.
préfère définitivement explorer ce nouveau chemin avec lui, verrait bien ce que l'avenir leur réserve.
quant à jennyfer et mickael, il faut croire que leur idylle tient plutôt du miracle d'un scénario douteux.
et d'une production déterminée à renflouer ses poches avec les fêtes.

si se concentrer était déjà une tâcle compliquée, avec l'appréhension de minuit qui se fait de plus en plus présente, il ruine positivement ses efforts.
contact fugace de ses lèvres contre son cou élicitant un frisson qu'il n'arrive pas à réprimer.
roule des yeux, chance, plus pour la forme qu'autre chose.
c'est qu'il est parfaitement d'accord au fond.
pince sa peau, à l'endroit où son haut s'est un peu relevé.

— n'est-ce pas tout le principe de noël ? être sage pour recevoir un cadeau en retour ?

qu'il muse, faussement interrogateur.
se fiche bien de ce principe.
le prouve en levant le menton, lui facilite la tâche, paupières mi-closes.
main libre jusque-là trouvant place sur sa hanche, légère pression sur celle-ci.
mais azur s'arrête trop vite, se redresse pour l'observer.
papillonne des yeux, chance, se force à inspirer.
insupportable murmuré dans l'espace entre eux.
se perd dans le baiser, trop court lui aussi.
le voilà qui le fuit, se cale toutefois plus confortablement contre lui.

— ne te fais pas trop exigeant, le prochain risque d'être aussi ridicule.

au moins, ils n'auraient pas à le regarder.
fait délicatement danser ses doigts le long de son dos, chance.

— merci encore de m'avoir proposé des vacances.

soupir théâtral qui le fait sourire.
critique déjà vertement le prochain film, azur.
de toute façon, noël serait passé, qu'il dit.
ça n'empêche pas la frénésie des fêtes de se poursuivre jusqu'au nouvel an, pour le meilleur et pour le pire.
surtout le pire.

— dommage, let it snow semblait presque divertissant.

presque
pas qu'il en avait envie de le regarder, ni la volonté de se subjuguer volontairement à une autre heure de torture.
jennyfer et mickael avaient déjà réussit à saper le peu d'intérêt qu'il pouvait témoigner pour ce genre de film.
effleure doucement son dos du bout des doigts.
le remercie pour les vacances.
c'est sincère.
ne se souviens pas de la dernière fois où il a réellement pris le temps se reposer.
précède probablement son entrée en poste, vingt ans auparavant — se garde de le dire à voix haute.
trop accaparé par son visage qui s'est levé, près du sien.
par son corps qui se presse contre lui, arrache une inspiration fébrile.
ses paumes se sont arrêtées.
il murmure contre ses lèvres, azur.
soulève qu'il avait besoin de détente, de moins penser.
et c'est chose faite.
n'a plus que lui en tête, chance.

oubliée, la télé.
ne devient qu'un bruit de fond.
tic
ignorée, la légère douleur.
rapidement chassée lorsqu'il l'embrasse — y répond avec la même ardeur.
tac
ses mains redescendent sa taille, l'une y reste accrochée, l'autre glisse sous son haut.
tic
resserre sa prise à chaque baiser qu'il imprime contre sa peau.
tac
coeur qui rate un battement, quand minuit sonne.
sursaut involontaire qui le fait grimacer, plus embarrassé qu'autre chose.
s'est un peu trop laissé distraire.

le père noël a vraiment un sacré timing
ça lui tire un rire bref, acquiese d'un hochement de tête.
capture de nouveau ses lèvres, après lui avoir souhaité joyeux noël.
reste chaste cette fois-ci, recule doucement.

— joyeux noël à toi aussi.

soufflé tout bas.

— c'est l'heure des cadeaux, n'est-ce pas ?

le lance sous forme d'interrogation.
après tout, azur avait raison.
être en sa compagnie, ici, loin de tout, en était déjà un en soit.
mais on connaît trop bien les propensions de celui-ci à poursuivre ce qu'il entame.
les siennes, aussi, à se laisser happer sans protester.
le constat suffit à le faire soupirer.

— allez, on se lève.

note sa réticence.
fait écho à la sienne.
s'est toutefois résolu à se lever, reste inflexible malgré ses doigts qui effleurent son ventre.
paroles et rictus qui lui font secouer la tête.

— plus tard.

et ne protesterait pas.
le suit vers le sapin, s'arrête à ses côtés.
les traditions lui sont étrangères.
et la façon de procéder, encore plus.
présume que oui, chacun son tour est une bonne idée.
silence qui s'étire jusqu'à ce qu'un rire échappe à azur.
oui, j'en ai prévu plusieurs.
mine pincée qui se décompose en un battement de cils.
une douzaine-

— tu-

respiration coincée dans sa gorge, étouffe son interrogation positivement paniquée.
il faut croire qu'il a pitié de sa personne.
indique que c'est une blague.
ne lui adresse qu'une oeillade méfiante, chance, sait qu'il doit s'attendre à tout et n'importe quoi.
imprévisible, avec plus d'un tour dans sa manche.
sa présence à ses côtés et son bras autour de sa taille ne suffisent pas à chasser la tension qui l'habite.
frisonne bien malgré lui, lorsqu'il mordille son oreille.
souffle qu'il allait commencer.
mmh peu assuré offert en réponse.

il traque des mages noirs depuis des décennies, conserve un calme olympien en toutes circonstances.
pourtant, azur n'a qu'à agiter sa baguette pour faire de l'espace et déposer un paquet au centre de la pièce pour lui faire perdre ses moyens.
reste figé, lorsque le cadeau reprend sa taille originale, n'aide en rien la situation.
observe celui-ci, regard déviant vers lui.
son sourire rayonnant.
s'avance finalement pour déballer le présent, découvrir ce qu'il cache.

statufié face au piano qu'il découvre.
fini lustré sur lequel se réfléchit la lumière.
lève une main, s'arrête à quelques millimètres des touches.
c'est qu'il n'avait pas touché un instrument depuis des lustres, observant de loin celui qu'azur possède.
il l'avait mise derrière lui, cette vieille passion.
oubliés les accords, les notes et les partitions.
jamais trop tard pour les apprendre de nouveau.
inspire.
l'effleure du bout des doigts, n'appuie pas assez fort pour produire un son.

— je vais avoir besoin d'un professeur.

do, ré, mi, fa, sol, la, si
se retourne, chance.
joie qu'il n'arrive jamais à exprimer dans toute sa plénitude.
risette réservée, malgré l'agitation fébrile sous sa peau.
clot rapidement la distance, merci soufflé contre ses lèvres.