merry

night

La musique résonne au rythme des pas qui dansent et des tissus qui volent, des rires et des conversations, de la foule amassée dans cette si grande salle. Les couples et les amis dansent, dans une bonne humeur qui ne semble pas l'atteindre. Au milieu des autres, dans des festivités où elle ne se sent pas du tout à sa place, Persephone s'ennuie. Les festivités de Noël ne l'ont jamais trop intéressée à Poudlard. C'est trop différent de chez elle. A la maison, on passe la journée à préparer des petits plats tous ensemble et puis on se rassemble à table le soir, en jouant à des jeux, en racontant des bêtises, en ressassant des souvenirs sur des vidéos de famille... On ne s'habille pas comme si on allait à une cérémonie d'Oscars pour danser en public. Elle ne comprend pas ce que les autres trouvent à ce genre d'événements. Quitte à choisir, elle préférerait passer la soirée à lire. Mais comme chaque année, ses amis ont fini par l'y traîner. Cette fois, ils ont - enfin, elles ont, surtout - insisté pour qu'elle ne fasse un effort sur sa tenue. Alors la voilà - maquillée légèrement, ses yeux et ses lèvres mis en avant, elle qui ne porte jamais ce genre de choses, dans une robe violette qui lui donne l'impression de dévoiler un peu trop de peau pour ses habitudes. Elle aime le confort des vêtements trop grands, de son uniforme, des vêtements de sport dans lesquels elle traîne ; là, ses jambes sont à nu. Ses bras et ses épaules, aussi. Son poignet est décoré de breloque. Ses cheveux, d'habitude toujours en hauteur, tombent sur ses épaules ; une partie retenue à l'arrière en tresses qui se joignent pour être retenue par une broche papillon. Et si elle ne se sent pas mal à l'aise à proprement parler, ce n'est pour sûr pas la tenue qu'elle préfère.

Elle n'aime pas non plus danser.
Enfin, si - elle adore ça, même. Elle est très douée, qui plus est. Quand il s'agit de hip hop. Pas quand il s'agit de danse de salon. Si elle n'a aucun problème à suivre un rythme, ça lui est toujours venu de manière assez naturelle, elle n'a jamais appris à danser la valse et autres danses du genre. Alors elle ne sait foutrement pas quoi faire à part rester à parler avec ses amis - mais elle s'ennuie. Elle aime leur présence, mais c'est le genre d'ambiance qui l'étouffe.

Une main sur son épaule après un léger bruit agaçant se rapprochant d'elle.
Elle se retourne, circonspecte - qui peut bien vouloir lui parler ? En face d'elle, un garçon. Elle devine qu'il doit avoir un ou deux ans de plus qu'elle. Il arbore un air confiant mais ses yeux observent le léger tremblement de ses mains. Elle penche la tête, haussant un sourcil. Une danse, dit-il vouloir. Allons bon, en voilà une première. Elle baisse les yeux vers la main qui lui est tendue. Ses amis observent la scène, non loin. Elle sourit. Il s'illumine. Pense avoir eu son accord. Pourtant, sa voix s'élève.

▬ Désolée, pas intéressée. Le bruit de tes chaussures m'agace. Et t'as les mains moites, en plus.

Elle agrandit son sourire ; brutale dans sa douceur.
Il la regarde comme si elle était un alien.
Ses amis, après un petit silence, se tordent de rire.
Elle ne comprend pas trop pourquoi - elle n'a fait que dire ce qu'elle pensait.
Après un moment supplémentaire passé à tergiverser dans son coin, elle rêvasse. Qu'est-ce qu'elle se fait chier. Un visage vient encombrer ses pensées - elle n'a pas vu Eamon, ce soir. Elle se demande ce qu'il fait... Elle n'a qu'à aller vérifier par elle-même.

Un pas sur la gauche.
Un pas sur la droite.
Un regard à ses amis.
Un signe de main, s'excusant.
Elle quitte le bal.

Ses pas résonnent dans le silence des couloirs. Il fait un peu frais, en robe, en plein milieu de l'hiver mais elle s'y fait. Elle pense d'abord à la bibliothèque mais elle semble fermée. La grande cour, peut-être... ? Non, il y a de la neige et il fait un froid de canard. Elle finit par se concentrer sur sa première suspicion, montant les escaliers de la tour qui lui est familière - qu'est-ce qu'elle est contente d'avoir refusé de porter des talons ! Une fois dans l'encadrement de l'entrée, elle aperçoit une tête brune familière. Un sourire nait sur ses lèvres, attendri. Bingo.

▬ Voilà où tu te cachais, donc. Je me doutais que tu serais là.

Elle s'approche, s'asseyant non loin de lui, remettant une mèche derrière son oreille - elle n'a pas l'habitude des cheveux lâchés. Ca lui va très bien, pourtant, mais qu'est-ce que ça peut être gênant. Elle lui offre un sourire.

▬ Qu'est-ce que tu fa-

Ses yeux tombent sur les livres aux alentours.
Elle cligne des yeux.
Hésite entre rire et exaspération.
Opte pour le rire d'abord puis le soupire ensuite.

▬ Eamon... C'est Noël ! J'arrive pas à croire que tu es en train d'étudier...

Elle sourit, au final, se passant une main sur le visage.
Elle remonte ses yeux sur lui, amusée.

▬ Je comprends que les bals ça soit chiant... Mais fais autre chose au moins aujourd'hui ? C'est un jour de fête !

A défaut de croire qu'elle peut le convaincre,
Elle essaye.
Qui sait, peut-être qu'un miracle de Noël peut arriver.

merry

night

La quiétude de la salle des Serdaigle lui fait un bien fout. Le silence y règne, paisible. Loin de toute musique, loin de tout brouhaha causé par une foule. Loin du bruit incessant des chaussures qui percutent le sol - ça la rendait dingue, comme son. Et si elle aime entendre les rires des autres, quand ils se perdent dans un écho difforme, c'était beaucoup moins plaisant. Alors être de retour ici, sans un bruit si ce n'est le froissement des pages qui se tournent et de la neige qui tombe au dehors, ça l'apaise et détend ses épaules. Elle ne regrette absolument pas d'être partie. Les événements du style, ça n'a jamais été son genre. Et ça ne le sera sûrement jamais.

Par contre, sans qu'elle ne comprenne pourquoi, Eamon tire une drôle de tête. Il a l'air d'avoir perdu le cap de son navire - elle baisse rapidement les yeux sur sa tenue, qui semble beaucoup l'intéresser. Elle se demande si lui aussi pense que ça ne lui va pas du tout, ce genre d'accoutrements - l'impression d'être une enfant qui joue à être une grande, une jolie poupée qu'on s'est amusé à maquiller. Ses pantalons et ses collants lui manquent, mais bon. Elle ne va pas s'amuser à partir juste pour se changer et revenir - ça lui ferait perdre du temps à pouvoir être en sa compagnie et elle veut en apprécier chaque miette. Donc elle se terre dans son assise, sage. Tant pis si elle a l'air idiote. Ca ne serait pas la première fois, ni la dernière.

Que veux tu que je fasse d'autre. Elle sourit. Littéralement, n'importe quoi d'autre. Vraiment. Peut-être passer du temps avec elle ? Ca lui semble être une bonne alternative, bien que moins éducative. Elle l'observe dans ses arguments qui n'en sont pas, rit doucement. Elle trouve ça toujours si amusant de le voir foncer dans ses bouquins dès qu'une seconde s'y prête.

▬ Je sais pas ? Te détendre ? Prendre le temps de savourer du thé ? Si vraiment t'étais désespéré de trouver une occupation autre t'aurais pu venir me trainer par le col, à la limite.

Elle serait venue avec joie, comme à chaque fois.
Et ça ne compte pas, qu'il dit. Elle rit un peu plus franchement. Un vrai enfant. Elle trouve ça adorable - d'autres lui diraient qu'elle est sûrement bizarre de penser ça, mais elle ne peut pas s'en empêcher.

▬ Du travail, c'est du travail. Que ça soit pour le plaisir ou pour les cours, il faut vraiment que tu apprennes à faire des pauses. Je vais te ramasser à la petite cuillère, un jour.

Son interrogation la fait soupirer, une petite grimace éphémère sur ses traits. Le bal. Ugh. est ce qui se lit sur son visage.

▬ J'en viens.

Elle a l'air absolument ravie. Non.

▬ J'y suis allée parce que mes amis m'y ont traînée, mais j'ai aucun intérêt pour ce genre de choses, pour être honnête. C'est bruyant, y'a plein de gens... Je préfère le calme. Et la lecture.

Elle lui jette la pierre, mais même en étant extravertie, ce genre de choses écrasait son âme et la vidait de son énergie. Elle repense au garçon qui l'a invitée. Elle secoue la tête doucement.

▬ On m'a même invitée à danser. Moi !

Elle tourne son visage vers Eamon, sarcastique à n'en point douter.

▬ J'ai une tête à savoir danser ce genre de choses ? Je le connaissais même pas ! Elle souffle, une petite seconde, ne voyant pas d'autres explications J'me demande si c'était pas un gage. J'veux dire, on parle de moi quand même.

Elle hausse les épaules.

▬ Enfin, j'ai refusé. J'lui ai dit que j'aimais pas le bruit de ses chaussures. En plus il avait les mains moites. Berk.

Et on pourrait penser que c'est une blague, ou que c'est enfantin, mais c'est le genre de remarques qui viennent du fond de son coeur. Elle ne supporte pas ce genre de choses, c'est plus fort qu'elle. Elle finit par retourner un regard plus joyeux vers lui.

▬ Au final, je m'ennuyais et je me suis dit que ça serait plus amusant si tu étais là. Et comme je te voyais pas dans la salle de bal bah... Je suis venue te voir.

Un sourire, éclatant.
Fière de son raisonnement qui est, évidemment, le meilleur.
Parce que depuis qu'elle avait mis pied dans la salle et qu'ils s'étaient mis à parler, elle se sentait déjà dix fois mieux, à n'en point douter.

merry

night

Ca lui fait du bien, de pouvoir vider son sac. Si la soirée ne lui avait pas vraiment plu jusque là, elle savait que pouvoir se plaindre un peu ferait s'envoler ses maigres soucis. Quelque chose qu'elle ne faisait pas au côté de la majorité de ses amis - souriante, douce, elle était le plus souvent celle qui écoutait ou réconfortait. S'épancher, que ça soit dans ses peines ou dans sa frustration, était quelque chose qu'elle n'aimait faire et qu'elle avait du mal à exprimer. Et si elle avait déjà osé prononcer ses doutes auprès d'Eamon, et qu'elle se retenait bien de parler de ses tristesses éphémères, elle avait apprit à verbaliser ce qui pouvait l'agacer. Elle s'attendait au début à ce qu'il lui dise de fermer son clapet, mais semble-t-il que ça ne le gênait pas plus que ça, au final, aussi bêtes ses soucis puissent-ils être. Alors elle avait apprit à en profiter. Et qu'est-ce qu'elle en était reconnaissante. Elle ne savait pas à quel point ça pouvait alléger ses épaules, en toute honnêteté. Elle comprend maintenant pourquoi tout le monde vient toujours tout lui raconter.

Un claquement de langue se fait entendre dans le silence qui règne. Elle hausse un sourcil, sans comprendre. Et ? Elle le regarde comme s'il était stupide - chose rare. Ca lui paraissait tellement évident ! La liste lui semblait tellement longue et logique, que le simple fait de devoir l'énoncer lui paraissait ahurissant. Des arguments ? Elle n'avait que ça ! Elle ne savait même pas par où commencer. Ah, si.

▬ Sans compter le fait que je ressemble à une gamine qui a piqué les vêtements de sa mère pour halloween... Et encore, elle pesait ses mots ! Avec sa petite taille, elle ne se trouvait pas forcément séduisante, même si ses formes la départageaient bien d'une enfant. Je sais pas, le fait que j'suis aussi chiante qu'un rat mort, que j'ai les skills sociaux d'une planche en bois, que mon hobby préféré c'est les études, grand summum du fun disons le, ou encore que je fais vraiment tâche dans ce genre d'événements et que ça se voit à des kilomètres que je suis vouée à ridiculiser quiconque a le courage de vouloir relever le défi de danser avec moi ?

Elle s'arrêtait là, mais il ne fallait pas être un génie pour comprendre que sa liste était bien, bien, bien plus longue que ça. Persephone ne s'aimait pas plus que ça. C'était une évidence. Bien sûr, elle avait parfaitement conscience de ses compétences scolaires plus que remarquables et de ses prouesses sportives qui lui auraient facilement valu une magnifique carrière professionnelle. C'était un fait indéniable. Elle avait une fierté forte dans ces domaines et ne voulait pas se laisser marcher sur les pieds. Mais quand ça concernait le reste, son core... C'était une histoire bien différente. C'était aussi, en partie, cette estime de soi bancale qui rendait difficile le fait de comprendre que les autres puissent s'attacher à elle, ou la voir romantiquement. Parce que personnellement, ça lui semblait complètement stupide et improbable - pourquoi elle quand il y a de biens meilleurs poissons dans la mer ? Ca n'en valait pas la peine.

Et puis Eamon la traite de touriste, après s'être levé. Elle le suit du regard. Elle voudrait être offensée. Mais il n'a pas tort. Elle se contente donc de faire la moue, telle une enfant. C'était peut-être vrai, mais elle était bien en tant que touriste ok. Elle pouvait parfaitement survivre à Poudlard sans jamais mettre un pied sur cette foutue piste de danse qui semble obnubiler tous les sorciers.

▬ Je suis une touriste, je te rappelle. Les bals, c'est pas exactement pratique courante de là où je viens.

Ca ne l'est même pas du tout, chez les moldus. Les bals, ça court pas exactement les rues. Et si elle avait entendu que certaines villes ou surtout des villages se prêtaient parfois à organiser un tel événement, c'était rarement aussi distingué que ce qui se passait entre les murs de l'école. Alors oui, s'il le fallait, elle resterait une plouc au milieu de la bourgeoisie. Ca lui importait peu, du moment qu'elle pouvait bouquiner en paix et boire du thé.

Seigneur.
Elle commençait à penser comme Eamon l'asocial.
Peut-être qu'elle passait un peu trop de temps avec lui, récemment.

Un bref soupire lui échappe. Est-ce que c'était si mal que ça qu'elle ne sache pas valser ? Franchement, c'était pas obligatoire pour son cv plus tard, personne ne lui demanderait dans un entretien d'embauche si elle sait marcher en talons, porter du maquillage et des robes, ou arriver à ne pas tomber quand on la guide en dansant.
Enfin, en tous cas, elle espère.
Si c'est le cas, elle se barre de l'interview en courant.

Il se plante devant elle.
Elle ne se fera peut-être jamais au fait qu'il la dépasse autant. Elle a pourtant l'habitude, tout le monde est plus grand qu'elle, de manière générale. Mais pas tout le monde a la prestance d'Eamon. Heureusement, sinon elle ne saurait plus où donner de la tête. A sa réplique, un nouveau soupire.

▬ Tu dis ça comme si j'allais danser l'année prochaine...

Qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir la voir danser ? Ca n'a rien d'intéressant.
Et puis, une main devant elle. Elle la regarde sans comprendre, relevant des yeux confus sur Eamon. S'il voulait qu'ils se tiennent la main, il n'avait pas besoin de se lever pour ça. Elle en serait ravie. Elle a comme un doute que ça soit sa raison, malheureusement. A sa demande, elle le regarde une seconde, lèvres entrouvertes. Il lui faut une seconde pour raccorder ses constatations à la main devant elle. Ses yeux passent de sa main à son visage, puis à sa main, puis à ses yeux à nouveau.

Oh.
Il voulait danser.

Et elle aurait pu sauter dans ses bras, comme à son habitude, sauter de joie dans cette euphorie qui lui est propre. Ou elle aurait pu refuser et rouspéter, comme le laisserait penser son attitude jusque là. Ca serait une suite logique, à vrai dire.
Pourtant, non.
Ni l'un ni l'autre.
A la place, c'est un rose qui vient couvrir ses joues.
Elle ne sait pas pourquoi - une simple danse ne lui a jamais fait cet effet. Des duos, elle en a fait, déjà. En hip-hop. Où elle devait se coller à des garçons comme à des filles. Et ça la faisait rire, ça lui venait naturellement. Pour une raison qui lui échappait, cette invitation lui faisait un tout autre effet. L'impression que c'était beaucoup plus précieux. Beaucoup plus... Intime. Elle ne sait pas comment gérer les papillons dans son ventre.
Silencieusement, elle vient mettre sa petite main dans la sienne. Pas moite, pour sûr. Confortable, comme à chaque fois qu'elle venait la toucher. Familière. Agréable. Malgré elle, elle ne peut retenir un sourire. Comme à chaque fois que ce genre de contacts arrive. Toujours. Ses joues sont toujours empourprées alors qu'elle se relève, relevant des yeux un peu gênés vers lui.

▬ T'es sûr ? Je suis un vrai désastre, hein. J'y connais vraiment rien. Y'a cent pour cent de chance que je t'écrase les pieds ! J'ai pas de talons, mais ça sera pas agréable pour autant.

Pourtant, elle serre doucement sa main, refusant de la lâcher même s'il venait à abandonner. Ils sont proches, et rien que ça la remplie de joie. Elle relève des yeux pleins de paillettes vers lui. C'est fou ce que sa proximité pouvait la faire briller.

▬ Enfin... Si t'es aussi bon professeur de danse que de potions, y'a peut-être une chance de me rendre passable.

Un sourire mutin aux lèvres, elle rit doucement.
Au final, peut-être qu'elle peut bien se laisser porter par le moment.

merry

night

Stupide ? Bien sûr qu'elle l'était. Elle le lui avait déjà dit cent fois. Elle ne voyait pas en quoi il la trouvait si brillante. Scolairement parlant, bien sûr qu'elle était intelligente. Mais pour le reste ? Ce n'était pas une capacité qu'elle se connaissait. Sa manière de rebuter ses arguments sans comprendre la sincérité dont elle faisait preuve lui fit gonfler les joues. Encore une réaction enfantine. Elle n'en manquait pas. Elle les gardait souvent juste pour elle. Mais à être la dernière de sa fratrie, son côté gamin n'avait jamais réellement cessé. Il était juste enfoui. Et parfois il ressortait. Surtout avec Eamon. Elle n'avait pas la sensation de devoir le cacher avec lui. Elle n'avait pas l'impression de devoir cacher quoi que ce soit, avec lui. C'était soulageant. Agréable. Reposant. Même s'il n'était pas d'accord avec elle, même s'il cassait ses argumentations, même s'il pouvait se montrer froid avec elle, ce n'était rien qui la blessait, non plus.

Surtout ces derniers temps, elle avait l'impression de le voir de plus en plus franc avec elle. Honnête tant dans ses paroles, qui étaient toujours parfois détournées, que dans ses gestes. Elle se demandait si lui aussi éprouvait cette étrange facilité à respirer quand ils sont ensemble. C'est comme si tout devenait plus simple (pourtant dans son coeur c'est toujours si compliqué !) mais l'un et l'autre se balançaient dans un équilibre juste et solide et elle s'y plaisait. Alors non, elle n'est pas réellement contrariée. Au final, elle est même un peu flattée. S'il trouve ça si stupide, ça veut dire qu'il pense peut-être le contraire. Et ça lui fait plaisir, même sans l'avouer.

A ses sourcils haussés et son regard déterminé, son coeur fait un petit détour, un petit saut qui la surprend. Est-ce qu'ils danseraient ensemble l'année prochaine ? Au bal ? Devant tout le monde ? Son myocarde semble prendre de l'élan pour mieux s'élancer dans une course folle. Ca lui ferait tellement plaisir ! Ce n'est pas comme s'ils se cachaient de leurs élans d'affection, pas du tout. Mais, Eamon ? Aller au bal ? Alors qu'il serait bien mieux dans cette tour pour lire un livre et boire du thé. Juste pour pouvoir danser avec elle ! Elle se demande s'il la laissera s'occuper de ses cheveux pour l'occasion. A cette pensée, un sourire courbe ses lèvres. Soudainement, elle ne redoute plus le bal. Elle a même plutôt hâte d'y être.

La sensation de sa main est d'une familiarité qui la rassure et la calme - tant son excitation que sa gêne. Elle se fait toujours un peu timide, pour sûr. Mais il faut dire qu'Eamon est beau ! Il n'a pas besoin de se mettre sur son trente-et-un, pour ça. Alors être aussi près de lui, c'est toujours un peu des montagnes russes pour sa poitrine. Il est sûr, dit-il, et hausse simplement les épaules à ses avertissements. Elle ne sait pas pourquoi, elle le trouve toujours adorable. Elle l'a mentionné, récemment, à l'une de ses amies, qui l'a regardée de travers. Qu'est-ce que tu lui trouves ? qu'elle a répondu. Elle n'a pas su répondre. Elle ne savait pas par où commencer. Qu'est-ce qu'elle lui trouve ?

Elle repense un peu à la question pendant qu'il l'emmène plus loin, loin des tables et des assises pour avoir de la place. Elle observe sa silhouette, ses cheveux, puis son visage. Ses yeux retombent sur leurs mains jointes l'espace d'une seconde. Elle repense à ses rires. A ses sourires. A ses remarques sarcastiques qui la font rire. A son intelligence qu'elle admire. A son regard brillant quand il est passionné. A sa tendresse si fragile quand il vient la serrer dans ses bras. A la douceur surprenante quand il glisse ses mains dans son dos, lui donnant l'impression qu'il n'a plus jamais envie de la laisser partir. Son regard s'attendrit quand elle remonte ses yeux sur lui. Qu'est-ce qu'elle lui trouve ? Tout. Simplement, tout. Elle n'a pas d'autres réponses.

Il prend une inspiration, reposant ses yeux sur elle alors qu'elle lui sourit simplement. Ca lui rappelle ses premières années de danse, quand elle devait encore tout apprendre. C'était il y a si longtemps ! Pourtant, elle est sûre que la chose sera bien plus agréable.

▬ Danser sans tourner... Et suivre tes pas. Ok ! Je vais faire de mon mieux !

Dans ses yeux, ça brille. Comme toujours. Elle a l'air motivée, au moins. Au fond, elle est toujours ravie de pouvoir apprendre quoi que ce soit. Et si Eamon est un très bon professeur, elle le sait déjà au travers de leur bûchage récurrent, elle fera de son mieux pour être une aussi bonne élève qu'à son habitude. Pourtant, elle sent une hésitation de sa part. Sans comprendre, elle penche un peu la tête sur côté, confuse. Il finit par venir prendre son autre main qui se retrouve sur son épaule avant qu'il ne vienne glisser la sienne dans son dos nu.

▬ Oh !

Elle n'arrive pas à retenir sa surprise au contact, bien que le bruit est léger alors que ses joues se teintent très vite d'un rouge prenant. Elle regarde Eamon, les yeux qui brillent d'une toute autre lueur. C'est vrai que la valse, ça se danse comme ça. Pendant une seconde, elle avait oublié ce détail. Pourtant, toucher son dos, il l'avait fait de nombreuses fois ! Rien de nouveau. Bon, peut-être pas à découvert, c'est vrai. Mais bizarrement, d'un coup, ça lui paraissait tellement spécial. Différent. Un peu embarrassant. Mais pas désagréable. La gêne sur son visage se mue en un sourire gêné qu'elle relève vers lui. Elle le trouve adorable, mais avec ses airs chérubins, ses rougeurs et sa timidité, ce soir elle lui tient tête facilement dans ce domaine.

▬ Désolée, ça m'a un peu surprise... Eheh.

Elle raffermit sa main sur son épaule, se faisant plus droite sans être trop tendue. La danse, ça se fait dans le mouvement. Dans l'élongation du corps. Chaque mouvement est une prolongation du dernier, un flux continuel qui doit sembler naturel et mouvoir sans accroc. Elle le sait parfaitement. Et si les pas lui sont inconnus, les bases elles sont ancrées dans son corps depuis des années. Une petite inspiration pour se donner du courage et elle finit par hocher la tête légèrement.

▬ On peut y aller ! Quand tu veux. Je suis prête.

Elle agrandit son sourire.
Serre gentiment leurs mains jointes l'espace d'une seconde.
Il est avec elle.
Alors tout ne peut que bien se passer !
Prête comme jamais.

merry

night

Elle repère un rose rare sur les joues d'Eamon. Ca la fait se sentir un peu moins seule dans sa gêne, dans cette maladresse qu'ils semblent partager quelquefois. Ce n'est pas qu'ils regrettent ou s'embarrassent, juste qu'ils semblent parfois tenter quelques pas, sans trop savoir où aller pour trouver l'autre. Et les rencontres sont hasardeuses, comme cette main dans son dos. Elle ne lui déplaît pas pour autant. Au contraire - sa peau a été exposée au froid de l'extérieur et l'isolation dans la tour n'est pas au top, alors la main chaude de son compère lui fait du bien. Un léger frisson, au début et puis elle s'y fait. Se dit qu'elle aimerait bien qu'elle y reste plus que le temps d'une simple danse. Peau couverte ou non. Elle gardera cette pensée pour elle, évidemment. Mais elle est là et c'est le plus important.

Elle hoche la tête - regarder ses pieds, elle sait le faire ! Des années d'expérience. Même pas besoin de danse pour ça. Au loin, elle entend les restes des échos de la musique qui se répand dans les halls de l'école. Ce qui est pratique pour s'accoutumer au rythme. La pression sur sa main la fait se sentir prête alors que, doucement, ils se mettent à bouger. A danser. Même si ce n'est pas grand chose, c'est toujours de la danse.

Elle garde ses yeux rivés sur leurs pieds, un moment. Instinctivement, son corps se prête au décompte habituel qu'elle entend dans les notes - un, deux, trois, un, deux, trois... Une répétition qu'elle connaît et qui rend la manœuvre plus simple assurément. L'espace d'une seconde, elle relève à peine ses yeux sur Eamon. Elle le trouve drôlement téméraire - et si lui a, ce soir, l'audace de soutenir ses yeux, elle se fait plus timide alors qu'elle les rabaisse. Ses joues continuent de s'épanouir dans un rose (elle blâmera le froid) mais sûrement que le bout de ses oreilles ne viendrait pas à son tour rougir, s'il ne s'agissait que de ça. Leurs pieds sont étrangement fascinants, n'est-ce pas ?

Elle ne relève à nouveau son regard que quand il lui parle. Elle observe, assidue dans sa leçon. Elle passe de timidité à curiosité, vacille entre les deux tout en ne pouvant retenir le sourire sur ses lèvres - elle s'amuse ! Elle s'amuse tant. Ce n'est sûrement rien, mais pour elle c'est passionnant. Elle apprend, et comme Eamon quand il a le nez dans ses livres, elle vit de ces nouvelles connaissances. Il lui faut quelques secondes pour s'adapter au mouvement, mais sans aucun problème apparent. Ca semble lui venir très naturellement.

▬ Oui ! Ca va, je suis.

Joviale, elle profite de l'expérience. Et puis sa réflexion la fait doucement rire alors qu'elle relève la tête vers lui. L'habitude se forge rapidement alors qu'elle absorbe le savoir qu'il lui transmet. Elle s'y plaît. Elle ne semble plus avoir trop besoin de regarder ses pieds. Avec un peu de pratique, elle ferait un malheur en salle de bal.

▬ Faut dire que j'ai un très bon professeur !

Elle sourit, rayonnante. Puis finit par avouer.

▬ Enfin... Disons que j'ai les bases. Je danse, de mon côté, aussi. J'ai fait de la compétition. J'ai arrêté en même temps que l'escrime. Je vais toujours au studio, quand je rentre chez mes parents. Mais ça n'a rien à voir avec les danses de salon !

La cadence diffère un peu, et elle a l'habitude de danses beaucoup plus expressives où la forme se joue avec l'entièreté du corps ; ici, il faut savoir la maintenir pour rester élégant. Et si la chose lui vient, grâce aux quelques initiations qu'elle a eu et aux vastes mélanges de styles qui sont utilisés dans le hip-hop, ça n'en reste pas moins très différent. Mais tout aussi passionnant, elle admet.

▬ Peut-être que c'est pas si mal que ça, au final, la valse. Je me laisserai peut-être tenter, l'année prochaine...

Elle rit doucement et vient poser son regard dans le sien. Brave, peut-être même impétueuse et téméraire. Ou juste stupidement honnête, comme elle sait si bien l'être.

▬ Mais seulement si c'est avec toi. J'ai pas envie de danser ce genre de choses avec quelqu'un d'autre.

Seulement lui.
Toujours lui.
C'est trop intime. Trop précieux. Elle comprend un peu ces filles qui réservent leurs danses pour l'heureux élu. Elle ne se voit tourner sur le sol du bal qu'avec lui. Pas même avec Lancelot. Une exclusivité rare, quand on la connaît. Elle qui aime à foison. Elle qui prend la main de n'importe qui - pas cette fois. Pas pour ça. Elle ne peut imaginer une autre main dans son dos, ou une autre qui tienne la sienne sur la piste de danse devant tout le monde.

Et surtout, elle n'en a pas envie.

merry

night

Elle espère bien qu'il sache qu'il est bon professeur ! Ca lui avait sauvé la mise maintes fois, quand elle n'avait pas compris quelque chose et qu'Eamon avait eu la grâce divine de bien vouloir lui expliquer et lui apprendre. Il avait une manière de déconstruire les choses qui les rendaient faciles à comprendre. Pour elle, tout du moins. Sûrement que d'autres trouveraient ça absolument horrible. Mais là, il s'agit d'elle. Et comme pour tout le reste, leur synergie semblait être incroyable. Pourtant, à la question taquine qui vient prendre place dans la conversation, elle panique un peu.

▬ Quoi ?! Non, non, non ! Ca n'a rien à voir j'ai dit ! Tu peux pas demander à un chef italien de cuisiner japonais juste parce que ça reste de la cuisine !

Peut-être pas la meilleure métaphore, mais ça marche et c'est le plus important. Il n'a pas l'air de vouloir appliquer sa menace, au moins, alors elle se détend un peu dans la suite de la conversation. A son expression, peut-être qu'elle lui a fait un peu peur avec sa phrase en suspend. Il n'avait pas l'air très content, l'espace d'une seconde. Heureusement, son regard s'adoucit alors qu'il semble plus enthousiaste à sa proposition.

Et puis c'est une invitation en bonne et due forme.
Lui et elle, au bal l'année prochaine.

Ses yeux se mettent à briller peut-être plus encore que jamais. Une nouvelle voie lactée semble y être née alors que ses lèvres ne peuvent contenir la joie immense qui la noie dans un sourire sincère. Elle se retient de tout son être d'arrêter leur danse pour simplement se jeter à son cou et ne plus le lâcher de la soirée. A la place, elle se contente elle aussi de serrer gentiment sa main en retour.

▬ Avec plaisir ! J'en serais honorée.

Elle ne saurait expliquer ce surplus de joie dont elle ne sait quoi faire, cette euphorie qui fait palpiter son coeur. Cette promesse lui est si chère, si tendre, si précieuse. Elle avait si hâte d'être à l'année prochaine ! L'idée d'être séparés ne l'effleure même pas. Après tout, ils s'apprécient tant.
Qu'est-ce qui pourrait bien venir tout gâcher ?
(Toi, Persy. Si tu savais.)

▬ Si j'avais su que finir au bal avec toi serait la clef pour que tu prennes enfin une pause... Je vais organiser des bals plus souvent. Ou te forcer à danser plus souvent.

C'est sans gêne qu'elle admire la tendresse sincère dans le regard qui lui fait face, le sourire qui tire ses lèvres en coin, qu'elle ressent la délicatesse dont il fait preuve dans la manière qu'il a de la guider. L'espace d'un instant, elle absorbe chaque petite miette précieuse et bénie de ce partage. Elle aimerait danser tous les jours, si c'était avec lui. Elle ferait bien des choses, si ça lui permettait de passer du temps avec Eamon tous les jours. Peut-être même porter des robes qui lui donnent un air stupide et du maquillage et de devoir parer ses cheveux savamment.

Elle ne doutait pas une seconde que ça en vaudrait la peine.

Mais perdue dans sa contemplation, le changement de rythme la surprend légèrement. Elle s'en rend rapidement compte et tente bien sûr de suivre, mais malgré toute son aisance et sa capacité d'apprentissage, la transition est maladroite et peu élégante. Si elle tient bon un moment - un respectable moment, même - l'inévitable ne peut qu'arriver et son pied finit sur celui de son partenaire. Un souffle retenu, elle le retire aussi vite que possible et va pour s'excuser mais ses pieds s'emmêlent, et elle finit avec le nez contre le pull du Serdaigle, la main sur son épaule s'étant resserrée dans la surprise. Elle reste une seconde comme ça, silencieuse.

Avant qu'un rire ne secoue ses épaules.
D'abord un gloussement, puis un rire sincère et profond, amusée de sa propre bêtise et son manque d'expérience. Son visage se relève vers son camarade - les yeux plissés de bonheur, euphorique et radieuse comme toujours. Elle reste collée contre lui, visage remonté vers le sien, profitant de la douceur de son pull et de la beauté de ses yeux. Elle pourrait rester comme ça le reste de la nuit. Surtout s'il passait ses bras dans son dos. Dommage que ça ne soit pas le plan de la soirée. Elle sait qu'ils sont là pour danser.

▬ Ahahah ! Désolée... Je savais bien que ça finirait par arriver ! J'espère que je t'ai pas fait mal.

Elle rit encore un peu, finissant par se redresser pour se remettre à une distance plus standard pour danser, reprenant sa position et son calme - autant qu'elle le puisse, en tous cas. Une inspiration pour se remettre de ses émotions et puis ses yeux retournent une énième fois dans ceux d'Eamon.

▬ On peut reprendre, mais sois indulgent s'il-te-plaît. Sinon je vais finir aplatie contre toi à nouveau et tu vas finir avec des bleus sur les orteils.

Ca serait dommage, tout de même.

merry

night

A danser comme ça, elle se rend compte à quel point Eamon vit dans une sphère différente de la sienne. Si elle n'avait pas été à Poudlard, jamais leurs mondes ne se seraient croisés. Contrairement à ce que les rumeurs à son sujet pouvaient laisser penser, elle n'était pas issue d'une famille si anodine que ça. S'ils vivaient modestement, ses parents avaient eu de grandes carrières - abandonnées pour un amour partagé et l'envie d'une vie paisible, d'un foyer auquel ils seraient dédiés. Ses frères, avant elle, avaient tous faits carrière également dans des milieux respectables.

Le nom des Bishop s'accordait avec une notion d'ambition, une envie de réussir et de percer dans un domaine où la renommée leur reviendrait. La médecine, le droit, la justice, les forces de l'ordre, la mode... et le sport, pour elle. La petite dernière, qui encore une fois portait leur nom avec fierté. Les jeux-olympiques, elle aurait pu les gagner. Elle aurait pu réussir.

Mais elle était là - des rêves abandonnés, dans un univers qui ne voulait souvent pas des gens de sa nature, dont elle avait tout à apprendre et pour lequel elle n'aurait jamais les facilités des natifs. Dont la sphère de la haute différait de celle d'où elle venait. Et pourtant, elle était heureuse. Ce soir particulièrement. Bercée dans les bras d'un jeune homme dont tout la séparait, elle brillait autant que si elle eut tenue la médaille d'or qui la mettrait à la tête de tous les matchs qu'elle a pu vivre. Eamon était devenu sa réussite - un challenge de haut calibre qu'elle avait conquis sans le savoir. Et plus jamais elle ne se voyait partir de ses côtés et rester hors de portée de ses bras.

Alors elle rit, doucement, quand il lui dit ne pas aimer danser tant que cela - il était pourtant là, à lui apprendre ce soir. Et la réplique qui suivit ne fit que briller son sourire d'un nouveau halo de douceur et de joie. Un murmure qu'elle aurait pu rater mais qui était venu se poser dans ses oreilles pour qu'elle ne puisse plus jamais l'oublier.

▬ Il faut dire qu'il me faudra sûrement que je m'entraîne de temps en temps, pour le bal de l'année prochaine... Il ne faudrait pas que j'oublie comment on fait.

Un peu détourné, peut-être.
Une excuse pour revivre ce moment, sûrement.

Et quand elle finit dans ses bras, elle rêve de rester là. D'arrêter la danse et de se laisser porter par une étreinte qui la ravie toujours. Le plaisir simple de se blottir contre lui, son parfum familier, la douceur de son pull qui lui plaît. Peut-être une main qui viendrait glisser dans ses cheveux, ou qui viendraient se joindre dans son dos. Elle pourrait s'occuper de ces mèches retenues hâtivement pour ne pas le gêner, les coiffer pour le rendre toujours plus élégant. Elle pourrait aussi se perdre un peu trop longtemps dans ses yeux, admirer ses sourires qui font toujours battre sont coeur sans qu'elle ne sache trop pourquoi. Mais il bat - pour lui. C'est une chose qu'elle retient et qu'elle n'oubliera jamais. Contre lui, elle s'est sentie en sécurité. Aimée, chérie. Heureuse. C'est une chose que même les plus sombres des jours ne pourront venir ternir. Un éternel souvenir.

Alors se retirer de ses bras est compliqué.
Quand on rêve d'y passer la nuit, il ne faut pas s'en étonner. Elle le fait, pourtant. Parce qu'il le faut bien. Parce qu'ils ont une autre tâche en mains. Il n'affronte plus son regard, pourtant, ce qui lui fait pencher légèrement la tête dans une interrogation. Se pencher à peine plus vers lui, dans l'espoir de capter son regard qui s'obstine à fixer le sol. Un brin de solitude l'effleure - elle aime tellement ses yeux. Qu'est-ce qu'elle n'aime pas, chez lui ? Elle n'est même pas sûre de pouvoir trouver une réponse.

Elle se doute que malgré ses propos, il sera clément - il finit toujours par céder à ce qu'elle demande. Gentil, même s'il semble ignorer cette facette de lui-même. Dévoué, même, dirait-elle. Mais la danse reprend et toujours son regard la fuit - mince, est-ce qu'elle a fait quelque chose de travers ? Peut-être qu'elle lui a vraiment fait mal au pied. Il avait l'air interdit, quand elle était contre lui. Un brin d'inquiétude la guette, même si elle se concentre sur les pas qu'elle doit suivre. La danse avant les sentiments, elle sait. Alors elle continue de valser, au rythme qui lui est dicté et qu'elle suit - corrige quand elle se trompe, reprenant ses erreurs pour que les pas finissent par être tous corrects, impeccables ; autant qu'ils puissent l'être avec son expérience et le guide qu'elle a.

C'est un peu plus compliqué, et il lui arrive de se reprendre quand elle se hâte un peu trop, mais elle apprend. Vite, toujours. Et surtout, bien. Des bases qui resteront ancrées dans sa mémoire à n'en point douter. La danse, c'est comme l'escrime. Elle a ça en elle. Et si cette expérience lui apporte toujours de la joie, cette fois, c'est un peu d'ombre qui la préoccupe. Elle ne peut chasser ses pensées inquiètes du fond de son encéphale.

Mais Eamon finit par la regarder à nouveau et elle se sent respirer. Le soulagement qui la prend la fait se rendre compte qu'elle est bien stupide. Il pouvait être concentré, tout simplement. Pris dans sa tâche d'enseigner. C'est un sourire apaisé qui prend malgré tout place sur ses lèvres. Soulagée, elle l'est et elle ne peut rien y faire.

▬ Oui, compris.

Elle est tentée de lui dire que non, juste pour profiter du moment.
Mais mentir n'est pas vraiment dans sa nature, alors elle rigole.

▬ J'ai eu peur, pendant une seconde. Tu étais tellement concentré sur nos pieds... Je sais que j'ai marché dessus, mais tout de même ! J'ai cru que j'avais fait une bêtise.

Toujours rapide à se blâmer, encore plus à pardonner.
Observante pour des détails étranges, du genre. Qui prennent une importance tout aussi bizarre à ses yeux. Elle est bien incapable de cacher sa joie de savoir qu'il ne lui en veut pas, peu importe la raison de sa potentielle insatisfaction. Sa bonne humeur caractéristique la reprend rapidement alors qu'elle quitte leur posture, l'espace d'un instant. Elle laisse son bras quitter son épaule seulement pour rejoindre celle qui tient déjà sa main. Ses doigts se prêtent à effleurer sa peau, puis à caresser la naissance de son poignet, un sourire tendre aux lèvres.

▬ Tu veux repartir pour un tour ?

Elle ne dirait pas non.
Elle passait vraiment un bon moment.

▬ Ou tu veux t'arrêter là ?

Elle ne serait pas contre, non plus.
Au final, tout lui allait.
Tant qu'elle était avec lui, elle ferait bien tout ce qu'il voulait.

merry

night

Ils danseront encore - ce n'est pas une promesse, mais elle lui fera tenir parole. Peut-être qu'elle utilisera ça aussi pour le tirer de ses livres et de ses révisions qu'il adule, quand elle veut un peu de son attention. L'idée la laisse radieuse, comme toujours. Savoir que ça ne serait pas que l'histoire d'une seule fois, qu'elle pourrait à nouveau faire ces quelques pas avec lui, la comblait. Peut-être qu'un jour il lui apprendrait à tourner - elle est sûre que ça serait drôle.

Ce qu'elle trouve moins drôle, c'est le mensonge qu'elle flaire, caché derrière un sourire qu'elle apprécie mais qui la laisse perplexe. Elle connaissait Eamon - elle n'oserait dire par coeur, mais assez pour connaître ses manies. Ses sourcils qui se froncent dans la réflexion et les plis de son visage quand une réponse lui échappe. Ses yeux avaient fuit, ils n'avaient pas confronté un problème. Qu'est-ce qui pouvait bien en être la raison ? Elle ne le saurait jamais. Elle n'était pas du genre à remettre la chose sur le tapis, surtout si cela lui semblait anodin; s'il n'avait pas envie d'en parler, ainsi soit-il.

▬ Je vois.

Pourtant ses yeux lui disent clairement qu'elle n'est pas dupe.
Naïve, peut-être - idiote, non.
Une pause semblait être de mise. Bien ! C'est vrai qu'elle avait eut beaucoup d'informations à digérer, déjà. Elle était occupée à rapidement les ressasser, quand la main d'Eamon la tire de ses pensées. Ce simple contact la fait sourire. Elle ne pourrait demander plus pour être comblée. Elle rit un peu à ses remerciements - c'est plutôt elle qui devrait dire merci ! Après tout, c'est elle qui avait été l'élève. Remarque qu'elle s'apprête à faire, pour être aussitôt laissée muette quand sa main est portée aux lèvres de son cavalier. Dans sa poitrine, c'est une explosion. Aucun bruit ne sort de ses lèvres entrouvertes alors que leurs yeux se croisent. Et rapidement, un rouge vif vient saisir ses joues. Et son nez. Et ses oreilles. Il dévale sa nuque et vient même quérir ses épaules dénudées. Incapable d'aligner deux mots, elle est perdue dans une confusion profonde. Qu'est-ce qu'il vient de faire, là ? C'était bien la sensation de ses lèvres-

Les siennes se referment.
Son sourire finit de l'achever.

▬ M-Merci à toi...

Hésitante, timide - un soleil plus doux, un peu différent. Une innocence réelle. La première fois qu'un tel geste lui est accordé. Encore plus spécial quand il provient du garçon avec qui elle vient juste de partager sa première valse et à qui elle vient de promettre de danser au bal l'année prochaine.

Sa main est abandonnée alors qu'il lui parle de thé (elle n'arrive pas à penser au goût de la violette) à la place ses pensées sont remplies d'un baiser un peu audacieux sur le dos de sa main délicate. Ses doigts jouent entre eux nerveusement, alors que ses rougeurs la quittent peu à peu sans pourtant totalement s'effacer.

A le voir avec ses livres, elle pense une seconde qu'il va y retourner. Ca ne la gênerait pas, elle serait capable d'attendre en silence sur une chaise, contente simplement d'être là. Elle pourrait aussi lui emprunter un livre pour le lire elle-même. Mais - Ô miracle, ils semblent s'enchaîner - il lui dit vouloir arrêter de travailler. Il regarde ses notes alors qu'elle rit. Qu'est-ce qu'on fait quand on ne travaille pas ? Elle, elle a une idée.

Son coeur déborde un peu quand elle s'approche de lui.
Mains dans le dos, elle observe ses notes avant de finir par les attraper pour les reposer sur la table.

▬ Déjà, on laisse ça là.

Elle l'invite à se tourner un peu vers elle en reprenant sa main, un sourire espiègle aux lèvres. Puis elle s'autorise, sans plus demander l'autorisation à force, à aller trouver sa place dans ses bras. Sans hésitation, elle se colle à lui. Joue contre son pull alors que ses bras entourent sa taille, jouant avec le haut qu'il porte. Ses épaules se détendent - elle est enfin à sa place. Elles sont ensuite secouées d'un léger rire.

▬ Tu m'as surprise, avec ton baise-main. On me l'avait pas encore faite, celle-là.

Elle finit par, encore une fois, relever la tête vers lui. Son regard est attendri, ses yeux ne sont que douceur. Son sourire est plus calme, mais toujours si sincère et plein de tendresse. Une de ses mains s'autorisent à faire des caresses dans son dos au travers du haut.

▬ Je vais passer pour le thé, mais merci c'est gentil. Et pour ce qu'on peut faire...

Elle regarde ailleurs, l'espace d'une seconde, plongée dans sa réflexion avant de se redresser un peu sans pourtant le lâcher, sourire aux lèvres.

▬ Oh ! Je sais ! Eheheh. Mais seulement si tu m'fais confiance ?

Elle ne dira évidemment rien de ce que c'est.
Mais si c'est Persephone... Est-ce qu'il y a vraiment de quoi s'inquiéter ?

merry

night

Elle se doute que ce n'était pas anodin, comme geste. Elle ne le voit pas, contrairement à elle, s'épancher auprès du premier venu (ou de la première venue) physiquement. Même si elle laisse penser le contraire, elle sait au fond d'elle que tout ce qu'elle reçoit n'est pas qu'une affection donnée légèrement. Elle sait qu'Eamon ne donne que peu, et surtout qu'à peu. Alors tout ce qu'il lui donne, elle le dévore et pourtant chaque contact lui est extrêmement précieux. Cette main dans son dos qui est la bienvenue et la curiosité avec laquelle il vient découvrir sa chevelure si rarement lâchée qu'elle trouve adorable... C'est avec un sourire qu'elle rassure, ne le serrant qu'un peu plus contre elle.

▬ Je sais, Eamon. Merci, vraiment.

Reconnaissante de la douceur dont il fait preuve à son égard. Une douceur qu'elle ne pense pas vraiment mériter, mais qu'elle aime plus que tout et qu'elle veut rendre au centuple chaque seconde qui passe. Le moindre moment passé loin de lui serre sa poitrine d'une douleur qui est devenue familière et qu'elle ne comprend toujours pas. Elle ne s'appaise que dans ces moments où elle peut se blottir contre lui, où elle peut le monopoliser dans son entièreté. L'envie de l'arracher au monde pour qu'il n'ait d'yeux que pour elle sans jamais pourtant se permettre de se mettre au travers du chemin de sa réussite, car comparée à elle, elle se pense bien dispensable.

Inquiétant, dit-il.
Elle en rit doucement - après tout, elle est redoutable ! Elle ne sait pourtant si ce qu'elle a en tête est si terrible que ça. Ca lui semble être une bonne idée, mais elle ne sait guère si cet avis sera partagé. L'envie de la concrétiser est pesante, bien qu'exaltante. Ce n'est pas la première fois qu'elle va s'affairer à ce genre de choses, mais avec Eamon c'était une première. Elle espère que ça ne le fera pas fuir, ou qu'il ne sera pas contrarié ou... Ou tout ce qui pourrait être négatif, en fait. Elle espère juste qu'il en profitera autant qu'elle.

▬ Promis, tu n'en mourras pas.

Enfin, elle espère.
Elle attend patiemment, laissant le brun peser le pour et le contre avant, qu'inévitablement, il ne plie sous sa demande. Un énième caprice qui se réalise et qui la fait sourire. Eamon a beau se prétendre mauvais et froid, avec elle, il est bien conciliant.

▬ Merci.

Elle hésite une seconde, à son tour, à sa phrase laissée en suspend.

▬ Hmmm... Tu sais quoi ? Ouep. Ferme les yeux ! Ca sera plus drôle comme ça.

Pour elle. Pour lui, peut-être pas.
Mais au moins, il ne verra vraiment rien venir.
Elle attend que ça soit fait pour lui prendre les mains et le guider doucement dans la salle commune, les amenant à l'un des canapés à disposition. Un léger virage pour qu'il soit dans le bon angle...

▬ Ok ! Tu peux t'asseoir.

Elle ne se risquerait pas à la pousser. Pas qu'elle soit très forte, mais s'il se faisait mal bêtement... Ca serait con. Une fois chose faite, elle lâche ses mains.

Seulement pour s'autoriser à s'asseoir sur ses genoux.
Pas qu'elle soit bien lourde, en toute honnêteté. Ses jambes tombent dans le vide, pliées, alors qu'elle pose ses mains sur ses joues, sourire aux lèvres.

▬ Tu peux ouvrir tes yeux !

Un rire, presque fier, alors que leurs visages sont si près. Elle caresse doucement ses joues, délicate. C'est évidemment d'un regard plein de tendresse qu'elle observe son visage qui, pour une fois, est presque à la même hauteur que le sien, clairement satisfaite.

▬ On va bientôt pas se voir pendant plusieurs semaines, alors...

Alors elle a besoin de faire le plein, tout simplement.
Elle va revoir sa famille, donc forcément, ça sera bien ! Mais quelques semaines loin d'Eamon... C'est que c'est dur. Elle a l'habitude de le voir tous les jours maintenant, souvent jusqu'à des heures tardives. Avec de longs moments de douceur, d'intimité. La distance lui fait toujours aussi mal, même si elle ne l'avoue pas complètement. Ses yeux sont déjà un peu tristes à l'idée, presque plaidoyant de bien vouloir lui octroyer ce dernier caprice pour la fin d'année. Doucement, elle retire ses mains de ses joues, venant jouer avec l'une de celle du Serdaigle. Elle joue avec ses doigts des siens, allant poser son visage contre son épaule. Petite dans ses bras, elle s'y sent pourtant sereine et protégée.

▬ Tu vas me manquer pendant les vacances. Vraiment.

Elle souffle ça un peu plus bas. Avec leur proximité, pas besoin de parler trop fort. Ses jambes se balancent machinalement dans le vide, enfouissant un peu plus son visage contre lui.

▬ Aaah... Si je pouvais je te kidnapperais ! Je t'emménerais partout avec moi !

Un petit rire, sachant très bien que ses voeux sont irréalisables. Eamon a sa propre famille avec qui célébrer la fin d'année dans un monde dont elle ne fait pas partie. Elle, elle retournera chez les moldus. Plus pour elle-même que pour lui, elle s'autorise une vérité un peu osée.

▬ C'est dingue, comment c'est dur d'être loin de toi... Quand on a commencé à se parler j'aurais jamais cru qu'on finirait comme ça. J'en suis vraiment heureuse, mais chaque jour où on se parle pas c'est l'Enfer. Et puis toutes les vacances sans tes câlins !

Un soupir. Ca va vraiment être dur.
Elle relève la tête vers lui, glissant presque par habitude une main à sa nuque qu'elle caresse délicatement.

▬ A la rentrée aussi je te prendrai à part pour refaire le plein, t'as intérêt à être prêt !

Une moue enfantine, presque boudeuse et pourtant défiante.
Elle ne le laissera pas y échapper.
Cruelle et douce impératrice qu'elle est.

merry

night

Elle profite. Inspire et grave chaque moment, chaque seconde, dans sa mémoire. Elle se repait de son contact, du corps contre elle. Dont elle ne sera que trop loin, pendant un temps. Alors oui, pour elle, c'est important. Le plus important. Plus que faire sa valise, plus que réviser ses cours, plus que le bal et peut-être même plus que d'acheter des présents pour ses frères qui lui sauteront dessus à peine un pied mis en dehors du train où ils viendront la chercher. Parce qu'elle s'est définitivement faite à ne pas les voir la majorité de l'année mais que chaque jour passé loin d'Eamon ne cesse de la tuer. Etrange, elle se dit. Ca devrait sûrement être l'inverse, pas vrai ?

Des doigts qui ne se lient que trop bien aux siens - faits pour être dans sa main. Elle sourit. La tête qui se pose doucement contre la sienne - presque une habitude. Un léger poids rassurant. Qu'est-ce qu'elle est comblée, là. Tout simplement. Passer à la maison. Elle est surprise, un peu. Ne s'attendait pas à la proposition, murmurée entre eux.

▬ Je pourrais ?

L'idée la comble.
Elle veut toujours en apprendre plus sur Eamon. Pouvoir mieux le comprendre. Mieux le chérir. Mieux répondre à ses besoins. A ses attentes. Connaître son environnement familial... Elle se demande si elle ferait tâche. Elle ferait de son mieux, en tous cas, pour ne pas être décevante. Après tout, elle ne vient pas d'une famille prestigieuse, ne vient même pas d'une famille de sorciers... Elle finit par souffler.

▬ Tu pourrais aussi, si tu voulais. Un rire, ramenée à la réalité. Mais je pense que mes frères te feraient passer un interrogatoire... Je sais pas si ça serait un bon moment pour toi. Même si ma maman fait les meilleurs plats du monde. Et qu'on est à côté de la mer... Ca me manque d'y aller.

Au moins ça, si ce n'est plus. Elle ne sait pas si le Serdaigle serait ravi d'avoir à répondre à toutes leurs interrogations. Elle sait déjà que ses trois dobermans de frère ne verraient pas d'un bon oeil le fait qu'elle ramène un garçon à la maison. Le premier. Dont elle évite parfois de parler. Mais toujours le même auquel elle pense quand elle dit que l'école lui manque, sans en douter.

Ses yeux dans les siens, son sourire s'agrandit.
Une main sur sa nuque, l'autre prisonnière de celle de son camarade. Heureuse. Ca se lit dans son regard. Simple et sincère.

▬ J'ai pas besoin de plus, si je suis avec toi.

Il sera prêt - il a intérêt. Elle sait déjà qu'à la seconde où elle apercevra sa silhouette à son retour, elle fera sa plus belle course pour venir se jeter à son cou. L'assaillir de tendresses et de questions sur ses vacances. Devant tout le monde, s'il le faut, seulement pour mieux l'arracher aux regards perturbateurs. Elle le voulait pour elle seule. Son nom lui fait pencher doucement la tête. Hmm ? fait-elle, innocente. Elle affronte son regard sans peur alors que sa question ne tombe.

Normal ?
Pour une fois, la question ne lui passe pas au dessus.
Si elle n'en comprend peut-être pas toute la profondeur pour autant... Elle comprend à peu près ce qu'il insinue. Tout ça. Eux. Maintenant. Tous les autres jours. Est-ce que c'est normal ? Son sourire s'évapore, alors que sa mine se fait plus sérieuse. Elle sent, quelque part, que ce n'est pas le genre de questionnements qu'elle devrait prendre à la légère. L'impression qu'elle tient, rien qu'avec ces quelques mots, une partie du coeur d'Eamon entre ses mains. Juste pour ça, elle réfléchit.

Elle repense à ses tendresses, peut-être excessives. A Lancelot, évidemment. A Naomi, avec qui elle est très fusionnelle. A Fallen, avec qui elle l'est peut-être encore plus. Freya, aussi. A tous ses amis. Elle sait qu'elle les aime passée la raison. Qu'elle se jette dans leur bras avec aisance. Elle se souvient s'être assise sur les genoux d'Alaric, aussi. Des tendresses, un petit jeu. Des baisers et...

Est-ce que c'était son quotidien ?
Peut-être, oui.
Est-ce que c'était pour autant normal ?

Comme à son habitude, ses yeux vaquent d'un côté, perdue dans sa réflexion. Elle ne sait pas trop quoi répondre, pour être honnête. C'est confus. Et elle ne pense pas que c'est ce soir qu'elle sera capable de mettre de l'ordre dans ses sentiments. Alors, comme à son habitude, elle est stupidement honnête. Elle reporte ses yeux dans les siens. C'est la meilleure réponse qu'elle puisse lui donner : la sincérité.

▬ Je sais pas.

C'est compliqué. Elle ne s'en cache pas.

▬ Tu sais que je suis très... tactile.

Un euphémisme. Toujours.

▬ Je me suis déjà assise sur les jambes de mes amis, si ça répond en partie à la question.

Cependant, elle penche un peu la tête, encore pensive.

▬ Mais...

Un léger froncement de sourcils. Perplexe. Confuse.

▬ C'est pas pareil ?

A ses yeux, en tous cas.
Elle est au moins sûre de ça.
Elle cherche un peu ses mots.
C'est dur, de se livrer.
Pourtant elle n'hésite pas.
Brave, téméraire, ou juste éprise.
Elle veut faire comprendre à Eamon qu'il n'est pas qu'une allégresse de plus égarée dans le souffle du vent. Que si elle ne comprend peut-être pas ce que c'est que tout ça elle tient à lui, bien plus qu'elle ne tient à beaucoup de choses.

▬ Quand je fais des câlins à mes autres amis... Car après tout, ils n'étaient que ça. Souvent, je me sens super excitée. Genre, le coeur qui tape. L'euphorie. J'ai envie de sauter partout, de les câliner, de leur faire des bisous, tout ça. C'est la fête, tu vois ? J'ai pas vraiment de limites, je le sais... Même si, si ça les gênait, j'arrêtrais, évidemment. Bref. C'est pas la question. Comment dire...

A nouveau, elle ne s'en cache pas.
Comme pour vérifier, elle retire sa main de la sienne pour aller caresser sa joue. Inspecte son coeur, un instant. Bercé dans le moment. Un sourire tendre se forme malgré elle sur ses lèvres.

▬ Avec toi, c'est différent ?

Ses doigts sur sa nuque, les autres contre sa mâchoire qu'elle dessine.

▬ Je saurais pas trop expliquer. Mais ça l'est.

C'est vraiment compliqué, il faut dire.
Et c'était peut-être assez, comme réponse, mais elle prend la peine de continuer. Elle ne veut vraiment pas qu'il se fasse la mauvaise idée.

▬ Je sais... Enfin, je me doute, je veux dire, que contrairement à moi, c'est pas le genre de choses que tu fais avec n'importe qui.

Pas comme si elle comprenait ses sentiments pour autant.
C'est juste un constat venu avec le temps.
Alors elle laisse libre cours à ces pensées qu'elle garde enfermées.
Juste cette fois, elle prend la peine de les exprimer.

▬ Je me sens calme, avec toi. J'ai l'impression que je peux respirer plus facilement. J'ai l'impression d'être chez moi quand je suis dans tes bras, ou quand tu me prends la main, ou quand tu m'autorises à te coiffer. Juste te parler et être avec toi me rend vraiment extatique. J'oublie tous mes problèmes. Et puis tu me fais rire. Et t'es intelligent et passionnant et adorable... Vraiment, ta compagnie me rend heureuse. Même si, évidemment, comme tu as pu le remarquer, je préfère quand je peux te toucher. Un rire, presque un peu embarrassé. J'ai beaucoup de mal à m'en passer.

Elle retourne prendre sa main, la serre gentiment.

▬ Et c'est rare. Je veux dire, oui, je cajole tout le monde... Mais c'est des câlins que je peux avoir partout. Quand je viens vers toi, c'est parce que c'est ton attention à toi que je veux. Et celle de personne d'autre.

Elle baisse un peu les yeux, soudainement.
Un peu honteuse et embarrassée de ce qu'elle finit par livrer.

▬ Puis, je me surprends à être possessive envers toi. Même si c'est débile. Et encore plus égoïste que d'habitude. J'ai envie de t'accaparer tout le temps. Vraiment. J'ai toujours envie d'être avec toi et de te coller et je rigolais pas tant que ça quand je disais vouloir te kidnapper. Si je le pouvais, je te laisserais jamais partir. J'essaye juste d'être... Raisonnable. C'est le mot, pas vrai ? J'ai pas envie d'être étouffante ou... de te gêner. Je sais que t'as des plans, que t'as des rêves. Je veux pas me mettre en travers de ta route.

Un bref sourire, un peu plus triste.
Une affection qui déborde, déraisonnable mais qui se veut contenue.
Parce qu'au final, il passera toujours en premier.
Un léger rose finit par venir prendre ses joues, alors qu'elle se rend compte de tout ce qu'elle vient d'admettre.

▬ Je sais pas si j'ai répondu à la question du coup... Je sais pas si c'est normal mais... Quand je suis avec toi, pour moi c'est normal. Ca me vient naturellement. J'écoute juste mon coeur.

Un léger rire.
Pourtant aveugle à son désir le plus sincère.
Guidée par ses sentiments et non pas sa raison.
Mais c'est ça qui la rend charmante, non ?