Adossée au mur, elle fronce les sourcils.
Avec beaucoup d’attention, elle regarde les personnes présentes, ayant échappée à la vision de Jocelin pour mieux commencer son plan. Après tout, pourquoi se contenter du buffet quand on peut accéder à la cuisine ? Sourire narquois, elle regarde donc les serveurs aller et venir avant de finalement se mettre en marche.

Furtivement, elle se glisse entre les silhouettes pour finalement passer une grande porte, la conduisant hors de la salle. L’objectif à atteindre : le sous-sol. Là où se trouvent les mets avant d’être installés. Là où elle pourrait remplir son sac et savourer de bons repas pour les prochains jours à venir.

À l’affut du moindre son, elle longe les murs en silence, se cachant derrière une statue décoratrice dès qu’un serveur passe pour mieux progresser ensuite. Elle n’a jamais été aussi satisfaite de ses exercices physiques et de la discrétion demandé lors de ses examens de son existence. Le personnel est trop occupé de toute façon, alors elle en profite clairement.

Alors elle descend les marches rapidement et son nez ne la trompe pas.
Elle arrive au but.

Toujours à longer les murs, elle s’accroupit une fois face à la porte, ouverte pour des raisons pratique vu la cadence à laquelle travaille les serveurs et après une observation assidue, elle se faufile derrière un comptoir tout en laissant ses sens la guider.

Surtout celui de l’odorat pour ainsi dire.

Et il ne la trompe pas. Quelque chose de délicieux est à portée.
Sucrée.
Fruitée.
… De la fraise.

Elle se redresse, son regard cherche comme un pirate à l’affut d’un trésor.
Elle trouve rapidement et sans perdre de temps, elle avance donc tout en se faisant discrète, se régalant d’avance face à sa trouvaille. Une fois à portée, elle lève donc la main… Mais voit son précieux se faire dérober sous ses yeux. Surprise, l’expression choquée avant de se tourner vers le voleur, c'est outrée qu'elle prend la parole.

Chuchotant certes, mais le ton ne cachant aucunement son indignation.

« Rends moi ça ! Je l’ai vu la première ! »

La voleuse s'est faite voler, et ce n'était clairement pas prévue.

Elle remarque dans un premier temps son chapeau, plisse les yeux en essayant de deviner son déguisement avant de les écarquiller, regardant impuissante son dessert se faire dévorer. Mais… C’est qui ce type au juste ?

« … Mais. T’es sérieux ? »

Prunelles posées sur la moitié restante de la part, elle ne se fait pourtant pas prier pour la chopper de sa main, toujours à moitié outrée mais l’expression déjà plus fermée.

« Parce que tu crois sérieusement que ça va m’arrêter de savoir qu’il y a de ta salive ? »

Chuchotement toujours, c’est avec un air de défi qu’elle toise le garçon en face d’elle. C’est quoi au juste ? Un sorcier ? Un sang-pur qui se sent plus pisser ? Comme si de la bave allait lui faire peur. C’est mal la connaître. Même si l’idée est écœurante en soit. Mais jamais, jamais elle ne gâcherait une part de fraisier.

« … T’as pas l’air malade. Du moins pas physiquement. Et t’as pas assez bavé dessus pour qu’il y ai un reste sur la crème. Va en falloir plus pour me décourager de manger mon dessert préféré, sale gosse va. »

Dit-elle tout en observant les bords de la part. Non, pas de salive en vue. Juste des marques de dents. Heureusement qu’il a pas bavé comme un chien, là ça aurait été une autre histoire. Elle se redresse rapidement, choppant le premier ustensile de cuisine qui lui passe sous la main avant de se cacher de nouveau, un… couteau à la main. Petit, comme ceux à beurre. Ça fera l’affaire.

« Qu’est-ce qu’un mec comme toi fait ici d’ailleurs ? T’as pas d’autres repas à gâcher avec ton comportement irrespectueux ? »

Découpe rapide sur les bords de la part pour enlever la partie prémâchée, elle prend donc une bouchée, propre, du dessert, fixant le garçon avec un air défiant dans les yeux.


Résumé :
• Choquée déçue en voyant son dessert se faire manger comme un porc.
• Prends le reste de la part, faisant d’abord croire qu’elle allait manger le reste en se fichant bien de la salive.
• Se redresse pour saisir un truc au pif sur le comptoir et se retrouve avec un couteau à beurre. Elle découpe donc le bord mâché et mange le reste en demandant au rustre ce qu’il fait ici.

Sourcil arqué. Crade ? Non, économe. De la salive en soit, ce n’est rien. Après tout, elle a déjà dû bouffer de la terre plus jeune. Et non, pas parce qu’elle en avait envie. Désavantage d’être cracmolle. Alors ce n’est clairement pas de la bave qui lui ferait peur.

« Je les ai mes vingt et un ans, je suis donc plus vieille que toi. Gamin d’abord. »

Non seulement il ose lui voler son dessert et en manger SEULEMENT la moitié, mais en plus il ose la traiter d’enfant avec son comportement capricieux digne d’un gosse richou ? Mais elle rêve ou quoi ? Ne bougeant nullement alors qu’il se rapproche, elle fixe son visage qu’elle détaille avec précision, histoire de ne pas oublier cette tête qui a osée blasphémer le saint fraisier.

« Valerian Jones ? … »

Une seconde.
Ce nom lui dit quelque chose.
Son regard prend alors une autre lueur, celui de l’intérêt.

« En tout cas je ne te crois pas. Si t’avais vraiment besoin des elfes, tu ne serais pas planqué à voler une part de gâteau. Donc t’es aussi coupable que moi mais je note, t’es du genre à mentir plutôt qu’à dire la vérité. »

Pourquoi se cacher et voler s’il voulait vraiment voir les elfes ? Il y en avait partout dans cette cuisine. Donc elle le fixe, l’air moqueuse. Si elle déteste les menteurs Kara, voir ceux qui racontent n’importe quoi lui donne plus envie de rire que d’hurler. La dernière option quand elle essaie de se cacher étant clairement la pire idée du siècle.

« Valerian Jones hm… Ton nom me dit quelque chose pourtant. »

Les yeux plissés, intense réflexion. C’est la première fois qu’elle le voit, elle en est certaine. Elle se serait rappelée d’un comportement aussi inapproprié que le sien.

« Moi c’est Kara. J’aurais aimée dire ravie de te rencontrer comme le veut la politesse, mais vu que tu m’as volée en plus d’avoir mentit, j’vais simplement te demander si tu comptes rester dans les cuisines pour prendre quelques trucs à manger. »

Parce qu’elle assumait totalement être là pour remplir ses boites et son estomac. Et puis, elle ne sait pas mentir, donc ça serait vite vu si elle essayait.

« Et si la réponse est oui, évite de manger la moitié de ce que tu prends ou tu vas te faire repérer. »

On voit ceux qui ont l’habitude de ce genre de plan.
Et elle n’en est pas peu fière malheureusement.



Résumé :
• Non mais c’est lui le plus jeune wsh
• Son nom lui dit quelque chose clairement, elle cherche dans sa tête tout en lui disant qu’elle le croit pas
• Bah ouais pourquoi tu te caches si tu veux voir les elfes, chelou lui
• Clairement elle assume qu’il a mentit et l’a catégorisé de menteur novice parce que là c’est trop gros pour être travaillé
• Elle cherche toujours pourquoi son nom lui dit un truc
• Elle se présente sous son prénom seulement et lui dit que si jamais il compte rester, faut tout manger la prochaine fois sinon il va se faire voir.

Il a témoigné au procès. Ses yeux s’écarquillent à mesure qu’elle le détaille avec plus d’acuité tandis que sa mémoire se met en marche. Oui, le journal bien sûr ! Elle avait lue son nom à ce moment-là !

« Ah oui voilà ! Effectivement c’est à cause du procès que ton nom me disait quelque chose. Je suis désolée, ça fait toujours plaisir de rencontrer… »

Mais elle s’arrête quand il reprend la parole, fronçant les sourcils en sentant l’agacement pointer le bout de son nez. Pourquoi est-ce qu’il est aussi désagréable ? Il a un problème ? Sa mère ne l’a pas aimée à sa naissance alors il pourrit la vie de tout le monde ? Est-ce une raison seulement ? Non. Kara n’est pas comme ça elle.


Elle aurait presque pu être contente de rencontrer quelqu’un comme elle.
Ses yeux ont très vite cette lueur déçue, remplaçant la colère grimpante qui ne l’empêche pas pourtant, de lui saisir le col et de reprendre la parole. Le ton clairement moins amical.

« Tu as un soucis ? Je t’ai fais quelque chose ou bien tu es comme ça avec tout le monde ? Parce que ça expliquerait pourquoi tu ressembles à un clochard même en déguisement sans avoir besoin de fouiller dans la cuisine. Franchement je suis déçue, je pensais pas que tu étais un aussi gros connard. »

Sa poigne se fait plus forte pour le repousser ensuite, tiquant en le toisant avec amertume. Elle avait lue l’article bien sûr, cela expliquait que Valerian avait témoigné contre ses parents adoptifs et qu’une condamnation s’est suivie. Cela n’avait pas dû être facile à vivre, surtout vu sa condition. Mais celui qu’elle a en face d’elle… C’est une toute autre personne que l’idée qu’elle s’en était faite.

« Faut croire que je me suis fourvoyée. Peut-être parce que je suis une cracmolle aussi, je me disais que tu n'avais pas vécue une vie facile. Du coup en voyant l’article, je pensais… Je sais pas, qu’enfin les choses allaient bouger pour nous. Qu’il y avait enfin une preuve sur ce qu’on vit. Que tu étais... Bref on s’en fiche finalement. »

Soupire, secoue la tête avant de la tourner, se calmant doucement en faisant face à cette triste vérité. Les gens ne sont pas comme on l’imagine, pas vrai ?

« Je vais continuer ce que je faisais, alors si tu me voles encore un dessert, je te casse le nez. »



Résumé :
• Découvre qu'il est le mec de l'article, allait s'excuser parce que voilà c'est cool de rencontrer un autre cracmol mais s'arrête en route, agacement qui pointe son nez et fait part de sa déception tout en étant un peu véner avant de dire qu'elle va continuer ce qu'elle faisait et qu'il a pas intérêt à lui voler un autre fraisier sinon il a plus de nez wsh.

Il s’excuse, à peine sincère. Elle secoue légèrement la tête, désapprobation de sa part mais c’est mieux que rien. Puis son exclamation la surprend, elle s’apprête à se retourner pour lui intimer de se taire mais le fait qu’il lui prenne son bras l’arrête dans son élan. Ce contact est presque brulant sur son bras, comme chaque fois qu’une personne la touche et c’est par réflexe presque qu’elle tire sur son bras pour le récupérer.

« … J’aime pas qu’on me touche. »

Puis elle le fixe, sourcil arqué face à sa question, signe négatif de la tête avant de répondre.

« Non… Mais j’ai connue quelques personnes oui. »

De loin, de nom. Cet évènement a été traumatique pour plusieurs d’entre eux, surtout ceux qui ont été enlevés pour être victime de cette expérience. Elle se souvient de celle qui est morte, une Poufsouffle aux cheveux bruns, elle était du genre à pas vraiment faire attention à ses problèmes mais plus à ceux des autres, parfois agaçante à trop parler mais qui n’avait pas mauvais fond.

« Rien que d'y penser, j'ai envie de lui casser la figure à cet enfoiré. Ça me dégoûte de voir qu'on nous méprise à ce point, comment ils osent seulement... »

Regard assombri par ses souvenirs, un soupir s’échappe de ses lèvres avant de reporter son attention sur Valerian. Il y a des choses qui atteignent même quand on ne la vit pas directement. C’est aussi pour ça qu’elle se bat Kara, pour ne pas que ça recommence.

Pour qu’il n’y ai plus de victime comme Dawn.

« Et toi ? … Je ne crois pas que tu étais parmi eux, après ma mémoire me joue peut-être des tours. »

Mais si ça avait été le cas, le journal en aurait peut-être profité pour le dire non ? Histoire d’en faire des tonnes comme ils savent si bien le faire.

« J'espère juste que ça recommencera plus. Mais bon... Qui sait ce que pensent les gens d'en haut. »

Qui sait si maintenant, il n'y a pas ce genre de trucs qui se passent en secret, sans que personne ne le sache ? Si c'est arrivée une fois, pourquoi pas une deuxième ou troisième fois ?