Dans le froid de la nuit tombée, tu erres dans les rues calmes d'un village hanté. En haut de la colline trônent les tours du manoir Fawley, perçant le brouillard pour atteindre le ciel. Tu as encore le parfum de Ginny sur les mains, après avoir enserré sa gorge puis son corps meurtri. Le téléphone dans les mains, elles tremblent encore mais tu t'es concentré pour envoyer ta position à Alaric Lestrange. Tu attends désespérément qu'il te rejoigne, qu'il te sauve, qu'il te ramène à la raison et à la maison. Entre désespoir et soif de vengeance, tu avances de quelques pas sur les pavés, rases les murs au cas où ton frère adoptif ait lâché les chiens.

En attendant de voir le sorcier transplaner, tu sors les papiers fauchés dans le bureau de Jasper. Sursautes et les laches quand dans une distorsion de l'espace, le sang-pur apparait dans les rues. Tu ramasses les feuilles éparpillées et cours vers lui.

— « Alaric !! »

Tu t'accroches à sa cape et te jettes à ses genoux pour t'accrocher à ses chevilles.

— « Vous êtes venu !! »

Tu te redresses sans prendre la peine d'enlever la saleté sur tes vêtements. Regardes de manière affolé autour de toi.

— « Ramenez-moi à Londres, je vous en supplie. Jasper Fawley est devenu complètement fou ! Il m'a... il m'a torturé pour me punir de mon témoignage au procès... »

Calme toi qu'il dit, calme toi calme toi ! Comment si tu pouvais te calmer après avoir couru sur cinq kilomètres dans la brume et sous la bruine. T'as la gorge en feu, les tibias éraflés par les ronces autour du domaine Fawley. Frigorifié et dans la peur de pas avoir de réseau - le magicnet ne capte pas partout. Heureusement il est arrivé, comme un dieu chevaleresque pour te sauver de ce monde immonde. Tu te détends un petit peu lorsqu'il te prend par l'épaule et le suis d'un pas peu assuré.

— « O-ouai.. J'aurai préféré qu'on rentre tout de suite. »

Mais tu vas profiter d'être dans un sale état pour donner de la crédibilité à tes propos. Les arrondir, les déformer, les aiguiser pour en faire des arguments solides et tranchants. Tu claques des dents et tentes d'expliquer d'un air courroucé.

— « Ce fils de pute... il a engagé des hommes de main pour me ramener. Il m'a attaché dans sa cave et m'a frappé ! »

Tu portes une main à ton front pour éponger une fièvre inexistante.

— « Il a même... Il a même utilisé.... Le sortilège impardonnable. »

Celui qui fait mal et que les méchants prononcent pour soutirer des informations.

— « Il voulait se venger ! D'avoir parlé au procès pour dénoncer son père... »

Quelle enflure... A entendre Alaric aussi remonté, ça te rassure - de savoir quelqu'un de ton coté, quelqu'un d'assez puissant pour renverser la balance et enterrer ce chien de Jasper Fawley une bonne fois pour toutes. Tu n'avais aucun scrupule à en rajouter, traitre à ton sang et à tous les niveaux, car une partie de ton mensonge part d'une alarmante vérité. Jasper t'a bel et bien enlevé, malmené et tant pis pour lui s'il a choisit cette méthode pour venir à bout de tes fourberies. A vouloir se venger, il s'enfonce lui même une épine dans le pied.

Alaric demande pour le sortilège et tu te frottes les bras. Tu secoues la tête de gauche à droite et articules faiblement, à deux doigts du malaise.

— « Le sortilège... Doloris... »

Tu n'as en réalité jamais ressenti pareille douleur. Oh, tu as subi d'autres choses - mais tu ne peux prétendre à connaitre l'apothéose de la torture.
Quand Alaric compare Jasper à son père, tu hoches vivement la tête pour appuyer ses propos. Tu passes devant lui pour lui barer la route et continues d'envenimer la situation, d'empoisonner son esprit.

— « C'est de la mauvaise graine... J'ai vécu des années au sein de cette famille et je peux vous le confirmer. Jasper est violent, instable et n'est clairement pas apte à vivre en société ! »

Tu arrives à tirer de fausses larmes, et elles roulent sur tes joues sales.

— « Il m'a dit qu'il m'enverrait à Azkaban ! Vous vous rendez compte ? Ça me terrifie, j'ai rien fait de mal moi... »

Tu t'accroches à sa cape, comme un parasite.

— « Vous ne le laisserez pas me faire enfermer hein ?! »