Dans les oreilles fourmillent les démons les diables, et Cerbère lui même se plaît à rire alors qu’il sait déjà que bientôt, Milo devra enfoncer les portes des Enfers et brûler dans la véhémence de ses flammes. Non pas qu’il n’avait pas envisagé de revenir au manoir de si tôt, mais il en avait simplement oublié les couleurs. Parce qu’elles n’étaient de toute évidence pas si belle, plutôt détestables et mornes ; un peu comme le souvenir indélébile qu’avait laissé toutes ces années.
Par la fenêtre défilent des paysages qui n’ont pas tant changé, passées toutes ces années - des terrains où on se reflète, des ciels où on se souvient avoir pleuré. Mais la Russie n’a pas été plus clémente avec lui ; alors il s’est dissipé, envolé, découpé dans un faux reflet de lui-même. Peut-être qu’il arriverait convaincre le monde qu’il pouvait exister ici, de la sorte. Mais en avait-il réellement envie ?

Ses pas s’enfoncent dans le chemin boueux, alors qu’il récupère ses affaires pour sortir et finalement remercier celui qui l’avait emmené jusqu’ici. En réalité, il aurait préféré que les choses se passent autrement. Retourner en Enfer sans même avoir effleuré un instant le Paradis était contrariant ; et Milo se doutait qu’il était bien loin de rencontrer les anges en passant cette porte.
Parce que les derniers mots que son père lui avait offert avaient été plus brusques que les ronces térébrant la chair, Milo avait espéré ne jamais avoir à revenir. Mais il le devait, pour Idoia - il était tout ce qui comptait à l’intérieur de cette fichue bâtisse.
Devant la porte, c’est l’impression d’un mur gigantesque. Pourtant la voix de Nuwa subsiste dans son esprit ; ce n’est pas un démon qui l’attend à l’intérieur de ses portes mais le Diable lui-même. Et simplement s’annoncer semble être une tâche redoutable - plus cruelle que de simplement se revoir devant son ridicule appartement à l’autre bout du monde. Il lui manquait déjà.
Et c’est un visage bien connu qui s’annonce, et à première vue ça aurait pu être pire. Mais percevoir comme premier visage familier celui de leur elfe de maison était déjà bien plus chaleureux.
Remarque, c’était bien le seul à qui Milo avait envie de s’adresser pour l’instant. Il n’était définitivement pas prêt à revivre les temps orageux qu’il avait pourtant fui.

— C’est Nuwa qui m’a prévenu. J’suppose que j’peux au moins lui trouver une utilité pour ça. Meubler la conversation pour simplement oublier qu’il faudra de nouveau confronter les autres, confronter ses propres erreurs. Il est parti ; à lui d’en payer les conséquences maintenant.