Le sang qui goutte sur le sol alors que tu t'échappes au son des cris de tes poursuivants. Ils te suivent, si vite tu le sens et Zina près de toi, à courir elle aussi, n'apaise en rien ni la colère ni les craintes qui t'assaillent tandis que vous fuyez. Le Pays de Galles et ses terres maudites à jamais, tu n'aurais jamais dû y remettre les pieds. Ces enfoirés avaient si facilement trouvé votre trace. Pas d'Atlas ce soir mais tu devines à leur dextérité qu'ils sont tout aussi habitués que les Priest ces gens-là. Tu sais à leur rire glaçant qu'ils aiment ça. Chasser. Tuer. Ils vous ont piégés. Le piège habile s'était refermé si vite autour de tes pattes que tu en avais hurlé de douleur. Le souvenir des flammes ravageuses en superposition de tes frères qui se sont débattus comme des lions pour venir te sauver.

Tu ne te souviens pas vraiment de comment tu t'es retrouvé séparé de ta meute, le flanc aussi touché que tes pattes te font boiter. Tu cours si vite pourtant chaque pas en avant est une torture qui t'achève un peu plus. À tes muscles qui se tendent tu devines le poison, peste avec rage, hurle ta douleur avant de finalement t'écrouler. Incapable de faire un pas, tu penses t'être éloigné assez. T'hésite, essoufflé et effrayé. Trop inquiet pour réaliser que c'est sûrement comme ça que tu vas crever finalement. Noah et Atlas toujours en vie, par des putain de chasseurs étrangers.

Le corps lourd qui s'écorche un peu plus contre les racines, tu entends le hurlement de Maisie bien plus loin sans avoir la force d'y répondre. Les odeurs t'échappent quand le vertige glisse sur tes sens doucement. Et alors que tout semble tanguer violemment pour te mener à l'inconscience, tes yeux se ferment et tes pensées s'échappent.

Voici donc venu le jour de ta mort.
Si simplement arrivée.
Lamentable tragédie.

C'est étrange comme tout semble si doux dans la mort. Tu avais oublié à quel point l'inconscience pouvait avoir du bon parfois. Survis. Au moins ici il n'y avait pas de douleurs, et comme tu te savais trop bête pour penser, il ne te restait plus qu'à t'endormir doucement. Peut-être alors que tu retrouverais ta soeur, ton père, ta meute disparue si chère à ton coeur. Ils te manquent tellement que tu rêves d'eux encore parfois. Survis. Des flammes qui ravagent la forêt au loin, de ton corps épuisé en seul rescapé, des hurlements et du sang. Tu sens l'odeur de la chair brûlée mélangée à la terre avant de t'évanouir, et lorsque tu te réveilles
Ils n'y a plus rien.

Survis.

Rien d'autre que la nuit et cette odeur de chair brûlée. C'était pas un rêve alors ? Tu grognes alors que tes iris d'or parcourent la nuit. Tu vois les bois, sens la brise contre ta fourrure, observe le tas de cendres tout près de toi. Et ce type, là, que la potion tue-loup prise toute cette semaine t'empêche de dévorer sur le champ. Tu sens l'animal qui gronde pourtant tandis que tu te redresses rapidement sur tes pattes pour grogner contre lui. L'or de tes iris dans le creux des siens, la bête menace.

Un geste brusque et tu lui arraches les boyaux.

Tu as donc pris ta potion. En réponse tu grondes doucement, surprit de constater que ce type ne semble pas effrayé une seule seconde par ce que tu pourrais bien lui faire. Qui c'est ça encore ? Tu le jauges du regard alors qu'il s'assoit, l'éclat doré toujours aussi menaçant. Tu n'aimes pas ça, pourtant il ne semble pas vouloir s'en prendre à toi -au contraire, c'est bien lui qui vient de te sauver la vie en butant ce fumier de chasseur. Tu comprends pas, alors à la manière d'un animal méfiant tu t'approches de lui tandis qu'il parle. Un pas après l'autre jusqu'à ce que ton museau ne frôle la peau de son visage. Fraîche par la nuit, l'odeur aussi délicate que ses mots. Tu grognes pourtant alors qu'il t'indique où retrouver ta meute, comme si t'avais vraiment besoin de ça pour les retrouver. T'as envie de lui dire que ta meute saura régler leur compte à ces chasseurs de merde mais à la place tu ne peux que grogner un peu plus fort et de façon mécontente. Après quelques secondes à le renifler tu finis par te reculer.

La vérité c'est que t'es pas certain qu'ils puissent s'en sortir étant donné que toi t'as failli crever. Les loups-garous avaient beau être forts, vous ne pouviez pas utiliser la magie sous cette forme alors vos actions restaient limitées. Alors tu prends le temps de réfléchir un instant avant de laisser tomber. Tu dois rejoindre ta meute pour les protéger et y a pas trente-six solutions à ton problème. La seule semble devant toi et... Plutôt motivée.

D'un petit geste de la tête tu lui indiques en grognant de monter sur toi, parce que ce sera beaucoup plus rapide comme ça. Alors qu'il s'approche, tu lâches un grognement plus dangereux pour le mettre en garde. T'espère bien qu'il comprendra.