Tu l'avais presque oubliée, cette lune si ronde qui te rendait malade.
Et puis tu t'étais réveillé au petit matin.
Noah sur ton canapé, t'avais la gueule enfarinée.
Rien qui va -ni lui ni toi.
Rien qui va.
Alors t'es parti, du matin au soir tu t'es échappé pour retrouver les arbres des bois, puis la foret -la foret si prenante, exaltante ! Celle qui te fait vibrer. Endormi contre un arbre réveillé par la bête qui cognait si fort à l'intérieur. Le souffle court, l'impression que tu vas vomir avant que finalement ton corps se transforme.
Enragé.
Exalté.
Désespéré.
Tu hurles.
Et les secondes passent.
Tic.
Tac.
Avant que tu ne te mettes à courir à travers les arbres, sautant les trous le corps vibrant comme jamais auparavant. Le besoin d'expulser, de courir courir courir ! De te défouler -de
M a n g e r.
Peu importe quoi.
Peu importe qui.
Pas vrai ?
La conscience envolée l'animal est le seul à exiger, du sang, des os, de la chair bien fraîche. Le pas guidé par les effluves humaines qui traversent tes narines, tu cours si vite, tu te faufiles, traques. Le beau la belle qu'importe parce que ce soir la bête c'est toi. Et toi t'as faim.
Alors en bon charognard tu danses animal autour de ta proie terrifiée.
Des secondes qui passent.
Sa respiration qui se coupe -tremble frêle feuille.
Son odeur qui t'enivre, t'as la gueule qui salive.
De la bave sur le sol, elle regarde.
Regarde encore jeune enfant.
Et puis.
Tu manges.
Dévores.
Elle est ton plus beau festin.
((celui qui tu regretteras demain))
Parce que près de ton corps nu le sien ne sera pas tout à fait mort.
Parce que t'es pas prêt.
Parce qu'elle lui ressemble, la peau douce et les cheveux bruns.
À
((
r a n a ))
Et toi tu ne te souviens de rien mais tu sais.
L'horreur que tu as fais.
T'avais si faim, Hermès.
T'avais si faim.
Et maintenant c'est trop tard.